III

LE PIZZO.


Les lettres qui avaient déterminé Murat à quitter la Corse lui avaient été apportées par un Calabrais nommé Luidgi : il s’était présenté au roi comme un envoyé de l’Arabe Othello, qui avait été jeté, comme nous l’avons dit, dans les prisons de Naples, ainsi que les personnes auxquelles les dépêches dont il était porteur avaient été adressées. Ces lettres, écrites par le ministre de la police de Naples, indiquaient à Joachim le port de la ville de Salerne comme le lieu le plus propre au débarquement ; car le roi Ferdinand avait rassemblé sur ce point trois mille hommes de troupes autrichiennes, n’osant se fier aux soldats napolitains, qui avaient conservé de Murat un riche et brillant souvenir : ce fut donc vers le golfe de Salerne que la flottille se dirigea ; mais, arrivée en vue de l’île de Caprée, elle fut assaillie par une violente tempête qui la chassa jusqu’à Paola, petit port situé à dix lieues de Cosenza. Les bâtimens passèrent en conséquence la nuit du 5 au 6 octobre dans une espèce d’échancrure du rivage qui ne mérite pas le nom de rade : le roi, pour ôter tout soupçon aux gardes des côtes et aux scorridori[1] siciliens, ordonna d’éteindre les feux et de louvoyer jusqu’au jour ; mais vers une heure du matin il s’éleva de terre un vent si violent que l’expédition fut repoussée en haute mer, de sorte que le 6, à la pointe du jour, le bâtiment que montait le roi se trouva seul. Dans la matinée il rallia la felouque du capitaine Cicconi, et les deux navires mouillèrent à quatre heures de l’après-midi en vue de Santo-Lucido. Le soir le roi ordonna au chef de bataillon Ottaviani de se rendre à terre pour y prendre des renseignemens ; Luidgi s’offrit pour l’accompagner, Murat accepta ses bons offices ; Ottoviani et son guide se rendirent donc à terre, tandis qu’au contraire, Cicconi et sa felouque se remettaient en mer avec mission d’aller à la recherche du reste de la flotte.

Vers les onze heures de la nuit le lieutenant de quart sur le navire royal distingua au milieu des vagues un homme qui s’avançait en nageant vers le bâtiment : dès qu’il fut à la portée de la voix il le héla : aussitôt le nageur se fit reconnaître : c’était Luidgi, on lui envoya la chaloupe et il remonta à bord ; alors il racconta que le chef de bataillon Ottaviani, avait été arrêté, et qu’il n’avait échappé lui-même à ceux qui le poursuivaient qu’en se jetant à la mer. Le premier mouvement de Murat fut d’aller au secours d’Ottaviani ; mais Luidgi fit comprendre au roi le danger et l’inutilité de cette tentative : néanmoins Joachim resta jusqu’à deux heures du matin agité et irrésolu. Enfin il donna l’ordre de reprendre le large. Pendant la manœuvre qui eut lieu à cet effet, un matelot tomba à la mer et disparut avant qu’on eût eu le temps de lui porter secours. Décidément les présages étaient sinistres.

Le 7 au matin on eut connaissance de deux bâtimens. Le roi ordonna aussitôt de se mettre en mesure de défense ; mais Barbara les reconnut pour être la felouque de Cicconi et la balancelle de Courrand qui s’étaient réunies et faisaient voile de conserve. On hissa les signaux et les deux capitaines se rallièrent à l’amiral.

Pendant qu’on délibérait sur la route à suivre, un canot aborda le bâtiment de Murat. Il était monté par le capitaine Pernice et un lieutenant sous ses ordres ; ils venaient de mander au roi la permission de passer à son bord, ne voulant point rester à celui de Courrand, qui, à leur avis, trahissait. Murat l’envoya chercher, et, malgré ses protestations de dévouement, il le fit descendre avec cinquante hommes dans une chaloupe, et ordonna d’amarrer la chaloupe à son bâtiment. L’ordre fut exécuté aussitôt, et la petite escadre continua sa route, longeant, sans les perdre de vue, les côtes de la Calabre ; mais à dix heures du soir, au moment où l’on se trouvait à la hauteur du golfe de Sainte-Euphémie, le capitaine Courrand coupa le câble qui le traînait à la remorque, et, faisant force de rames, il s’éloigna de la flottille. Murat s’était jeté sur son lit tout habillé : on le prévint de cet événement. Il s’élança aussitôt sur le pont et arriva à temps encore pour voir la chaloupe, qui fuyait dans la direction de la Corse, s’enfoncer et disparaître dans l’ombre. Il demeura immobile, sans colère et sans cris ; seulement il poussa un soupir et laissa tomber sa tête sur sa poitrine : c’était encore une feuille qui tombait de l’arbre enchanté de ses espérances.

