La Montagne (Jules Michelet)/Seconde Partie/XIII


Œuvres complètes de J. Michelet
(p. 222-234).

XIII

Notre temps peut-il remonter ?


« Le chagrin est un péché », dit la loi de l’ancienne Perse.

En croyant les maux incurables, trop souvent il les rend tels.

En pleurant la mort prochaine, il tarit la vie qui reste.

Quelques sujets légitimes que nous ayons de tristesse, je ne crois pas que la descente soit la loi définitive.


J’ai traversé trop de siècles, acquis trop d’expérience des phases alternatives où passent nos sociétés, pour descendre aussi, faiblir dans la foi et l’espérance. J’aurais perdu tout le fruit de mes deux mille ans d’histoire, si j’oubliais les réveils tout-puissants de l’âme humaine, si j’ignorais les ressources de ce foyer de vie, l’Europe. Être très riche et complet, elle possède, outre les organes de la vie habituelle, ce qu’ont les hauts animaux, des organes supplémentaires pour réparer ses ruines, relever ses défaillances, des forces imprévues, cachées, qui, dans les jours d’affaissement lui reviennent de source inconnue.

Si, d’un regard ferme et calme, on envisage le monde, on distinguera sans peine que notre décadence ne peut se comparer à celle du passé, la Chinoise ou la Byzantine, dont la stérilité fut le signe décisif. Les faiblesses du caractère n’ont pas empêché l’esprit de rester puissant, fécond. Ces faiblesses même, on peut le dire, viennent en partie de l’alibi, de l’immense éparpillement où nous mettent ces œuvres infinies, tous ces arts créés d’hier au prodigieux laboratoire de notre ancien continent.

La vigueur américaine (ce bel élan qui nous ravit, fait notre espoir, notre joie) ne m’empêche pas de croire que le haut sensorium de la terre est encore ici, dans la vieille mère Europe. Ses quatre phares réverbérés (de la France et de l’Angleterre, de l’Allemagne et de l’Italie) lui donnent par leurs rayons croisés une lumière infiniment vive pour se connaître elle-même, se pénétrer profondément, distinguer les maux, les remèdes. L’Europe est puissamment lucide. Son génie si inventif, qui perce jusqu’au fond des choses, ne peut manquer de retourner sur lui-même et de voir dans l’homme. Parmi tant d’arts qu’il a créés, un art surgira, le plus haut, celui qui refait l’âme.

Je sais que, pour celui-ci, la condition suprême (difficile) serait d’arrêter un moment la vertigineuse roue de l’activité extérieure, qui nous emporte vers tout, tient notre regard fixé hors de nous et loin de nous.

Que ne puis-je donner aux hommes qui pourraient nous renouveler, quelques-uns des jours recueillis que j’eus à Pontrésina ! Un silence singulier éteignait, amortissait tous les vains bruissements qui se mêlent à la pensée. Les sens y saisissaient tout avec plus de certitude. La transparence de l’air qui supprime les mirages de brouillards, diminue les distances, permet non seulement de voir loin, mais de voir beaucoup à la fois. On embrasse dans un grand ensemble ce qu’on voit ailleurs en détail. Une grande harmonie où tout se tient, se contrôle mutuellement, exclut bien plus l’illusion, garantit la vérité.

Elle l’enrichit et l’étend, même au delà de ce qu’on voit. Au paysage du Roseg, admirablement harmonique, je devinais, en me guidant par des analogies frappantes, certaines parties cachées, et, par l’esprit, je voyais ce que je ne voyais pas. C’est le secret de vision dont parle l’antiquité, non sans raison, mais sans pouvoir se bien l’expliquer elle-même. C’est ce qui lui faisait dire que le voyant peut percer du regard à travers les corps.

Il est bien plus difficile de pénétrer en soi-même : c’est l’effort du recueillement, c’est le but du sage antique dans son séjour sur la montagne. Là il peut se ressaisir, dégager son génie propre et du vieux sillon des routines, et de l’entraînement des foules, et de son moi intérieur, — bref, planer de soi sur soi.

