Éditions Édouard Garand (65p. 25-28).

VII

L’AVATAR.


Louison ne se trompait pas en songeant que la Chouette devait s’inquiéter à son sujet.

Ce jour-là était jour de congé aux Jésuites, Louison était resté à la maison et, dès le matin, il avait pris ses livres pour préparer ses leçons du jour suivant. Car il était studieux, et, se trouvant le premier de sa classe, il entendait s’y maintenir à la tête.

Lorsque l’émeute éclata vers le milieu de la matinée, les clameurs de la populace se répandirent sur toute la ville. Un peu plus tard, des coups de feu crépitèrent. Tous ces bruits paraissaient venir de la place du marché et arrivaient aux oreilles de la Chouette et de son fils adoptif.

— Mon Dieu ! avait fait une fois la Chouette avec inquiétude, — qu’est-ce qui peut bien se passer ?

Le collégien décida d’aller aux renseignements. Des voisins quittaient précipitamment leur domicile et couraient vers la place du marché au pied de la rue du Palais. L’écolier suivit ces gens. Il arriva au marché au moment où Flandrin, à la tête de ses trente gardes, chargeait les émeutiers. Mais ceux-ci avaient pour eux le nombre et la force, et bientôt Flandrin, séparé de ses gardes, à bout de souffle et cerné de tous côtés, se trouvait à la merci de la meute irritée. Louison vit le danger que courait son père adoptif. Avisant plus loin un garde blessé et gisant sur le sol, il courut à ce garde, s’arma de sa rapière et chargea la populace par derrière. Si le collégien n’avait ni la taille ni la force d’un homme, il possédait l’agilité et la souplesse ; et aimant les armes autant que l’étude, il excellait dans celles-là autant que dans celle-ci. Il maniait déjà toutes les armes avec une habileté remarquable.

Il commença donc par s’ouvrir un large chemin dans la tourbe, piquant des reins, des bras, des nuques, et quelquefois, sans le vouloir, il enfonçait dans les chairs son arme un peu trop profondément, de sorte que du sang jaillissait, que des émeutiers, grièvement blessés, s’abattaient sur le sol… On sait comment il avait sauvé Flandrin de la mort et mis fin à l’émeute.

Demeurée seule en son logis, la Chouette avait attendu le retour de l’écolier avec une grande impatience et non sans la plus vive anxiété. Connaissant le goût de l’adolescent pour les armes, elle redoutait que, entraîné par la fougue du jeune âge, il ne fit des siennes. Sans être précisément d’humeur batailleuse, Louison avait un certain penchant pour la bataille. Sous ce rapport, il avait hérité du tempérament de son père adoptif, ou, plus justement, il s’était modelé à son insu sur le caractère de Flandrin Pinchot. Quoique paisible, doux, soumis et quelque peu timide d’ordinaire, à l’occasion il trouvait en lui une audace insoupçonnée, et, très brave par nature, il ne craignait pas les coups à recevoir et moins encore les coups à donner. Il ne songeait pas à chercher noise à personne, mais doué d’une noble fierté il entendait faire respecter sa personne, défendre ses droits ou ceux de ses parents et amis et prêter le secours de son jeune bras à quiconque en avait ou pouvait en avoir un légitime besoin.

Si donc il y avait émeute ou bagarre, la Chouette s’imaginait fort bien que Louison serait tenté d’y prendre part soit du côté du plus faible, soit du côté de la justice ou du droit. Aussi, l’anxiété de la jeune femme redoublait-elle à mesure que le temps s’écoulait.

Les bruits de l’émeute s’étaient tus, midi avait sonné, une heure… deux heures… trois heures… Louison ne revenait pas.

La jeune femme n’y put tenir davantage. Troublée par un mauvais pressentiment, elle s’habilla à la hâte pour courir au Château Saint-Louis et, là, demander à Flandrin ce qu’il savait.

