Louis Janet (p. 12-13).


RONDEL.


 « De peur du loup n’alez oncques seulette ! »
Tant me le dist ma mère, qu’ocondrois[1]
Trembloy toujours, sans[2] que menoy fillette,
Mesme varlets, aux champs et dans les bois,
Chasque printemps cueillir la violette.

Suivy d’un loup, privé comme levrette,
Droit au chastel vint pour la prime fois
Mon bel ami : pensay m’enfuir, nicette[3],
      De peur du loup.

M’accosta brief[4] : au sien parler courtois,
Cuiday-je oyr dieutelet[5] d’amourette ;
Voulus respondre, et ne treuvay de voix ;

Tremble plus fort depuis que ne le vois ;
Mais ce n’est plus (l’ay trop senti, povrette !)
      De peur du loup.


Clotilde de Surville.
  1. Autrefois.
  2. À moins que je ne menasse.
  3. Niaise, enfant.
  4. Promptement.
  5. Petit dieu.