Paysages et paysans/La Mendiante

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LA MENDIANTE


Bissac vide, et pas un petit sou dans les poches,
La mendiante, au soir, traîne un pas de crapaud,
Comme un fantôme lent sous son mauvais capot
Que, de chaque côté, vont tirochant ses mioches.

Et puis, tout s’enténèbre. Elle tremble effarée ;
Ses petits, s’envasant, s’accrochent à ses bras,
Et, dans l’obscur opaque, au sein du limon gras,
L’horreur suprême étreint la famille égarée.

Soudain, l’ombre s’entr’ouvre aux glissantes lueurs
De la lune. La mère a souri dans ses pleurs
Au bon astre livide et jaune…

Et dit : « Personn’ n’nous fut pitoyable aujourd’hui !
C’est p’têt’ pour ça q’la lun’, dans l’si noir de la nuit,
D’un bout d’clarté nous fait l’aumône. »