La Négresse blonde (recueil)/Pseudo-sonnet africain et gastronomique
PSEUDO-SONNET
AFRICAIN ET GASTRONOMIQUE
OU
(PLUS SIMPLEMENT)
REPAS DE FAMILLE
Prenez et mangez : ceci est mon corps.
Au bord du Loudjiji qu’embaument les arômes
des toumbos le bon roi Makoko[1] s’est assis.
Un m’gannga tatoua de zigzags polychromes
sa peau d’un noir vineux tirant sur le cassis.
Il fait nuit : les m’pafous ont des senteurs plus frêles ;
sourd, un marimeba vibre en des temps égaux ;
des alligators d’or grouillent parmi les prêles
un vent léger courbe la tête des sorghos ;
et le mont Koungoua rond comme une bedaine,
sous la Lune aux reflets pâles de molybdène,
se mire dans le fleuve au bleuâtre circuit.
Makoko reste aveugle à tout ce qui l’entoure :
avec conviction ce potentat savoure
un bras de son grand-père et le juge trop cuit.
- ↑ Makoko, souverain anthropophage, mais constitutionnel de l’Afrique Centrale.
(Note de l’Auteur.)