La besace de haine/Les deux autres cents livres

Éditions Édouard Garand (p. 26-31).

— VI —

LES DEUX AUTRES CENTS LIVRES


Revenons à nos deux bravi.

Pertuluis, désarmé, s’était élancé dans les fourrés voisins, à l’aventure il avait essayé de regagner la ville et s’était mis à errer çà et là à travers bois, incertain du sort de son compagnon.

Regaudin, après s’être assuré qu’il n’était pas poursuivi par le terrible Flambard, s’était blotti derrière un tronc d’arbre pour attendre que la charrette et son escorte eussent poursuivi leur chemin. Lorsqu’il se vit seul, il revint sur le lieu du combat.

Il se mit à fouiller les buissons.

— Je ne veux pas laisser ma rapière ici, si j’allais rencontrer des maraudeurs !… Ah ! ça, suis-je stupide ? Ne l’ai-je pas laissé tomber dans la maudite charrette ?…

À l’instant même son pied heurta un objet qui rendit un léger son métallique.

— Biche-de-bois ! fit-il joyeusement, la voici !

Parmi les herbes et les feuilles roussies humides de rosée il ramassa une rapière. Il la brandit.

— Est-ce la mienne ?… Elle ne semble pas accoutumée à ma main !… Ne serait-ce pas celle de Pertuluis, ou de l’un de ces gardes ? Voyons !… Ah ! chienne de lune, ne pourrait-elle mieux éclairer !

Il grogna et glissa la rapière dans le fourreau pendu à son côté gauche.

— Eh bien ! après cela… l’une ou l’autre… du moment qu’elle y va !…

Satisfait, il reprit le chemin de la ville. Au loin, devant lui, il percevait le cahotement de la charrette.

Après un quart d’heure de marche, à un endroit où un chemin sous bois débouchait sur la grande route, Regaudin se heurta assez rudement à un individu.

Deux exclamations de surprise joyeuse s’échappèrent :

— Pertuluis !…

— Regaudin !…

Tous deux, dans la lune plus blanche, se regardèrent un moment comme pour s’assurer que c’étaient bien leurs corps vivants et non leurs ombres qui se croisaient.

— Ventre-de-veau ! grogna Pertuluis, quelle aventure !

— J’en ai perdu l’appétit et la soif ! gémit Regaudin.

Tous deux d’un commun accord s’assirent sur le bord de la route. Tout en se remettant de « l’aventure », ils se concertèrent.

— Une chose, dit Pertuluis, nous perdons cent livres, si nous ne perdons pas deux cents.

— Si nous ne perdons pas deux cents ?… fit interrogativement Regaudin qui ne saisissait pas l’idée de son compère.

— Sans doute, puisque, n’ayant pas accompli la besogne pour laquelle nous avons été embauchés, l’honnêteté nous commande de rendre à qui de droit les cent livres que nous avons reçues à l’avance.

— L’honnêteté ! dit Regaudin en branlant la tête. Tu appelles ça de l’honnêteté, après avoir failli laisser nos deux peaux au bout de la rapière de ce satané Flambard ?

— Le gueux ! gronda Pertuluis, il me le paiera, et cher ; retiens bien ceci, Regaudin !

— Et moi… les deux trous qu’il a faits à mes reins ! Aie ! aie !… hurla tout à coup Regaudin.

— Ah ! ça, qu’est-ce qui te pique ? demanda Pertuluis avec surprise.

— Ce sont encore les deux pointes que m’a plantées là ce mauvais garnement de Flambard !

— Deux coups d’épée ?… Tu fuyais donc, puisque tu montres tes reins ?

— Je ne fuyais pas, je protégeais mon existence !

— C’est comme moi ; vingt fois j’ai eu l’idée de l’embrocher fin et sec, mais j’ai pensé que je pourrais me reprendre.

— Comme moi, fit Regaudin. Donc, ayant été presque tués, je ne sache pas qu’il y ait honnêteté à rendre cent livres qui nous appartiennent.

