Amyot (p. 192-204).

XVIII.

La délibération.

Il faut avoir soi-même vécu longtemps loin des êtres que l’on chérit, séparé d’eux par d’incommensurables distances sans espoir de les revoir jamais, pour comprendre les émotions douces et douloureuses à la fois qu’éprouva Valentin en revoyant sa mère.

Nous, dont la plus grande partie de la vie s’est écoulée dans les déserts du nouveau monde, au milieu des hordes sauvages qui les habitent, parlant des langues qui n’avaient avec la nôtre aucune espèce de ressemblance, astreint à des coutumes en complet désaccord avec celles de notre pays, nous nous souvenons de l’attendrissement qui s’emparait de nous lorsque parfois un voyageur égaré prononçait devant nous ce nom sacré si cher à notre cœur, la France !

C’est-à-dire la famille, la joie, le bonheur, trois mots qui résument l’existence humaine.

Oh ! l’exil est pire que la mort.

C’est une plaie toujours vive, et toujours saignante que le temps, au lieu d’amoindrir, ne fait qu’augmenter à chaque heure, à chaque minute, à chaque seconde, et change enfin en un tel besoin de respirer l’air natal, ne serait-ce qu’un jour, que l’exilé finit par contracter cette maladie terrible et sans remède à laquelle les médecins donnent le nom de nostalgie.

Il arrive un moment où l’homme éloigné de sa patrie éprouve un besoin invincible de la revoir, d’entendre parler sa langue ; ni fortune ni honneurs ne peuvent lutter contre ce besoin du pays.

Le Français est peut-être le peuple qui, plus que tout autre, éprouve ce sentiment si vivace dans son cœur, que, dès qu’il a été quelques années à peine éloigné de la France, il abandonne tout pour y revenir, quels que soient les avantages qu’il aurait à demeurer à l’étranger.

Valentin, pendant les longues années qu’il avait employées à parcourir le désert, avait toujours eu présent à la pensée ce souvenir du pays.

Souvent, dans ses longues causeries avec le père Séraphin, il lui avait parlé de sa mère, cette femme si sainte et si bonne qu’il n’espérait plus revoir ; car depuis longtemps il avait fait dans son cœur le sacrifice de son retour.

La fiévreuse existence du désert l’avait séduit à un point que toute autre considération avait dû céder devant celle-là, surtout après les malheurs de sa première jeunesse et les blessures de son seul amour.

Lorsqu’il se vit réuni à sa mère, qu’il comprit qu’elle ne se séparerait plus de lui, qu’il la verrait toujours, une joie immense envahit son âme.

Cet homme qui si longtemps avait été contraint de renfermer au fond de son cœur ses joies et ses douleurs fut heureux d’avoir enfin rencontré l’être dans le sein duquel il pourrait, sans restrictions menteuses, verser le trop-plein de son âme.

Le besoin d’épanchement est une des nécessités de notre nature.

La nuit entière s’écoula comme une heure en délicieuses causeries.

Les chasseurs, accroupis autour du feu, écoutaient la mère et le fils se raconter, avec cet accent qui vient de l’âme, les divers incidents de leur existence pendant cette si longue séparation.

Cependant, quelques instants avant le lever du soleil, Valentin exigea que sa mère prît du repos.

Il craignait qu’à son âge avancé, après les émotions poignantes de la journée, une veille aussi prolongée ne fût nuisible à sa santé.

Après plusieurs difficultés. Mme Guillois se rendit enfin aux observations de son fils et se retira dans un compartiment éloigné de la grotte.

Dès que Valentin crut sa mère endormie, il pria, d’un geste, ses amis, de s’asseoir auprès de lui.

Ceux-ci, soupçonnant qu’il avait une communication grave à leur faire, obéirent silencieusement.

Valentin se promenait de long en large dans la grotte, les bras derrière le dos, les sourcils froncés.

— Caballeros, dit-il d’une voix sévère, le jour va paraître, il est trop tard pour qu’aucun de vous songe à dormir, soyez donc assez bons pour m’aider de vos conseils.

