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LA MÉTÉOROLOGIE DU MOIS DE MAI

Nous ne nous bornerons point, dans notre Bulletin météorologique, à résumer les indications recueillies dans les différents observatoires, mais nous essayerons de rechercher les causes prochaines des grandes inégalités que nous serons incontestablement appelés à discerner dans les allures des saisons.

Très-rarement la fin d’avril et le commencement de mai se passent sans que l’on ait à subir un refroidissement très-sensible qu’on explique par la présence d’un essaim d’étoiles filantes alors en conjonction inférieure avec le soleil. Venant s’intercaler entre nous et l’astre qui nous éclaire, ces légions de mondes microscopiques se chauffent chaque année à nos dépens.

Ce groupe gênant, qui est cause de la mauvaise réputation de la lune rousse, paraît avoir été cette année plus abondant que d’ordinaire, car rarement la chaleur du soleil a été si notablement diminuée.

Quoique la direction générale des vents fût au sud, pendant la première décade, la température moyenne est tombée au-dessous de ce qu’elle est communément à pareille époque de l’année.

On peut en conclure que les étoiles filantes de novembre, produites par la conjonction supérieure d’une autre partie du groupe, seront peu abondantes et que l’été de la Saint-Martin, produit par leur passage, sera peu développé.

Quoi qu’il en soit, l’essaim étant passé, la température a pris une tendance marquée à l’élévation, mise en évidence par les courbes que nous avons tracées, tant de la température du jour que de celle de la nuit, mais les vents se mettant au sud ont déprimé la colonne thermométrique, tant de jour que de nuit, et l’ont fait descendre vers zéro, comme l’on peut s’en assurer.

Cette crise tardive ne pouvait être véritablement dangereuse pour la végétation, surtout cette année, où elle est remarquablement développée ; mais elle est digne d’attirer notre attention au plus haut degré. La cause de ce mouvement de recul n’est point connue avec précision. Il ne serait point extraordinaire qu’il fut dû à l’abondance des glaces polaires, manifestée par la facilité avec laquelle 29 personnes de l’équipage du Boralis ont décrit un arc de 29° de latitude, à la surface des océans parsemés de banquises gigantesques. S’il en était ainsi, ce refroidissement local serait un symptôme d’un été torride venant donner aux plantes une vigoureuse impulsion.

Nous verrons bientôt si cette conséquence d’une vue théorique se trouve ou non vérifiée.

La fin du mois de mai a coïncidé avec une période de luttes entre le courant polaire et le courant équatorial qui semble devoir triompher prochainement. Des tempêtes assez violentes ont éclaté sans que la paix ait été rétablie. Au commencement de juin, nous avons vu se former quelques orages de foudre assez violents et qu’on ne pouvait attribuer à des circonstances locales, car la chaleur de l’air n’était point assez grande pour que l’on sentît le bien-être accompagnant ordinairement l’arrivée des orages à la fin du printemps et surtout dans le cours de l’été.

W. de Fonvielle.