— Je suis bien de ton avis, d’autant plus qu’il ne nous reste que ces cent livres pour manger et boire selon les commandements…

Gravement il récita :


Mets et vins tu avaleras et dégusteras joyeusement !
Plats et verres tu nettoieras et remplira souventement !


— Il y a bien encore notre solde dont nous n’avons perçu que la moitié, gémit Regaudin.

— Ah ! notre solde… se mit à ricaner Pertuluis, j’y suis accoutumé. Pour être sûr de la tenir il faudrait aller la quérir en plein dans la panse de ce brigand de Bigot ou dans les tripes de ce cochon de Varin !

— Raison de plus pour ne pas rendre les cent livres que nous avons touchées. On n’est pas des imbéciles, biche-de-bois !

— Certainement non !

— Et même, pour avoir tant risqué, je serais d’avis qu’on allât réclamer les autres cent livres.

— Ah ! ah ! fit Pertuluis, songeur.

— N’as-tu pas perdu ta rapière au jeu ? N’ai-je pas eu ma peau trouée et mes reins percés ? Est-ce que tout cela ne vaut pas cent livres ? Je voudrais y voir le sire Deschenaux, biche-de-biche !

— En suivant ton avis, Regaudin, il faudrait dire que la besogne a été faite ?

— Parbleu !

— Et tu te chargeras de cette mission ?

— Si je m’en chargerai…

— Et, faisant un mensonge, tu ne crains pas de faire un péché ?

— S’il y a péché, les cent livres me permettront bien de le noyer à tout jamais dans une douzaine de carafons… allons réclamer, Pertuluis !

— Oui, mais si Deschenaux avait appris… l’aventure ?

— Il ne faut pas attendre qu’il apprenne… allons réclamer !

— Soit, allons, se décida Pertuluis. Mais auparavant nous tâcherons de nous mouiller la lanterne, elle commence à manquer d’huile.

— Je connais près de la Porte Saint-Louis un certain tavernier de contrebande où l’on boit à bon compte.

— Ça va, dit joyeusement Pertuluis, car ma langue se sèche de plus en plus.

— Car je sens que la plante de mes pieds va finir par se coller tout à fait à la semelle de mes bottes.

À demi rompus et perclus les deux bravi se levèrent et, clopin-clopant, reprirent leur marche dans la direction de la cité.

L’aurore, de ses premières clartés, blanchissait le voile de la nuit, lorsque les deux grenadiers arrivèrent sous la Porte Saint-Louis qu’on venait d’ouvrir.

Les deux bravi, reconnus par le portier et les gardes, passèrent sans difficulté, et peu après ils frappaient à la porte de cette taverne de contrebande où, déjà, étaient réunis de joyeux troupiers.

Pertuluis et Regaudin furent salués de quelques inclinations de têtes, et allèrent s’asseoir dans un angle obscur pour commander de suite deux carafons.

Il était environ cinq heures du matin.

— Il est un peu matin pour aller chez des gens comme le sieur Deschenaux, émit Regaudin.

— C’est bien ce que je me disais, répliqua Pertuluis ; nous aurons le temps de vider quelques carafons d’abord, puis d’aller nous mettre une bouchée ou deux dans le sac et revenir se baigner le ventre de trois ou quatre autres carafons… De sorte que, l’heure venue, nous serons armés de pied en cap pour aller taper le gousset de cet excellent secrétaire de monsieur Bigot.

— Parfait, compère. Cependant, il ne faut pas oublier que tu es veuf de ta bonne rapière et, par conséquent, que tu n’es pas tout à fait équipé.

— C’est vrai, ventre-de-grenouille ! grommela Pertuluis avec colère… je ne songeais plus à ma rapière que ce gueux de Flambard m’a fait oublier là-bas ! N’importe ! en nous rendant manger quelque chose à la basse-ville, où j’y connais certaine auberge d’une rare succulence, je m’équiperai chez un armurier qui tient boutique tout près. Ma foi, je ne suis pas fâché après tout, cette rapière que j’ai oubliée là-bas était un peu vieille et usée, et à chaque instant elle pouvait me rester en morceaux dans la main… Oh ! mon bras… gémit tout à coup Pertuluis en tapotant son bras en écharpe.

