La Route fraternelleAlphonse Lemerre, éditeur (p. 45-46).


UN MOT DIVIN

À Monsieur et Madame Marillier.



Hélène se connaissant vile,
Sous l’affront de toute une ville,
Fléchit, comme un lys contristé ;
Mais Hector arrêtant l’outrage,
— La clémence est sœur du courage —
Disait : Pardon pour la beauté !

Socrate a bu l’amère coupe ;
Et de ses disciples le groupe
Frémit, sourdement révolté
Contre les lois et la patrie ;
Mais le maître en mourant leur crie :
Amis, pardon pour la cité !


Christ avait soif dans l’agonie,
Et les passants, par ironie,
Tendaient aux lèvres de bonté
L’éponge de fiel et d’injure ;
Mais le Fils au Père murmure :
Pardon pour leur humanité !

Le héros, le sage et le juste,
Ont laissé de leur bouche auguste,
Tomber comme un suprême don,
Ou comme une leçon suprême,
Le même mot, toujours le même,
Le grand consolateur : Pardon !