Nouvelles poésies (Van Hasselt)/La Sérénade d’Aben Hamet

Études rhythmiques
Nouvelles PoésiesBruylant et Cie (p. 281-282).


La sérénade d’Haben Hamet.

D’APRÈS UNE VIEILLE CHANSON ESPAGNOLE.





Mientras duerme mi nina.
Romancero.





Quand la lune sur Grenade
Fait pleuvoir ses blancs rayons,
Pour ouir la sérénade
Que tout bas nous réveillons,
Aux balcons avec mystère
Toutes deux se vont croisant ;

L’une y monte de la terre,
Et du ciel l’autre y descend.

Si ma belle est endormie,
Porte-lui bien doucement,
Ma guitare, mon amie,
Les soupirs de son amant.
Sois si tendre et si touchante
Qu’elle doute dans la nuit
Si la lune pleure et chante,
Si ton chant rayonne et luit.

Triste comme Philomièle
Qui gémit au fond des bois,
Dans ses songes glisse et mêle
Le doux charme de ta voix.
En ses rêves d’or fais naître
Un prestige si vainqueur,
Qu’elle m’ouvre sa fenêtre
En croyant m’ouvrir son cœur.



Juillet 1836.