D. Morgand & C. Fatout (p. 233-250).
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Dentelle du dix-huitième siècle. - Époque de la Régence.
Dentelle du dix-huitième siècle. - Époque de la Régence.



NOTES


On trouvera, en parcourant ces notes, quelques noms de relieurs peu connus dont nous n’avons pas eu l’occasion de parler. L’ardeur des bibliophiles à connaître tout ce qui se rapporte à la Reliure nous a fait joindre ce petit appendice à notre travail. Nous n’avons pas voulu entrer dans des détails biographiques dans le courant de l’ouvrage, afin de ne pas rompre par des digressions répétées la chaîne que forme la succession des styles employés pour la décoration des livres.

BADIER, un des descendants de Florimond Badier, l’imitateur de le Gascon dont nous avons parlé, est cité dans la liste des Relieurs de la Confrérie de Saint-Jean l’Évangéliste, 1718, donnée par M. Ed. Fournier. (Voir cette curieuse liste à la fin de son ouvrage : l’Art de la Reliure en France. Paris, 1864.)

BRADEL. Quand le nom de Bradel vint s’associer à celui de Derome à la fin du dix-huitième siècle, les Bradel n’étaient pas de nouveaux venus dans la Reliure. Un Charles Bradel avait été garde de la communauté en 1710, et quatre Bradel avaient exercé successivement la profession de relieur. Ils descendaient, comme les Derome, d’une ancienne famille de libraires. Un Bradel avait été libraire dès 1588.

BOYER et BOYET. Le père du Cerceau, recommandant au duc du Maine, dans la deuxième épître qu’il lui adressa, la lecture

des excellents volumes dont on avait fait un choix à son intention, lui dit :

Sur livres tels exercez vos talents,
Tous sont complets et de bonne nature.
In-folio reliés à profit,
Dorés sur tranche et sur la couverture,
Mieux n’auroit fait Boyer sans contredit.

Un des renseignements les plus sérieux que l’on possède sur Boyer est une lettre de Fléchier, alors évêque de Nîmes, qui écrivait le 28 janvier 1696 à l’abbé Robert, en le chargeant de payer la copie qu’il faisait faire des procès-verbaux du clergé restés manuscrits : « Il y a même un tome des procès-verbaux qui est rare et qu’on ne trouve que difficilement imprimé, qu’on veut me vendre, que je vous prie de vouloir payer, soit pour le livre, soit pour la reliure que Boyer mon relieur fera. »

Après avoir emprunté à M. Ed. Fournier et cité comme nous le passage relatif à Boyer, M. Leroux de Lincy ajoute « qu’il ne faut pas confondre Boyer avec Boyet, qui eut aussi beaucoup de célébrité à la même époque ».

« Si l’on trouve tantôt Boyet, tantôt Boyer, dit M. Ed. Fournier, c’est tout simplement parce qu’il y eut un Boyet et un Boyer. Il y en eut même deux de chaque nom en même temps connus ; on le voit par la liste de 1718. On y trouve : Boyer (Luc-Antoine) père, Boyer (Estienne) fils, Boyet (Estienne) père, et Boyet (Bertrand) fils. »

On a récemment publié un Mémoire des livres reliés pour le Roy par Boyet, depuis le 29 décembre 1705 jusqu’à ce jour 23 janvier 1707. Voyez Miscellanées bibliographiques, 1879, et nous trouvons dans les recherches de M. E. Thoinan sur les relieurs royaux deux Boyet : Antoine Boyet et Luc-Antoine Boyet.

Nous nous défions très-fort de ces similitudes de nom dans une même profession. Ne voit-on pas chaque jour encore des membres divers et peu instruits d’une même famille signer de plusieurs façons, et souvent le même personnage varier l’orthographe de son nom à différentes époques de sa carrière ? Voyez comme exemple les Padeloup et les Derome.

Les Boyer et les Boyet forment donc une famille comme les Padeloup, les Derome, les Bradel, etc. Que ce soit de père en fils, d’oncle en neveu, peu importe ; élèves les uns des autres, ils eurent la même manière de faire ; aussi les avons-nous considérés comme formant un groupe, une école.

CHAMOT, relieur du dix-huitième siècle. Il est peu connu, bien qu’un des plus célèbres bibliophiles de cette époque, le duc de la Vallière, n’ait pas craint de lui confier beaucoup de ses livres.

CAVELIER (Guillaume), relieur du dix-septième siècle.

DEROME ou DE ROME (les). Voici l’excellent article biographique que M. A. Jal a écrit sur cette famille de relieurs[1]. :

« Dans son poëme sur la Reliure, Lesné dit que « Derome » (sic) vint après « Pasdeloup » (sic) ; ce qu’il ne dit pas, c’est l’époque de la venue de ce de Rome, rival du Padeloup, dont il parle sans le connaître. — « Relié par De Rome », voilà ce qu’on lit dans un grand nombre de catalogues de livres, et c’est tout ce que libraires et amateurs ont pu dire du relieur qu’ils ont cru le seul de son nom. Eh bien, il y eut quatorze de Rome, comme il y eut treize Padeloup.

« Au milieu du dix-septième siècle vivaient trois de Rome, frères, je crois, tous trois marchands libraires et relieurs au quartier Saint-Hilaire. André, Claude et Jacques, ce sont leurs noms, prirent femme. André épousa Marie-Élie avant 1665 ; il eut d’elle une fille, Marie de Rome, qui, le 3 octobre 1689, épousa, à Saint-Hilaire, « Valentin Plumet, libraire-relieur, âgé de vingt-quatre ans, fils de Nicolas Plumet, parcheminier ». Marie avait alors vingt-trois ans ; elle était orpheline de père et de mère.