Le général Franchescetti profita de cette heure de découragement pour lui donner le conseil de ne point débarquer dans les Calabres et de se rendre directement  à Trieste, afin de réclamer de l’Autriche l’asile qu’elle lui avait offert. Le roi était dans un de ces instans de lassitude extrême et d’abattement mortel où le cœur s’affaisse sur lui-même : il se défendit d’abord, et puis finit par accepter. En ce moment le général s’aperçut qu’un matelot, couché dans des enroulemens de câbles, se trouvait à portée d’entendre tout ce qu’il disait ; il s’interrompit et le montra du doigt à Murat : celui-ci se leva, alla voir l’homme et reconnut Luidgi ; accablé de fatigue, il s’était endormi sur le pont. La franchise de son sommeil rassura le roi, qui d’ailleurs avait toute confiance en lui. La conversation interrompue un instant se renoua donc : il fut convenu que, sans rien dire des nouveaux projets arrêtés, on franchirait le détroit de Messine, on doublerait le cap Spartivento, et qu’on entrerait dans l’Adriatique ; puis le roi et le général redescendirent dans l’entrepont.

Le lendemain 8 octobre, on se trouvait à la hauteur du Pizzo, lorsque Joachim interrogé par Barbara sur ce qu’il fallait faire, donna ordre de mettre le cap sur Messine ; Barbara répondit qu’il était prêt à obéir, mais qu’il avait besoin d’eau et de vivres ; en conséquence, il offrit de passer sur la felouque de Cicconi, et d’aller avec elle à terre pour y renouveler ses provisions ! le roi accepta ; Barbara lui demanda alors les passeports qu’il avait reçus des puissances alliées, afin, disait-il, de ne pas être inquiété par les autorités locales. Ces pièces étaient trop importantes pour que Murat consentit à s’en dessaisir ; peut-être aussi le roi commençait-il à concevoir quelque soupçon : il refusa donc. Barbara insista ; Murat lui ordonna d’aller à terre sans ces papiers ; Barbara refusa positivement ; le roi, habitué à être obéi, leva sa cravache sur le Maltais ; mais en ce moment, changeant de résolution, il ordonna aux soldats de préparer leurs armes, aux officiers de revêtir leur grand uniforme, lui-même leur en donna l’exemple : le débarquement était décidé, et le Pizzo devait être le golfe Juan du nouveau Napoléon. En conséquence, les bâtimens se dirigèrent vers la terre. Le roi descendit dans une chaloupe avec vingt-huit soldats et trois domestiques, au nombre desquels était Luidgi. Arrivé près de la plage, le général Franchescetti fit un mouvement pour prendre terre, mais Murat l’arrêta : « C’est à moi de descendre le premier, » dit-il ; et il s’élança sur le rivage. Il était vêtu d’un habit de général, avait un pantalon blanc avec des bottes à l’écuyère, une ceinture dans laquelle étaient passés deux pistolets, un chapeau brodé en or, dont la cocarde était retenue par une ganse formée de quatorze brillans ; enfin il portait sous le bras la bannière autour de laquelle il comptait rallier ses partisans : dix heures sonnaient à l’horloge du Pizzo.

Murat se dirigea aussitôt vers la ville, dont il était éloigné de cent pas à peine, par le chemin pavé de larges dalles disposées en escalier qui y conduit. C’était un dimanche ; on allait commencer la messe, et toute la population était réunie sur la place lorsqu’il y arriva. Personne ne le reconnut, et chacun regardait avec étonnement ce brillant état-major, lorsqu’il vit parmi les paysans un ancien sergent qui avait servi dans sa garde de Naples. Il marcha droit à lui, et lui mettant la main sur l’épaule : « Tavella, lui dit-il, ne me reconnais-tu pas ? » Mais comme celui-ci ne faisait aucune réponse : « Je suis Joachim Murat ; je suis ton roi, lui dit-il : à toi l’honneur de crier le premier vive Joachim ! » La suite de Murat fit aussitôt retentir l’air de ses acclamations ; mais le Calabrais resta silencieux, et pas un de ses camarades ne répéta le cri dont le roi lui-même avait donné le signal ; au contraire, une rumeur sourde courait par la multitude. Murat comprit ce frémissement d’orage : « Eh bien ! dit-il à Tavella, si tu ne veux pas crier vive Joachim, va au moins me chercher un cheval, et de sergent que tu étais je te fais capitaine. » Tavella s’éloigna sans répondre ; mais, au lieu d’accomplir l’ordre qu’il avait reçu, il rentra chez lui et ne reparut plus. Pendant ce temps la population s’amassait toujours sans qu’un signe amical annonçât à Murat la sympathie qu’il attendait : il sentit qu’il était perdu s’il ne prenait une résolution lapide. « À Monteleone ! » s’écria-t-il en s’élançant le premier vers la route qui conduisait à cette ville. « À Monteleone ! » répétèrent en le suivant ses officiers et ses soldats. Et la foule toujours silencieuse s’ouvrit pour les laisser passer.

