10. — Visite aux malades.


— Marie, es-tu là ?

— Oui, maman, avez-vous besoin de moi ?

— Oui. Je viens de voir une personne qui m’a dit que ta tante Louise était malade. Ne pouvant me rendre près d’elle en ce moment, fais moi le plaisir d’y aller. J’irai te chercher ce soir et nous reviendrons ensemble. Rends-toi agréable et sois utile.

Marie fit un peu de toilette et part.

En arrivant, elle trouva sa tante au lit ayant la fièvre et un grand mal de tête. Sachant que les malades ne doivent entendre aucun bruit, elle s’approcha lentement du lit, et d’une voix douce demanda des nouvelles à sa tante. Ce fut tout.

Puis, s’étant inquiétée de l’ordonnance du médecin, elle vit qu’il fallait donner une cuillerée d’une potion toutes les deux heures et faire prendre une tasse de tisane dans l’intervalle.

Elle regarda l’heure à la pendule et se conforma strictement à l’ordonnance, empêcha son petit cousin et sa petite cousine de crier, de venir dans la chambre de leur mère faire du tapage, et leur promit du bonbon s’ils étaient bien sages.

Plusieurs voisines vinrent pour savoir des nouvelles ; elles avaient le verbe haut ; Marie, avec beaucoup d’amabilité et d’adresse, leur dit que la malade dormait et qu’il fallait respecter son sommeil, et elle-même parlait tout bas pour leur donner l’exemple.

Ici, une réflexion nécessaire :

Dans la campagne, surtout, les visites aux malades font le désespoir des médecins. Il n’est pas rare de voir quelquefois cinq ou six personnes réunies dans leur chambre. C’est un véritable conciliabule. On fait causer le patient, on veut connaître les tenants et les aboutissants de la maladie, on demande ce qu’il ressent et on augmente ses souffrances. Reprenons notre récit.

Marie marchait avec des précautions infinies, chassait les mouches qui agaçaient la malade, arrangeait les rideaux pour que la lumière ne fatiguât pas ses yeux.

Après quelques heures d’un sommeil paisible, la malade put adresser quelques mots à sa nièce, et celle-ci profita du moment favorable pour tranquilliser sa tante sur les suites de cette indisposition ; elle lui fit espérer que la guérison était proche, et un rayon de joie illumina la figure de la pauvre femme.

Quand la mère de Marie arriva le soir, la tante chanta les louanges de sa nièce ; elle aurait voulu avoir toujours près d’elle une garde-malade si gentille, si remplie d’attentions !

Résumons les règles de la civilité en ce qui concerne les visites aux malades :

Une personne bien élevée ne rend des visites aux personnes malades que lorsqu’elle sont de sa famille ou qu’elle les connaît intimement. Elle a le soin de faire ses visites très courtes, à moins qu’elles ne soient utiles et réclamées par la famille. De plus, elle doit parler peu et bas, et ne rien dire qui puisse fatiguer ou tourmenter le pauvre patient.


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