Flandrin Pinchot était à son poste, montant la garde devant la porte du Comte de Frontenac. On ne découvrait plus sur sa personne les marques de la bataille, il était habillé tout flambant neuf des pieds à la tête.

Il calma en peu de temps les inquiétudes et les appréhensions de sa femme.

— Ma bonne Chouette, dit-il, rassure-toi sur le compte de Louison. Il a été blessé, c’est vrai, mais rien de grave. J’ai rencontré le père Brimbalon, il a vu Louison après l’échauffourée et m’a affirmé que notre enfant n’a reçu qu’une écorchure à la tête.

— Mais où est-il ? Où est-il ? fit impatiemment la jeune femme.

— C’est juste… où il est… J’oubliais de te le dire, répondit Flandrin en hésitant. Eh bien !… il est avec sa mère.

La Chouette tressaillit et son visage rosé devint subitement blanc comme neige et son cœur se serra au point qu’il fit mal.

— Est-il possible qu’il soit chez cette femme ! dit-elle d’une voix qui tremblait.

— Oui, Chouette, il est chez la fille de Maître Jean…

— Pauvre Louison… soupira la jeune femme en se mettant à pleurer.

— Ne pleure pas, ma bonne Chouette, notre Louison est entre bonnes mains… Et d’ailleurs, n’est-ce pas sa mère ?

— Oui, oui, je sais tout cela, mon pauvre Flandrin. Mais tant que Louison n’aura pas choisi entre elle et moi, il me semble que…

— Il faut laisser ça à la volonté du bon Dieu, ma jolie Chouette, interrompit Flandrin. Et si, au pis aller, il arrive que le bon Dieu se range du côté de la mère de Louison, eh bien ! bonne bonne Chouette… excellente Chouette, pense un peu à l’autre… à celui qui vient ! Oui, nous aurons avant bien longtemps un autre enfant… Et nous en aurons deux encore, trois, si tu le veux… quatre, cinq… autant que tu voudras, ma bonne bonne Chouette.

Et Flandrin, attendri, dévoré d’amour, embrassait sa femme.

— Je te comprends, mon Flandrin, sourit la Chouette dans ses larmes. Mais rien n’empêchera que j’aurai bien du chagrin en perdant notre Louison.

— Et moi, donc ? Mais consolons-nous en attendant l’avenir. Peut-on savoir toutes les joies qui nous sont réservées en compensation de nos chagrins ?

— Tu as peut-être raison, mon Flandrin. Allons ! je te quitte pour aller voir Louison… oui, je veux le voir, l’embrasser… Et toi, Flandrin, embrasse-moi encore avant que je te laisse !

Flandrin la pressa contre lui pour la couvrir de baisers.

— Tout de même, ce que je t’aime, ma Chouette !

— Et moi ? et moi ? Flandrin… Ah ! tant que tu m’aimeras ainsi, sois sûr que je te le rendrai bien. Bon ! je me sauve. À demain, Flandrin, à demain… Je viendrai comme avant, dans la matinée. Ah ! si Monsieur le Comte voulait te laisser un peu plus libre que tu n’es…

— Écoute, Chouette, si notre Louison est trop malade pour pouvoir retourner à notre logis, tu viendras coucher avec moi ce soir… tu viendras aussi longtemps que Louison ne pourra revenir à la maison. Veux-tu ?

— Ah ! si je veux, mon Flandrin, je ne demande que ça. Eh quoi ! encore : penses-tu que, sans Louison, je pourrai vivre seule dans notre cambuse déserte ? Non, je ne pourrais pas. Je viendrai donc coucher avec toi, mon Flandrin… mais seulement au cas où je ne pourrai ramener Louison à notre logis.

