La Vie véritable du citoyen Jean Rossignol/Lettres

LETTRES ET DOCUMENTS
Citoyen Ministre,

Comme il se prépare un travail dans vos bureaux pour employer les militaires qui ont contribué à la journée du 18 de ce mois[1], afin de défendre le gouvernement contre les ennemis de la République, je vous adresse mes états de services, avec les pièces à l’appui.

Rossignol.

Rue de la Harpe, 179.

(Rapport au Ministre)

L’ex-général de division Rossignol expose qu’il a été destitué sans motif des fonctions de général en chef de l’armée de l’Ouest par un arrêté du Comité de salut public, et qu’à la suite de cette disgrace il a été incarcéré pendant 15 mois et demi, enfin qu’envoyé[2] par décret du 5 prairial (dernier) au tribunal criminel du département d’Eure-et-Loir pour y être jugé, il a été mis en liberté sur la déclaration de l’accusateur public. Enfin cet officier demande sa réintegration et le payement de son traitement depuis le jour de sa destitution.

On n’a pas dans les bureaux une connaissance certaine des motifs qui ont donné lieu à la destitution et à l’incarcération de l’ex-général Rossignol. On sait seulement qu’il fut accusé d’impéritie lorsqu’il commandait l’armée de l’Ouest. En conséquence, on ne peut que rendre compte au Ministre de ses réclamations sur lesquelles il paraît pressant de prononcer, attendu qu’il n’a dans ce moment que 250 l. 10 s. pour vivre.


Citoyen Ministre,

D’après mes entrevues avec le citoyen ministre des relations extérieures et la lettre dont j’ai été porteur, tout me prouve que les intentions du gouvernement sont de venir au devant de mes premiers besoins.

Depuis trois ans passés je n’ai vécu que sur mes effets et d’emprunts envers mes amis. Je sollicite donc auprès de vous une indemnité avec laquelle je puisse retirer mes effets et payer mes créanciers, et je vous déclare qu’une somme de trois mille livres peut à peine suffire pour remplir cet objet.

Salut et respect,
Rossignol.

De Paris, le 14 brumaire l’an VI (4 novembre 1797).


Citoyen ministre,

Vous fûtes, depuis la journée de fructidor, mon appui auprès du Directoire. Vous seul, après m’avoir connu, parlâtes en ma faveur et obtîntes du gouvernement de quoi me faire exister. Je sais plus que personne que ce qui m’avait été accordé va peut-être m’être ravi, j’aurais besoin d’être entendu de vous un seul instant, j’espère que vous ne me refuserez pas une audience, et certes je n’abuserai pas de vos instants.

Salut et respect,
Rossignol.
3 Messidor an VI (20 juin 1798).


Citoyens Directeurs,

Privé depuis plusieurs mois des secours que vous aviez bien voulu m’accorder après la mémorable journée du 18 Fructidor, et obligé de refuser successivement une mission de propagandiste à Rome, que je n’étais pas en état de remplir, et une place d’agent forestier dont le modique traitement de 500 francs n’aurait pu me faire exister avec ma famille, je me trouve réduit à vendre le peu d’effets qui me restent pour vivre et par conséquent à la veille d’éprouver les horreurs du besoin le plus absolu.

Pressé d’une part par ces terribles circonstances et, de l’autre, par le désir que j’ai déjà eu l’honneur de vous manifester de m’éloigner de Paris, permettez-moi, citoyens Directeurs, de vous réitérer (ma demande de) retraite ou d’un emploi analogue à mes connaissances qui, en me fournissant l’occasion de vous prouver mon dévouement, me procure les moyens suffisants pour vivre avec ma famille.
Salut et respect.
Rossignol.
Rue Dominique, n° 8, pres celle d’Enfer.

(Annotation).

Le Ministre de la Guerre, conformément aux intentions du Directoire exécutif, autorise le citoyen Rossignol, ancien général de division, à se rendre près le général Bonaparte, commandant en chef l’expédition de la mer Méditerranée, qui lui donnera une destination.

Il jouira, jusqu’à ce qu’il soit employé, du traitement de réforme de 4000 fr. attribué à son grade.