Mais à peine avait-il quitté la place qu’une vive agitation se manifesta ; un homme nommé Georges Pellegrino sortit de chez lui armé d’un fusil et traversa la place en courant et en criant : Aux armes ! Il savait que le capitaine Trenta Capelli, qui commandait la gendarmerie de Cosenza, était en ce moment au Pizzo, et il allait le prévenir. Le cri aux armes eut plus d’écho dans cette foule que n’en avait eu celui de vive Joachim. Tout Calabrais a un fusil, chacun courut chercher le sien, et, lorsque Trenta Capelli et Pellegrino revinrent sur la place, ils trouvèrent près de deux cents hommes armés ; ils se mirent à leur tête et s’élancèrent aussitôt à la poursuite du roi ; ils le rejoignirent à dix minutes de chemin à peu près de la place, à l’endroit où est aujourd’hui le pont. Murat en les voyant venir s’arrêta et les attendit.

Trenta Capelli s’avança alors le sabre à la main vers le roi : — Monsieur, lui dit celui-ci, voulez-vous troquer vos épaulettes de capitaine contre des épaulettes de général ? « Criez vive Joachim ! et suivez-moi avec ces braves gens à Monteleone.

— Sire, répondit Trenta Capelli, nous sommes tous fidèles sujets du roi Ferdinand, et nous venons pour vous combattre et non pour vous accompagner : rendez-vous donc si vous voulez prévenir l’effusion du sang.

Murat regarda le capitaine de gendarmerie avec une expression impossible à rendre ; puis, sans daigner lui répondre, il lui fit signe d’une main de s’éloigner, tandis qu’il portait l’autre à la crosse de l’un de ses pistolets. Georges Pellegrino vit le mouvement.

— Ventre à terre, capitaine ! ventre à terre ! cria-t-il. Le capitaine obéit, aussitôt une balle passa en sifflant au-dessus de sa tête et alla effleurer les cheveux de Murat.

— Feu ! ordonna Franchescetti.

— Armes à terre ! cria Murat ; et, secouant de sa main droite son mouchoir, il fit un pas pour s’avancer vers les paysans ; mais au même instant une décharge générale partit : un officier et deux ou trois soldats tombèrent. En pareille circonstance, quand le sang a commencé de couler, il ne s’arrête pas. Murat savait cette fatale vérité : aussi son parti fut-il pris, rapide et décisif. Il avait devant lui cinq cents hommes armés, et derrière lui un précipice de trente pieds de hauteur : il s’élança du rocher à pic sur lequel il se trouvait, tomba dans le sable, et se releva sans être blessé ; le général Franchescetti et son aide-de-camp Campana firent avec le même bonheur le même saut que lui, et tous trois descendirent rapidement vers la mer, à travers un petit bois qui s’étend jusqu’à cent pas du rivage, et qui les déroba un instant à la vue de leurs ennemis. À la sortie de ce bois, une nouvelle décharge les accueillit, les balles sifflèrent autour d’eux, mais n’atteignirent personne, et les trois fugitifs continuèrent leur course vers la plage.

Ce fut alors seulement que le roi s’aperçut que le canot qui l’avait déposé à terre était reparti. Les trois navires qui composaient sa flottille, loin d’être restés pour protéger son débarquement, avaient repris la mer et s’éloignaient à pleines voiles. Le Maltais Barbara emportait non seulement la fortune de Murat, mais encore son espoir, son salut, sa vie : c’était à n’y pas croire à force de trahison. Aussi le roi prit-il cet abandon pour une simple manœuvre, et, voyant une barque de pêcheur tirée au rivage sur des filets étendus, il cria à ses deux compagnons : — La barque à la mer !

Tous alors commencèrent à la pousser pour la mettre à flot, avec l’énergie du désespoir, avec les forces de l’agonie. Personne n’avait osé franchir le rocher pour se mettre à leur poursuite, et leurs ennemis, forcés de prendre un détour, leur laissaient quelques instans de liberté. Mais bientôt des cris se firent entendre : Georges Pellegrino, Trenta Capelli, suivis de toute la population du Pizzo, débouchèrent à cent cinquante pas à peu près de l’endroit où Murat, Franchescetti et Campana s’épuisaient en efforts pour faire glisser la barque sur le sable. Ces cris furent immédiatement suivis d’une décharge générale. Campana tomba : une balle venait de lui traverser la poitrine. Cependant la barque était à flot : le général Franchescetti s’élança dedans ; Murat voulut le suivre, mais il ne s’était point aperçu que les éperons de ses bottes à l’écuyère étaient embarrassés dans les mailles du filet. La barque, cédant à l’impulsion donnée par lui, se déroba sous ses mains, et le roi tomba les pieds sur la plage et le visage dans la mer. Avant qu’il eût le temps de se relever, la population s’était ruée sur lui : en un instant elle lui arracha ses épaulettes, sa bannière et son habit, et elle allait le mettre en morceaux lui-même, si Georges Pellegrino et Trenta Capelli, prenant sa vie sous leur protection, ne lui avaient donné le bras de chaque côté, en le défendant à leur tour contre la populace. Il traversa ainsi en prisonnier la place qu’une heure auparavant il abordait en roi. Ses conducteurs le menèrent au château ; on le poussa dans la prison commune, on referma la porte sur lui, et le roi se trouva au milieu des voleurs et des assassins, qui, ne sachant pas qui il était, et le prenant pour un compagnon de crimes, l’accueillirent par des injures et des huées.