Et dans la crainte que son mari n’essayât de la détourner des projets qu’elle méditait dans sa tête et dans son cœur affligé, elle s’en alla bien vite et courut à la maison de Sévérine.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Pendant que Flandrin et sa femme s’entretenaient ainsi, un homme sous la livrée d’un valet paraissait dans le corridor et se dirigeait vers l’appartement du sieur Perrot toujours prisonnier du Comte de Frontenac. Le factionnaire chargé de veiller la porte du prisonnier, connaissant le valet, introduisit une clef dans la serrure et le laissa entrer dans l’appartement de Perrot. Puis il referma la porte, tourna la clef et mit celle-ci dans sa poche.

Cet homme était le valet de chambre du gouverneur Perrot.

En voyant paraître son serviteur, Perrot lui demanda de sa table où il travaillait :

— Avez-vous des nouvelles de cette émeute ?

— Excellence, le calme est rétabli. Il n’y a que deux morts parmi la plèbe et une trentaine de blessés d’un côté et de l’autre… c’est une bagatelle.

— À qui s’en prenait-on ?

— À l’intendant-royal d’abord à cause d’un édit que le peuple veut faire révoquer ; ensuite, à Flandrin Pinchot qui a tiré la rapière contre le peuple pour protéger l’intendant et appuyer son édit.

Perrot sourit.

Ce jour-là, le gouverneur de Ville-Marie rédigeait, ou plutôt il achevait de rédiger un mémoire destiné au roi de France. Il en était, depuis son emprisonnement, à son cinquième rapport, et dans chacun il s’ingéniait à vitupérer Frontenac qu’il accusait de tous les crimes et de tous les abus de pouvoir. Comme on le pense bien, aucune correspondance ne sortait des appartements de Perrot pour prendre la voie de France ou même celle de Ville-Marie. Hormis les lettres à sa femme qu’examinait scrupuleusement un secrétaire de Frontenac, celui-ci interceptait toutes les autres missives. Il avait écrit à l’abbé de Fénelon le priant de faire pression sur le Comte et ses amis pour obtenir son élargissement ; mais le Comte avait retenu la lettre. Perrot le savait si bien qu’il voyait toute l’inutilité d’envoyer ses rapports au roi, certain qu’il était que Frontenac les aurait saisis. Toutefois, il comptait sur un hasard pour leur faire prendre le chemin de leur destination. Depuis qu’il avait les services de ce valet de chambre, il espérait bien réussir à expédier ses mémoires. Le valet de chambre, en effet, avait réussi à soudoyer un huissier moyennant la forte somme, et l’huissier avait déjà fait parvenir à Ville-Marie certaines lettres de Perrot. Mais quant aux rapports du prisonnier écrits pour le roi de France, c’était une autre affaire. Chaque navire qui partait, ainsi que l’avait rapporté l’huissier au valet de chambre, était minutieusement fouillé par des commis du Comte, de sorte qu’il eût été bien risqué et bien imprudent de tenter l’expédition de ces mémoires. Néanmoins, son valet de chambre avait réussi, par l’entremise de l’huissier, à expédier une lettre à l’ancien intendant Talon. Du moins on croyait que la lettre ou l’on avait cru que la lettre avait pris la route de France, mais on s’était trompé. Un agent de Frontenac, monté sur le navire en partance, avait saisi la lettre au moment où l’huissier la remettait à un matelot. Cet agent, qu’on avait pris pour un voyageur et que l’huissier ne connaissait pas, s’était interposé de la façon suivante :

— Je connais parfaitement le sieur Jean Talon, et vu que je me rendrai à Versailles pour affaires avec certains ministres du roi, je me chargerai volontiers de cette lettre.

Sans méfiance aucune, l’huissier lui avait remis la lettre, croyant, du reste, que la missive serait en meilleures mains qu’en celles du matelot et que, au surplus, elle arriverait plus tôt à destination. Et l’huissier s’en était allé sans le moindre remords. Aussi, comme le navire allait quitter son quai, ne put-il voir le voyageur à qui il s’était fié sauter sur le quai et gagner rapidement le Château Saint-Louis. Donc, cette lettre à Talon était entre les mains de Frontenac, et celui-ci ne manquerait pas de s’en servir et de s’en faire une arme contre son prisonnier.