À Paris, le quatorze messidor an VI de la République française, une et indivisible.

Signature illisible.


Le Ministre de la Guerre au citoyen Bonaparte, général en chef de l’exp"dition de la mer Méditerranée :

Le citoyen Rossignol, ancien général de division, qui vous remettra cette lettre, citoyen général, est autorisé à se rendre près de vous.

Je suis chargé par le Directoire exécutif de vous en prévenir et de vous inviter de sa part à l’employer ainsi que vous le jugerez convenable.
Salut.
Au citoyen Hilaire, général de Brigade, commandant le dépôt de l’expédition, à Toulon.

Le citoyen Rossignol, ancien général de division, étant autorisé, citoyen général, à se rendre près du général Bonaparte, veuillez bien, je vous prie, lui procurer les moyens de s’embarquer le plus promptement qu’il sera possible.

Salut.

Marseille, le 16 pluviose an VII (4 fevrier 1799).
Le commissaire-ordonnateur de la huitième division militaire an Ministre de la Guerre,

Je crois devoir vous informer, citoyen Ministre, qu’indépendamment des officiers de corps embarqués, qui sont en subsistance dans divers dépôts d’autres corps stationnés dans le département du Var, il existe à Toulon plusieurs officiers sans troupes destinés pour l’expédition maritime qui reçoivent dans cette place le traitement d’activité affecté à leurs grades respectifs. Comme leur présence est inutile dans cette place, et qu’ils occasionnent un surcroît de dépenses sur les fonds affectés à la solde des militaires sans troupes stationnés dans le département du Var, ne conviendrait-il pas de leur donner une autre destination ? Les militaires dont il s’agit sont deux officiers du génie, un adjoint aux adjudants-généraux et un conducteur ordinaire d’artillerie aux armées ; au moins voilà les seuls en faveur desquels j’aye autorisé des payements pour le mois dernier.

Il s’y trouve encore le général de division Rossignol, que, par une lettre du 14 messidor dernier, émanée du Bureau des officiers généraux, vous avez autorisé à y recevoir le traitement de réforme affecté à son grade, en attendant que le général Bonaparte lui donne une destination. J’ai fait payer ce traitement à ce général pendant les mois de brumaire, frimaire et nivôse, mais je l’ai prévenu que je n’arrêterais plus d’états d’appointements pour lui qu’il ne fut porté sur un état semblable à ceux que vous m’avez adressés les 29 frimaire et 29 nivôse derniers pour les officiers sur numéraires qui se sont conformés aux dispositions de l’arrêté du 13 vendémiaire précédent, parce que sa position ne m’a pas paru devoir le dispenser de s’y conformer lui-même.

Je vous prie de me faire connaitre le plus tôt possible votre détermination, sur les différentes questions que je vous soumets.
L. Perrot.

Le Ministre de la Guerre au citoyen Rossignol, général de division, à Toulon.
Je vous préviens, citoyen, que je viens d’autoriser le commissaire ordonnateur de la 8e division militaire, 2e subdivision, résidant à Marseille, à vous faire payer à Toulon le traitement de réforme attribué à votre grade, à compter du 1er nivôse dernier, époque à laquelle vous avez cessé de le recevoir.
Salut et fraternité.
16 germinal an VII (5 avril 1799).
Le Ministre de la Guerre au citoyen Rossignol, ancien général de division, à Toulon.

Je suis informé, citoyen, que vous êtes encore à Toulon et que vous y attendez l’occasion de vous embarquer pour l’Égypte conformément à l’ordre qui vous a été expédié le 14 messidor dernier.

Ce port n’offrant aucun moyen d’embarquement, je vous préviens que, de concert avec le ministre de la Marine, j’ai pris d’autres mesures pour procurer aux officiers généraux envoyés à l’armée d’Égypte la facilité de suivre leur destination.

Vous voudrez bien, en conséquence, vous rendre sur-le-champ à Naples. Le général en chef de l’armée française vous indiquera le port ou vous pourrez vous embarquer et le vice-amiral Pléville-Lepelley, d’après les ordres qu’il a reçus du ministre de la Marine, est chargé de faire les dispositions nécessaires pour que cet embarquement s’effectue le plus promptement possible.