— Parlez, mon ami, répondit le père Séraphin, vous savez que nous vous sommes dévoués.

— Je le sais, et vous plus que tout autre, mon père, dit-il ; aussi vous garderai-je une éternelle reconnaissance pour le service immense que vous m’avez rendu ; vous savez que je n’oublie rien ; le moment venu de m’acquitter envers vous, je saurai, soyez-en convaincu, vous payer ma dette.

— Ne parlez pas de cela, mon ami, je connaissais le violent désir que vous aviez de revoir votre mère, l’inquiétude qui vous tourmentait au sujet de cette cruelle séparation ; je n’ai agi que comme tout autre l’eût fait à ma place ; ainsi brisons, je vous en supplie, sur ce sujet ; je n’ambitionne pas d’autre récompense que de vous savoir heureux.

— Je le suis, mon ami, s’écria le chasseur avec émotion, je le suis plus que je ne saurais le dire ; mais c’est justement ce bonheur qui m’effraye. Ma mère est près de moi, c’est vrai ; mais, hélas ! vous connaissez la vie à laquelle nous condamne l’existence du désert, toute de lutte et de combat ; en ce moment surtout où nous sommes à la poursuite d’une vengeance implacable, convient-il de faire partager les hasards et les dangers de cette vie à ma mère, cette femme d’un âge avancé, d’une santé chancelante ? Pouvons-nous, sans être cruels, l’obliger à nous suivre sur la piste du misérable que nous poursuivons ? Non, n’est-ce pas ? aucun de vous, j’en suis convaincu, ne me donnera ce conseil ; mais que faire ? Ma mère ne peut non plus demeurer seule ici, dans cette grotte, abandonnée, loin de tout secours, à des privations sans nombre ; nous ne savons où peut nous entraîner demain le devoir que nous avons juré d’accomplir. D’un autre côté, ma mère, si heureuse de notre réunion, consentira-t-elle si promptement à une séparation même provisoire, séparation qui peut, suivant les circonstances, durer un temps indéfini ? Je vous prie donc vous tous, mes seuls et vrais amis, de me conseiller, car j’avoue que je ne sais à quel parti me résoudre ; parlez, mes amis, dites-moi ce que je dois faire.

Il y eut un assez long silence parmi les chasseurs.

Chacun comprenait l’embarras de Valentin ; mais le remède était fort difficile à trouver, car tous étaient intérieurement maîtrisés par la pensée de poursuivre à outrance le Cèdre-Rouge et de ne pas lui donner de répit jusqu’à ce qu’il eût été châtié de tous ses crimes.

Comme toujours, dans cette circonstance, l’égoïsme et l’intérêt particulier étaient mis à la place de l’amitié. Seul, le père Séraphin, désintéressé dans la question, voyait juste ; aussi fut-ce lui qui, le premier, reprit la parole.

— Mon ami, répondit-il, tout ce que vous avez dit est on ne peut plus juste : je me charge de faire entendre raison à votre mère ; elle comprendra, j’en suis certain, combien il est urgent qu’elle retourne aux habitations, surtout à l’époque de l’année où nous nous trouvons ; seulement, il faut ménager sa sensibilité, la ramener doucement au Mexique sans lui faire entrevoir cette séparation qu’elle redoute et que vous redoutez autant qu’elle. Pendant la route, d’ici aux frontières civilisées, nous tâcherons de la préparer doucement, afin que le coup soit moins rude lorsque le moment de la quitter sera venu. Voilà, je crois, la seule chose que vous deviez faire dans les circonstances présentes. Voyez, réfléchissez ; si vous avez quelque projet meilleur que le mien, je serai le premier à m’y soumettre.

— Cet avis est en effet le meilleur que l’on me puisse donner, dit Valentin avec chaleur ; aussi, je m’empresse de l’adopter. Vous consentirez donc, mon père, à nous accompagner jusqu’aux frontières ?