« Claude de Rome se maria deux fois. Il prit d’abord pour femme « Jeanne Audot ». Ce fut le dimanche 25 juin 1651 (Saint-Gervais). L’acte que j’ai lu m’a appris que Claude de Rome était fils de Pierre de Rome et de Marie Pétillon. Il demeura it alors sur le territoire de Saint-Sulpice. Il signait : « claude de rome » sans majuscules. Devenu veuf, il épousa Barbe Gaubot ou Gobiau, dont il eut au moins trois enfants : Marie, Colombe et Louis. Marie épousa, le 12 septembre 1689, « Claude Gérard, marchand libraire-relieur », âgé de vingt-cinq ans ; elle avait vingt-deux ans. (Saint-Hilaire.) Colombe mourut le 20 septembre 1683, femme du libraire « Henry Delatte ». Barbe Gobeau décéda le 13 avril 1691, veuve de Claude de Rome, puis de Vincent Robert, libraire. Elle avait cinquante-trois ans.

« Jacques de Rome eut quatre mariages. Il épousa d’abord Marie Blajard, qui lui donna Marie, morte le 20 juillet 1698, et Jacques-Antoine , que nous verrons bientôt. Le second mariage de Jacques de Rome fut avec « Marie Nion ». Il épousa ensuite, le 5 octobre 1720, « Catherine de Boissy, fille de Jean de Boissy, « laboureur à Saint-Aubin ». Catherine mourut bientôt, et « Marie Dupont » lui succéda le 13 février 1724. De Rome eut, de cette quatrième épouse, Jacques, qui mourut âgé de deux jours, le 26 avril 1725. Jacques de Rome signait d’une mauvaise écriture : « de rome » ou « j. de rome ». — Jacques de Rome, maître relieur, âgé de soixante-dix-neuf ans, décéda le 28 janvier 1745, rue Saint-Jacques. Il fut inhumé au cimetière de Saint-Benoît. Il était né vers 1666. Les témoins de son inhumation furent ses petits-fils Charles et Nicolas de Rome. (Reg. de Saint-Benoît.)

« Louis de Rome, fils de Claude, âgé de vingt-quatre ans et demi, né par conséquent en 1662, épousa, le 25 janvier 1687, à Saint-Hilaire, « Anne Sénecar, âgée de dix-neuf ans, fille d’Eloy Sénecart, marchand libraire ». Louis de Rome eut, de son mariage, treize enfants : 1° Anne-Colombe, morte le 26 décembre 1697 ; 2° Claude, mort le 6 septembre 1692, âgé de trois ans et demi ; 3° 9 avril 1690, Éloy ; 4° 8 mai 1691, Marie-Louise ; 5° 14 septembre 1692, Marie-Claude ; 6° 28 février 1694, Marie ; 7° 18 septembre 1696, Louis ; 8° Léon, mort le 15 novembre 1701 ; 9° 6 octobre 1698, Étienne ; 10° 18 janvier 1700, Marie-Louise ; 11° 12 juillet 1701, Marie-Anne ; 12° 30 mai 1706, Nicolas-François ; 13° 9 janvier 1709, Jean-Louis. Le baptistaire de ce dernier enfant qualifie Louis de Rome « marchand libraire-relieur et ancien marguillier de l’œuvre et fabrique de cette paroisse ». Louis de Rome signait indifféremment : « Louis de Romme » et « Louis de Rome ». Il demeurait « rue Chartière ». — Louis II de Rome, le fils de Louis, que nous voyons naître le 18 septembre 1696, épousa, le 15 juillet 1720, à Saint-Hilaire, « Claude-Élisabeth Doré ». Son père était mort. Louis II de Rome eut au moins trois fils : Jean-Baptiste-Joseph, Louis-Éloy et Jacques. Nous les verrons bientôt.

« Jacques-Antoine de Rome, fils de Jacques et de Marie Blajard, épousa, le 23 juillet 1718, à Saint-Hilaire, « Anne Vauvilliers », dont le père fut parrain de Marie-Anne (19 août 1719). Jacques-Antoine de Rome eut dix enfants après Marie-Anne : Jacques-Marin (7 septembre 1720) ; Charles (9 septembre 1721) ; Marie-Jeanne (9 septembre 1722) ; Étienne (20 octobre 1723) ; Nicolas (30 novembre 1724) ; Marie-Thérèse (30 décembre 1725) ; une seconde Marie-Thérèse (22 mars 1728) ; Jacques (2 avril 1729) ; Anne-Louise (31 juillet 1730) ; Nicolas-Denis (1er  octobre 1731). Jacques-Antoine de Rome signait : « derome », et quelquefois : « Jacques-Antoine De Rome ».

