La Place royale
Œuvres de P. Corneille, Texte établi par Ch. Marty-LaveauxHachettetome II (p. 225-238).
Acte II  ►

ACTE I.


Scène première.

ANGÉLIQUE, PHYLIS.
ANGÉLIQUE.

Ton frère, je l’avoue, a beaucoup de mérite[1] ;
Mais souffre qu’envers lui cet éloge m’acquitte,
Et ne m’entretiens plus des feux qu’il a pour moi.

PHYLIS.

C’est me vouloir prescrire une trop dure loi.
5Puis-je, sans étouffer la voix de la nature,
Dénier mon secours aux tourments qu’il endure ?
Quoi ! tu m’aimes, il meurt, et tu peux le guérir[2],
Et sans t’importuner je le verrois périr !
Ne me diras-tu point que j’ai tort de le plaindre ?

ANGÉLIQUE.

10C’est un mal bien léger qu’un feu qu’on peut éteindre[3].

PHYLIS.

Je sais qu’il le devroit, mais avec tant d’appas[4],
Le moyen qu’il te voie et ne t’adore pas ?
Ses yeux ne souffrent point que son cœur soit de glace ;
On ne pourroit aussi m’y résoudre, en sa place[5] ;
15Et tes regards, sur moi plus forts que tes mépris,
Te sauroient conserver ce que tu m’aurois pris.

ANGÉLIQUE.

S’il veut garder encor cette humeur obstinée[6],
Je puis bien m’empêcher d’en être importunée,
Feindre un peu de migraine, ou me faire celer :
20C’est un moyen bien court de ne lui plus parler ;
Mais ce qui m’en déplaît et qui me désespère[7],
C’est de perdre la sœur pour éviter le frère,
Et me violenter à fuir ton entretien[8],
Puisque te voir encor c’est m’exposer au sien.
25Du moins, s’il faut quitter cette douce pratique[9],
Ne mets point en oubli l’amitié d’Angélique,
Et crois que ses effets auront leur premier cours[10]
Aussitôt que ton frère aura d’autres amours.

PHYLIS.

Tu vis d’un air étrange et presque insupportable.

ANGÉLIQUE.

30Que toi-même pourtant dois trouver équitable[11] ;

Mais la raison sur toi ne sauroit l’emporter :
Dans l’intérêt d’un frère on ne peut l’écouter.

PHYLIS.

Et par quelle raison négliger son martyre ?

ANGÉLIQUE.

Vois-tu, j’aime Alidor, et c’est assez te dire[12].
35Le reste des mortels pourroit m’offrir des vœux,
Je suis aveugle, sourde, insensible pour eux ;
La pitié de leurs maux ne peut toucher mon âme
Que par des sentiments dérobés à ma flamme.
On ne doit point avoir des amants par quartier ;
40Alidor a mon cœur, et l’aura tout entier ;
En aimer deux, c’est être à tous deux infidèle.

PHYLIS.

Qu’Alidor seul te rende à tout autre cruelle,
C’est avoir pour le reste un cœur trop endurci.

ANGÉLIQUE.

Pour aimer comme il faut, il faut aimer ainsi.

PHYLIS.

45Dans l’obstination où je te vois réduite,
J’admire ton amour, et ris de ta conduite.
Fasse état qui voudra de ta fidélité,
Je ne me pique point de cette vanité ;
Et l’exemple d’autrui m’a trop fait reconnoître[13]
50Qu’au lieu d’un serviteur c’est accepter un maître.
Quand on n’en souffre qu’un, qu’on ne pense qu’à lui,
Tous autres entretiens nous donnent de l’ennui ;
Il nous faut de tout point vivre à sa fantaisie,
Souffrir de son humeur, craindre sa jalousie,