L’âme se sent un infini, son initiative augmente. L’humanité même en balance pèse peu. Qui ne se souvient que le monde était d’un côté, Copernik, Galilée, de l’autre ?

Aucune des fausses grandeurs ne se soutient devant les Alpes. Aucune autorité mondaine n’y garde son faux prestige. Une seule subsiste ici : raison, vérité, conscience.

J’avais senti quelque chose de cela près du mont Blanc, lorsqu’en 1865 fut écrite la première page de ce livre. Je le retrouvai plus encore en juillet 1867, dans les heures de solitude que j’eus à Pontrésina. Quand nos voyageurs couraient le pays, faisaient leurs ascensions, moi aussi je faisais la mienne. Pour la seconde fois, cette idée, vive et nette de la montagne, me revenait à l’esprit : « Elle est une initiation. »


Il est intéressant de voir comment, peu avant le réveil de 89, le grand dix-huitième siècle reprit dans la Nature même le sentiment héroïque.

Voltaire, qu’on croyait tout art, homme de ville et de salon, aveugle pour la nature, dans ses vers au lac de Genève, poussa le premier cri (sublime). Rousseau prit le cadre des Alpes pour son Vicaire savoyard, en mit l’accent ferme, hardi, aux Lettres de la montagne.

Deux grands cœurs révolutionnaires, monsieur et madame Roland, allèrent, avant l’action, y tremper leur stoïcisme.

Les Suisses ont de belles chroniques qui racontent de grandes choses, mais ils ont trop négligé d’en consacrer la mémoire par les monuments de pierre qui pour tant de générations restent une prédication muette. Un Français, au point central où le lac des Quatre-Cantons croise ses bras héroïques, s’arrêta, y fut saisi d’un mouvement religieux, frémit d’une horreur sacrée. Ce n’était pas un roi, un prince ; ce n’était qu’un philosophe. Mais il ne put pas souffrir que les trois hommes du Rütli qui jurèrent la liberté suisse n’eussent encore aucun monument. Il resta là, leur bâtit dans une île une pyramide, qu’on y voyait encore naguère. Depuis, la foudre la brisa. Les ennemis de la liberté en ont effacé les restes. Mais ils n’effaceront pas ce beau fait et la trace qu’il laisse dans la littérature. Ce Français, homme de talent, sans génie, avait un cœur surabondant, débordant. Ce cœur, inspiré de la Suisse, y puisa l’idée du livre qui, vingt années, a été comme une bible des deux mondes.

Faible livre, mais beau souvenir. Il montre combien les cœurs, naïfs encore, en un temps que l’on croit si corrompu, trouvaient dans ces lieux leur essor. Tel, descendant de leurs glaciers, en rapportait leur âme austère. Tel, en voyant leurs pics sublimes, sentait un élan héroïque. Et tous en revenaient plus grands.

Ce souvenir contraste fort avec ce qu’on voit aujourd’hui, avec les foules mondaines, la tourbe bruyante, qui afflue l’été à Chamounix, Interlaken, qui prend d’assaut l’Oberland, qui de sa vulgarité prosaïse ces nobles déserts. Est-ce l’amour de la nature, un sens nouveau, qui tout à coup s’est développé chez eux ? Est-ce un mâle élan vers les choses hardies, dangereuses et pénibles ? On voudrait le croire. Un Tyndall, deux ou trois noms honorés, ne peuvent faire illusion. Ce que l’on voit, pour la masse, c’est que ceux qui dans leur pays gardent encore quelque tenue, respectent un peu les convenances, en Suisse se croient libres de tout.

Cessons de profaner les Alpes. N’emportons pas dans la montagne les esprits grossiers de la plaine. Tâchons que ce pèlerinage soit du moins un sursis aux vices, un moment de dignité.