Vous aurez soin de m’informer du jour de votre départ de Toulon et de celui de votre arrivée à Naples.

Salut,
Milet-Muneau.
Certificats

Nous, administrateurs municipaux de la commune de Toulon, certifions et attestons à tous qu’il appartiendra, que le citoyen Rossignol, général de division, existe, qu’il a habite dans cette commune depuis le 18 thermidor an VI (5 aout 1798) jusqu’à aujourd’hui 17 nivôse an VIII (7 Janvier 1800) sans interruption.

Certifions de plus qu’il ne jouit d’aucun autre traitement militaire pour activité de service.

En foi de quoi lui avons délivré le présent pour lui servir au retirement de sa solde, conformément aux lois.

À Toulon, le 17 nivôse en VIII de la République Française.

Signatures.

LIBERTÉ
ÉGALITÉ
CERTIFICAT VÉRITÉ
IMPARTIALITÉ
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE


8e DIVISION
militaire

Place de Toulon

Nous soussignés, officiers de santé en chef et professeurs de l’Hôpital militaire de l’instruction de Toulon, certifions que le citoyen Rossignol, général divisionnaire réformé ainsi qu’il conste par un certificat de notre collègue Crespin, et l’examen que nous en avons nous-même fait, une hernie d’esthomac volumineuse, qu’il est en outre affecté depuis deux mois d’un engoüement catharral accompagné d’aphasie et de crachats quelquefois puriformes qui ne lui permettent pas d’espérer une guérison prochaine.

En conséquence, nous estimons que le citoyen Rossignol est dans le cas d’être éloigné le plus promptement possible des ports de mer et d’obtenir un congé pour aller respirer pendant trois mois l’air natal, indispensable à son rétablissement.

Fait à Toulon, le trois ventôse de l’an VIII de la République française, une et indivisible.

Roussel, Caulès, médecins en chef.
Crespin, médecin prof.

Rapport au Ministre

Le citoyen Rossignol, général de division réformé, ayant demandé et obtenu du gouvernement l’autorisation de se rendre à l’armée d’Orient pour être à la disposition du général Bonaparte, reçut, le 14 messidor an VI, l’ordre d’aller à Toulon pour s’y embarquer. Depuis ce temps, il a toujours attendu l’occasion de quelque vaisseau destiné pour l’Égypte, mais il ne s’en est point présenté. Une maladie dont il est attaqué le force à quitter le voisinage de la mer dont l’air lui est contraire, et il demande un congé de convalescence pour revenir à Paris rétablir sa santé dans le sein de sa famille. Il a joint à sa pétition un certificat des médecins de l’hôpital militaire de Toulon qui constate son état et le besoin de respirer l’air natal pendant trois mois.

Si le ministre consent à accorder le congé demandé, il voudra bien signer l’expédition ci-jointe :

Le ministre de la Guerre, vu le certificat délivré par les officiers de santé en chef de l’hôpital militaire de Toulon au citoyen Rossignol, général de division réformé, lui accorde un congé de convalescence de trois mois pour se rendre à Paris, où il continuera de jouir du traitement de réforme affecté à son grade.

Paris, le 27e jour du mois germinal an huitième de la République (17 avril 1800).

Le Ministre de la Guerre au général Rossignol.
Paris, le 13 messidor an VIII (2 juillet 1800).

J’ai reçu, citoyen général, votre lettre du 26 du mois dernier par laquelle vous demandez le remboursement de vos frais de poste de Toulon à Paris, ainsi qu’ils vous ont été accordés pour vous rendre dans cette première commune où vous deviez vous embarquer pour l’Égypte.

Aucun ordre d’urgence n’ayant motivé votre retour à Paris, vous n’avez aucun droit au remboursement de vos frais de route.

L’arrêté du 25 messidor an V n’accorde le remboursement qu’aux officiers qui reçoivent des ordres positifs de prendre la poste pour mission urgente, soit de la part du Ministre, soit de celle des généraux en chefs aux armées.

