La Source du gros-fessier des nourrices/Texte entier




LA SOURCE DU GROS FESSIER
des Nourrices, & la raiſon
pourquoi elles ſont ſi fendues
entre les iambes.



C Onſidérant que temps perdu entr’autres choſes eſt bien difficile à recouvrer, & voyant que la debille, languiſſante & malheureuſe oyſiveté vouloit tendre ſes lacz & filetz de pigricité, pour ainſi que grues me prendre à l’englux ou pipée. Affin de plus ſeurement m’en eſloigner, i’ai entreprins eſtendre mon vol iuſqu’aux théaſtres philoſophaux, & d’iceulx extraire une des plus naturaliſtes raiſons que toutes les autres que ie ſçache, Et en laquelle moins d’utilité que recréation vous verrez. Et ſi eſt autant loing de menſonge que eſt ung chien de ſa queue. Je doubte que faciez difficulté de la croire, & n’euſt eſté que vous m’avez trouvé credible, & que vous me portez cette grande foy ; ne me feuſſe ingeré vous en mettre aucune choſe en lumiere.

¶ Or après avoir attentifvement & avec pénétrance contemplé les aſtres du ciel, & ioinct à ma raiſon les grans argumens & auctorités de l’infiny nombre de mes prédéceſſeurs ſouverains Philoſophes, ie me ſuis mis à rememorer comme Prometheus donna charge à Pandora de faire à ſa compaigne une ouverture entre ſes iambes, par laquelle il peuſt paſſer auſſi gros que le noyau d’une peſche : & lui diſt outre plus, quant tu auras fait ce pertuys ſi tu voys que la playe s’eſchauffe & que le feu s’y mette, tu prendras d’une huylle de reins, & lui en frotteras la playe par le dedans. Et ſi-toſt que Pandora euſt ouy ce commandement alla à ſa femme pour l’exécuter, & en allant s’eſbayſſoit en luy meſme & penſoit en quelle occaſion Prometheus lui commandoit faire telle inciſion. Pour ce que ledict Pandora eſtoit un peu ſourd, il penſoit que Prometheus lui euſt commandé faire ung trou à mettre un Hoyau ou une Beſche, au lieu d’ung Noyau de Peſche. Toutesfois ſans s’enquerir, ne pourquoy, exécute ſon commandement : car entre les iambes de ſa femme, au bout des cuiſſes, au plus bas du ventre lui feiſt la cicatrice auſſi grande comme un Hoyau, ou une Beſche, pour le noyau d’une peſche. Ie ne vous ſçaurois dire ſi iuſtement lequel ſe fuſt des deux : car en grandeur ou longueur ils ne ſont gueres différens. Ie ne m’y ſuis pas amuſé ne arrêté, pour ce qu’on en voit aſſez tous les iours pour le ſçavoir & bien cognoiſtre. Mais de malheur & de malle fortune le povre homme regardoit de près s’il faiſoit bien, & ladicte femme laſcha une groſſe Veſſe orde, puante & infecte, qu’il en feuſt tant eſtourdy qu’il ne ſçavoit ce qu’il faiſoit, & en tréſſaillant de paour ſon inſtrument vaſillant en ſa main feiſt le trou ſi très-profond, que de la fente ne ſçeuſt trouver le bout, qui eſt pourquoy il eſt incurable : & auſſi par ſa ſourdité l’avoir faict auſſi grand que une beſche, au lieu de le faire comme pour mettre le noyau d’une peſche. Et le pire que i’y voye, c’eſt que les femmes qui en ſont yſſues ont telle playe comme celle que feiſt ce dict Pandora, & nous povres hommes en ſommes detenus en un très-grand ſervage. Parquoi après que ledict Pandora lui connoiſſant & ſçachant avoir failly & erré grandement envers ladite femme, pour la contenter s’efforçoit du tout de lui donner de ſon huylle de reins, par quoy nous aultres hommes héritans de ce malheur ſommes ſubiects leur en faire au cas pareil.

¶ FINIS.




Monſieur le Cul aux Lecteurs.