55Et de peur que le temps n’emporte ses ferveurs[14],
Le combler chaque jour de nouvelles faveurs ;
Notre âme, s’il s’éloigne, est chagrine, abattue[15] ;
Sa mort nous désespère et son change nous tue,
Et de quelque douceur que nos feux soient suivis,
60On dispose de nous sans prendre notre avis ;
C’est rarement qu’un père à nos goûts s’accommode,
Et lors juge quels fruits on a de ta méthode.
Pour moi, j’aime un chacun, et sans rien négliger,
Le premier qui m’en conte a de quoi m’engager :
65Ainsi tout contribue à ma bonne fortune ;
Tout le monde me plaît, et rien ne m’importune.
De mille que je rends l’un de l’autre jaloux,
Mon cœur n’est à pas un, et se promet à tous[16] ;
Ainsi tous à l’envi s’efforcent à me plaire ;
70Tous vivent d’espérance, et briguent leur salaire ;
L’éloignement d’aucun ne sauroit m’affliger,
Mille encore présents m’empêchent d’y songer.
Je n’en crains point la mort, je n’en crains point le change ;
Un monde m’en console aussitôt ou m’en venge[17].
75Le moyen que de tant et de si différents
Quelqu’un n’ait assez d’heur pour plaire à mes parents ?
Et si quelque inconnu m’obtient d’eux pour maîtresse[18],
Ne crois pas que j’en tombe en profonde tristesse :

Il aura quelques traits de tant que je chéris,
80Et je puis avec joie accepter tous maris.

ANGÉLIQUE.

Voilà fort plaisamment tailler cette matière,
Et donner à ta langue une libre carrière[19].
Ce grand flux de raisons dont tu viens m’attaquer
Est bon à faire rire, et non à pratiquer.
85Simple, tu ne sais pas ce que c’est que tu blâmes,
Et ce qu’a de douceurs l’union de deux âmes ;
Tu n’éprouvas jamais de quels contentements
Se nourrissent les feux des fidèles amants.
Qui peut en avoir mille en est plus estimée,
90Mais qui les aime tous de pas un n’est aimée ;
Elle voit leur amour soudain se dissiper :
Qui veut tout retenir laisse tout échapper.

PHYLIS.

Défais-toi, défais-toi de tes fausses maximes[20] ;
Ou si ces vieux abus te semblent légitimes[21],
95Si le seul Alidor te plaît dessous les cieux,
Conserve-lui ton cœur, mais partage tes yeux :
De mon frère par là soulage un peu les plaies ;
Accorde un faux remède à des douleurs si vraies ;
Feins, déguise avec lui, trompe-le par pitié[22],
100Ou du moins par vengeance et par inimitié.

ANGÉLIQUE.

Le beau prix qu’il auroit de m’avoir tant chérie,
Si je ne le payois que d’une tromperie !
Pour salaire des maux qu’il endure en m’aimant,
Il aura qu’avec lui je vivrai franchement.

PHYLIS.

105Franchement, c’est-à-dire avec mille rudesses,
Le mépriser, le fuir, et par quelques adresses
Qu’il tâche d’adoucir… Quoi ! me quitter ainsi !
Et sans me dire adieu ! le sujet ?



Scène II.

DORASTE, PHYLIS.
DORASTE.

Et sans me dire adieu ! le sujet ?Le voici.
Ma sœur, ne cherche plus une chose trouvée :
110Sa fuite n’est l’effet que de mon arrivée ;
Ma présence la chasse, et son muet départ
A presque devancé son dédaigneux regard.

PHYLIS.

Juge par là quels fruits produit mon entremise.
Je m’acquitte des mieux de la charge commise ;
115Je te fais plus parfait mille fois que tu n’es :
Ton feu ne peut aller au point où je le mets ;
J’invente des raisons à combattre sa haine ;
Je blâme, flatte, prie, et perds toujours ma peine[23],
En grand péril d’y perdre encor son amitié,
120Et d’être en tes malheurs avec toi de moitié.

DORASTE.

Ah ! tu ris de mes maux.

PHYLIS.

Ah ! tu ris de mes maux.Que veux-tu que je fasse ?
Ris des miens, si jamais tu me vois en ta place.
Que serviroient mes pleurs ? Veux-tu qu’à tes tourments
J’ajoute la pitié de mes ressentiments ?

125Après mille mépris qu’a reçus ta folie[24],
Tu n’es que trop chargé de ta mélancolie ;
Si j’y joignois la mienne, elle t’accableroit,
Et de mon déplaisir le tien redoubleroit ;
Contraindre mon humeur me serait un supplice
130Qui me rendroit moins propre à te faire service.
Vois-tu ? par tous moyens je te veux soulager ;
Mais j’ai bien plus d’esprit que de m’en affliger.
Il n’est point de douleur si forte en un courage
Qui ne perde sa force auprès de mon visage ;
135C’est toujours de tes maux autant de rabattu :
Confesse, ont-ils encor le pouvoir qu’ils ont eu ?
Ne sens-tu point déjà ton âme un peu plus gaie ?