« Jacques-Antoine de Rome, maître relieur et doreur de livres, ancien garde de sa communauté et ancien administrateur de la confrairie du Saint-Sacrement, veuf d’Anne Vauvilliers, mourut le 22 novembre 1761 et fut enterré le 24, à Saint-Benoît, âgé d’environ soixante-cinq ans. Il demeuroit rue Saint-Jacques, « au-dessous des charniers de Saint-Benoît ». Ses trois fils : « Charles, Nicolas et Nicolas-Denis de Rome », et son gendre « Jean-Henry Fournier », assistèrent à son enterrement. »

« Louis-Nicolas de Rome, maître relieur-doreur, fils mineur de deffunct Louis de Rome et de Claude-Élisabeth Doré », demeurant rue Saint-Jean de Beauvais, épousa, le 6 septembre 1745, Marie-Anne Boileau, fille mineure de Jean-François Boileau, fondeur en caractères d’imprimerie, rue Chartière. Il signait : « Louis-Nicolas De Rome ».

« Jean-Baptiste-Joseph de Rome, dont je n’ai point vu le baptistaire, mais qui fut certainement le fils de Louis II de Rome et de Claude-Elisabeth Doré, devint maître relieur-papetier. Il épousa, en 1749, « Anne-Denise Boutault », et s’établit rue des Amandiers, sur le territoire de Saint-Étienne du Mont. Il eut sept enfants au moins : 1° 3 janvier 1750, Marguerite, dont le parrain fut Louis de Rome ; 2° 21 mars 1751, Jeanne-Denise, qui eut pour parrain et marraine « Philippe-Martial Boutault, « maître relieur », et « Jeanne-Doré, veuve de Denis Trouvain, « maître relieur » ; 3° 28 septembre 1752, Marie-Anne ; 4° Paul-Michel ; 5° Louis-Joseph ; 6° Pierre-Jean-Baptiste ; 7° André. Je n’ai pas connu les baptistaires de ces quatre derniers. Charles de Rome, fils de Jacques-Antoine, né le 3 février 1695, ondoyé et baptisé le même jour à Saint-Hilaire, ayant pour parrain « Antoine Lambin, maître imprimeur », et pour marraine « Marie de Rome, femme de Valentin Plumet, marchand libraire », paroisse Saint-Hilaire, épousa « Antoinette Oblin ». Il en eut plusieurs enfants, et entre autres : 1° Jean-Henri, le 26 août 1752 , tenu, à Saint-Étienne du Mont, par « Marie-Anne Oblin, « femme de Charles Dupin, maître relieur » ; 2° Marie-Antoinette, en 1753 (elle mourut le 29 mai 1759, rue Saint-Jacques, proche des Mathurins) ; 3° Jean-Baptiste, le 24 décembre 1758 ; 4° Marie-Jeanne, le 27 juillet 1766, qui fut présentée à l’église par « Jean-Henry Fournier, libraire de la famille royale, demeurant ordinairement à Versailles, rue Satori, paroisse Saint-Louis », et par Marie-Anne de Rome, fille majeure, tante paternelle de l’enfant ». Charles de Rome, dont je n’ai pas trouvé l’acte mortuaire, signait quelquefois : « C. De Rome », quelquefois seulement : « De Rome ».

« Nicolas de Rome, fils de Jacques-Antoine, né, comme on l’a vu, le 30 novembre 1724, épousa « Marie-Henriette Bradel », fille d’un maître relieur, laquelle fut marraine, à Saint-Benoît, le 24 décembre 1758, de Jean-Baptiste de Rome. Nicolas était maître relieur et demeurait « rue des Chieurs » (sic), paroisse Saint-Étienne du Mont. Il signait : « Derome ».

« André II de Rome, maître relieur-papetier, fils mineur de Jean-Baptiste-Joseph de Rome, maître relieur papetier, et d’Anne-Denise Boutault, rue des Amandiers, présents et consentants, épousa, le 28 juillet 1777, Geneviève Bucot, fille mineure de Siméon Bucot, maître relieur, en présence de Louis-Joseph de Rome, son frère. » (Saint-Hilaire.)

« Le 21 août 1779, André II de Rome fit baptiser, à Saint-Hilaire, « Alexandre », qui eut pour parrain son grand-père, maître relieur, rue des Amandiers. — « Pierre-Jean-Baptiste de Rome, relieur, fils majeur de Jean-Baptiste-Joseph de Rome », épousa, à Saint-Hilaire, le 6 novembre 1780, « Marie-Louise-Nicole Landot, fille mineure de Louis Landot, demeurant rue Chartière ». Ses témoins furent son père et ses frères « Louis-Joseph et André ». Il signa : « Derome » ; son père : « J. B. J. Derome » ; Louis-Joseph : « Derome fils », et André, seulement : « Derome ».

« Paul-Michel de Rome, maître relieur, fils mineur de Jean-Baptiste-Joseph de Rome, maître relieur, rue des Amandiers, et d’Anne-Denise Boutault », épousa, le 3 juin 1782, « Augustine-Émélie Gosselin, fille mineure de Nicolas Gosselin, demeurant rue Saint-Jacques ». Les témoins de son mariage furent ses père et mère, « Louis-Joseph de Rome, son frère, relieur, rue des Carmes, paroisse Saint-Hilaire ; André de Rome, son autre frère, rue Judas, paroisse de Saint-Etienne du Mont ; Nicolas Gosselin et Jean-Baptiste Gosselin, maître relieur, oncle paternel de la mariée, demeurant rue Saint-Jacques ». L’acte est signé : « p. m. Derome, Derome » (c’est Jean-Baptiste-Joseph), « L.-j. Derome, A. Derome ». (Saint-Benoît.)

