La Source et origine des cons sauvages/07

par Jean de la Montagne (A Lyon) (p. 17-18).

AVX LECTEURS
SALVT.
Prognoſtication des Cons ſauuages
Reprenant les ſots Aſtrologues,
Elle eſt ſi vraye que c’eſt rage,
Et ſi vaut mieux pour vn Village,
Le tiers qv’ne poche de drogues
.



OR faictes paix, taiſez vous là,
Et croyez ce que mo’yrez dire,
Autant deça comme delà
Pas ne ſuis venu pour vous nuire,
Mais afin de vous introduire
Suis cy venu en grand inſtant,
Faux Aſtrologues contredire,
Deſquels le monde eſt mal content,
Ces meſchans Prognoſtiqueurs couchent
En eſcrit du tems aduenir,
Et ſemble qu’aux Planettes touchent
Du bout des doigts à les ouyr,
On les deuſt tous vifs enfouyr
Où les ietter en la riuiere :
Hors du pays les feray fuir,
Si ie puis auant qu’il ſoit gueres.
Sçauez-vous de quelle matiere,
Ie vous viens cy endroit parler,
Ie vous veux montrer la maniere,
De ſçauoir quand deura greſler,
Quand les Cons baillent la gueulle au feu

Ceſt ſelon les Aſtrologues,
L’vn vaudra l’autre s’il ſe vent,
Vn Apoticaire ſans drogues,
Et vn Treſorier ſans argent,
Et vn Couſturier ſans aiguille,
Combien qu’ait fil à l’abandon,
Vaudra autant comme vne fille,
Qui eſt belle & n’a point de Con.
Supposé qu’il ne ſoit Biſſexte,
La reigle iamais ne faudroit,
Que femme n’ayt mauuaiſe teſte
Pour tançer à tort où à droict :
Il doit aduenir de grandes choſes,
Mais pour le preſent ie proteſte,
Ne faire poſtilles ne gloſes,
Arreſter me veux au vieil texte,
Car s’il doit pleuuoir ou venter,
Terre trembler faire tempeſtes,
Tout pourra reabiliter
Celuy qui à faict les Planettes.
Or en enſuyuant nos ſtilles,
Sur ce tiltre ie veux notter,
Quatre choſes aſſez difficilles,
Et puis ho, voici le premier,
Femme qui ſe laiſſe baiſer,
Et taſter la feſſe en ioüant,
Il eſt aisé à preſumer,
Qu’elle ſouffre le demeurant,
Prenez en gré l’eſbattement.