La Revanche du prolétariat/Les Transportés

Librairie socialiste internationale (p. 39-40).

LE CHANT DES TRANSPORTÉS[1]

(Air des Sapins)


Vaste Océan, tes vagues écumantes
Ont vu passer ces soldats d’avenir :
Calmes et fiers, sur leurs prisons flottantes,
Ils te narguaient, car ils savent mourir.

Si leurs geôliers redoutaient la tempête,
La foudre en vain fit rage sur leur tête
Pour éprouver ces fils du peuple-roi.

REFRAIN

Si la patrie est enchaînée,
Par eux qu’elle soit délivrée !
Par eux que la France chérie
Retrouve l’énergie,
Et soit régénérée !

En s’apaisant, ô comble d’infamie !
Tes flots soumis les menèrent au port :
Ne pouvaient-ils leur arracher la vie ?
Le bagne est-il préférable à la mort ?
Îlot maudit, que ne vit pas le Dante,
Enfer nouveau, repeuple tes cachots :
Ils sont à toi. Pour les briser, enfante
Tous les tourments et double tes bourreaux. (Ref.)

Sur leur rocher, fouillant l’horizon sombre,
Où le soleil vient de creuser son lit,
Exténués, on peut les voir dans l’ombre
Debout encor, car l’espoir les nourrit.
Ils sont tes fils, ô France bien-aimée !
Entends leur voix, fais cesser leur douleur ;
Mais, hâte-toi, la houle désolée
Roule des morts dans les Coraux en Fleur. (Ref.)

Jean Allemane.
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  1. Don de l’Auteur à l’Union Fédérative. — Fait en cellule, à l’île Nou