« Je vois un enfant né de ce mariage : « Anne-Augustine », baptisée le 9 mars 1783 à Saint-Benoît. — Louis-Éloy de Rome, maître relieur, veuf majeur de Marie-Anne de Liège, demeurant place Cambray, paroisse de Saint-Étienne du Mont, épousa, à Saint-Hilaire, le 23 octobre 1781, « Marie-Anne-Françoise Cornu-Limage, demeurant rue Chartière ». Les témoins de Marie furent « Jean-Baptiste-Joseph de Rome, maître relieur, et Jacques de Rome, aussi maître relieur, ses frères, demeurant rue des Amandiers ». Louis-Éloy de Rome signait : « L. E. Derome ». — Je m’arrête ici. J’aurais pu pousser plus loin cette généalogie et chercher la naissance d’un de Rome que j’ai connu autrefois, vieux et demeurant au mont Saint-Hilaire. Celui-là, relieur comme tous ses aïeux, ne faisait pas de beaux ouvrages ; sa reliure était solide et généralement appliquée aux livres destinés aux étudiants. — De tous les de Rome que j’ai rappelés à la lumière, lequel eut ce talent qui valut à son nom une célébrité qui balança celle de l’un des Padeloup ? Je serais fort embarrassé de le dire. Je laisse aux amateurs la solution de cette question ; ils connaissent les livres — que je n’ai pas à ma disposition ; — je leur fais connaître les artistes ; ils ont donc maintenant deux des éléments de ce problème obscur. Je souhaite qu’ils arrivent à le résoudre d’une manière définitive. Quant à moi, je crois, sans l’assurer, bien entendu, que le de Rome resté célèbre fut Jacques-Antoine. »

DOUCEUR (Louis), relieur du dix-huitième siècle, cité en 1755 comme relieur ordinaire du Roi.

DUBOIS (gilles), relieur du Roi vers 1680 ; un autre Dubois (Louis), cité par M. Thoinan comme possesseur de ce titre de 1689 à 1728.

DUBUISSON (les). Nous empruntons au dernier numéro du Bulletin de la librairie Morgand et Fatout, page 329, une excellente notice sur cette famille de relieurs du dix-huitième siècle. Le chercheur infatigable qui a signé modestement cet article de ses initiales E. P. vient de rendre un nouveau service à tous les amis des livres.

« La famille Du Buisson produisit au dix-huitième siècle plusieurs artistes célèbres. La Liste des Maistres relieurs et doreurs en 1718, insérée par M. Edouard Fournier dans l’Art de la Reliure en France (p. 225), mentionne René et Pierre du Buisson. De ces deux personnages, le premier, René, fut garde de la communauté en cette même année 1718 ; le second, Pierre, obtint la même distinction en 1726. L’un et l’autre vivaient encore en 1750, année où parurent les Statuts et Reglements pour la communauté des Maistres relieurs et doreurs de livres de la ville et université de Paris[2], document auquel nous empruntons les renseignements qui précèdent.

« Pierre-Paul du Buisson, dont nous ignorons la filiation exacte, se rendit à la fois célèbre par ses reliures et par ses publications héraldiques. Comme relieur, il fut garde de la communauté en 1756 (addition ms. que nous avons trouvée dans un exemplaire des Statuts et Reglements), et il obtint, le 12 octobre 1758, le titre de relieur du Roi (le Moniteur du Bibliophile, 1er  février 1879, p. 363). M. le baron Pichon possédait un Almanach de 1759, revêtu d’une riche reliure et dont le f. de garde portait l’adresse de Du Buisson, « relieur et doreur du Roi » (Cat., n° 991). Comme dessinateur d’armoiries, le même artiste corrigea les cuivres de Chevillard, dont il s’était rendu acquéreur, et publia, en 1756, l’Armorial des principales maisons et familles du royaume. Les exemplaires de cet ouvrage, reliés en maroquin, aux armes de divers grands seigneurs, que les amateurs se disputent aujourd’hui avec tant d’acharnement, sortent sans nul doute des mains de Du Buisson lui-même. L’exemplaire de Jamet, acquis par M. de Heredia, à la vente de M. le baron J. Pichon (Cat., n° 1071), porte du reste la mention : « Don de l’auteur ». Une note ms., qui se trouve sur le même exemplaire, nous apprend que Dubuisson mourut, âgé de cinquante-cinq ans, le 15 juin 1762. La vignette reproduite dans ce Bulletin ne fut probablement pas faite pour Pierre-Paul du Buisson, mais bien pour son successeur, demeurant comme lui rue Saint-Jacques, ce qui explique la qualification de « Dubuisson le Fils ». Il est bien vrai qu’aucun membre de la famille Du Buisson ne figure dans l’Almanach Dauphin, en 1776, parmi les relieurs ; mais, comme on ne trouve cité dans le même livre aucun membre de la famille De Rome, on ne peut rien conclure de cette omission.

E. P. »

DU PLANIL ou DUPLANIL, famille de relieurs assez connue au dix-huitième siècle, mais dont les premiers remontaient au dix-septième. Comme les Padeloup et les Derome, les membres de cette famille exercèrent de père en fils la profession de relieurs, que leurs descendants suivirent jusqu’au milieu du dix-neuvième siècle.

