BIJOUX

Je n’ai jamais eu de bijoux,
Ni bagues ni chaîne au poignet,
Ce sont choses mal vues chez nous ;
Mais on m’a mis la chaîne aux pieds.

On dit que ce n’est pas viril,
Les bijoux sont faits pour les filles :
Aujourd’hui comment se fait-il
Qu’on m’ait mis la chaîne aux chevilles ?

Il faut croire toutes choses,
Être curieux du nouveau ;
Étrange est l’habit qu’on m’impose
Et bizarre le double anneau.

Le mur est froid, la soupe est maigre
Mais je marche, ma foi, très fier,
Tout résonnant comme un roi nègre
Paré de ses bijoux de fer.

29 janvier 1945.