La Mort de notre chère France en Orient/47

Calmann-Lévy (p. 241-242).


XLVII

LETTRE D’UN FRANÇAIS DE CONSTANTINOPLE


Constantinople, le 14 juin 1920.
Commandant,

Je vous envoie en hâte un mot pour vous dire que j’ai confié à un ami une lettre de Son Altesse qui vous parviendra sans doute en même temps que celle-ci.

J’ai d’autre part fait remettre à son adresse la lettre de S. E. Razi bey.

Son Altesse doit vous entretenir des événements actuels. La situation est parfaitement résumée d’ailleurs dans l’article du Temps du 25 mai.

La politique de violence des Anglais a fait un fiasco complet. Ah ! Si nous voulions nous entendre avec les nationalistes ! Si les Français voulaient enfin comprendre que ce sont les imposteurs levantins qui identifient la cause nationaliste et celle d’Enver et des Boches, et que les nationalistes, même s’ils sont en certains endroits nos adversaires, ont droit à notre respect, parce que ce sont les seuls Turcs qui aiment et défendent leur patrie. Ces titres-là, la France généreuse et libre les a toujours admis.

Si les Français voulaient aussi comprendre que, partout où avancent le Grec et l’Arménien, reculent le prestige et les intérêts français, et que ces derniers ne peuvent se maintenir et se développer que par le maintien de la puissance turque. Un simple exemple pris entre cent : Alors qu’à Trébizonde, le vali nationaliste Hamdi bey a laissé rouvrir l’école française des frères Assomptionnistes et y envoie ses fils, à Mitylène, nos Petites Sœurs doivent fuir devant les tracasseries grecques et aller s’établir de nouveau en Anatolie nationaliste.