DU SEUIL ou DUSEUIL. Nous empruntons encore à M. A. Jal les détails biographiques suivants :

« Les amateurs de beaux livres et de belles reliures connaissent les reliures de Du Seuil que feu M. Lesné nomme Desseuil, ce qui a pu tromper M. G. Libri, qui, dans le catalogue de sa bibliothèque, vendue à Londres en 1859, l’appelle De Seuil. De cet habile ouvrier, tout ce que connaissent les bibliophiles, ce sont quelques livres habillés par lui et à peu près son nom. Voici ce que j’en ai appris : Augustin Du Seuil était Provençal. Son père, Honoré Du Seuil, était marchand dans une bo urgade du diocèse de Marseille, que l’acte placé sous mes yeux nomme « Meusnes » et que je ne trouve dans aucun dictionnaire géographique, ce qui prouve que la localité est peu considérable. Honoré Du Seuil avait épousé Élisabeth Billon, de qui, vers 1673, il eut notre Augustin. Comment A. Du Seuil vint à Paris et devint ouvrier chez un relieur-libraire, c’est ce que j’ignore. Je ne sais pas plus le nom du maître sous lequel il apprit le métier dans lequel il devint habile ; mais je soupçonne que ce fut chez un des Padeloup, peut-être même chez Philippe Padeloup, dont je vois que, le 23 novembre 1699, il épousa la fille Françoise, âgée, dit l’acte du mariage inscrit à Saint-Severin, de vingt-cinq ans. Quant à lui, il avait vingt-six ans, avait perdu sa mère, et, le jour de son mariage, n’était point assisté de son père, qui avait envoyé son consentement. Augustin Du Seuil signa : « ADuseuil », le D majuscule formé par le second jambage de l’A, l’s unie à l’u et à l’e. D’autres signatures montrent l’S majuscule séparé de l’article du. Augustin Du Seuil perdit sa femme le 19 février 1714. Françoise Padeloup fut enterrée à Saint-Severin le lendemain ; l’acte de son décès la dit épouse d’ « Augustin Du Sevil, relieur de Monseigneur et de Madame la duchesse de Berry, décédée hier, rue Saint-Jacques, âgée de trente-cinq ans ». Les témoins de son inhumation furent « Claude-Philippe Padeloup, son frère », et « Michel Padeloup, maître relieur, son oncle ». L’acte que j’abrège contient une erreur quant à l’âge de Françoise Padeloup ; elle avait, au moment de sa mort, trente-neuf ans et non trente-six, étant née le 12 février 1675. — Du Seuil avait eu de sa femme sept enfants : 1° 14 janvier 1700, Marie-Anne (le père signa : « a Dusueil ») ; 2° 18 janvier 1702, Philippe-Augustin (le père signa : « a Dusueil ») ; 3° 28 décembre 1703, Jeanne-Françoise ; 4° 2 décembre 1704, Angélique ; 5° 2 juillet 1706, Marie ; 6° 31 janvier 1708, Philippe-Augustin II ; 7° 9 avril 1709, Pierre. Du Seuil qui signa l’acte : « a duseuil » est dit presque toujours : « Relieur ou maître relieur, demeurant rue Saint-Jacques ». Le premier, Philippe-Augustin Du Seuil, mourut le 25 juillet 1705 ; Michel-Antoine Padeloup assista à son enterrement. Quant à Augustin Du Seuil, je n’ai pu savoir ni où ni à quelle époque il décéda ; l’acte de son inhumation n’est point inscrit aux registres de Saint-Severin. »

ENGUERRAND (pierre), relieur du dix-huitième siècle. On trouve ce nom dans un livre de comptes de M. le marquis de Paulmy, dont la bibliothèque est passée tout entière à l’Arsenal par suite du don généreux de son propriétaire.

Étienne Enguerrand, son fils, obtint la survivance de son père le 23 juillet 1767, dit M. Thoinan (Moniteur du Bibliophile, 1879). Avant le Pierre Enguerrand que nous venons de citer et dont le nom se trouve quelquefois écrit Anguerrand, il y avait eu déjà deux relieurs de ce nom : Anguerrand (Estienne-Louis) et Anguerrand (Jacques). Voyez Ed. Fournier.

ÈVE (les), famille de libraires-relieurs de la fin du seizième siècle et du commencement du dix-septième, « de 1578 à 1627 », dit le bibliophile Jacob ; « à 1631, disent d’autres auteurs. Le titre de relieur du Roi resta inféodé à la famille des Ève, qui exerçait à la fois la profession d’imprimeur et de libraire. »

Ils ne furent donc très-probablement ni relieurs ni doreurs par eux-mêmes, et la gloire d’avoir exécuté les merveilleuses « Fanfares » de de Thou revient aux habiles doreurs qu’ils surent employer pour décorer leurs livres, doreurs dont les noms resteront probablement inconnus comme ceux des artistes de la Renaissance. Aussi devrait-on, quand on cite un livre dans un catalogue, s’attacher bien plus à en désigner exactement le style qu’à lui attribuer une paternité le plus souvent fantaisiste. Les Ève ne furent pas seuls relieurs du Roi. Voyez Louis le Duc.

Nicolas Ève est cité comme relieur de Henri III ; Clovis, comme relieur de Henri IV et de Louis XIII ; Robert, fils de Clovis, eut en survivance de son père le titre de relieur du Roi.

HAMFIM, relieur du cardinal de Loménie de Brienne. Son nom se trouve sur un exemplaire de l’Historia Beatæ Mariæ Virginis. (Bibliothèque nationale.)