— Quoi ! fit Regaudin avec compassion, ce Flambard te l’aurait-il malmené par hasard ?

— Non… mais, m’étant barré les jambes contre un tronc d’arbre, j’ai perdu l’équilibre et me suis heurté contre un autre arbre. Mais bah ! ça va passer. Un carafon encore…

Il appela le tavernier, commanda une mesure d’eau-de-vie, paya.

Il était sept heures et les deux grenadiers se sentaient fort guillerets, lorsqu’ils se décidèrent à quitter la taverne pour se rendre à la basse-ville.

Bien qu’un soleil tiède se fût levé et brillât sur la ville, il faisait frisquet. Les toits des maisons et les chaussées étaient recouverts d’une légère couche de gelée qui blanchissait la ville et annonçait les approches du terrible hiver.

— Brouuu !… fit tout à coup Regaudin. Il faudra que je me procure un manteau avant que la froidure me gèle le sang.

— Et moi, dit Pertuluis, il faudra bien que je renouvelle ma capote et ma culotte ; je sens l’air de ce matin me chatouiller la peau.

Les deux amis arrivèrent à la basse-ville, entrèrent dans une auberge de bas étage, mangèrent allégrement, puis sortirent pour se rendre chez un armurier où Pertuluis se choisit une longue et forte rapière.

— Avec ça, dit-il en brandissant la lame étincelante sous le nez de l’armurier qui devint livide de peur, je défie bien le diable et ses mille démons !

Il paya la somme requise, glissa la rapière dans son fourreau et sortit suivi de Regaudin.

Il était huit heures et demie.

Le mouvement reprenait peu à peu dans la cité. Les boutiques ouvraient leurs portes, les étalages commençaient, les femmes en bavardant allaient aux provisions, des bandes de soldats et de matelots couraient de taverne en taverne, des artisans se rendaient au travail, et près des jetées du fleuve des mariniers appareillaient. Toute cette population française semblait joyeuse sous le ciel bleu, elle respirait la force et la confiance. L’espace paraissait rempli de chants de victoire. Là-haut, au-dessus du Fort Saint-Louis, flottait radieux, magnifique, victorieux, le grand drapeau des rois de France.

Pertuluis et Regaudin, jugeant qu’il était encore un peu trop matin pour se présenter devant le sieur Deschenaux, arrêtèrent, chemin faisant, en la taverne de la mère Rodioux.

— Bonjour, Mame Rodioux ! salua galamment Pertuluis.

— Bien le bonjour, messieurs les grenadiers !

La mère Rodioux, l’air d’assez bonne humeur, était à son comptoir. Rose Peluchet faisait le ménage tout en fredonnant gaîment un couplet.

— Salut à mademoiselle La Pluchette ! sourit Regaudin.

— Bien à vous, messieurs les grenadiers !

Deux ouvriers seulement buvaient un verre de vin au comptoir.

Les deux bravi s’assirent à une table et commandèrent deux carafons.

À neuf heures et demie ils décidèrent de remonter à la haute-ville et d’aller frapper à la porte de l’intendant, rue Saint-Louis, où domiciliait Deschenaux.

Le portier les reçut, mais il les avisa de suite que le sieur Deschenaux avait été appelé de bonne heure au Palais de l’Intendance pour certaine affaire urgente.

— Au Palais de l’Intendance ! fit Pertuluis un peu inquiet.

— Ne serait-ce pas plutôt à la Trésorerie ? interrogea Regaudin.

— Ah ! ah ! fit le portier en riant bénévolement, c’est après votre solde que vous courez, hein ! mes braves ?

— Justement, répondit Pertuluis. Savez-vous si elle nous sera payée bientôt ?

— Aujourd’hui même, mes braves. Aussi, dois-je vous dire que la Trésorerie se trouve au Palais de l’Intendance, vous n’aurez qu’à frapper à la même porte.