Salut et Fraternité.
Carnot.
Paris, le 21 messidor an VIII (10 juillet 1800)
Le Ministre de la Guerre au citoyen Rossignol, général de division réformé.
Je vous préviens, citoyen, qu’ayant égard aux raisons de santé qui vous ont obligé de quitter Toulon, je vous autorise à fixer votre résidence à Paris, où vous jouirez du traitement de réforme attribué à votre grade. Vous voudrez bien vous conformer aux dispositions ou avis concernant les officiers réformés.
S. et F.

Le commandant de la 17e division militaire recevra les ordres nécessaires pour vous faire payer ce traitement conformément aux lois et arrêtés concernant les officiers réformés.

Vous voudrez bien, citoyen général, vous conformer aux dispositions qu’elles renferment.
Salut.

Le 29 fructidor an VIII (16 septembre 1800) un mandat d’amener était décerné contre le citoyen Jean Rossignol, demeurant rue Dominique-d’Enfer, n° 6, maison du citoyen Rousseau, imprimeur. Le commissaire de police de la division des Thernes était chargé de faire perquisition chez lui de « tous les papiers quels qu’ils soient et des armes de toutes espèces ».

Le lendemain, Rossignol écrivait au ministre général de la police (Fouché) :

Citoyen Ministre,
Aujourd’hui 30 fructidor, trois individus sont venus pour m’arrêter : j’ai appris que c’était comme conspirateur. Je vous proteste (ma parole d’honneur) que je n’ai trempé dans aucune conspiration. Depuis deux mois consécutifs je vais sur la rivière m’amuser à pêcher, et j’atteste que je n’ai mis les pieds chez qui que ce soit. S’il existe quelque rapport contre moi, il ne peut être que l’ouvrage du mensonge et de l’imposture.
Salut et respect.
Rossignol.


Paris, le 2e vendémiaire an IX de la République française, une et indivisible.

Le Préfet de police au citoyen Violette, commissaire de police de la division de la Cité !
Je vous charge, citoyen, de notifier sur-le-champ l’ordre au général Rossignol de quitter Paris à l’heure même de la notification et de s’en éloigner à quarante lieues au moins. S’il n’est pas à son domicile lorsque vous vous y présenterez, vous ferez part de cet ordre à son épouse. Ayez soin d’en dresser procès-verbal que vous me transmettrez sans délai.
Salut et Fraternité.
Signé : Dubois,
Violette, commissaire.


Au Ministre de la Police générale
Citoyen Ministre,
Je viens de recevoir l’ordre de quitter Paris et de m’en éloigner à vingt lieues. Je suis prêt d’obéir à cet ordre, mais comme je suis dans l’impossibilité de satisfaire aux dépenses de mon déménagement et de ma route, je vous prie de m’accorder un secours.
Salut et respect.
Rossignol.
Rue de la Juiverie, au coin de la rue des Marmousets, n° 9.
Paris, ce 8 brumaire an IX.


Écrit au Ministre de la Guerre, le 14 brumaire an IX.
D’après l’ordre que j’ai reçu de la préfecture de quitter Paris, je demande, citoyen Ministre, à être autorisé à toucher mon traitement de réforme dans le département de Seine-et-Marne, aux Fourneaux, près Melun, maison Chaignet, lieu ou j’ai fixé ma résidence.
Rossignol.
À cette époque, Rossignol prit le nom de Durand, s’il faut en croire Liard, propriétaire à Soisy-sous-Étioles, qui, mis en surveillance quelque temps après et interrogé pour avoir logé trois individus suspects, déclare, le 21 nivôse an IX, qu’il vient seulement d’apprendre, à la suite du bruit fait autour de la liste des déportés, que M. Durand habitant Melun depuis deux mois s’appelle de son vrai nom Rossignol, et qu’il est sur la liste.
Paris, brumaire an IX
Le Ministre de la Guerre au citoyen Rossignol, général de division réformé ; maison Chaignet, près Melun, aux Fourneaux.

Je vous préviens, citoyen, que j’ai autorisé le commissaire ordonnateur de la 15e division militaire résidant à Paris, 26e état, à vous faire payer le traitement de réforme attribué à votre grade, à compter du jour que vous avez cessé de le toucher.