DORASTE.

Tu me forces à rire en dépit que j’en aie ;
Je souffre tout de toi, mais à condition
140D’employer tous tes soins à mon affection[25].
Dis-moi par quelle ruse il faut…

PHYLIS.

Dis-moi par quelle ruse il faut…Rentrons, mon frère :
Un de mes amants vient, qui pourroit nous distraire[26].



Scène III.

CLÉANDRE.

Que je dois bien faire pitié
De souffrir les rigueurs d’un sort si tyrannique !
145J’aime Alidor, j’aime Angélique ;
Mais l’amour cède à l’amitié,
Et jamais on n’a vu sous les lois d’une belle[27]
D’amant si malheureux, ni d’ami si fidèle.

Ma bouche ignore mes desirs,
150Et de peur de se voir trahi par imprudence,
Mon cœur n’a point de confidence
Avec mes yeux ni mes soupirs :
Tous mes vœux sont muets, et l’ardeur de ma flamme[28]
S’enferme tout entière au-dedans de mon âme.

155Je feins d’aimer en d’autres lieux ;
Et pour en quelque sorte alléger mon supplice,
Je porte du moins mon service
À celle qu’elle aime le mieux.
Phylis, à qui j’en conte, a beau faire la fine ;
160Son plus charmant appas[29], c’est d’être sa voisine.

Esclave d’un œil si puissant,
Jusque-là seulement me laisse aller ma chaîne,
Trop récompensé, dans ma peine,
D’un de ses regards en passant.
165Je n’en veux à Phylis que pour voir Angélique,
Et mon feu, qui vient d’elle, auprès d’elle s’explique.


Ami, mieux aimé mille fois,
Faut-il, pour m’accabler de douleurs infinies,
Que nos volontés soient unies
170Jusqu’à faire le même choix[30] ?
Viens quereller mon cœur d’avoir tant de foiblesse
Que de se laisser prendre au même œil qui te blesse.

Mais plutôt vois te préférer
À celle que le tien préfère à tout le monde,
175Et ton amitié sans seconde
N’aura plus de quoi murmurer.
Ainsi je veux punir ma flamme déloyale ;
Ainsi…



Scène IV.

ALIDOR, CLÉANDRE.
ALIDOR.

Ainsi…Te rencontrer dans la place Royale,
Solitaire, et si près de ta douce prison,
180Montre bien que Phylis n’est pas à la maison.

CLÉANDRE.

Mais voir de ce côté ta démarche avancée
Montre bien qu’Angélique est fort dans ta pensée.

ALIDOR.

Hélas ! c’est mon malheur : son objet trop charmant,
Quoi que je puisse faire, y règne absolument.

CLÉANDRE.

185De ce pouvoir peut-être elle use en inhumaine ?

ALIDOR.

Rien moins, et c’est par là que redouble ma peine :

Ce n’est qu’en m’aimant trop qu’elle me fait mourir ;
Un moment de froideur, et je pourrois guérir ;
Une mauvaise œillade, un peu de jalousie,
190Et j’en aurois soudain passé ma fantaisie :
Mais las ! elle est parfaite, et sa perfection
N’approche point encor de son affection[31] ;
Point de refus pour moi, point d’heures inégales ;
Accablé de faveurs à mon repos fatales[32],
195Sitôt qu’elle voit jour à d’innocents plaisirs,
Je vois qu’elle devine et prévient mes desirs ;
Et si j’ai des rivaux, sa dédaigneuse vue
Les désespère autant que son ardeur me tue.

CLÉANDRE.

Vit-on jamais amant de la sorte enflammé,
200Qui se tînt malheureux pour être trop aimé ?

ALIDOR.