Un quart d’heure après la porte du cachot se rouvrit, le commandant Mattei entra : il trouva Murat debout, les bras croisés, la tête haute et fière. Il y avait une expression de grandeur indéfinissable dans cet homme à demi nu, et dont la figure était souillée de boue et de sang. Il s’inclina devant lui.

— Commandant, lui dit Murat reconnaissant son grade à ses épaulettes, regardez autour de vous, et dites si c’est là une prison à mettre un roi !

Alors une chose étrange arriva : ces hommes du crime, qui, croyant Murat un de leurs complices, l’avaient accueilli avec des vociférations et des rires, se courbèrent devant la majesté royale, que n’avaient point respectée Pellegrino et Trenta Capelli, et se retirèrent silencieux au plus profond de leur cachot. Le malheur venait de donner un nouveau sacre à Joachim.

Le commandant Mattei murmura quelques excuses, et invita Murat à le suivre dans une chambre qu’il venait de lui faire préparer ; mais, avant de sortir, Murat fouilla à sa poche, en tira une poignée d’or, et la laissant tomber comme tine pluie au milieu du cachot :

— Tenez, dit-il en se retournant vers les prisonniers, il ne sera pas dit que volus avez reçu la visite d’un roi, tout captif et découronné qu’il est, sans qu’il vous ait fait largesse.

— Vive Joachim ! crièrent les prisonniers.

Murat sourit amèrement. Ces mêmes paroles, répétées par un pareil nombre de voix, il y a unhe heure, sur la place publique, au lieu de retentir maintenant dans une prison, le faisaient roi de Naples ! Les résultats les plus importans sont amenés parfois par des causes si minimes qu’on croirait que Dieu et Satan jouent aux dés la vie ou la mort des hommes, l’élévation ou la chute des empires.

Murat suivit le commandant Mattei : il le conduisit dans une petite chambre qui appartenait au concierge, et que celui-ci céda au roi. Il allait se retirer, lorsque Murat le rappela :

— Monsieur le commandant, lui dit-il, je désire un bain parfumé.

— Sire, la chose est difficile.

— Voilà cinquante ducats ; qu’on achète toute l’eau de Cologne qu’on trouvera. Ah ! que l’on m’envoie des tailleurs.

— Il sera impossible de trouver ici des hommes capables de faire autre chose que des costumes du pays.

— Qu’on aille à Monteleorte, et qu’on me ramène ici tous ceux qu’on pourra réunir.

Le commandant s’inclina et sortit.

Murat était au bain lorsqu’on lui annonça la visite du chevalier Alcala, général du prince de l’Infantado et gouverneur de la ville. Il faisait apporter des couvertures de damas, des draps et des fauteuils. Murat fut sensible à cette attention, et il en reprit une nouvelle sérénité.

Le même jour, à deux heures, le général Nunziante arriva de Saint-Tropea avec trois mille hommes. Murat revit avec plaisir une vieille connaissance ; mais, au premier mot, le roi s’aperçut qu’il était devant un juge, et que sa présence avait pour but, non pas une simple visite, mais un interrogatoire en règle. Murat se contenta de répondre qu’il se rendait de Corse à Trieste en vertu d’un passeport de l’empereur d’Autriche, lorsque la tempête et le défaut de vivres l’avaient forcé de relâcher au Pizzo. À toutes les autres questions, Murat opposa un silence obstiné ; puis enfin, fatigué de ses instances : — Général, lui dit-il, pouvez-vous me prêter des habits, afin que je sorte du bain ?

Le général comprit qu’il n’avait rien à attendra de plus, salua le roi et sortit. Dix minutes après Murat reçut un uniforme complet ; il le revêtit aussitôt, demanda une plume et de l’encre, écrivit au général en chef des troupes autrichiennes à Naples, à l’ambassadeur d’Angleterre et à sa femme, pour les informer de sa détention au Pizzo. Ces dépêches terminées, il se leva, marcha quelque temps avec agitation dans la chambre ; puis enfin, éprouvant le besoin d’air, il ouvrit la fenêtre. La vue s’étendait sur la plage même où il avait été arrêté.