Il faut les respecter, ces lieux. Le premier égard qu’on leur doit, c’est de n’y pas apporter la littérature énervante, maladive, de notre époque. Des écrivains même éminents, des génies qu’on peut admirer, par leurs artifices subtils, leur recherche, contrastent trop, sont indignes d’être lus ici. Partout ailleurs à la bonne heure. Peu de livres, je vous prie. Quelques-uns d’histoire naturelle, ou de simples et belles chroniques, c’est beaucoup. Tout livre humain est petit en présence de ce grand livre, vivant, imposant, si pur. Devant lui, tout fait pitié.

Les livres, même religieux, mystiques, ici sont de trop. Les religions spéciales ont la voix faible, souvent fausse, devant cette haute religion qui les domine, les embrasse. Dieux du monde, faites silence. Laissez-moi entendre Dieu.

La grandeur austère des Alpes, la poésie immaculée de ces vierges sublimes, doit tenir bien à distance nos faiblesses et nos romans. Il faut être bien hardi pour compter, en présence de leur éternité, sa misérable personne, apporter là ses petitesses, ses nervosités d’oisif, ces maladies qu’on devrait plutôt cacher. Que fait l’ennui d’Obermann dans ces lieux pleins d’action, dans le berceau mémorable des libertés de l’Europe, dans cette rude vie de montagne où le travail périlleux, où le travail assidu ont donné l’exemple au monde ? Entre l’exploiteur hardi des forêts et l’ouvrier infatigable de Genève, que signifient les vains rêves et les mélancolies du vide ?

L’amour est au niveau de tout, tout aussi divin que les Alpes. Je ne méconnais pas la force, la sincérité de Rousseau. Cependant qui peut à Clarens relire la Nouvelle Héloïse ? Nulle rhétorique, nul talent, ne se soutient dans un tel lieu. Trop grande y est la nature. Trop tragique y est l’histoire dans la guerre de ces deux rivages, dont par bonheur témoigne encore le cachot de Chillon.

Quelqu’un dit un mot admirable sur ce vis-à-vis unique de Meillerie et de Clarens. « Ce qu’on y sent est plus haut qu’une passion individuelle, plus que tout amour de ce monde. C’est le sens du grand, du sublime, de l’universel Amour. »

Profonde parole religieuse ! Qui la croirait de Byron (notes du IIIe chant de Childe Harold) ? Ce mot, plus que tous ses vers, est vraiment digne des Alpes.

J’ai voulu, à Meyringen, en lire, revoir son Manfred. Cela ne se pouvait pas. Cette exaltation désolante, ce faux mystère, ce faux tragique, qui n’est d’aucun lieu, d’aucun temps, détonnent en de pareils lieux. Déplorable conception d’avoir assis Némésis, la vengeance et le dieu du mal, sur ces bienfaisants glaciers qui nous donnent, avec les grands fleuves, la vie, la salubrité, la fécondité de l’Europe !

La Suisse n’est pas parfaite. Mais ce qui chez elle me semble admirable, au-dessus de tout, une vraie bénédiction, ce sont les libertés aimables dont y jouit l’enfance, ce sont ces fêtes d’enfants si douces au cœur, adorables. Entrant une fois dans Vevey, j’en vis une où des centaines d’enfants (de douze ans peut-être), des filles, des garçons pêle-mêle, avec de petits drapeaux, se promenaient par la ville en chantant, dans une sagesse, dans une liberté aussi, vraiment tout attendrissantes !

J’y voyais souvent sur les routes des petites pensions d’enfants que l’on faisait voyager. J’en rencontrai une au Splügen, une pension venue de loin, de Neuchâtel, ce me semble, qui avait traversé la Suisse. C’étaient des enfants fort jeunes, qui pourtant, sans trop de fatigue, s’en allaient ainsi à pied, chacun sous son léger bagage, faisant déjà l’apprentissage de la vie du voyageur, de ses petites aventures, heureux pour la première fois d’agir et d’être des hommes. Ils allaient, je ne dis pas sous un maître, mais avec un maître, qui gênait peu leur liberté. C’était un jeune homme sérieux qui me plut. Sa dame était avec lui, jeune aussi, agréable, attentive à tout, et qui, non sans quelque fatigue, suivait le cher petit troupeau, l’entourant et l’enveloppant de sa grâce maternelle (juillet 1867).