— Merci, mon vieux, dit Pertuluis qui, pour faire le grand seigneur, laissa tomber une pièce d’or dans la main du portier qui s’inclina.

Pertuluis ajouta avec importance :

— Tu boiras à la santé du Chevalier de Pertuluis !

Le portier, souriant avec ironie, s’inclina derechef et plus profondément.

Les deux amis gagnèrent le Palais de l’Intendance.

Mais là, pour entrer, il leur fallut parlementer avec des gardes, des portiers et des huissiers, si bien qu’ils commençaient de désespérer d’arriver à l’intérieur de l’édifice, lorsque, par hasard, Deschenaux traversa le grand vestibule et entendit les voix goguenardes des deux bravi. Les ayant reconnus, il appela un huissier et dit :

— Faites entrer ces deux grenadiers dans cette antichambre, je les attendais.

Il s’éloigna.

L’huissier fit exécuter l’ordre reçu, et Pertuluis et Regaudin furent introduits dans l’antichambre désignée par le secrétaire de Bigot.

Ils étaient à peine entrés qu’une porte, faisant vis-à-vis à celle par laquelle ils étaient venus, s’ouvrit pour encadrer la silhouette d’un domestique en grande livrée qui les invita à entrer.

Les deux individus enlevèrent leurs feutres battus et pénétrèrent dans un riche cabinet de travail, pour demeurer tout étourdis du luxe qui les entourait.

À une table ils aperçurent, assis et écrivant, l’homme qu’ils désiraient voir : Deschenaux.

— Ah ! ah ! dit le secrétaire de Bigot en levant la tête et en fronçant le sourcil, c’est vous, mes maîtres ?

— C’est nous ! affirma Pertuluis en s’inclinant jusqu’à terre.

— Peut-être bien que nous vous dérangeons ? émit timidement Regaudin en essayant de sourire aimablement.

— Peut-être ?… Non, répondit rudement Deschenaux. Mais assurément vous m’importunez grandement. J’espérais bien ne plus revoir vos museaux de chiens battus et rebattus.

— Monsieur !… fit Pertuluis courroucé.

— Monsieur !… bégaya Regaudin.

— Messieurs, interrompit Deschenaux avec un sourire railleur, je comprends que vous venez réclamer cent livres, pas vrai ?

— À la bonne heure ! souffla Regaudin. Nous commencions à penser que vous aviez oublié.

— Et vu que nous sommes d’honnêtes gens, observa Pertuluis, nous aimons voir les marchés faits et terminés en toute probité.

— Ah ! ah ! se mit à ricaner Deschenaux. Vous appelez probité vous autres de réclamer de l’arpent que vous n’avez pas gagné.

— Hein ! Que nous n’avons pas gagné ? s’écria avec colère Pertuluis.

Du coude Regaudin poussa son compère et lui souffla :

— Baisse donc le ton, tu vas tout faire rater et peut-être, avec ça, nous faire écorcher vifs !

— Monsieur… voulut intervenir doucement Regaudin dans l’espoir de pallier l’effet qu’aurait pu produire le rude ton de son camarade.

Deschenaux l’interrompit.

— Mes compères, savez-vous la nouvelle que j’apprends ce matin ?

— Ventre-de-cochon ! grogna Pertuluis à l’oreille de Regaudin, il a appris l’affaire… Nous arrivons trop tard !

— C’est ta faute, Pertuluis, si nous arrivons trop tard !

— C’est ta faute, Regaudin, rétorqua Pertuluis.

— Tu n’as fait que flairer carafons après carafons !

— Tu n’as fait que te plaindre de ta soif !

— Tu me calomnies…

— Tu m’injuries…

— Regaudin…

— Pertu…

Tous deux levaient la main l’un sur l’autre.

— Que signifie ? s’écria durement Deschenaux. Je n’aime pas voir les chiens se mordre en ma présence.

Piteux et confus, les deux grenadiers joliment éméchés se turent et tournèrent vers le secrétaire de Bigot un œil soumis.