Deux hommes creusaient un trou dans le sable au pied de la petite redoute ronde. Murat les regarda faire machinalement. Lorsque ces deux hommes eurent fini, ils entrèrent dans une maison voisine, et bientôt ils en sortirent portant entre leurs bras un cadavre. Le roi rappela ses souvenirs, et il lui sembla en effet qu’il avait, au milieu de cette scène terrible, vu tomber quelqu’un auprès de lui ; mais il ne savait plus qui. Le cadavre était complètement nu ; mais à ses longs cheveux noirs, à la jeunesse de ses formes, le roi reconnut Campana : c’était celui de ses aides-de-camp qu’il aimait le mieux. Cette scène, vue à l’heure du crépuscule, vue de la fenêtre d’une prison ; cette inhumation dans la solitude, sur cette plage, dans le sable, émurent plus fortement Murat que n’avaient pu le faire ses propres infortunes. De grosses larmes vinrent au bord de ses yeux et coulèrent silencieusement sur sa face de lion. En ce moment le général Nunziante rentra, et le surprit les bras tendus, le visage baigné de pleurs. Murat entendit du bruit, se retourna, et voyant l’étonnement du vieux soldat : — Oui, général, lui dit-il, oui, je pleure. Je pleure sur cet enfant de vingt-quatre ans, que sa famille m’avait confié, et dont j’ai causé la mort ; je pleure sur cet avenir vaste, riche et brillant, qui vient de s’éteindre dans une fosse ignorée, sur une terre ennemie, sur un rivage hostile. Ô Campana ! Campana ! si jamais je remonte sur le trône, je te ferai élever un tombeau royal !

Le général avait fait préparer un dîner dans la chambre attenante à celle qui servait de prison au roi : Murat l’y suivit, se mit à table, mais ne put manger. Le spectacle auquel il venait d’assister lui avait brisé le cœur ; et cependant cet homme avait parcouru sans froncer le sourcil les champs de bataille d’Aboukir, d’Eylau et de la Moskowa !

Après le dîner Murat rentra dans sa chambre, remit au général Nunziante les diverses lettres qu’il avait écrites, et le pria de le laisser seul. Le général sortit.

Murat fit plusieurs fois le tour de sa chambre, se promenant à grands pas et s’arrêtant de temps en temps devant la fenêtre, mais sans l’ouvrir. Enfin il parut surmonter une répugnance profonde, porta la main sur l’espagnolette et tira la croisée à lui. La nuit était calme, on distinguait toute la plage. Il chercha des yeux la place où était enterré Campana : deux chiens qui grattaient la tombe la lui indiquèrent. Le roi repoussa la fenêtre avec violence, et se jeta tout habillé sur son lit. Enfin, craignant qu’on attribuât son agitation à une crainte personnelle, il se dévêtit, se coucha et dormit, ou parut dormir toute la nuit.

Le 9 au matin les tailleurs que Murat avait demandés arriveront. Il leur commanda force habits, dont il prit la peine de leur expliquer les détails avec sa fastueuse fantaisie. Il était occupé de ce soin lorsque le général Nunziante entra. Il écouta tristement les ordres que donnait le roi : il venait de recevoir les dépêches télégraphiques qui ordonnaient au général de faire juger le roi de Naples, comme ennemi public, par une commission militaire. Mais celui-ci trouva le roi si confiant, si tranquille et presque si gai, qu’il n’eut pas le courage de lui annoncer la nouvelle de sa mise en jugement ; il prit même sur lui de retarder l’ouverture de la commission militaire jusqu’à ce qu’il eût reçu une dépêche écrite. Elle arriva le 12 au soir. Elle était conçue en ces termes :

Naples, Octobre 1815.

« Ferdinand, par la grâce de Dieu, etc., avons décrété et décrétons ce qui suit :

» Art. Ier. Le général Murat sera traduit devant une commission militaire, dont les membres seront nommés par notre ministre de la guerre.

» Art. 2. Il ne sera accordé au condamné qu’une demi-heure pour recevoir les secours de la religion.

» Signé Ferdinand. »

Un autre arrêté du ministre contenait les noms des membres de la commission ; c’étaient :

Giuseppe Fasculo, adjudant, commandant et chef de l’état-major, président ;
Raffaello Scalfaro, chef de la légion de la Calabre inférieure ;
Latereo Natati, lieutenant-colonel de la marine royale ;
Gennaro Lanzetta, lieutenant-colonel du corps du génie ;
W. T., capitaine d’artillerie ;
François de Vengé, idem.
Francesco Martellari, lieutenant d’artillerie ;
Francesco Froio, lieutenant au 3e régiment ;
Giovanni della Camera, procureur général au tribunal criminel de la Calabre inférieure ;
Et Francesco Papavassi, greffier.

La commission s’assembla dans la nuit. Le 13 octobre, à six heures du matin, le capitaine Stratti entra dans la prison du roi, il dormait profondément : Stratti allait sortir, lorsqu’en marchant vers la porte il heurta une chaise ; ce bruit réveilla Murat. — Que me voulez-vous, capitaine ? demanda le roi.

Stratti voulut parler, mais la voix lui manqua,

— Ah ! ah ! dit Murat, il paraît que vous avez reçu des nouvelles de Naples ?…

— Oui, sire, murmura Stratti.

— Qu’annoncent-elles ? dit Murat.

— Votre mise en jugement, sire.