Rien de plus charmant, rien de plus touchant. De très bonne heure, le jeune Suisse, simplement et sobrement (quelle que puisse être sa fortune), parcourt dans tous les cantons sa belle et libre patrie, l’aime enfant, s’unit à elle de vie, d’habitude, de cœur, se lie à ses destinées.

Je crois cependant que pour ceux qui ne sont pas du pays, pour qui le voyage n’a pas ce caractère patriotique, les Alpes gagnent infiniment à être vues un peu plus tard, je veux dire dans l’adolescence. L’enfant en sent peu la grandeur. Il est beaucoup plus frappé de mille détails prosaïques et parfois insignifiants, mais surtout accidentels, non inhérents au pays, qui n’étaient là que par hasard, et en donnent une idée fausse. La forte mémoire de cet âge qui garde ineffaçablement tout ce qui s’y mit alors, conserve pour toute sa vie ces traits bizarres et de rencontre. Tel, du lieu le plus sublime, ne gardera que la mémoire du passant qu’il y trouva, un crétin, un bouffon, que sais-je ?

« Mais revues à un autre âge, les Alpes auront leur effet ? » Ne le croyez pas. Les choses restent marquées du caractère qui nous y frappa d’abord.

Les familles, aujourd’hui plus tendres qu’autrefois, se séparent moins de leurs enfants, les mènent partout avec elles. De cette chose excellente, résulte un inconvénient qu’il faut bien aussi reconnaître. L’enfant est blasé sur tout. Ce que, petit, il a connu au point de vue étroit de son âge, il le voit toujours petit, et avec indifférence. On ne trouve que jeunes messieurs, qui, menés dès la nourrice à la mer ou aux montagnes, n’y prennent plus aucun intérêt. « Les Alpes ? on m’en a bercé… L’Océan ? connu, connu ! »

Il n’est pas sans inconvénient de vouloir en un voyage parcourir tout un pays, d’embrasser tout à la fois les variétés, les contrastes, les paysages souvent opposés et discordants. Voir en une saison les Alpes, en une les Pyrénées, c’est prendre de trop grands ensembles. Les impressions confuses s’effacent, se confondent, se faussent, si elles viennent coup sur coup.

Il serait intéressant de prendre une seule montagne, d’y bien caractériser ces grandes échelles de la vie. Quoi de plus intéressant que d’en marquer chaque gradin, et dans son rapport avec l’homme et pour la nature elle-même ? L’allègement progressif de l’air, le dégagement favorable que les forêts résineuses donnent à notre électricité, l’amphithéâtre des flores diverses de degré en degré, c’est déjà une éducation. Chaque montagne est un monde, et peut être à elle seule un texte vivant des sciences.

Une étude plus mobile, très féconde, pour un esprit avancé, serait celle d’un unique fleuve, du Rhône ou du Rhin, par exemple, suivi dans tous les accidents de son cours, dans toute la variété des productions de ses rivages.

Rien ne donnerait une idée plus haute, et aussi plus saine, de la réalité des choses. On y verrait la vraie valeur de ce qui trompe et attriste dans le travail incessant des eaux pour ruiner, démolir, pour abaisser la montagne. La cascade et le ruisseau nous disent incessamment : « Qui est la mort ? Qui est la vie ?… Si nous démolissons les Alpes, c’est pour doter, féconder de nos alluvions l’Allemagne, c’est pour engraisser l’Alsace, c’est pour élever la Hollande, la défendre, la soutenir contre l’invasion de la mer. » Ainsi cette dissolution n’est rien qu’une création.