Comptes-tu mon esprit entre les ordinaires ?
Penses-tu qu’il s’arrête aux sentiments vulgaires ?
Les règles que je suis ont un air tout divers ;
Je veux la liberté dans le milieu des fers[33].
205Il ne faut point servir d’objet qui nous possède ;
Il ne faut point nourrir d’amour qui ne nous cède ;
Je le hais, s’il me force : et quand j’aime, je veux
Que de ma volonté dépendent tous mes vœux,
Que mon feu m’obéisse au lieu de me contraindre ;
210Que je puisse à mon gré l’enflammer et l’éteindre[34],
Et toujours en état de disposer de moi,
Donner, quand il me plaît et retirer ma foi.
Pour vivre de la sorte Angélique est trop belle :

Mes pensers ne sauroient m’entretenir que d’elle[35] ;
215Je sens de ses regards mes plaisirs se borner ;
Mes pas d’autre côté n’oseroient se tourner[36] ;
Et de tous mes soucis la liberté bannie
Me soumet en esclave à trop de tyrannie[37].
J’ai honte de souffrir les maux dont je me plains,
220Et d’éprouver ses yeux plus forts que mes desseins.
Je n’ai que trop langui sous de si rudes gênes[38] :
À tel prix que ce soit, il faut rompre mes chaînes[39],
De crainte qu’un hymen, m’en ôtant le pouvoir,
Fît d’un amour par force un amour par devoir.

CLÉANDRE.

225Crains-tu de posséder un objet qui te charme[40] ?

ALIDOR.

Ne parle point d’un nœud dont le seul nom m’alarme.
J’idolâtre Angélique : elle est belle aujourd’hui,
Mais sa beauté peut-elle autant durer que lui ?
Et pour peu qu’elle dure, aucun me peut-il dire
230Si je pourrai l’aimer jusqu’à ce qu’elle expire[41] ?
Du temps, qui change tout, les révolutions
Ne changent-elles pas nos résolutions ?
Est-ce[42] une humeur égale et ferme que la nôtre ?
N’a-t-on point d’autres goûts en un âge qu’en l’autre[43] ?
235Juge alors le tourment que c’est d’être attaché,

Et de ne pouvoir rompre un si fâcheux marché.
Cependant Angélique, à force de me plaire,
Me flatte doucement de l’espoir du contraire ;
Et si d’autre façon je ne me sais garder,
240Je sens que ses attraits m’en vont persuader[44].
Mais puisque son amour me donne tant de peine,
Je la veux offenser pour acquérir sa haine,
Et mériter enfin un doux commandement[45]
Qui prononce l’arrêt de mon bannissement.
245Ce remède est cruel, mais pourtant nécessaire :
Puisqu’elle me plaît trop, il me faut lui déplaire[46].
Tant que j’aurai chez elle encor le moindre accès,
Mes desseins de guérir n’auront point de succès.

CLÉANDRE.

Étrange humeur d’amant !

ALIDOR.

Étrange humeur d’amant ! Étrange, mais utile.
250Je me procure un mal pour en éviter mille.

CLÉANDRE.

Tu ne prévois donc pas ce qui t’attend de maux,
Quand un rival aura le fruit de tes travaux ?
Pour se venger de toi, cette belle offensée
Sous les lois d’un mari sera bientôt passée[47] ;
255Et lors, que de soupirs et de pleurs répandus
Ne te rendront aucun de tant de biens perdus !

ALIDOR.

Dis mieux, que pour rentrer dans mon indifférence[48],

Je perdrai mon amour avec mon espérance,
Et qu’y trouvant alors sujet d’aversion,
260Ma liberté naîtra de ma punition.

CLÉANDRE.

Après cette assurance, ami, je me déclare.
Amoureux dès longtemps d’une beauté si rare,
Toi seul de la servir me pouvois empêcher ;
Et je n’aimois Phylis que pour m’en approcher.
265Souffre donc maintenant que pour mon allégeance,
Je prenne, si je puis, le temps de sa vengeance ;
Que des ressentiments qu’elle aura contre toi
Je tire un avantage en lui portant ma foi,
Et que cette colère en son âme conçue[49]
270Puisse de mes desirs faciliter l’issue[50].

ALIDOR.

Si ce joug inhumain, ce passage trompeur,
Ce supplice éternel, ne te fait point de peur,
À moi ne tiendra pas que la beauté que j’aime
Ne me quitte bientôt pour un autre moi-même.
275Tu portes en bon lieu tes desirs amoureux ;
Mais songe que l’hymen fait bien des malheureux.

CLÉANDRE.

J’en veux bien faire essai ; mais d’ailleurs, quand j’y pense[51],
Peut-être seulement le nom d’époux t’offense,
Et tu voudrois[52] qu’un autre…

ALIDOR.

Et tu voudrois qu’un autre…Ami, que me dis-tu[53] ?