— Et par qui l’arrêt sera-t-il prononcé, s’il vous plaît ? Où trouvera-t-on des pairs pour me juger ? Si l’on me considère comme un roi, il faut assembler un tribunal de rois ; si l’on me considére comme un maréchal de France, il me faut une cour de maréchaux, et si on me considère comme général, et c’est le moins qu’on puisse faire, il me faut un jury de généraux.

— Sire, vous êtes déclaré ennemi public, et comme tel vous êtes passible d’une commission militaire ; c’est la loi que vous avez rendue vous-même contre les rebelles.

— Cette loi fut faite pour des brigands, et non pour des têtes couronnées, monsieur, dit dédaigneusement Murat. Je suis prêt, que l’on m’assassine, c’est bien ; je n’aurais pas cru le roi Ferdinand capable d’une pareille action.

— Sire, ne voulez-vous pas connaître la liste de vos juges ?

— Si fait, monsieur, si fait ; ce doit être une chose curieuse ; lisez, je vous écoute.

Le capitaine Stratti lut les noms que nous avons cités. Murat les entendit avec un sourire dédaigneux.

— Ah ! continua-t-il lorsque le capitaine eut achevé, il paraît que toutes les précautions sont prises ?

— Comment cela, sire ?

— Oui, ne savez-vous pas que tous ces hommes, à l’exception du rapporteur Francesco Froio, me doivent leurs grades ; ils auront peur d’être accusés de reconnaissance, et, moins une voix peut-être, l’arrêt sera unanime.

— Sire, si vous paraissiez devant la commission, si vous plaidiez vous-même votre cause ?

— Silence monsieur, silence, dit Murat… Pour que je reconnaisse les juges que l’on m’a nommés, il faudrait déchirer trop de pages de l’histoire ; un tel tribunal est incompétent, et j’aurais honte de me présenter devant lui ; je sais que je ne puis sauver ma vie, laissez-moi sauver au moins la dignité royale.

En ce moment le lieutenant Francesco Froio entra pour interroger le prisonnier, et lui demanda ses noms, son âge, sa patrie. À ces questions, Murat se leva avec une expression de dignité terrible : — Je suis Joachim Napoléon, roi des deux Siciles, lui répondit-il, et je vous ordonne de sortir. — Le rapporteur obéit.

Alors Murat passa un pantalon seulement, et demanda à Stratti s’il pouvait adresser des adieux à sa femme et à ses enfans. Celui-ci, ne pouvant plus parler, répondit par un geste affirmatif ; aussitôt Joachim s’assit à une table, et écrivit cette lettre[2] :

« Chère Caroline de mon cœur,

» L’heure fatale est arrivée, je vais mourir du dernier des supplices ; dans une heure tu n’auras plus d’époux, et nos enfans n’auront plus de père : souvenez-vous de moi et n’oubliez jamais ma mémoire.
» Je meurs innocent, et la vie m’est enlevée par un jugement injuste.
» Adieu, mon Achille ; adieu, ma Lætitia ; adieu, mon Lucien ; adieu, ma Louise.
» Montrez-vous dignes de moi ; je vous laisse sur une terre et dans un royaume pleins de mes ennemis : montrez-vous supérieurs à l’adversité, et souvenez-vous de ne pas vous croire plus que vous n’êtes, en songeant à ce que vous avez été.
» Adieu ; je vous bénis. Ne maudissez jamais ma mémoire. Rappelez-vous que la plus grande douleur que j’éprouve dans mon supplice est celle de mourir loin de mes enfans, loin de ma femme, et de n’avoir aucun ami pour me fermer les yeux.
» Adieu, ma Caroline ; adieu, mes enfans ; recevez ma bénédiction paternelle, mes tendres larmes et mes derniers baisers.
» Adieu, adieu ; n’oubliez pas votre malheureux père.

» Pizzo, ce 13 octobre 1815.
» Joachim MURAT. »

Alors il coupa une boucle de ses cheveux et la mit dans la lettre : en ce moment le général Nuuziante entra ; Murat alla à lui et lui tendit la main : — Général, lui dit-il, vous êtes père, vous êtes époux, vous saurez un jour ce que c’est que de quitter sa femme et ses fils : jurez-moi que cette lettre sera remise.

— Sur mes épaulettes, dit le général[3] en s’essuyant les yeux.

— Allons, allons, du courage, général, dit Murat : nous sommes soldats, nous savons ce que c’est que la mort. Une seule grâce : vous me laisserez commander le feu, n’est-ce pas ? Le général fit signe de la tête que cette dernière faveur lui serait accordée ; en ce moment le rapporteur entra, la sentence du roi à la main. Murat devina ce dont il s’agissait : — Lisez, monsieur, lui dit-il froidement, je vous écoute. — Le rapporteur obéit. Murat ne s’était pas trompé : il y avait eu, moins une voix, unanimité pour la peine de mort.

