Dentu (p. 38-39).


VI.


Je demeurai dans cet état inconscient pendant plusieurs semaines, selon notre manière de mesurer le temps. Quand je revins à moi, j’étais dans une chambre étrange, mon hôte et toute sa famille étaient réunis autour de moi et, à mon extrême étonnement, la fille de mon hôte m’adressa la parole dans ma langue maternelle, avec un léger accent étranger.

— Comment vous trouvez-vous ? — me demanda-t-elle.

Je fus quelques minutes avant de pouvoir surmonter ma surprise et dire : —

— Vous savez ma langue ?… Comment ?… Qui êtes-vous ?…

Mon hôte sourit et fit signe à l’un de ses fils qui prit alors sur la table un certain nombre de feuilles minces de métal sur lesquelles étaient tracés différents dessins : une maison, un arbre, un oiseau, un homme, etc.

Dans ces dessins, je reconnus ma manière. Sous chaque figure était écrit son nom dans ma langue et de ma main ; et au-dessous, dans une autre écriture, un mot que je ne pouvais pas lire.

— C’est ainsi que nous avons commencé, — me dit mon hôte, — et ma fille Zee, qui appartient au Collège des Sages, a été votre professeur et le nôtre.

Zee plaça alors devant moi d’autres feuilles sur lesquelles étaient écrits de ma main, d’abord des mots, puis des phrases. Sous chaque mot et chaque phrase se trouvaient des caractères étranges tracés par une autre main. Je compris peu à peu, en rassemblant mes idées, qu’on avait ainsi créé un grossier dictionnaire. L’avait-on fait pendant que je dormais ?

— En voilà assez, — dit Zee d’un ton d’autorité. — Reposez-vous et mangez.