La petite aux grelots ou La tour de cristal

LA PETITE AUX GRELOTS ou LA TOUR DE CRISTAL.



Le bon Aymar, surnommé le Gentil Aymar à cause
de sa bonne mine, était resté veuf avec sa
fille Belle-Orange qu’il chérissait.


Gentil Aymar avait encore sa vieille mère qui
l’aidait à élever Belle-Orange, qui croissait
en attraits, en talents et en bons sentiments.


Il y avait dans les environs une méchante fée,
nommée la fée Rousse, qui était folle d’Aymar ;
elle résolut de l’épouser de gré ou de force


Un jour, cette méchante fée emporta Gentil
Aymar dans un char traîné par deux scorpions
ailés, et l’enferma dans son palais de cristal.


La pauvre grand’mère et Belle-Orange se
désolaient sur le bord d’un étang ; un brochet
s’approche, et dit que Belle-Orange avait seule
le pouvoir de sauver son père.


Aussitôt Belle-Orange se dévoue pour sauver
son père, et malgré les pleurs de sa grand’mère,
elle part pour le château de la fée Rousse.


Le château de la fée était surnommé le château
du Sommeil ; tous ceux qui s’en approchaient
éprouvaient l’irrésistible envie de dormir.


Belle-Orange, pour ne pas succomber au sommeil,
revint chez sa grand’mère, et se fit attacher
à ses vêtements une grande quantité de grelots.


Puis elle prit deux petits bâtons, et les
frappant l’un contre l’autre, tique tique tac,
elle arrive au pied de la tour où gémissait
son père.


Belle-Orange vit, à travers les murs de cristal,
la fée qui tourmentait son père ; elle lui envoya
mille baisers ; mais de peur de s’endormir, elle
s’en retourna en faisant tique tique tac.


Le lendemain en retournant, Belle-Orange vit
un joli petit garçon qui, en jouant, était tombé
dans un puits ; elle parvint à le retirer.


Le petit garçon était le fils d’une bonne fée,
qui, par reconnaissance, lui demanda ce qu’elle
désirait. Belle-Orange demanda à être changée en
hirondelle, pour voler près de son père.


Belle-Orange, changée en hirondelle, se fait
reconnaitre de son père, qui la comble de
caresses.


Belle-Orange et son père cherchaient un moyen
de fuir, mais la fée Rousse qui écoutait, veut
s’emparer de l’hirondelle, qui n’a que le temps
de s’envoler.


La fée, irritée, lance après l’hirondelle un dragon
ailé ; mais l’hirondelle prononce trois mots
cabalistiques que lui a enseignés la fée son amie,
et le dragon tombe mort.


La fée Rousse, outrée de colère, lance après
l’hirondelle la bête du Gévaudan ; l’hirondelle
répète les trois mots cabalistiques, et l’affreuse
bête tombe sans mouvement.


La fée Rousse renvoie après l’hirondelle un
serpent ailé qui vomit des fusées par la gueule.
L’hirondelle répète ses trois mots, et le serpent
tombe foudroyé.


La fée Rousse écume de rage ; elle court
chercher une carabine qui porte à cinquante
lieues. Prends garde, pauvre hirondelle !…


Mais la courageuse hirondelle saisit une pierre
énorme, et s’élevant bien haut dans les airs, elle
la laisse tomber sur le château de cristal, qui est
fracassé en mille morceaux.


Après avoir brisé le château de la fée Rousse,
Belle-Orange reprend sa première forme, et
ramène en triomphe son père à la maison.