Éditions de l'Action canadienne-française (p. 7-10).


PRÉFACE




Pour ce nouveau-né qui continue si gentiment l’attrayante lignée de ses prédécesseurs, on requiert une « introduction » ou une « préface ». Est-ce bien nécessaire ? — Présenter Maxine au public c’est proprement porter de l’eau à la rivière ; témoin le bon renom de ses œuvres et l’accueil empressé de la jeune clientèle à qui la meilleure part y est faite.

— Une préface, alors ?

— Eh bien, va pour la préface !

D’autant que l’aubaine est pour le signataire d’icelle : il se profile dans le sillage lumineux de l’auteur et bénéficie d’un reflet de sa notoriété.

D’avoir éveillé chez Maxine un beau talent de conteur qui sommeillait, me vaut, paraît-il, ce privilège (?) de préfacier, lequel, du reste, ne comporte guère de risques : Qui donc lit les préfaces ?

Mais voici qui n’est au vrai que la préface d’une préface. Venons-en au point.

« La cache aux canots » est, je crois, le neuvième d’une série de récits pour enfants, dont le premier : « Les fées de la terre canadienne » (1928) est épuisé déjà. C’est-à-dire qu’à partir de cette date la plume de Maxine n’a pas connu le chômage, surtout si l’on fait entrer en ligne de compte deux romans pour adultes, édités au pays et un troisième « La huronne » dont une firme parisienne (Casterman) a sollicité l’impression.

L’auteur de ces charmants récits, dédiés « à la chère mémoire d’un jeune Canadien » se propose un but des plus louables : faire mieux connaître leur pays, son histoire, son passé glorieux et du coup les rendre chers aux enfants. Ils y prennent contact avec l’histoire et la géographie canadiennes et s’enracinent ainsi au terroir à un âge où les impressions ont chance de s’incruster profondément et de durer.

Écrire pour les tout jeunes n’est pas un genre aussi facile qu’on serait enclin à l’imaginer, et c’est une erreur de croire que la littérature pour l’enfance est un peu l’enfance de la littérature.

Pour y réussir, il faut le « don », c’est-à-dire un ensemble de qualités littéraires assez rarement réunies : l’intuition de ce qui plaît au jeune âge ; une intrigue bien amorcée et menée tambour battant ; des épisodes bien imaginés qui tiennent le lecteur en suspens ; l’attribution à un enfant d’un rôle important dans le récit, un dénouement heureux, mais gardé jalousement secret jusqu’à la dernière page ; c’est la recette du succès.

Avec cela, un style alerte, clair et direct. Pas de termes abstraits ni recherchés, point de visées littéraires, du naturel et de la bonhomie ; l’enfant ne doit pas s’apercevoir qu’il lit, mais plutôt voir, être présent, prendre part à l’action. — « On dirait que cela se passe à la maison », c’est le mot ingénu d’un lecteur de Maxine, et c’est un éloge peu banal.

Depuis quelques années, la littérature pour enfants a pris, en notre province, un essor des plus consolants. Plusieurs de nos bonnes plumes ont tenté l’aventure avec succès.

Dans cette méritante phalange, Maxine occupe sans conteste une place de choix tant pour la quantité que pour la qualité de ses écrits.

Il me semble que pareil mouvement, d’une si réelle opportunité, devrait rencontrer l’encouragement du public.

Ainsi que la suggestion en a été faite et réitérée, nos commissions scolaires dans l’achat des livres de récompense, devraient donner la préférence et faire plus large encore la part de nos auteurs et éditeurs canadiens. Fallut-il faire de plus grands déboursés, l’écart défavorable serait amplement compensé par le fait que l’argent dépensé reste au pays et favorise les nôtres.

Pour revenir à « La cache aux canots », je ne commettrai pas la maladresse de dévoiler à l’avance ses attrayantes péripéties ; je laisse au lecteur d’en savourer l’intérêt.

On me permettra toutefois d’en souligner un détail qui n’est pas dénué d’apropos : l’influence d’un missionnaire jésuite, aujourd’hui canonisé, sur le principal personnage du récit, l’Indien…

La charité et la douceur du père Garnier avaient laissé dans ce cœur droit une impression ineffaçable. Prestige rayonnant de la sainteté qui amena le salut de l’héroïque enfant des bois.

Collège Saint-Charles Garnier, Québec.

En la fête des SS. Martyrs Canadiens, 26 septembre 1937.


C.-H. LEFEBVRE, s.j.