280Connois mieux Angélique et sa haute vertu ;
Et sache qu’une fille a beau toucher mon âme,
Je ne la connois plus dès l’heure qu’elle est femme.
De mille qu’autrefois tu m’as vu caresser,
En pas une un mari pouvoit-il s’offenser ?
285J’évite l’apparence autant comme le crime ;
Je fuis un compliment qui semble illégitime ;
Et le jeu m’en déplaît, quand on fait à tous coups
Causer un médisant et rêver un jaloux.
Encor que dans mon feu mon cœur ne s’intéresse,
290Je veux pouvoir prétendre où ma bouche l’adresse,
Et garder, si je puis, parmi ces fictions,
Un renom aussi pur que mes intentions.
Ami, soupçon à part, et sans plus de réplique[54],
Si tu veux en ma place être aimé d’Angélique,
295Allons tout de ce pas ensemble imaginer
Les moyens de la perdre et de te la donner,
Et quelle invention sera la plus aisée.

CLÉANDRE.

Allons. Ce que j’ai dit n’étoit que par risée.


FIN DU PREMIER ACTE.



  1. Var. Ton frère eût-il encor cent fois plus de mérite,
    Tu reçois aujourd’hui ma dernière visite,
    Si tu m’entretiens plus des feux qu’il a pour moi.
    PHYL. Vraiment tu me prescris une fâcheuse loi.
    Je ne puis, sans forcer celles de la nature, (1637-57)
  2. Var. Tu m’aimes, il se meurt, et tu le peux guérir,
    Et sans t’importuner je le lairrois périr !
    Me défendras-tu point à la fin de le plaindre ? (1637-57)
  3. Var. Le mal est bien léger d’un feu qu’on peut éteindre. (1637)
  4. Var. Il le devroit du moins, mais avec tant d’appas. (1637-57)
  5. Var. Aussi ne pourroit-on m’y résoudre en sa place. (1637-57)
  6. Var. S’il vit dans une humeur tellement obstinée. (1637-57)
  7. Var. Mais ce qui me déplaît et qui me désespère. (1637-60)
  8. Var. Rompre notre commerce et fuir ton entretien. (1637-57)
  9. Var. Que s’il me faut quitter cette douce pratique. (1637-57)
  10. Var. Sûre que ses effets auront leur premier cours
    Aussitôt que ton frère éteindra ses amours. (1637-57)
  11. Var. Que toi-même pourtant trouverois équitable. (1637-57)
  12. Var. Vois-tu, j’aime Alidor, et cela c’est tout dire. (1637-57)
  13. Var. On a peu de plaisirs quand un seul les fait naître :
    Au lieu d’un serviteur, c’est accepter un maître.
    Dans les soins éternels de ne plaire qu’à lui,
    Cent plus honnêtes gens nous donnent de l’ennui. (1637)
  14. Var. Et de peur que le temps ne lâche ses ferveurs. (1637)
  15. Var. Notre âme, s’il s’éloigne, est de deuil abattue. (1637-57)
  16. Var. Mon cœur n’est à pas un en se donnant à tous ;
    Pas un d’eux ne me traite avecque tyrannie,
    Et mon humeur égale à mon gré les manie :
    Je ne fais pas à un tenir lieu de mignon,
    Et c’est à qui l’aura dessus son compagnon.
    Ainsi tous à l’envie s’efforcent de me plaire (a). (1637-57)

    (a) Les éditions de 1637-48 donnent : à me plaire, comme l’édition de 1682.