— Sans doute, mon ami ; plus loin même s’il le fallait. Ainsi, que cela ne vous inquiète pas ; il ne s’agit plus maintenant que de déterminer le lieu où nous nous rendrons.

— C’est juste, fit Valentin ; mais voilà où est la difficulté. Il faudrait loger ma mère dans un défrichement assez rapproché pour que je puisse la voir souvent, et cependant assez éloigné du désert pour qu’elle fût à l’abri de tout danger.

— Mais, dit don Miguel, il me semble que l’hacienda que je possède aux environs du Paso del Norte conviendrait parfaitement, d’autant plus qu’elle offrirait à votre mère, mon ami, toutes les garanties de confortable et de sécurité que vous pouvez désirer pour elle.

— En effet, s’écria Valentin, ma mère serait on ne peut mieux dans votre hacienda, je vous remercie du fond de mon cœur de l’offre que vous me faites ; malheureusement, je ne puis l’accepter.

— Pourquoi donc cela ?

— Eh ! mon Dieu, pour une raison que vous apprécierez aussi bien que moi ; elle est beaucoup trop éloignée.

— Croyez-vous ? demanda don Miguel.

Valentin ne put retenir un sourire à cette question de l’hacendero.

— Mon ami, lui dit-il doucement, depuis que vous êtes entré dans le désert, les circonstances vous ont obligé à faire tant de tours et de détours, que vous avez complètement perdu le sentiment des distances, et vous ne vous doutez pas, j’en suis sûr, à combien de milles nous sommes du Paso del Norte.

— Ma foi non, je l’avoue, fit don Miguel étonné ; cependant, je suppose que nous ne devons pas être fort éloignés.

— Mais encore ?

— Dame, à cent cinquante milles au plus.

— Mon pauvre ami, fit Valentin en hochant la tête, vous êtes loin de compte ; nous sommes à plus de sept cents milles du Paso del Norte, qui est l’extrême limite des établissements civilisés.

— Diable ! s’écria l’hacendero, je ne me croyais pas aussi loin.

— Maintenant, continua Valentin, de cette ville à votre hacienda il y a environ cinquante milles, n’est-ce pas ?

— Oui, à peu près.

— Vous voyez donc, mon ami, qu’à mon grand regret, il m’est impossible d’accepter votre offre généreuse.

— Que faire ? dit le général Ibañez.

— C’est embarrassant, répondit Valentin ; le temps nous presse.

— Et d’aucune façon, votre mère ne peut rester ici ; cela est de toute impossibilité, objecta don Miguel.

Curumilla avait jusque-là suivi la discussion sans, suivant son habitude, y prendre aucune part. Voyant que les chasseurs ne pouvaient réussir à se mettre d’accord, il se tourna vers Valentin.

— Un ami voudrait parler, dit-il.

Tous le regardèrent.

Les chasseurs savaient que Curumilla ne prenait jamais la parole que pour donner des avis qui, presque généralement, étaient suivis.

Valentin fit un geste d’assentiment.

— Nos oreilles sont ouvertes, chef, dit-il.

Curumilla se leva.

— Koutonepi oublie, fit-il.

— Qu’est-ce que j’oublie ? demanda le chasseur.

— Koutonepi est le frère de l’Unicorne, le grand chef comanche.

Le Français se frappa le front avec un mouvement de joie.

— C’est vrai, s’écria-t-il, à quoi pensé-je donc ? Ma foi, chef, vous êtes notre Providence ; rien ne vous échappe.

— Mon frère est content ? demanda le chef avec joie.

Valentin lui serra les mains avec effusion.

— Chef, vous êtes la plus excellente créature que je connaisse, s’écria-t-il ; je vous remercie du fond du cœur ; du reste, entre nous, nous n’avons plus rien à nous dire ; nous nous comprenons, n’est-ce pas ?

L’ulmen araucan répondit chaleureusement à l’étreinte de son ami, et se rassit en murmurant ce seul mot qui résumait toutes ses impressions :

— Bon !