Après ce court rapport de l’émeute que venait de lui faire le valet de chambre, Perrot demeura un moment pensif. Puis, relevant la tête, il demanda :

— Avez-vous autre chose à me communiquer, mon ami ? Car je dois vous déclarer que je désire terminer ce mémoire le plus tôt possible.

— Excellence, même si vous terminez ce mémoire dans une heure, il sera trop tard pour lui faire prendre la route de France : le dernier navire est parti hier.

— Allons donc ! s’écria le gouverneur avec incrédulité. Et ce brigantin amarré au quai du Roi ?

Le valet de chambre sourit et répliqua :

— Ce brigantin, Excellence, est la propriété de Monsieur le Comte de Frontenac, et il est sous la conduite d’un équipage dévoué et fidèle.

Et avec un sourire plus ironique, il ajouta :

— Le navire renferme une splendide et riche cargaison de pelleteries que Monsieur le Comte expédie en France. Ce brigantin, Excellence, porte en ses flancs une belle fortune…

Perrot esquissa un sourire non moins sarcastique que le sourire de son valet de chambre, et demanda :

— Voulez-vous me faire entendre, mon ami, que le Comte de Frontenac est meilleur commerçant que moi ?

— Non pas. Mais tandis que votre Excellence languit dans sa prison, ses affaires ne marchent plus, et celles de Monsieur de Frontenac, au contraire, prospèrent de plus en plus, attendu qu’il s’est emparé de votre clientèle.

— Je vous crois, fit Perrot dont les traits s’étaient assombris. Le Comte profite de mon incarcération pour me voler. Aussi ne perdrai-je pas moins de cent mille livres pour peu que le Comte me retienne prisonnier quelques mois de plus.

— Excellence, vous ne resterez pas prisonnier quelques mois de plus ; dites quelques semaines seulement… ou même quelques jours !

— Ah ! ah ! avez-vous enfin trouvé un moyen ?

— Je le pense.

— Voyons ce moyen…

— Voulez-vous avoir confiance en moi ?

— Ah ! ça, mon ami, ne vous ai-je pas jusqu’ici manifesté toute la confiance possible ?

— Bon, cette assurance me suffit. Quant au moyen que j’ai ou que je médite, car il n’est encore qu’à l’état de projet, je vous en parlerai le moment venu.

— Faudra-t-il quitter ce Château par la force ?

— Non, Excellence, par la ruse seulement.

— N’oubliez pas que nos portes sont bien gardées.

— Pour vous, mais non pour moi.

— Mais ne m’avez-vous pas dit que vous étiez vous-même prisonnier et qu’on vous empêchait de sortir du Château ?

— Jusqu’à présent, oui ; mais demain, et peut-être ce soir, je sortirai.

— Voyons, contez-moi ça.

— J’ai réussi à convaincre mon huissier de changer de rôle à l’occasion : je me ferai huissier, il se fera valet de chambre. Nous avons la même taille à peu près, et je le grimerai si bien et à ma ressemblance qu’on n’y verra que noir.

Perrot ne pouvait s’empêcher d’admirer cet homme, et de jour en jour sa confiance en lui augmentait.

Le valet de chambre poursuivit :

— Ceci vous laisse sans doute dans l’espoir d’une liberté prochaine ; et je peux vous assurer qu’avant un mois de ce jour, tout au plus, vous serez hors de ce Château et libre.

— Je le souhaite. Mais, néanmoins, gardez-vous bien de me donner de fausses espérances.

— Espérez, Excellence, voilà tout !

Le valet allait se retirer lorsque Perrot le retint :

— Dites-moi, mon ami, n’y aurait-il aucun moyen d’expédier ce mémoire par ce brigantin du Comte ?

