La Maison de la Courtisane (recueil)/Quia Multum Amavi

QUIA MULTUM AMAVI

Cher Cœur, il me semble que le prêtre passionné, quand pour la première fois il tire du mystérieux tabernacle son Dieu emprisonné dans l’Eucharistie, et mange le pain, et boit le vin redoutable, n’éprouve pas un plus religieux effroi que je n’en sentis lorsque pour la première fois tombèrent en plein sur toi mes yeux éblouis, et lorsque pendant toute la nuit je restai à genoux à tes pieds, jusqu’à ce que tu fusses lasse d’idolâtrie.

Ah ! si tu avais eu pour moi moins d’amitié et plus d’amour pendant tous ces jours d’un été de joie et de pluie, je n’aurais pas aujourd’hui reçu en héritage la peine, je ne serais pas devenu un valet dans la maison de souffrance.

Pourtant, bien que le Remords, le sénéchal aux traits pâles qui sert l’Amour, soit sur mes talons avec toute son escorte, — je suis très heureux de t’avoir aimée, — je songe à tous les soleils qui font bleuir la véronique.