  17. Les éditions de 1644, de 1652 et de 1657 portent, par erreur sans doute, on m’en venge.
  18. Var. Et si leur choix fantasque un inconnu m’allie,
    Ne crois pas que pourtant j’entre en mélancolie. (1635)
  19. Var. Et donner à ta langue une longue carrière. (1637-60)
  20. Var. Défais-toi, défais-toi de ces fausses maximes. (1635-52 et 57)
  21. Var. Ou si pour leur défense, aveugle, tu t’animes. (1637-57)
  22. Var. Trompe-le, je t’en prie, et sinon par pitié,
    Pour le moins par vengeance ou par inimitié. (1637-57)
  23. Var. Je blâme, flatte, prie, et n’y perds que ma peine. (1637)
  24. Var. Après mille mépris reçus de ta maîtresse,
    Tu n’es que trop chargé de ta seule tristesse. (1637)
  25. Var. [D’employer tous tes soins à mon affection.]
    PHYL. Non pas tous : j’en retiens pour moi quelque partie
    DOR. Il étoit grand besoin de cette repartie ;
    Ne ris plus, et regarde après tant de discours
    Par où tu me pourras donner quelque secours ;
    [Dis-moi par quelle ruse il faut…] (1637)
  26. Var. Un de mes amants vient, qui nous pourroit distraire. (1637-57)
  27. Var. Et l’on n’a jamais vu sous les lois d’une belle. (1637-57)
  28. Var. Mes vœux pour sa beauté sont muets, et ma flamme,
    Non plus que son objet, ne sort point de mon âme. (1637-57)
  29. Corneille ne distingue pas par l’orthographe appât (appâts) et appas, dont nous faisons deux mots. Il écrit appas dans tous les sens, tant au singulier qu’au pluriel.
  30. Var. Jusques à faire un même choix ?
    Viens quereller mon cœur, puisque en son peu d’espace
    Ta maîtresse après toi peut trouver quelque place. (1637-57)
  31. Var. N’est pourtant rien auprès de son affection. (1637-57)
  32. Var. Accablé de faveurs à mon aise fatales,
    Partout où son honneur peut souffrir mes plaisirs. (1635-57)
  33. Var. Je veux que l’on soit libre au milieu de ses fers. (1637-57)
  34. Var. Que je puisse à mon gré l’augmenter et l’éteindre. (1637-57)
  35. Var. Mes pensers n’oseroient m’entretenir que d’elle. (1635-55)
  36. Var. Mes pas d’autre côté ne s’oseroient tourner. (1637-57)
  37. Var. Fait trop voir ma foiblesse avec sa tyrannie. (1637-57)
  38. Var. Mais sans plus consentir à de si rudes gênes,
    À tel prix que ce soit, je veux rompre mes chaînes. (1637-57)
  39. Var. À quel prix que ce soit, il faut rompre mes chaînes. (1660)
  40. Var. Crains-tu de posséder ce que ton cœur adore ?
    ALID. Ah ! ne me parle point d’un lien que j’abhorre.
    Angélique me charme : elle est belle aujourd’hui. (1637-57)
  41. Var. Si je pourrai l’aimer jusqu’à ce qu’elle empire. (1637-57)
  42. L’édition de 1637 porte, par erreur : être, pour est-ce.
  43. Var. Un âge hait-il pas souvent ce qu’aimoit l’autre ? (1637-57)
  44. Var. Ses appas sont bientôt pour me persuader. (1637-57)
  45. Var. Et pratiquer enfin un doux commandement. (1637)
    Var. Pour en tirer par force un doux commandement. (1644-57)
  46. Var. Puisqu’elle me plaît trop, il me lui faut déplaire.
    Tant que j’aurai chez elle encore quelque accès. (1637-55)
  47. Var. Sous le joug d’un mari sera bientôt passée ;
    Et lors, que de soupirs et de pleurs épandus. (1637-57)
  48. Var. Mais dis que pour rentrer dans mon indifférence. (1637-57)
  49. Var. Et que dans la colère en son âme conçue. (1637-57)
  50. Var. Je puisse à mes amours faciliter l’issue. (1637)
    Var. Je puisse à mon amour faciliter l’issue. (1644-57)
  51. Var. Poussons à cela près ; mais aussi, quand j’y pense. (1637)
    Var. Faisons à cela près : mais aussi, quand j’y pense. (1644-57)
  52. L’édition de 1682 porte : « Et tu voulois, » ce qui est probablement une erreur. Toutes les autres impressions ont voudrois.
  53. Var. Et tu voudrois qu’un autre eût cette qualité
    Pour après… ALID. Je t’entends : sois sûr de ce côté ;
    Outre que ma maîtresse, aussi chaste que belle,
    De la vertu parfaite est l’unique modèle,
    Et que le plus aimable et le plus effronté
    Entreprendroit en vain sur sa pudicité,
    Les beautés d’une fille ont beau toucher mon âme. (1637-57)
  54. Var. Ami, soupçon à part, avant que le jour passe,
    D’Angélique pour toi gagnons la bonne grâce,
    Et de ce pas allons ensemble consulter
    Des moyens qui pourront t’y mettre et m’en ôter. (1637-57)