Lorsque la lecture fut finie, le roi se retourna vers Nunziante : — Général, lui dit-il, croyez que je sépare, dans mon esprit, l’instrument qui me frappe de la main qui le dirige. Je n’aurais pas cru que Ferdinand m’eût fait fusiller comme un chien : il ne recule pas devant cette infamie ! c’est bien, n’en parlons plus. J’ai récusé mes juges, mais non pas mes bourreaux. Quelle est l’heure que vous désignez pour mon exécution ? — Fixez-la vous-même, sire, dit le général.

Murat tira de son gousset une montre sur laquelle était le portrait de sa femme ; le hasard fit qu’elle était tournée de manière que ce fut le portrait et non le cadran qu’il amena devant ses yeux ; il le regarda avec tendresse :

— Tenez, général, dit-il en le montrant à Nunziante, c’est le portrait de la reine, vous la connaissez ; n’est-ce pas qu’elle est bien ressemblante ?

Le général détourna la tête. Murat poussa un soupir et remit la montre dans son gousset.

— Eh bien ! sire, dit le rapporteur, quelle heure fixez-vous ?

— Ah ! c’est juste, dit Murat en souriant ; j’avais oublié pourquoi j’avais tiré ma montre en voyant le portrait de Caroline.

— Alors il regarda sa montre de nouveau, mais cette fois du côté du cadran. — Eh bien ! ce sera pour quatre heures, si vous voulez ; il est trois heures passées, c’est cinquante minutes que je vous demande ; est-ce trop, monsieur ?

Le rapporteur s’inclina et sortit. Le général voulut le suivre.

— Ne vous reverrai-je plus, Nunziante ? dit Murat.

— Mes ordres m’enjoignent d’assister à votre mort, sire ; mais je n’en aurai pas la force.

— C’est bien, général, c’est bien ; je vous dispense d’être là au dernier moment ; mais je désire vous dire adieu encore une fois et vous embrasser.

— Je me trouverai sur votre route, sire.

— Merci, Maintenant laissez-moi seul.

— Sire, il y a là deux prêtres. — Murat fit un signe d’impatience. — Voulez-vous les recevoir ? continua le général.

— Oui, faites-les entrer.

Le général sortit. Un instant après les deux prêtres parurent au seuil de la porte : l’un se nommait don Francesco Pellegrino : c’était l’oncle de celui qui avait causé la mort du roi ; et l’autre don Antonio Masdea.

— Que venez-vous faire ici ? leur dit Murat.

— Vous demander si vous voulez mourir en chrétien.

— Je mourrai en soldat. Laissez-moi.

Don Francesco Pellegrino se retira. Sans doute, il était mal à l’aise devant Joachim. Quant à Antonio Masdea, il resta sur la porte.

— Ne m’avez-vous pas entendu ? dit le roi.

— Si fait, répondit le vieillard ; mais permettez-moi, sire, de ne pas croire que c’est votre dernier mot. Ce n’est pas pour la première fois que je vous vois et que je vous implore ; j’ai déjà eu l’occasion de vous demander une grâce.

— Laquelle ?

— Lorsque votre majesté vint au Pizzo, en 1810, je lui demandai 25,000 francs pour faire achever notre église ; votre majesté m’en envoya 40,000.

— C’est que je prévoyais que j’y serais enterré, répondit en souriant Murat.

— Eh bien ! sire, j’aime à croire que vous ne refuserez pas plus ma seconde prière que vous ne m’avez refusé la première. Sire, je vous le demande à genoux.

Le vieillard tomba aux pieds de Murat.

— Mourez en chrétien !

— Cela vous fera donc bien plaisir ? dit le roi.

— Sire, je donnerais le peu de jours qui me restent pour obtenir de Dieu que son esprit vous visitât à votre dernière heure.

— Eh bien ! dit Murat, écoutez ma confession : Je m’accuse, étant enfant, d’avoir désobéi à mes parens ; depuis que je suis devenu un homme, je n’ai jamais eu d’autre chose à me reprocher.

— Sire, me donnerez-vous une attestation que vous mourez dans la religion chrétienne ?

— Sans doute, dit Murat ; et il prit une plume et écrivit :

« Moi, Joachim Mural, je meurs en chrétien, croyant à la sainte Église catholique, apostolique et romaine. » Et il signa.

— Maintenant, mon père, continua le roi, si vous avez une troisième grâce à me demander, hâtez-vous, car dans une demi-heure il ne serait plus temps. En effet, l’horloge du château sonna en ce moment trois heures et demie.

Le prêtre fit signe que tout était fini. — Laissez-moi donc seul, dit Murat. Le vieillard sortit.

Murat se promena quelques minutes à grands pas dans la chambre ; puis il s’assit sur son lit et laissa tomber sa tête dans ses deux mains. Sans doute, pendant le quart d’heure où il resta ainsi absorbé dans ses pensées, il vit repasser devant lui sa vie tout entière, depuis l’auberge d’où il était parti jusqu’au palais où il était entré ; sans doute, son aventureuse carrière se déroula, pareille à un rêve doré, à un mensonge brillant, à un conte des Mille et une Nuits. Comme un arc-en-ciel il avait brillé pendant un orage, et comme un arc-en-ciel ses deux extrémités se perdaient dans les nuages de sa naissance et de sa mort. Enfin il sortit de sa contemplation intérieure et releva son front pâle mais tranquille. Alors il s’approcha d’une glace, arrangea ses cheveux : son caractère étrange ne le quittait pas. Fiancé de la mort, il se faisait beau pour elle.