SI inconſideremment vous arreſtiez au ſens littéral de la préſente complainte, pervertiſſant le ſubiect d’icelle en autre ſignification que celle que i’entends, vous me pourriez imputer avoir indifféremment taxé les bonnes & mauvaiſes, Ce (que non) & de toutes n’avoir entendu ce que i’en ai eſcript, que ie ne veulx addreſſer qu’à aulcunes particulieres, dégénérantes de la condition de leur eſtre & parente qui comme préparées à ſe publier en une cene ou théaſtre, ſe déguiſent tellement par la ſuſception de nouveaulx & impertinens habitz à leurs étatz, qu’elles apparoiſſent toutes autres que l’inquiſition faicte d’icelui ne les fait cognoiſtre cauſe ou murmure des moindres cenſures des moyens & mauvaiſe opinion des claſſicques & hommes mieulx ſenſez. En quoy la repréhenſion eſt notoire, ſi l’exécution d’icelle s’en en ſuyvoit. Mais puis que ceulx qui ont auctorité pour la correction de tant de depravées inventions & impudiques entrepriſes & laſcives, le favoriſent plutôt en la continuation d’icelles qu’en la remonſtrance & punition requiſe & dépendante de leurs Magiſtrats & charge commiſe, ſoubz laquelle ſe repoſe le Prince. I’ay penſé convenir à mon debvoir aux reffus & négligence de tous les autres ſens mes confreres qui iuſques icy ne ſe ſont plainctz : orez que pour ce l’occaſion feuſt préſente, & leur plainte valable, iuſte & faicte, de mettre en avant la complaincte préſente, pour eſtre ung commun mirouer à toutes ? Aux bonnes pour en bien uſer : & aux moins ſages pour n’en abuſer : revoquantes la nouvelle inſtitution des veſtemens ſuperflus & diſſolutz, & ſi i’oſe dire luciabeliſtes en l’ancienne ſimplicité, tutrice naturelle de chaſtété, continence & pudeur. Et ſoubz laquelle les Dames ſe ſont ſans ſoupçon ou doubte de leur preud’hommye, longuement entretenues, & tant qu’elles ont eu & porté reverence aux mœurs & couſtumes louables de celles qui les ont précédées, & véſcu avant elles en toute modeſtie, ſans ſuperfluité ou indécence d’habitz, à leurs noms, conditions & eſtatz. Et iuſques à ce que la curioſité, nourriſſe de tout mal, & inventrice de diſſolution & déſordre : les en a de telle ſorte tranſportées de raiſon & eſloignées de bonne cognoiſſance & ſain iugement, qu’elles ſe ſont trausfigurées en hommes, l’une des cauſes qui provocqua l’ire du Seigneur ſur Sodome & Gomore, & pour laquelle il peult être irrité auiourd’huy contre nous, ſelon les punitions que nous en voyons manifeſtes. À ceſte cauſe pour retourner de pis à mieulx & éviter le ſcandalle de tous & toutes, ie les conſeille de laiſſer ſes pompes deſordonnez, veſtementz, paſſefillons : arceletz : deſchiqueteurs : vertugalles : buſquines & autres infinies diſſolutions de parement, & leur reduire à la priſtine & ancienne obſervance des Dames du temps paſſé, & vivre comme elles ont faict. Si non i’ai déliberé pour me venger de leur obſtination & pertinacité ne leur être plus favorable : ains me fermer & clorre. Et quelques clyſteres, ou médecines qu’elles puiſſent prendre, à la conſervation & entretenue de leur tainct fardé, les rendre malades iuſques à la mort.

Enſuyt la Complaincte.

Monſieur le Cul.



MAulditz ſoient ces beaux Inventeurs,
Ces Coyons, ces Paſſementeurs,
De Vertugalles & de Vaſquines,
Que portent ung tas de muſquines
Pour donner air à leur devant,
De telle ſorte que le vent
Me donne tant droit à la barbe,
Qu’il n’y a caſſe ni rubarbe
Qui me garde detrucheter
Quand on vient à les crocheter,
Dont i’ai maints aſſautz & allarmes,
Tellement que ſouvent les larmes
En tombent & me ſont ſuer
À force de m’en remuer.
Voyla la peine que i’en porte,
Que le grand dyable les emporte
Et eulx & leurs inventions
Et les abominations
Que ces eſtrangers nous enſeignent,
Dont les playes ſeigneront & ſeignent
De ma part i’en ſuis morfondu ;
Car le devant pour ce eſtendu

