La Mode par l’Image/Hermengarde

E. Bailly
Albin Michel (p. 7-9).

Hermengarde

Fille de Foulques IV, le Rechin (le querelleur), comte d’Anjou,
Morte en 1147.

Dès le huitième siècle, la conquête de Charlemagne avait mis chez nous à la mode les habits de soie et les riches pelleteries que les marchands vénitiens apportaient de l’Orient.

Avant Foulques-le-Rechin, on faisait les souliers à la mesure du pied. Foulques, pour cacher des excroissances, se fit faire des souliers longs et pointus.

Orderic Vital, moine de Saint-Évroult, qui nous a laissé une histoire ecclésiastique, reproche aux gens de la Cour de mettre au bout de leurs pieds des queues de couleuvres. Ces queues se nommaient pigaces.

Le même auteur dit : « Un vaurien nommé Robert, de la Cour de Guillaume-le-Roux, introduisit la coutume de remplir les longues pigaces d’étoupes, et de les contourner toutes comme des cornes. Plus longues et plus recourbées, elle prirent le nom de poulaines. Il est faux qu’un cordonnier du nom de Poulain ait été l’inventeur des souliers à la poulaine. Ces souliers furent ainsi appelés à cause de leur pointe, dont la courbure ressemblait à la courbure antérieur d’un vaisseau, partie nommée poulaine.

La fille de Foulques-le-Rechin, devenue veuve étant encore jeune, prit le voile des mains de saint Bernard ; mais, avant de renoncer au monde, elle voulut se parer. Les étoffes précieuses, les perles et les pierreries brillèrent dans son ajustement comme il est facile de s’en rendre compte sur cette gravure.

Pl. ii.
Hermengarde