L. H. Huot (p. 7-8).


Aux Lecteurs.



S’il m’était permis de pénétrer quelque soir dans l’enceinte législative, dans cette chambre illustrée par des orateurs et des hommes d’état dont la postérité gardera le souvenir, savez-vous, lecteurs, ce que je ferais ?

Je ne suis pas député, et conséquemment je n’aurais pas l’embarras de choisir mon siège à la droite ou à la gauche, au centre gauche ou au centre droit, près des ministres ou près des fenêtres.

Je ne suis pas dans la politique, je n’y veux pas entrer, et je n’ai rien à démêler avec les partis.

Je n’attends de personne la position ni la fortune, et je n’aurais à courber l’échine ni devant le ministère ni devant l’opposition.

Je ne suis pas dans les affaires, ni dans les professions, ni dans l’industrie, ni dans le commerce, les questions de tarif n’auraient pour moi aucun intérêt personnel.

Je ne suis plus célibataire et ni la galerie de l’Orateur ni celle des Dames n’attireraient mon attention.

Je n’ai pas de filles à marier ni de garçons à établir, et je n’aurais à courtiser ni les hauts fonctionnaires de l’État, ni les pères de familles…

Mais je vous entends m’interrompre : « Assez, assez, nous savons ce que vous ne feriez pas ; dites nous maintenant ce que vous feriez. »

Eh bien, je me faufilerais à travers les députés, sans les voir et sans être vû, et j’irais me blottir derrière le fauteuil de l’Orateur. Là, j’attendrais et… j’entendrais avec la bonté d’un père, et la patience d’un notaire. Puis, au moment que l’Orateur laisserait le fauteuil, je me leverais, et prenant la pose de Mirabeau quand il montrait du doigt la hideuse banqueroute aux portes de l’Assemblée Constituante, je prononcerais ce


SIMPLE DISCOURS.