Melun, 22 nivôse an IX.
Le capitaine commandant la gendarmerie nationale de Seine-et-Marne, au général Radet :

Le lieutenant Manginot a été appelé ce matin par le préfet pour aviser aux moyens de rechercher, dans la commune du Mée, l’ex-général Rossignol.

L’ex-général Rossignol ayant été trouvé chez lui et n’ayant pas voulu se rendre à l’arrêté du préfet, qui requérait la gendarmerie de le conduire devant le ministre de la Police, sans un ordre particulier de ce dernier, le préfet a pris le parti de le laisser à la surveillance de trois gendarmes jusqu’à la réponse du ministre.
Lavoiepierre.
Le général Rossignol au préfet de Seine-et-Marne.
Citoyen préfet,

D’après l’arrêté du premier Consul que j’ai connu le 16, il m’aurait été facile de me soustraire à cette arrestation, mais je ne connais que l’obéissance aux ordres qui sont émanés de notre gouvernement.

En conséquence vous avez ordonné que je serais sous la surveillance de trois gendarmes.

Je vous avoue que c’est une charge trop lourde pour les moyens qui me restent. J’engage ma parole d’honneur que je n’ai voulu, ni ne prétends, me soustraire… Un seul suffit.

Je vous invite aussi (à mentionner) dans votre rapport au ministre de la Police que je demande d’être conduit comme mon grade l’exige.


Mon ancien camarade[3],

Je réclame en ce moment auprès du citoyen Fouché (au sujet de) l’acte arbitraire que vient de faire exercer envers moi le nommé Colin, préfet du département, depuis trois jours. Sur la simple lecture des journaux, il m’a envoyé cinq gendarmes pour m’arrêter. Je demandai à en connaitre les motifs, et par quel ordre.

J’ai donc vu que c’était parce que je me trouvais compris sur une liste qui avait été rendue par le premier Consul le 14 nivôse dernier. J’ai refusé d’obéir au préfet jusqu’à ce qu’il m’envoyât l’ordre émané de l’autorité auquelje suis prêt d’obéir.

Veuille bien être mon interprète auprès du Ministre : tu le peux et il ne te faut que la volonté.

Tu sais toi-même que c’est par son ordre et ses secours que je me suis éloigné de Paris.

Rappelle-lui qu’il m’a promis d’être mon défenseur, tant qu’il serait au ministère.

Je demande à jouir de la tranquillité, car je n’ai rien fait que de juste.

J’attends de toi cette dernière justice. Salut.
Rossignol.


23 nivose an IX (13 Janvier 1801).
Au Ministre de la police.
Citoyen Ministre

D’après vos ordres, aidé de vos conseils, je me suis rendu à Melun, croyant y passer un séjour au moins tranquille : il paraît que le sort en a décidé autrement, puisque le préfet du département vient de me faire arrêter. Son ordre était motivé sur la lecture qu’il avait faite des journaux.

J’ai refusé d’obéir à cet ordre arbitraire et j’ai motivé mon refus sur ce qu’il n’avait pas le droit de m’arrêter à moins qu’il ne me montrât l’ordre émané du gouvernement auquel je suis prêt d’obéir.

Il a fait laisser chez moi trois gendarmes jusqu’à ce que vous ayez décidé sur ma personne.

Je demande que vous vouliez bien me faire rayer de cette liste de déportation. Vous rendrez justice à celui à qui vous avez rendu service. Je me rappelle que vous m’avez promis d’être mon defenseur près du premier Consul, tant que vous seriez au ministère. J’attends…
Rossignol.

En marge on lit :

Le ministre a donne l’ordre de le conduire à la Préfecture de police.

  1. On sait qu’au dix-huit fructidor Rossignol, de concert avec le général Parein et Fournier l’Américain, commanda les forces populaires qui fraternisèrent avec les grenadiers d’Augereau, et vainquirent Pichegru et la réaction royaliste au bénéfice de la majorité directoriale. Il fut même blessé légèrement ce jour-la.
  2. D’un autre rapport postérieur : « Envoyé au château de Ham, et de là au tribunal criminel du département d’Eure-et-Loir. »
  3. Il est problable que cette lettre était adressée à Parein.