Au moyen de ces vertugalles
M’a cauſé tant de rogne & galles
De cyrons & boutons de May
Que i’en parle tout enrumay.
Ay-ie donc pas bonne raiſon
Voyant feu en la maiſon
De mon prochain qui me tourmente
Par force & peine vehemente,
De me plaindre & me courroucer,
De me voir tant de fois verſer.
Ung temps feuſt avant tels uſaiges
Lorſque les femmes eſtoient bien ſaiges,
Devinez, Lecteurs, quand c’étoit,
Que tant on ne me tourmentoit ?
Ce fut quand les cottes ſerrées
Rendoient les Dames aſſeurées
Des iolys babilz & caquetz
Des plus grandz & petis muquetz
D’amours, car quoy en muguettant
Pour avoir ce que l’on prétend
Une heure ou deux on deviſoit,
Cependant que l’on aviſoit
Le lieu convenable & propice
Pour donner droit en la matrice
On babilloit ſoir & matin,
On baiſoit taſtant le tetin,
On mettoit la main ſoubz la cotte,

On taſtoit la cuyſſe & la motte,
Et cependant que i’eſcoutoys
Ces beaulx propos, ie m’appreſtoys
Et donnoys ordre à mon affaire,
Me doubtant qu’on me vouloit faire,
Ou à mon voiſin un lardon
D’ung pied ou demy de bourdon ;
Auſſi quand propos on tenoit
Quelque homme ou femme ſurvenoit,
Avant que tout fût débattu,
Qui me gardoit d’eſtre battu ?
Ainſi ie n’eſtois point ſurpris,
Mais maintenant qu’on a appris
Moyen qui de l’autre s’eſgare,
Ie ſuis frappé ſans dire gare ;
Et le mal tombe ſur ma tête
Auparavant que ie m’appreſte,
Eſtant touſiours prins en ſurſault,
D’aultant qu’on leve ſi très-hault
Ses vertugalles promptement
Que l’on voit tout apertement
La buthe où chaſcun veult tirer
Soubz l’eſpoir de me martyrer,
Et n’ay loyſir de m’appreſter,
Qu’on me commence à culleter,
Parquoi i’endure tant de peine,
Que ſouvent en ſuis hors d’alleine

Que l’on diroit eſtre punaiſe,
Tant on m’en ſent, mal à mon aiſe
Et ay le cerveau eſventé
D’eſtre en la ſorte tourmenté,
Qui bien ſouvent me rend reſvant,
Qu’à tous les Dyables le devant
Qui faict tant de mal au derriere,
Et n’y a Dame ou Chambriere
Qui ne veuille s’entremeſler
Aulcune foys de m’eſbranſler :
Depuis qu’on les a inventées
On voit les femmes effrontées,
Et ſi elles ſont renverſées
On les voit iuſques à la freſſure,
Et ne ſçauroient leur Con cacher,
Quand quelqu’un les voudroit faſcher.
Lucifer en fut l’inventeur,
Ou Fricaſſe ſon ſerviteur,
Affin de faire traverſer
Ceulx qui taſchent à les bercer,
Celles auſſi qui ſont bercées,
Et par tant de foys renverſées,
Qu’icy, & en autre cartier
Ils ne cherchent autre métier,
Quoy que l’on en dye ou barbouille
Car ce vent du bas qui chatouille
Leur devant, les faict ſouhaiter

Quelque muguet pour les gratter ;
Cependant il n’y a que moy
Qui en faict ſoucy & eſmoy,
Et me fault le travail choiſir
Pour donner à l’autre plaiſir.
Sus cela qu’en voulez-vous dire,
Y a t-il matiere de rire ?
De veoir ma cauſe ainſi fouller,
Car choſe n’eſt tant eſbranlée
Sona-t-on pour un treſpaſſé
Que ie ſuis qui m’en ſens caſſé,
Et ſi n’ay trou, ſens, ne mougnon
Qui ne ſerve à mon compaignon.
Quand mon compaignon rit & dance,
I’obſerve après lui la cadence ;
Car les Dames aux talons courtz
Peuvent bien peau ſans mon ſecours,
Et n’y a point de friandiſe
Sans mon aide à la marchandiſe.
Qu’il ſoit ainfi ie m’en rapporte
Aux amis de la baſſe porte,
Et comment ilz ſont angoueſſeux
Quant ils me ſentent pareſſeux ;
Et au contraire quand ie trotte
Il n’y a femme tant ſoit ſotte,
Et mal appriſe au ieu du bas
Qui ne donne ioie & eſbas.

