La Route fraternelleAlphonse Lemerre, éditeur (p. 1-2).


SONNET LIMINAIRE



Riche d’illusions et vierge de souffrance,
Quand mes vingt ans sonnaient leur joyeux tintement,
Dans la forêt du rêve et de l’enchantement,
Extasié, je pris le sentier d’enivrance.

Et quand fanés au vent brutal qui les balance,
Tous les myrtes en fleurs de mon avril charmant,
Un par un s’effeuillaient mélancoliquement,
Solitaire, je pris le sentier du silence.



Mais dans l’air a passé comme un appel ami,
Et la vieille planète a brusquement frémi
Des nouvelles pitiés qui vont soufflant en elle.

Un siècle jeune et pur va tourner le coteau,
À toute brise aimante ouvrant son bleu manteau…
Et je prends avec lui la route fraternelle.