LA FERTE, relieur du dix-huitième siècle, qui travailla comme Chamot pour le duc de la Vallière. Il reliait, dit-on, les petits volumes, tandis que les grands formats étaient donnés à Chamot. La Ferté reçut en 1766 le brevet de relieur du Roi.

LE DUC (Louis). Dans les Estats de la Maison du Roi (Archives de l’Empire Z, 1341 ), A. Jal, l’auteur de l’excellent Dictionnaire critique de biographie et d’histoire, que chacun pille journellement sans le citer, a trouvé le nom de Louis Le Duc, désigné comme un des relieurs du Roi en 1598. Il a puisé à la même source qu’à cette époque Clovis Ève et Rué (sur), probablement le père de Macé Ruette et d’Antoine Ruette, qui furent relieurs de Louis XIII et de Louis XIV, avaient la charge de relieurs ordinaires du Roi.

LE MIRE (Claude), cité par M. Thoinan comme relieur du Roi de 1664 à 1698. (Moniteur du Bibliophile, 1879.)

MAUGRAS (Marin), relieur du dix-septième siècle.

MONNIER ou LE MONNIER, famille de relieurs du dix-huitième siècle. François-Laurent Lemonnier jeune, garde de sa communauté en 1744, fut relieur de la Maison d’Orléans. Un nommé Monnier, père de François-Laurent, croyons-nous, fut relieur de la Dauphine Marie-Josèphe de Saxe, mère de Louis XVI. Nous connaissons de lui quelques mosaïques couvertes de chinoiseries du plus mauvais goût.

M. Ed. Fournier a cité six membres de cette famille de relieurs. Le Monnier le jeune aida, dit-il, Dudin pour son Art du Relieur, et l’un des derniers Le Monnier se fit, sous le premier Empire, une certaine réputation comme doreur.

MOREL (Louis), cité comme relieur du Roi, en 1674, par M. Thoinan. (Moniteur du Bibliophile, 1879.)

NION (Denys), relieur du dix-septième siècle.

PADELOUP (les). Comme nous l’avons fait pour les Derome, nous empruntons au Dictionnaire de A. Jal les détails biographiques suivants sur cette famille de relieurs.

« Pasdeloup le suivit (du Seuil), puis le fameux Derome, Pasdeloup si connu, que partout on renomme, Et dont l’ouvrage, encore aujourd’hui si vanté, Par les grands amateurs sera toujours cité… »

« Ainsi parle Lesné, relieur, qui demeurait rue des Grès-Saint-Jacques, et qui, en 1820, publia un poëme sur la reliure. Ce bon M. Lesné, qui nommait le relieur célèbre Aug. Du Seuil, « Desseuil », ne connaissait pas bien l’orthographe du nom de Padeloup et y introduisait une s, très-logique assurément, mais rejetée par la famille des Padeloup, relieurs et libraires. Il ne savait rien d’ailleurs du « Padeloup si connu, que partout on renomme ». Au reste, je ne vois pas que personne en ait su plus que lui. « Il y eut sans doute plus d’un Padeloup relieur, m’écrivait un de nos bibliophiles célèbres, mais on les met tous dans un même bonnet. » Voyons. — Dès avant 1650, vivait, au quartier Saint-Jacques, un libraire nommé Antoine Padeloup, qui épousa Françoise Cusson. Il eut d’elle au moins cinq enfants : une fille, Catherine, qui devint la femme du libraire Antoine Warin, et quatre garçons : Claude, Philippe, Nicolas et Michel, qui se marièrent et firent quatre branches de Padeloup. — Philippe s’unit, le 2 avril 1674, à Étiennette Néron, veuve de Charles Mirlandon. (Saint-Benoît.) De son mariage, auquel assistèrent Nicolas et Catherine Padeloup — leur père, Antoine, était mort — et Warin, libraire, trois enfants sortirent, du 11 février 1675 au 4 octobre 1777. Françoise, l’aînée, épousa, le 19 février 1714, le relieur Augustin du Seuil. — Philippe Padeloup signait ainsi : « Philippe padeloup. »

« Nicolas Padeloup s’était marié longtemps avant Philippe. Le 16 septembre 1668, il avait épousé Jeanne Rivière, en présence de Françoise Cusson, de Claude Padeloup et de son beau-frère Warin. (Saint-Séverin.) Nicolas eut six enfants, du 22 avril 1672 au 2 juillet 1684. Nicolas Padeloup signait ordinairement « Nicolas Padeloup » ; il signa l’acte de son mariage « N. Padeloup ». — Claude Padeloup épousa, malgré sa famille et en vertu d’une sentence de l’official, le 22 septembre 1675, une fille qu’il aimait, Michelle Le Moyne. (Saint-Benoît.) Il en eut cinq enfants (7 novembre 1677, 30 décembre 1678, 7 janvier 1680, 6 janvier 1683, 26 novembre 1683). Il signait en toutes lettres : « Claude Padeloup ». — Michel Padeloup eut deux mariages. Le 9 novembre

1675, il épousa Françoise Baron. (Saint-Benoît.) Il eut d’elle dix enfants, du 27 septembre 1676 au 22 novembre 1698. (Saint-Benoît.) Devenu veuf, il prit, en secondes noces, Marie de Bierne, âgée de trente-huit ans, fille d’un maître rôtisseur. Il avait alors quarante-deux ans, selon l’acte que j’analyse ; il était né par conséquent vers 1655. Cet acte fut signé par lui, par Claude Padeloup, demeurant rue Serpente, et par Antoine Warin, rue Saint-Jacques. Philippe et Nicolas ne figurèrent point à ce mariage. (Saint-Séverin.) Michel Padeloup demeurait rue Saint-Jacques, sur Saint-Séverin ; il signait quelquefois : Padeloup, mais rarement : « M. Pade Loup », presque toujours : « Michel padeloup. »

