La Rationalité de l’absurde


De Stijlannée 4, numéro 4 (p. 51-52).
LA RATIONALITÉ DE L’ABSURDE
PAR RENÉE DUNAN.

Je voudrais bien voir les gens intelligents s’apercevoir de leur sottise. Non pas que j’espère assister à la conversion de ces Romains qui abandonnaient, dit l’histoire, de fortes soldes pour mendier, selon le rite instauré par les disciples du Nazaréen. Ce sont là choses que l’humanité ne reverra plus. Seulement désirerais-je assister aux casuistiques par lesquelles les gens d’esprits relieraient leur sottise authentique à leur hypothétique intellection. C’est, je crois, en tel événement que s’avérerait la royauté de cette seule antiphysis qui ne consente à logiciser, je veux dire la Dadasie.

On est roi lorsqu’on a des humeurs froides, des intestins paléolithiques et du prestige.

On est roi aussi quand on peut, sans se voir contraint à payer les frais d’obsèques, transformer quelques cuistres en écumoires — beau symbole — par l’action pertuissante d’objets appointés = épées, lances, pâte de guimauve (congelée au Zéro absolu) et arguments philosophiques trempés à Tolède par feu Sahagum le vieux. Nul ne vaurait, sans dadaloguer, ce qui ferait fâcheusement sembler au catoblepas, refuser à sa majesté Dada, zéro, roi, gynandre et antignoste, toutes vertus utiles à l’infudibulation si sa majesté — à la suite — Populus, consent en grâce à se retourner, de ce qu’il me faut appeler la Basilice Dadaque.

Que les goitreux, députés, cunnilinges, oblants, sous-officiers du train et pandours de ville veuillent quelque jour se consentir à eux mêmes sans nausées, il faut renoncer à l’attendre. À dire vrai l’ipécacuanha saurait hâter l’heure gente. Mais peut-on polluer un vomotif, dernier symbole de l’elle-même-sagesse, jusqu’à licencier soit la plèbe, soit les aristoï qui font perdure à la seringue le sang de Jeanne d’Arc, (lorsqu’elle fut mariée au chevalier des Armoires, après des déboires connus qui lui roussirent même la couenne, selon les historiens ?) peut-on offrir cela comme une simple légion d’honneur ?

Tout est controversable, c’est à dire également imbu de sonore et graphiques inanité, donc guste, donc royal, donc vésanosophe.

Il faut prendre parti, c’est à dire faire comprendre au mob en quoi Dada seul le peut sauver, puisqu’il le voue aux barathres de la Zéroïte.

Être zéro ce soit sous le morphisme circulaire ou sous l’aspect de la colonne thermométrique, attentive à ne pas se fourvoyer aux vers-à-soie, non plus qu’au congel du Cenzoate de Mercure, être Zéro est, de toute évidence le dernier mot des sagesses.

Divaguer même ne suffit, moins encore d’accoler le verbe négatif à son ombre positive pour idéer, une contradiction plus musclée.

Ce qu’il faut, c’est régner, c’est donner, devant la scurrilité asine de pandemos, l’imperatoras à Dada. Pour ce me semble urgescent de faire voracer aux bipèdes grandiloques la conviction d’une irrémédiable imbécilité. Alors dans l’ictus cerebro spinas ou crévera le vieux monde. Dada, imperator pourra faire enfin luire l’obscure paraphyse de sa négativité, et la vivre, tandisque la Marseillaise, premier poème dadaïque triomphera d’un orchestre recruté exclusivement de paralytiques généraux. Et l’âge d’or sera venue, pour peu que point n’attende encore le déluge.