Cependant les autres personnages avaient assisté à cette scène sans la deviner. Bien que depuis assez longtemps ils vécussent dans la société de l’Aucas, ils n’avaient pas encore pu s’habituer à son mutisme et comprendre ses réticences ; ils attendaient donc avec anxiété que Valentin leur donnât l’explication des quelques mots qu’il avait échangés avec son ami.

— Le chef, dit vivement Valentin, a trouvé d’un seul coup ce que nous nous creusons la tête à chercher vainement.

— Comment cela ? Expliquez-vous, demanda don Miguel.

— Comment, vous ne comprenez pas ?

— Ma foi non.

— C’est cependant bien simple : j’ai été adopté depuis longtemps déjà par la nation des Comanches ; je fais partie de la tribu de l’Unicorne ; ce chef ne refusera pas, j’en suis convaincu, de garder ma mère dans son village. Les Peaux Rouges m’aiment, l’Unicorne m’est dévoué, ma pauvre mère sera soignée et choyée par les Indiens, et, d’un autre côté, il me sera facile de la voir dès que j’aurai un moment disponible.

— Canarios ! s’écria le général Ibañez ; c’est vrai, ma foi, chef, ajouta-t-il en frappant gaiement sur l’épaule de l’Araucan, je dois avouer que nous sommes tous des niais, et que vous avez plus d’esprit dans votre petit doigt que nous n’en avons dans tout notre corps.

Cette discussion avait duré assez longtemps ; le soleil était levé depuis environ une heure lorsqu’elle se termina.

Mme Guillois, entièrement remise de ses émotions de la nuit, apparut dans la grotte et vint embrasser son fils.

Lorsque le déjeuner fut terminé, les chevaux furent sellés et on se mit en selle.

— Où me conduis-tu, mon enfant ? demanda Mme Guillois au chasseur ; tu sais que maintenant je t’appartiens tout entière et que le soin de veiller sur moi te regarde seul.

— Soyez tranquille, ma mère, répondit Valentin ; bien que nous soyons au désert, je vous ai trouvé une retraite dans laquelle non-seulement vous serez à l’abri de tout danger, mais où il me sera possible de vous voir au moins toutes les semaines.

Valentin, de même que tous les hommes doués d’un caractère ferme et résolu, au lieu de tourner la difficulté, avait préféré l’attaquer de front, persuadé que plus le coup qu’il porterait serait rude, moins il aurait de durée, et plus vite il parviendrait à en amoindrir les conséquences.

Par un mouvement instinctif, la vieille dame arrêta son cheval, et regardant son fils avec des yeux pleins de larmes :

— Que me dis-tu donc là, Valentin ? lui demanda-t-elle avec une voix tremblante, tu vas me quitter ?

— Vous m’avez mal compris, ma mère, répondit-il ; après une aussi longue séparation, je ne consentirais pas à vivre éloigné de vous.

— Hélas ! murmura-t-elle.

— Seulement, ma mère, continua-t-il impassiblement, il faut que vous vous persuadiez bien d’une chose, c’est que la vie du désert est toute différente de la vie civilisée.

— Je le sais déjà ! fit-elle avec un soupir.

— Fort bien, reprit-il ; cette vie a des exigences qui seraient trop longues à vous expliquer, et qui nécessitent une suite de marches et de contre-marches continuelles, allant tantôt ici, tantôt là, sans raison apparente, vivant au jour le jour, et éternellement à cheval.

— Voyons, mon ami, ne me fais pas souffrir plus longtemps, dis-moi en deux mots où tu veux en venir.

— À ceci, ma mère, que cette vie de fatigues et de dangers sans trêves peut être fort agréable à un homme jeune comme moi, doué d’un tempérament de fer et habitué de longue date à toutes ses péripéties, mais qu’elle est matériellement impossible pour vous, à votre âge, débile et maladive comme vous l’êtes : or, vous êtes mon seul bien, mon seul trésor, ma mère ; je vous ai retrouvée par un miracle, et je tiens à vous conserver le plus longtemps possible ; pour cela, je ne dois pas vous exposer ainsi, par une faiblesse de cœur mal entendue, à supporter des fatigues et des privations qui vous tueraient en huit jours.

