La Route fraternelleAlphonse Lemerre, éditeur (p. 189).

AU BORD DES NEIGES



Dans ma lettre, ô ma sœur, j’ai mis ses violettes,
Tristes comme l’hiver et comme mon exil ;
De Nivôse ce sont les frileuses fillettes,
Dont le pollen glacé mourra sans voir Avril.

Et pourtant sur ces fleurs aux pâles collerettes,
Penchez-vous… et pour vous leur fidèle pistil,
Comme un vase mystique aux profondeurs secrètes,
Donnera son parfum persistant et subtil.

Tel, mon cœur solitaire a des places fanées
Par de longues douleurs et les longues années,
Et d’un froid hivernal il paraît engourdi ;

Mais penchez-vous plus bas, allez jusqu’à mon âme,
Ô bien aimée, et dans ce cœur mal refroidi,
De l’immortel Amour reconnaissez la flamme.


Paris, janvier 189…