— J’y pense, monsieur. Peut-être me sera-t-il possible de gagner un membre de l’équipage. Le navire va mettre à la voile à la nuit, car Monsieur le Comte ne tient pas à ce qu’on sache quelle direction prend son brigantin. Quand il rentre au port, il n’entre qu’à la nuit, et il en sort de même. J’ai encore le temps de réfléchir et de prendre mes dispositions. Je vous aviserai à temps.

Sur ce, il s’inclina et gagna la porte. Ayant frappé trois petits coups, le factionnaire de l’autre côté lui ouvrit. Le valet traversa obliquement le corridor, ouvrit une porte et pénétra dans une petite pièce qui lui servait d’appartement.

Là, sa physionomie se modifia subitement. Ses traits se raidirent, un sombre nuage passa sur son front et de ses yeux de mort les éclairs s’échappèrent. Il se mit à marcher de long en large et à réfléchir.

— Voyons ! se dit-il au bout d’un moment, on croirait que le diable s’acharne à me contrecarrer. J’ai manqué Flandrin Pinchot… ma femme m’a échappé, et je n’entrevois aucun moyen sûr d’assurer ma vengeance contre Frontenac. Mais Flandrin Pinchot, tout compte fait, n’est qu’un imbécile, et c’est perdre mon temps que de m’occuper de lui. Quant au Comte de Frontenac, ses ennemis se vengeront peut-être mieux que je ne pourrais le faire moi-même. Reste ma femme… Oh ! elle, il ne faut plus qu’elle échappe, et l’heure est venue ou jamais ! Oui, il faut qu’avant dix jours elle ait disparu de ce monde ! Car, ensuite, j’aurai à m’occuper exclusivement de l’évasion du sieur Perrot. Je veux donc au plus tôt libérer mon esprit de mes projets de vengeance. Et lorsque Perrot aura recouvré sa liberté, ma fortune sera à peu près faite. Alors, je gagnerai la France pour y vivre dans l’aisance et la tranquillité. Donc, à vrai dire, il ne me reste sur les bras que Sévérine.

Il arrêta sa marche un moment, parut réfléchir encore et, se remettant à marcher, poursuivit :

— Et pourtant, pour peu que le voulût Sévérine, il serait encore possible de refaire notre vie. Notre enfant est retrouvé… elle l’a retrouvé grâce à son flair de femme et de mère. Elle est riche et je suis en train de me faire d’assez belles rentes. Nous pourrions dans un petit coin riant de ce pays vivre d’une existence paisible et heureuse. Pour en arriver là, il faudrait qu’elle oubliât mes torts envers elle. Eh bien ! j’aimerais mieux un arrangement de cette nature, que la poursuite de ma vengeance. Il me semble que je l’aimerais encore cette femme qui est ma femme. J’aimerais cet enfant né de nos premières amours. J’aimerais cette vie commune à trois qu’il serait si facile d’égayer…

Il s’arrêta encore pour penser plus profondément.

Quel prodigieux revirement se produisait tout à coup dans cet homme qui ne paraissait avoir ni cœur ni âme ! L’amour paternel peut-il d’un monstre sanguinaire faire un homme et d’une façon aussi soudaine ? Ou ce revirement singulier n’était-il pas dû plutôt à un autre sentiment ? Peut-être…

Reprenant sa marche, il ajouta dans un murmure assez distinct :

— Pourrais-je d’ailleurs supporter de la voir vivre heureuse avec notre enfant, tandis que moi, de mon côté, il me faudrait errer par le monde, seul, sans parents, sans amis ? Non. Même la fortune n’allègerait pas le fardeau d’une telle existence. Si ma femme doit vivre heureuse, je veux ma part de son bonheur. Or ! de me voir errant et misérable elle rirait trop !… Je vais donc suspendre le cours de ma vengeance. Je vais tenter un accord avec Sévérine. J’irai la voir ce soir ou demain. Mais si elle refuse de m’entendre, si elle s’obstine à m’écarter, alors je n’hésiterai plus… elle mourra !

Et sur ce dernier mot, il esquissa un geste redoutable, un geste qui était comme une condamnation à mort…