— Et alors ? demanda timidement la mère, vaincue malgré elle par l’accent péremptoire du jeune homme.

— Voici ce que j’ai résolu, dit-il d’un air câlin, si je ne veux pas que vous souffriez : je veux que nous soyons, sinon continuellement, du moins le plus possible auprès l’un de l’autre.

— Oh ! oui, fit-elle, te voir, mon enfant, te voir toujours, je ne te demande pas autre chose ; que m’importe tout le reste, pourvu que je sois près de toi, que je puisse te consoler dans ta tristesse, me réjouir de ta joie ?

— Ma mère, dit le chasseur, je crois avoir arrangé les choses aussi bien que possible ; le père Séraphin vous répétera que toute autre combinaison aurait été absurde.

— Enfin, murmura-t-elle.

— Je vous conduis, reprit-il, dans un village des Comanches, dont je suis le fils adoptif ; leur chef m’aime comme un frère ; ce village est à quelques lieues d’ici tout au plus ; là, vous serez au milieu d’amis qui vous respecteront et vous prodigueront les soins les plus empressés.

— Mais toi, mon enfant ?

— Moi, ma mère, je vous visiterai le plus souvent que je pourrai, et, croyez-moi, peu de jours se passeront sans que je vous voie.

— Hélas ! mon pauvre enfant, pourquoi t’obstiner à mener cette vie de dangers et de fatigues ? Nous serions si heureux, si tu le voulais, tous les deux, vivant l’un pour l’autre, retirés dans un petit village de notre pays. La France, mon enfant, est-ce que tu l’as oubliée ?

Valentin soupira.

— Non, ma mère, dit-il avec effort ; depuis que je vous ai revue, tous les souvenirs de mon enfance ont, je ne sais comment, ravivé tout à coup ce désir que j’avais de revoir la France un jour ; ce désir que je croyais mort n’était qu’endormi : votre vue m’a fait comprendre que l’homme ne renonce pas ainsi, de gaieté de cœur, à ces joies du foyer dont on ne comprend bien les charmes que lorsque l’on ne peut pas en jouir. Aussi ai-je l’intention de vous faire bientôt quitter ces contrées déshéritées du ciel pour retourner dans notre pays.

— Hélas ! fit-elle avec un accent de doux reproche, nous serions si heureux là-bas ; pourquoi ne pas y retourner tout de suite ?

— Parce que cela ne se peut pas, ma mère ; j’ai à accomplir ici un devoir sacré : mais je vous donne ma parole d’honneur que, lorsque j’aurai rempli le devoir que je me suis imposé et que je serai libre, nous ne demeurerons pas une heure de plus ici. Ayez donc patience, ma mère : peut-être avant deux mois nous partirons pour la France.

— Dieu le veuille ! mon fils, dit la vieille dame avec tristesse. Enfin, que ta volonté soit faite, j’attendrai.

— Merci, ma mère ; votre condescendance me rend plus heureux que je ne puis vous le dire.

La vieille dame soupira sans répondre. La petite troupe continua à cheminer en silence dans la direction du village des Comanches, aux abords duquel on arriva environ vers les trois heures de l’après-midi.

— Ma mère, dit Valentin, vous n’êtes pas encore au fait des usages indiens ; ne vous effrayez ni de ce que vous verrez ni de ce que vous entendrez.

— Ne suis-je pas auprès de toi ? dit-elle ; de quoi puis-je avoir peur ?

— Oh ! dit-il avec joie, vous êtes bien véritablement la mère forte de l’Évangile !

— Hélas ! répondit-elle avec un soupir étouffé, tu te trompes, mon enfant ; je ne suis qu’une pauvre vieille femme qui aime son fils, voilà tout…