« Michel Padeloup, relieur de livres et doreur », décéda « rue du Plâtre, âgé d’environ soixante et onze ans », et fut enterré le 2 avril 1725, en présence de son fils, Philippe Padeloup, relieur et doreur (né le 25 juillet 1680) ; d’Antoine Michel, maître relieur, son autre fils (né le 22 décembre 1685), et de Barthélemy Cellier, maître perruquier, son gendre. (Saint-Séverin.) — Sylvestre-Antoine Padeloup, maître relieur, fils de Michel, né le 27 septembre 1676, épousa Elisabeth Loir, morte bientôt après les noces ; puis, le 15 juin 1706, Madeleine Van de Velde, fille du lapidaire Michel Van de Velde. (Saint-Barthélémy.) Il demeurait rue de la Parcheminerie, où lui vinrent neuf enfants, du 11 août 1707 au …… 1717. En 1717, il alla demeurer rue Galande. Il signait d’une main très-peu exercée : « A pa de loup ». Il mourut le 15 août 1720. Sa femme décéda le 21 juin 1721, âgée de trente et un ans. (Saint-Séverin.) — Philippe II Padeloup, fils de Michel, né le 25 juillet 1680, demeurait, en 1706, avec son père et son frère Sylvestre-Antoine, rue Saint-Jacques. Il épousa Anne Lespendue, qui lui donna six enfants, du 27 février 1709 au …… 1722. Un d’eux fut tenu, le 14 juillet 1717, par Pierre Van Schuppen, graveur. (Saint-Séverin.) Philippe II mourut le 14 décembre 1754 ; il fut enterré en présence de Paul-François, son fils, maître relieur-doreur, né le 31 décembre 1711. (Saint-Séverin.) — Venons à Antoine-michel Padeloup. Fils de Michel et de Françoise Baron, il naquit le 22 décembre 1685 ; épousa, avant 1712, Marguerite Renault, et eut de ce mariage un assez grand nombre d’enfants, dont un seul, Jean, vécut une vie d’homme. — Antoine-Michel Padeloup demeura successivement rue de la Parcheminerie, rue Saint-Jacques et rue de Cluny ; il était établi dans cette dernière, lorsque, le 20 avril 1751 , il épousa, âgé de soixante-cinq ans et quatre mois, Claude Perrot, qui n’avait que dix-neuf ans et demi, et qui était née à Stainville, diocèse de Toul. (Saint-Benoît. ) L’acte dit Antoine-Michel « Relieur du Roi ». Il l’était depuis dix-huit ans. Son brevet est de l’année 1733. (Archives de l’Empire, volume E. 3419.) Je me crois fondé à penser que le Padeloup resté célèbre est celui qui eut, en 1733, le brevet de Relieur du Roi, dont je ne vois pas qu’aucun autre avant lui ait été honoré. En effet, Antoine-Michel put fort bien, âgé de trente ans quand mourut Louis XIV, briller déjà sous la Régence à côté de son père, dont il fut certainement l’élève et pendant un temps l’ouvrier. A. M. Padeloup eut de Claude Perrot plusieurs enfants (12 avril 1752, 13 octobre 1753, 13 août 1755, 9 janvier 1757, 9 janvier 1758, 27 mai 1739). Un d’eux, Jean-Antoine, fut tenu (1753) par « Jean Padeloup, « maître relieur, son frère » ; ce Jean était un fils du premier lit d’Antoine-Michel. Sans doute il continua les bonnes traditions de son père. Il était né le 3 août 1716. Antoine-Michel mourut « âgé de soixante-douze ans », dit l’acte de son inhumation, mais en réalité de soixante-douze ans et neuf mois ou environ, le 8 septembre 1758. (Saint-Benoît.) — Jean Padeloup épousa, le 26 avril 1741, Françoise Vernaut, fille d’un marchand de Senlis. Il était alors « Relieur du roi de Portugal » (Jean V) ; il demeurait rue de Cluny. Il vivait encore en 1780. (Saint-Séverin, décès de la femme de Jeanson, relieur ; 22 mars.) — Jean-Antoine Padeloup, fils d’Antoine-Michel, né le 13 octobre 1753, épousa Marie-Anne-Couette. Il était relieur à la porte Saint-Jacques. Il eut quatre enfants, et mourut, rue de la Harpe, le 2 prairial an III (20 mai 1795). — Jean-Philippe, fils de Philippe II Padeloup et d’Anne Lespendue, épousa Geneviève-Benoîte Hamerville, fille d’un relieur demeurant rue Charretière. (Saint-Hilaire.) Il eut sept enfants, du 7 août 1744 au 24 septembre 1754. Il mourut, âgé d’environ trente-deux ans, le 18 juillet 1754, six semaines avant la naissance de son dernier fils. (Saint-Hilaire.) Je m’arrête ici, non que je n’aie encore quelques détails sur les enfants de Philippe II, mais ils sont sans intérêt. Voici, quant à moi, ce que je crois de tous les Padeloup qu’on a vus nommés dans cette étude : Michel fut le relieur qui mit les armes de madame de Maintenon aux Controverses de Cordemoy (1701) ; Antoine-Michel fut relieur en titre de Louis XV et sans doute de madame de Pompadour ; Jean Padeloup fut habile, après son père Antoine-Michel. »

