La Terre (Le Vavasseur)

Poésies complètes
Lemerre (2p. 176).

LA TERRE


Laboureur, n’est-ce pas qu’elle est belle, la terre,
Qu’elle est plaisante à l’œil, qu’elle est douce à la main
Et qu’après un orage il monte de son sein
Une odeur enivrante, ardente et salutaire ?

Si tu souris au blé que ta charrue enterre,
Ce n’est pas seulement pour le souci du pain ;
Tu trouves ton plaisir à voir germer le grain,
Par admiration pour le fécond mystère.

L’argile est un habit que nous revêtirons ;
Nous sortons de la terre et nous y rentrerons,
Mais nul n’a moins que toi frayeur du cimetière ;

Car tu sais que la Vie est fille de la Mort
Et tu surprends parfois, sous la glèbe qui dort,
Le principe divin, veillant dans la matière.