Rambert, ingénieusement, note la joie que ces éléments semblent avoir de quitter l’immobilité solitaire pour aller fraterniser avec la rive, avec la plaine. On les entend dire : « Allons !… Mourons à la vie stérile, pour entrer dans le travail, dans le cours fécond des choses. »

C’est une très funeste tendance de notre âge de se figurer que nature c’est rêverie, c’est paresse, c’est langueur. Les Bernardin de Saint-Pierre, les Chateaubriand, leurs imitateurs, n’ont que trop bien travaillé à nous énerver en ce sens. Point de vue fort opposé à celui de l’antiquité où le sage centaure, au contraire, pour donner au jeune héros le plus haut degré d’énergie, le tient aux antres des montagnes, aux vertes et fraîches forêts.

Loin de croire que la Nature, prise en sa vérité, mène aux molles faiblesses du cœur, j’en voudrais réserver les grandes et salutaires émotions à ces crises de la jeunesse où l’homme a besoin d’être soutenu. Ne croyez pas que les discours y suffisent. Gardez vos sermons, et laissez prêcher les Alpes.

Les deux grandes communions de la Montagne et de la Mer seraient très utilement réservées à ces moments. La Mer au premier éveil, au premier élan de la vie. La Montagne quand les sens ont leur crise, leur enivrement. Je voudrais à ce moment enlever l’homme à lui-même, sans vaine et froide parole, le tirer de la nature, – comment ? en le menant aux Alpes au sein de la nature même.

Je ne glacerais pas son cœur. Au contraire, je l’animerais d’une chaleur plus noble et plus haute.

Je le mènerais aux champs de Morat et de Sempach, aux mémorables batailles qui firent la liberté suisse, préparèrent celle du monde.

Je lui montrerais, aux sommets vénérables du Saint-Gothard, le point où les eaux se partagent, où les ruisseaux se disent adieu, s’en vont vers trois nations. Ces eaux, tantôt salutaires, tantôt sauvages et menaçantes, ont fait le lien des vallées, forcé les hommes d’en bas de s’entendre, de se lier, de former les fortes ligues, qui domptèrent les torrents, les fleuves, puis le torrent des Barbares, brisèrent au midi Barberousse, au nord Charles-le-Téméraire.

Ainsi la fraternité suisse, ainsi la ligue lombarde, ces grandes âmes de nations sortirent, pour ainsi dire des Alpes, furent éveillées par leurs fleuves et le mystère de leurs eaux.

Je m’arrête à ces exemples, et je n’irai pas plus loin. Dans le livre de la Montagne, j’ai fait, de chapitre en chapitre, surgir les puissances héroïques que nous puisons dans la Nature. Et maintenant, comme en voyage, derrière l’Alpe on voit se dresser encore une Alpe supérieure, je vois au delà de mon livre un autre qui commence ici : Régénération de l’espèce humaine.

Assez pour ce jour, assez. Ce petit livre, quel qu’il soit, a droit à ma reconnaissance. J’achève et je te remercie. Dans le long combat de la vie, de l’art (toujours inquiet) dans un temps de sombre attente, il m’empêcha de descendre et me retint à mi-côte. Par une heureuse alternance entre l’Histoire et la Nature, j’ai pu garder ma hauteur. Si j’avais suivi l’homme seul, la sauvage histoire de l’homme, j’aurais faibli de tristesse. Si j’avais suivi sans partage la Nature, je serais tombé (comme plus d’un aujourd’hui), dans l’insouciance du droit. J’échangeai souvent les deux mondes. Lorsque, dans l’étude humaine, l’haleine allait me manquer, je touchais Terra Mater et reprenais mon essor.

C’est tout le secret de ce livre. S’il m’a encore renouvelé, s’il m’a effacé vingt siècles, puisses-tu, jeune voyageur, qui viens avec la force entière et tout le jour devant toi, y trouver un point de départ ! Qu’il te soit un de ces sommets moyens où l’on s’arrête à l’aube, pour se reconnaître un moment, marquer le but d’un œil sûr, monter, s’élancer plus haut.