M. A. Heulard a retrouvé et publié dans le Moniteur du Bibliophile, n° 10, décembre 1879, l’acte de décès de Nicolas Pasdeloup et celui de sa femme :

Registres des actes de naissance, mariage et décès, appartenant aux anciennes paroisses de la ville d’Orléans, conservés et fort soigneusement classés au dépôt actuel des actes de l’état civil (hôtel de ville d’Orléans). Paroisse de Saint-Pierre-Lentin, année 1756, 7 janvier : M. Nicolas Pasdeloup, relieur de S. A. R. Mgr le duc d’Orléans, décédé le 3, après avoir reçu le sacrement de l’Extrême-Onction seulement, le malade ne nous ayant pas permis d’administrer les autres sacrements. Son corps a été inhumé au cimetière de cette ville par nous, curé soussigné, en présence de M. André Haton et M. Nicolas Meusnier, qui ont signé. — Ducamel, curé.

M. A. Heulhard ajoute qu’à l’année 1754, le 4 août, il est fait mention du décès de « madame Anne Piau, épouse de M. Nicolas Pasdeloup, relieur de Mgr le duc d’Orléans, âgée de soixante-douze ans ». (Même paroisse de Saint-Pierre-Lentin.)

PIQUÉ (Claude), relieur du roi Charles IX. Ce nom a été retrouvé par M. Lortic dans le Traicté de la peste, de la petite verolle et rougeolle, par Ambroise Paré. Paris, 1568. Page 226 :

« Et pour vous en donner vn notable exemple, i’ay bien voulu descrire cestuy cy (qui est l’un des plus esmerveillables que lon sçauroit veoir) d’une petite enfant aagée de quatre à cinq ans, fille de Claude Piqué, relieur des livres du Roy, demeurant rue Sainct Jacques à Paris, laquelle ayant été malade de petite verolle environ vn mois, et nature n’ayant pu surmonter la poison, luy suruinrent apossemes sur le sternon et aux ionctures des espaulles, dont la matière virulente rongea et separa entièrement les os du sternon et les epiphises des os adiutoires avec bonne portion de la teste de l’omoplate : ce que n’ ay vu seul, ains avec moy monsieur maistre Marc Myron, médecin du Roy, etc. »

PIGORREAU, doreur du dix-septième siècle. Voyez, dans Ed. Fournier, ses débats avec la corporation des relieurs.

PRODHOMME DE SAINTAINVILLE (Jacques), relieur du dix-septième siècle, cité par M. Thoinan.

ROFFECT (Estienne). On lit dans une des Notices rédigées à l’occasion de l’Exposition de manuscrits, imprimés, reliures, organisée en 1878 à la Bibliothèque nationale, le renseignement suivant concernant ce relieur de François IEr, département des Manuscrits :

243. Livre des quatre Évangiles, de la seconde moitié du neuvième siècle, dont plusieurs grandes initiales rappellent celles de la seconde Bible de Charles le Chauve, et dans lequel les paroles de Jésus-Christ sont tracées en lettres d’or. Ce livre, qu’on a parfois improprement nommé les Évangiles de François II, a été relié vers l’année 1538 par Étienne Roffect, dit Le Faulcheur, libraire et relieur ordinaire du Roi ; une pièce de comptabilité le désigne en ces termes : « Un evangelier, relié et doré par icelluy Le Faucheux, écript de lettres d’or et d’ancre. » (Latin 257.)

Le surnom de Le Faulcheux ou Le Faulcheur ne s’applique pas à un membre seul de la famille des Roffect, mais à toute une branche de cette famille.

Le bibliophile Jacob cite comme ayant été relieur de François IEr « le savant libraire Guillaume Eustace, qui devint libraire et relieur de l’Université en 1508, libraire et relieur du Roi en 1520 ». Il est probable que ce savant libraire passait son temps à corriger des textes, et non à relier des livres.

RUETTE (les), famille de libraires-relieurs du seizième et du dix-septième siècle. Le plus anciennement cité, Rué (sic) (voyez Dictionnaire de A. Jal), était l’un des relieurs de Henri IV ; une pièce le mentionne en même temps que Louis Le Duc et Ève. (Voyez ces noms.) Macé Ruette fut relieur de Louis XIII, et Antoine Ruette obtint, sous Louis XIV, le brevet de re lieur du Roi.

SUREAU (Pierre-François). M. Thoinan dit n’avoir rencontré qu’une seule fois ce nom (1736), dont nous ignorions absolument l’existence.

TESSIER, relieur du dix-huitième siècle. Nous avons vu sa carte d’adresse gravée en taille-douce ; en voici la copie : « Tessier, succesr du sr Le Monnier, seul relieur-doreur de livres de Mgr le duc d’Orléans et de sa maison, fait, place des fausses bibliothèques, fait aussi des registres et cartons pour les bureaux, rue de la Harpe, au-dessus de la rue Serpente, n° 165, à Paris. »



FIN





PARIS. — TYPOGRAPHIE DE E. PLON ET Cie, RUE GARANCIÈRE, 8.

  1. Dictionnaire critique de biographie et d’histoire. Paris, H. Plon, 1872.
  2. Voyez Catalogue Cigongne, n°151.