La Source du gros-fessier des nourrices/01




LA SOURCE DU GROS FESSIER
des Nourrices, & la raiſon
pourquoi elles ſont ſi fendues
entre les iambes.



C Onſidérant que temps perdu entr’autres choſes eſt bien difficile à recouvrer, & voyant que la debille, languiſſante & malheureuſe oyſiveté vouloit tendre ſes lacz & filetz de pigricité, pour ainſi que grues me prendre à l’englux ou pipée. Affin de plus ſeurement m’en eſloigner, i’ai entreprins eſtendre mon vol iuſqu’aux théaſtres philoſophaux, & d’iceulx extraire une des plus naturaliſtes raiſons que toutes les autres que ie ſçache, Et en laquelle moins d’utilité que recréation vous verrez. Et ſi eſt autant loing de menſonge que eſt ung chien de ſa queue. Je doubte que faciez difficulté de la croire, & n’euſt eſté que vous m’avez trouvé credible, & que vous me portez cette grande foy ; ne me feuſſe ingeré vous en mettre aucune choſe en lumiere.

¶ Or après avoir attentifvement & avec pénétrance contemplé les aſtres du ciel, & ioinct à ma raiſon les grans argumens & auctorités de l’infiny nombre de mes prédéceſſeurs ſouverains Philoſophes, ie me ſuis mis à rememorer comme Prometheus donna charge à Pandora de faire à ſa compaigne une ouverture entre ſes iambes, par laquelle il peuſt paſſer auſſi gros que le noyau d’une peſche : & lui diſt outre plus, quant tu auras fait ce pertuys ſi tu voys que la playe s’eſchauffe & que le feu s’y mette, tu prendras d’une huylle de reins, & lui en frotteras la playe par le dedans. Et ſi-toſt que Pandora euſt ouy ce commandement alla à ſa femme pour l’exécuter, & en allant s’eſbayſſoit en luy meſme & penſoit en quelle occaſion Prometheus lui commandoit faire telle inciſion. Pour ce que ledict Pandora eſtoit un peu ſourd, il penſoit que Prometheus lui euſt commandé faire ung trou à mettre un Hoyau ou une Beſche, au lieu d’ung Noyau de Peſche. Toutesfois ſans s’enquerir, ne pourquoy, exécute ſon commandement : car entre les iambes de ſa femme, au bout des cuiſſes, au plus bas du ventre lui feiſt la cicatrice auſſi grande comme un Hoyau, ou une Beſche, pour le noyau d’une peſche. Ie ne vous ſçaurois dire ſi iuſtement lequel ſe fuſt des deux : car en grandeur ou longueur ils ne ſont gueres différens. Ie ne m’y ſuis pas amuſé ne arrêté, pour ce qu’on en voit aſſez tous les iours pour le ſçavoir & bien cognoiſtre. Mais de malheur & de malle fortune le povre homme regardoit de près s’il faiſoit bien, & ladicte femme laſcha une groſſe Veſſe orde, puante & infecte, qu’il en feuſt tant eſtourdy qu’il ne ſçavoit ce qu’il faiſoit, & en tréſſaillant de paour ſon inſtrument vaſillant en ſa main feiſt le trou ſi très-profond, que de la fente ne ſçeuſt trouver le bout, qui eſt pourquoy il eſt incurable : & auſſi par ſa ſourdité l’avoir faict auſſi grand que une beſche, au lieu de le faire comme pour mettre le noyau d’une peſche. Et le pire que i’y voye, c’eſt que les femmes qui en ſont yſſues ont telle playe comme celle que feiſt ce dict Pandora, & nous povres hommes en ſommes detenus en un très-grand ſervage. Parquoi après que ledict Pandora lui connoiſſant & ſçachant avoir failly & erré grandement envers ladite femme, pour la contenter s’efforçoit du tout de lui donner de ſon huylle de reins, par quoy nous aultres hommes héritans de ce malheur ſommes ſubiects leur en faire au cas pareil.

¶ FINIS.