La Vie et l’Œuvre de Maupassant/4.5

V

Dès le mois de novembre 1891, Maupassant comprit que tout était fini. Aux amis qu’il voyait à cette époque il laissait entendre que rien désormais ne pouvait le tromper, et qu’il aurait au moins le courage de s’affranchir lui-même. L’un d’eux dîna avec lui dans l’intimité, à bord de son yacht, au vieux port de Nice ; Maupassant ne mangea rien et causa microbes ; il reconduisit son ami par une soirée d’étoiles, sur la route de Beaulieu, et, prenant congé de lui, dit mélancoliquement : « Je n’en ai pas pour longtemps… Je voudrais bien ne pas souffrir[1]. » À un autre, après de Page:Maynial - La Vie et l’Œuvre de Maupassant, 1907.djvu/279 Page:Maynial - La Vie et l’Œuvre de Maupassant, 1907.djvu/280 Page:Maynial - La Vie et l’Œuvre de Maupassant, 1907.djvu/281 Page:Maynial - La Vie et l’Œuvre de Maupassant, 1907.djvu/282 Page:Maynial - La Vie et l’Œuvre de Maupassant, 1907.djvu/283 Page:Maynial - La Vie et l’Œuvre de Maupassant, 1907.djvu/284 Page:Maynial - La Vie et l’Œuvre de Maupassant, 1907.djvu/285 toutes les jouissances âpres ou délicates qu’il avait épuisées une à une, tous les désirs, toutes les passions meurtrières s’éteignaient en lui lentement au milieu du silence et de la nuit. La paix funèbre du néant l’enveloppa. D’avance, par une sorte de pressentiment mélancolique, il en avait goûté la triste douceur, quand il écrivait cette phrase : « Oh ! seuls les fous sont heureux, parce qu’ils ont perdu le sentiment de la réalité. »

  1. Henry Ronjon, art. cité.