2. — Chez les grands parents.


Plus on s’approche de la tombe,
plus on a besoin d’affection. Aimez
donc ceux qui n’ont plus beaucoup
de temps à vous aimer et à être
aimés de vous.


Le père et la mère de Jeanne et de Joseph reçurent un matin la lettre suivante :

« Mes chers enfants, nous avons appris que les vacances dans votre commune étaient fixées au 16 août, nous venons vous demander de nous envoyer le plus tôt possible Jeanne et Joseph. Ils. sont si sages, si raisonnables, que nous désirons les avoir près de nous. Surtout, ne nous faites pas attendre trop longtemps la visite de nos chers petits-enfants. »

Au reçu de cette lettre, les deux écoliers furent bien contents et leur départ fut décide pour le lendemain matin, Malgré leur joie d’aller en vacances, les petits voyageurs, au moment du départ, sentirent leur cœur se gonficr. Ils allaient laisser leur chère maman, ils l’embrassèrent avec tendresse et lui dirent : Maman, cela nous fait de la peine de vous quitter, nous penserons souvent à vous…

Quelques heures après, le frère et la sœur arrivaient à destination sous la conduite de leur père.

Les grands parents leur souhaitent la bienvenue et les


examinent avec curiosité. La grand’mère trouve que Jeanne est fraîche et rose ; le grand-père admire la tournure martiale de Joseph qui marche déjà comme un petit soldat.

Nos voyageurs à peine installés, tout allait à merveille, les figures étaient rayonnantes et l’on n’entendait que des cris de joie.

Jeanne s’occupait surtout de sa grand’mèro et Joseph de son grand-père. Il fallait voir leurs prévenances, leur amabilité pour les deux vieillards.

Voyons l’emploi d’une de leurs journées

Jeannette, aussitôt lovée, court au lit de son aïeule, lui demande des nouvelles de la nuit, s’informe si le rhumatisme n’a pas trop fait souffrir, si la douleur de tête a cessé, si le sommeil a été bon. Cela dit, elle défend absolument à sa grand’mère de se lever, l’assurant qu’elle saura bien préparer le déjeuner pour tous et qu’elle lui apportera sa bonne tasse de chocolat au lit.

La grand’mère se fait bien un peu prier, puis elle finit par se laisser dorlo-
ter, se renfonce dans son dodo bien chaud, suit des yeux la petite /ménagère dans sa besogne, et se trouve heureuse d’avoir une enfant aussi gentille.

Dans le courant du jour, Jeanne aide encore sa grand’mère dans les soins du ménage, et chaque fois qu’elle peut faire un ouvrage elle-même, elle force sa grand’mère à rester assise.

— Vous avez bien assez travaillé dans votre jeunesse, lui répète-t-elle souvent, reposez-vous. Puis, elle va lui chercher un mouchoir oublié, ou ses lunettes, ou sa tabatière. Elle lui remet un tricot entre les mains et lui ramasse ses mailles au besoin. Sa tâche finie, Jeanne s’assied près de son aïeule, un ouvrage à aiguille à la main, et entend, pour la centième fois peut-être, une histoire du temps passé : Jeanne a l’air de s’y intéresser et fait comme si elle ne l’avait jamais entendue.

Joseph, en sa qualité de garçon, accompagne son grand-père au jardin. Il écoute attentivement les explications que celui-ci lui donne sur la culture des légumes et des fleurs, Jeanne soigne bien sa grand’mère. arrache les mauvaises herbes sur les plates-bandes pendant que l’aïeul ratisse les allées.

Quand les jardiniers sont las, ils se reposent sur un banc et Joseph prie son grand-père de lui raconter ses campagnes au temps où il était soldat en Afrique, sous le maréchal Bugeaud.

D’autres fois, Joseph lui lit tout haut le journal ou l’his-

toire des guerres de la révolution et de l’empire. S’ils se promènent ensemble, Joseph dit : — Grand-père, vous êtes las, et puisque je ne suis pas assez grand pour vous offrir mon bras, appuyez-vous sur mon épaule, je suis fort et je serai votre bâton de vieillesse.

L’heure du déjeuner arrive, et, comme toutes les personnes âgées, le grand-père et la grand’mère aiment à faire leur sieste après le repas. Jeanne et Joseph, ne voulant déranger en rien leurs habitudes, respectent leur sommeil et ne font aucun bruit.

Et tous les jours se passent ainsi.

Le temps fixé pour le retour de nos petits voyageurs étant arrivé, Ils disent adieu à leurs grands parents, reçoivent des compliments sur leur conduite, parlent le cœur très joyeux, ayant leur bourse bien garnie, je vous assure…

Un grand changement. — Quelques jours après le départ de Jeanne et de Joseph de chez leurs grands parents, ceux-ci invitèrent à venir les voir deux autres de leurs petits-enfants qui n’habitaient pas le même pays. Voulez-vous savoir ce qui arriva ?

Au bout de trois jours, les pauvres vieux écrivirent au père et à la mère des nouveaux venus, une lettre qui ne ressemblait guère à la première, elle était ainsi conçue :

« Venez chercher vos enfants, nous n’en voulons plus et nous regrettons beaucoup de les avoir demandés. Depuis leur arrivée ici, c’est un tapage infernal dans la maison. Nous avons la tête brisée ; ils touchent à tout, remuent tout et ne rendent aucun service. Lucie est désobéissante et nous fait d’insolentes réponses. Léon se moque de nos infirmités, branle la tête et marche d’un pas mal assuré, comme nous, dit-il, en riant. — Il maltraite les animaux, fait enrager le chien et le chat, effraye les poules qui s’envolent. Accourez vite si vous ne voulez pas que nous tombions malades. »

— Consolez-vous, pauvres vieux, après une lettre si désespérée on va venir vous délivrer…

Ici, une réflexion s’impose. D’où vient-elle cette différence de réception pour des enfants qui devraient être aussi chers les uns que les autres au cœur de leurs parents ? Tout simplement, de ce que les premiers étaient des enfants bien élevés et les seconds des enfants mal élevés. Les uns étaient chéris, désirés, choyés, tandis que les autres… Vous comprenez, je n’ai pas besoin de m’expliquer davantage.

Lesquels voudriez-vous être ?




RÉSUMÉ


1. L’enfant a une triple raison pour être poli et respectueux envers son grand-père et sa grand’mère ; ils sont ses proches parents, ils ont pour lui une vive tendresse, ils sont âgés.

2. Il ne doit pas tourner en ridicule leurs manies et encoro moins leurs infirmités.

3. Il faut qu’il ne se rende pas importun en leur présence, et évite de leur faire du bruit, du tapage.

4. Il doit, au besoin, écouter sans impatience les redites, les histoires déjà entendues bien des fois peut-être.


MAXIME


Enfants ! soyez aimables, gracieux envers vos grands parents qui n’ont plus beaucoup de temps à vous aimer et à être aimés de vous.

Rédaction. Composez une histoire oh vous montrerez une petite fille bien élevée, bien gentille de caractère, en vacances chez ses grands parents. Décrivez la joie qui règne dans la maison.


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