Auſſi ſans moi il ne peult rien,
Car c’eſt moi qui lui fais ce bien
De lui monſtrer ſon remuëment.
A qui, pourquoy, où, & comment
Il doit trotter, mouvoir, ſaillir
Quand quelqu’un le vient aſſaillir
Et comme il faut faire l’extroicte,
Or voyez comment on me traicte
Pour à tel bien & faicts reſpondre,
On me faict tous les iours morfondre
Au moyen des habitz recentz
Dont ie iure par mes cinq ſens
Qu’elles mueront ou ie mueray,
Et iamais ne me remueray
En deſpit de tous leurs babilz
S’elles ne changent leurs habitz ;
Mais ie manquerroys voluntiers
Selles treuvent en leurs pſaultiers
Que telz habitz au tour cordez
Leur ſoient ſelon Dieu concedez,
Deſquels leur devant eſt coiffé.
I’ai grant paour d’en eſtre chauffé
Après que i’auray bien ſouffert
Au millieu & profond d’enfer ;
Ce n’eſt pas tout ſi ung miſſerre
Faict la court ſoubdain ie me ſerre
De frayeur que tel bravouſin

Ne me prenne pour mon voyſin,
Car ces vertugalles ouvertes
Rendent ces feſſes découvertes,
Et moy auſſi le plus ſouvent,
Auſſi ſoudain que le devant,
Qui faict qu’à terre ie me vaultre,
Aiant paour de l’ung & de l’autre,
Pourtant ie les veulx adviſer
Sans plus longuement déviſer,
À leurs habitz qu’ilz donnent ordre
Tant qu’on n’y treuve plus que mordre,
Ou contre elles me faſcheray,
Et de mon vent leur laſcheray
Si très-punays, & ſi très-ord,
Qu’il ne reſtera plus que la mort ;
Et s’il advient que quelque amy
Me treuve au combat endormy,
En la grande néceſſité
Dye que ie ſuis irrité
Pour ces habillementz nouveaux
Qu’ont inventé ces ieunes veaux.





CHANSON pour la reſponſe & conſolation
des Dames, qui ſe chante ſur
le chant de ce premier iour
d’April courtoys.



S E ſont les Buſques de nouveau
Maintenant comment on les porte,
Le verd me ſemble le plus beau,
Ma commere ie m’en rapporte
Si fault il faire d’aultre ſorte,
Ma robbe ne me plaiſt ainſi,
Servante que l’on m’en recorde
Ma voyſine le faict ainſi
La vertugalle nous aurons
Maulgré eulx & leur faulſe envie,
Et le buſqc au ſein porteront,
N’eſt-ce pas uſance iolye,
Le Tymbre a la chauſſe iollye,
L’eſcarpin fait de bon eſprit ;
Et me dictes, ie vous ſupplye,
Vous ſemble-til que n’ay bien dict.
Maulgré envie nous aurons
Nos robbes faictes à la Buſque,
Et les Vaſquines porteront
En deſpit de la beſte brutte
Penſe-t’il pour luy qu’on nous fuſte,

Eſt-il ſorti hors de ſon ſens ?
Pour ung qui ſera de ſa luſte
Nous en aurons plus de cinq cens.
Et ſi ne fault pas oublier
L’habit pour nous le plus propice,
Le hault des chauſſes pour parler
Braguette ny fault quoy qu’on dice
Non obſtant qu’on dict que c’eſt vice,
Ie trouve leur parler abbus,
Le cheval qui court cerf ou biche
Souvent tombe qui eſt deſſus.
Pour le reſte de nos habitz
Faiſons à la mode nouvelle
De rouge ie ſuis bien d’advis,
La couleur me ſemble fort belle.
En penſant auſſi à part elle,
Si lui eſt ſurvenu affin
De n’oublier la mode eſt telle,
la boucle fermant l’escarpin.


¶ FINIS.