Quatre heures sonnèrent.

Murât alla lui-même ouvrir la porte.

Le général Nunziante l’attendait.

— Merci, général, lui dit Murat : vous m’avez tenu parole ; embrassez-moi, et retirez-vous ensuite, si vous le voulez.

Le général se jeta dans les bras du roi en pleurant et sans pouvoir prononcer une parole :

— Allons, du courage, lui dit Murat ; vous voyez bien que je suis tranquille.

C’était cette tranquillité qui brisait le courage du général ! il s’élança hors du corridor et sortit du château en courant comme un insensé.

Alors le roi marcha vers la cour ; tout était prêt pour l’exécution. Neuf hommes et un caporal étaient rangés en ligne devant la porte de la chambre du conseil ; devant eux était un mur de douze pieds de haut ; trois pas avant ce mur était un seuil d’un seul degré : Murat alla se placer sur cet escalier, qui lui faisait dominer d’un pied à peu près les soldats chargés de son exécution. Arrivé là, il tira sa montre, baisa le portrait de sa femme, et, les yeux fixés sur lui, il commanda la charge des armes. Au mot feu, cinq des neuf hommes tirèrent : Murat resta debout. Les soldats avaient eu honte de tirer sur leur roi, ils avaient visé au-dessus de sa tête.

Ce fut peut-être en ce moment qu’éclata le plus magnifiquement ce courage de lion, qui était la vertu particulière de Murat ; pas un trait de son visage ne s’altéra, pas un muscle de son corps ne faiblit ; seulement regardant les soldats avec une expression de reconnaissance amère :

— Merci, mes amis, leur dit-il ; mais, comme tôt ou tard vous serez obligés de viser juste, ne prolongez pas mon agonie. Tout ce que je vous demande, c’est de viser au cœur et d’épargner la figure. Recommençons.

Et avec la même voix, avec le même calme, avec le même visage, il répéta les paroles mortelles les unes après les autres, sans lenteur, sans précipitation, et comme il eût commandé une simple manœuvre ; mais cette fois, plus heureux que la première, au mot feu, il tomba percé de huit balles, sans faire un mouvement, sans pousser un soupir, sans lâcher la montre qu’il tenait serrée dans sa main gauche[4].

Les soldats ramassèrent le cadavre, le couchèrent sur le lit où, dix minutes auparavant, il était assis, et le capitaine mit une garde à la porte.

Le soir un homme se présenta pour entrer dans la chambre mortuaire : la sentinelle lui en refusa l’entrée ; mais cet homme demanda à parler au commandant du château. Conduit devant lui, il lui montra un ordre. Le commandant le lut avec une surprise mêlée de dégoût ; puis, la lecture achevée, il le conduisit jusqu’à la porte qu’on lui avait refusée.

— Laissez passer le seigneur Luidgi, dit-il à la sentinelle. La sentinelle présenta les armes à son commandant. Luidgi entra.

Dix minutes s’étaient à peine écoulées, lorsqu’il sortit tenant à la main un mouchoir ensanglanté : dans ce mouchoir était un objet que la sentinelle ne put reconnaître.

Une heure après, un menuisier apporta le cercueil qui devait renfermer les restes du roi. L’ouvrier entra dans la chambre ; mais presque aussitôt il appela la sentinelle avec un accent indicible d’effroi. Le soldat entrebâilla la porte pour regarder ce qui avait pu causer la terreur de cet homme. Le menuisier lui montra du doigt un cadavre sans tête.

À la mort du roi Ferdinand on retrouva dans une armoire secrète de sa chambre à coucher cette tête conservée dans de l’esprit-de-vin[5].

Huit jours après l’exécution du Pizzo, chacun avait déjà reçu sa récompense : Trenta Capelli était fait colonel, le général Nunziante était créé marquis, et Luidgi était mort empoisonné.

  1. Bâtimens légers armés en guerre.
  2. Nous pouvons en garantir l’authenticité, l’ayant transcrite nous-même au Pizzo sur la copie qu’avait conservée de l’original le chevalier Alcala.
  3. Cette lettre n’est jamais parvenue à madame Murat.
  4. Madame Murat a racheté cette montre 200 louis.
  5. Comme je ne crois pas aux atrocités sans motifs, je demandai au général T. la raison de celle-ci : il me répondit que, comme Murat avait été jugé et fusillé dans un coin perdu de la Calabre, le roi de Naples craignait toujours que quelque aventurier ne se présentât sous le nom de Joachim : on lui eût répondu alors en lui montrant la tête de Murat.