La Tyrannie socialiste/Livre 2/Chapitre 5

Ch. Delagrave (p. 57-58).
Livre II


CHAPITRE V

Le salaire intégral.


Le patron parasite. Moyen de faire fortune. — Hypothèses erronées.


D’après les socialistes de l’école de Karl Marx tout patron est un voleur, et ils le prouvent en disant :

— Si, après avoir fait une paire de souliers, je veux la racheter pour le prix qui m’a été payé, cela m’est impossible. La part de bénéfice est prélevée sur mon salaire. Le patron me vole. C’est un parasite qui vit à mes dépens.

Le socialiste compte ce que prélève le patron sur le salaire de chaque ouvrier ; et par ce calcul, il établit qu’il suffit d’avoir beaucoup d’ouvriers pour avoir de gros bénéfices.

Si l’industrie était réduite à cette donnée si simple, il suffirait d’y engager des capitaux et d’embaucher le plus grand nombre d’ouvriers possible pour y faire fortune à coup sûr.

Si les socialistes voulaient bien se donner la peine d’examiner les faits dont ils parlent, ils se seraient demandé pourquoi il y a des industriels qui se ruinent et d’autres qui prospèrent.

Mais les socialistes supposent que le prix des matières premières est toujours le même et qu’il n’y a aucune difficulté à les acheter dans de bonnes conditions.

Ils supposent également que les produits s’écoulent continuellement et régulièrement, sans difficulté, à un taux toujours uniforme.

Ils suppriment enfin les éléments de l’industrie, le taux de l’intérêt des capitaux engagés, l’amortissement de l’outillage, et comme ils ne voient pas le patron à un métier, ils supposent qu’il n’est qu’un fainéant, car ils comptent pour rien le travail de direction sans lequel l’usine ou la manufacture n’existerait pas.