— Donc, continua Deschenaux, j’ai appris ce matin que Jean Vaucourt, ce blessé, dont je vous ai entretenus hier, se porte à merveille et qu’il est en ce moment sous les bons et dévoués soins des Sœurs Hospitalières. Et j’ai appris encore et avec une joie immense… oui, j’ai appris que ce chien de Flambard vous avait donné une fessée comme jamais l’histoire des fessées n’en relate jusqu’à ce jour !

— Monsieur, interrompit hautement Pertuluis repris de digne colère, apprenez à présent que nous n’avons fait que céder le terrain !

— Observez, dit à son tour Regaudin, qu’il y avait là dix gardes bien armés, sans compter l’homme de la charrette qui était armé d’un pistolet et ce chien de Flambard !

— Eh ! que ne l’avez-vous assommé ? s’écria Deschenaux, toujours railleur.

— Si nous ne l’avons pas fait cette nuit, répliqua Regaudin, c’est pour la bonne raison que nous lui ménageons quelque chose de mieux qu’une simple assommade !

— Ah ! ah ! fit Deschenaux.

— Nous nous sommes jurés, reprit Pertuluis, que nous verrions l’envers de sa peau, et pas plus tard qu’aujourd’hui ou demain !

— Vraiment ? s’écria Deschenaux. Eh bien ! mes braves, je vous donne libre jeu. Si vous pouvez me faire voir l’envers de cette peau de satan, il y a là dans ce tiroir mille livres qui sont vôtres. Allez, maintenant !

— Vous nous envoyez ainsi ? interrogea Pertuluis avec déception.

— Et nos cent livres ? s’entêta Regaudin.

Deschenaux se mit à rire.

— Au fait, se dit-il, ces deux coquins pourraient fort bien me devenir utiles plus tard. En attendant que je les fasse envoyer en enfer, il importe de les ménager.

Il ouvrit le tiroir de sa table, compta cent livres d’or et les remit à Regaudin, disant :

— Hier, j’ai additionné cent livres à votre camarade ; ce matin, c’est votre tour, prenez et allez ! N’oubliez pas qu’il y a ici mille livres pour vos goussets, le jour où vous me ferez voir l’envers de la peau de ce maudit Flambard.

— Monseigneur, répliqua Pertuluis en exécutant une longue révérence, je vous apporterai cette peau demain… peut-être aujourd’hui… mais plus probablement avant une heure !

Ils sortirent à reculons sur un geste de Deschenaux.

Le domestique, demeuré dans l’antichambre, conduisit vers le vestibule les deux compères qui riaient sous cape. Du vestibule un huissier les précéda vers la grande porte du Palais.

Mais à l’instant où Pertuluis et Regaudin arrivaient à cette porte, un grand diable d’homme, armé d’une terrible rapière qui claquait à ses mollets, s’y engouffra comme un ouragan. Et ce grand diable, hurlant et ricanant, bouscula des gardes et des huissiers, passa sur le ventre de trois ou quatre portiers, envoya rouler sur les dalles Regaudin et Pertuluis, assomma un domestique d’un coup de poing et disparut comme un tonnerre dans le grand vestibule, puis, crac ! il parut passer au travers d’une porte !

— C’est ce damné Flambard ! bredouilla Pertuluis qui se ramassait.

— Sauvons-nous ! bégaya Regaudin qui tâtait ses côtes.

Il régnait confusion indescriptible parmi la bande des portiers, gardes et huissiers…

— Est-ce le diable qui venait de passer ?

Ils se le demandaient, tout étourdis, et prêts à le croire.

— Déguerpissons ! souffla Regaudin, car il va se passer quelque chose ici !

— Oui bien, admit Pertuluis, du moment que Flambard y est ça va être quelque chose, une marmelade peut-être dans laquelle je ne tiens pas à tremper !

Dans l’excitation qui régnait et grandissait autour d’eux, les deux grenadiers parvinrent à se glisser dehors où ils disparurent à toutes jambes vers les ruelles avoisinantes.

Ils oubliaient déjà qu’ils avaient promis de montrer avant une heure l’envers de la peau de Flambard !…