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Legende Merveillleuse
de
Monseigneur
- Ornement de son siecle // Mirouër des Eclesiastiques //
- Advocat & Pere des pouves // veufves & orphelins //
- Patron universel de la Bretagne-Armorique
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Legende Merveillleuse
de
Monseigneur
Imite des Legendaires Bretons
d’apres des documents historiques rares ou inedits
par
le Vte Arthur du Bois de la Villerabel
Illustrations de
Rennes. Hyacinthe Caillière, Libraire-Editeur
À la Bretagne
À ma vie
aux Bretons
Nen euz ket en Breiz nen euz ket unan
Neneuz ket eur zant euel zant Erwan
n te baillant auiourd’huy
la merueilleuſe hiſtoire
de Monſieur ſainct Yves,
ſoubz les traictz & couleur du
vieux tems, i’ay voulu t’arracher
ung moment aux clameurz de
noſtre ſiecle peruerz & vollaige.
A doncques, pour t’eſiouir en ton ame & creance,
ie vais te tranſporter, comme en ung reſue, vers
ung âge généreulx & vrayment chreftien, ſur les ailles
de noſtre vieille & iolie langue françoiſe ſurprinſe à
ſon aurore & ſimpleſſe princtaniére.
I’ay cueilli pour toy, ès iardins de Kermartin, les plus fraiſches floreſtes, ie veulx dire les geſtes & miracles de noſtre glorieux Sainct, & ie t’en offre ung boucquet auquel ta foy & bon cueur breton treuueront, ie l’eſpère, ſenteur & parfum. Ie ſçais qu’applaudy des ungs peut eſtre ſerois-ie rebuffé des aultres, mais par là i’aurai ſubiect d’attoucher du doigt la vérité du Proverbe qui dit : Aultant de teſtes, aultant de ſentimens. Pourtanct, mon Criticque, ne me condampnes point, ie t’en ſupplie, ſans aupréalable m’auoir ouï ſur l’œconomie d’un travail entreprins pour le priué, à ſimple récréation & édiffication de mes familiers, & qui n’auroit veùe le iour ſi l’aimable tracaſſerie d’aulcuns des ſuſdiclz, fort expertz ès bonnes lettres & friands de nos Cronicques de Bretaigne, ne m’y auoit quaſi contrainct. A toy, mon Lecteur, qui, n’aiant apprins tel langaige dès ton bas- âge ès eſcholes, ſerois marry que ie te ſerue le faon de l’ours avant que d’eſtre leſché, c’eſt-à-dire vilaines faultes & barbariſmes, ie te diray que i’ay pourtant édulcoré mon eſcript du ſuc d’excellens Autheurs, à ſeulle fin de t’eſpargner ennuy & peine de tous iours auoir le nez au gloſſoire. Comme à toy, Moroſe & Querelleux, qui traiderois mon liure de puéril ou chiméricque, ie reſpondrois :
« Metz lunettes à tes yeulx chaſſieulx pour mieulx voir certains traiclz & notes qui te diront mon cher désir d’imiter le Saige n’advançant rien qu’il ne prenne »
Au iour meſme où par les ſoins, zelle & déuotion ſingulière d’ung illuſtre Prélat, enffant de noſtre Cornouailles & bien mémoratif des choſes du paſſé, le superbe Sépulchre d’Yues de Kermartin ſurgiſt de ſes ruynes, ne conuient-il point à chacung Pèlerin d’y dépoſer, auecq ſa complaincte, candelles bénytes & fleurs rutilantes ?[1] Ah ! déſia me ſemble ouïr des accords merveilleux, car touſiours ſont féconds nos Bardes d’Armoricque ! Las ! Moy pauuret, ne ſuis point né poëte, ains ne puis-je baîller que proſaïque chanczon. Mais, lors du Renouueau, en l’aurore d’un ioli jour, qui feroit crime à Royctelet de gazouiller auprès de Rouxignol, gentil charmeur de nos vallées! A l’entour de la Tumbe ſacrée, défia eſtincellent & ſestoyent longs cierges, riches boucquets : i’ay doncques gliffé mon lumignon en méſle, & cette fleur du ſouuenir, humble Bruyère, arraichée ſur nos landes bretonnes, à l’ombre du Menhir & des grands cheſnes !
Bref, mon Amy, i’ay eu bonne intention de marier l’agréable à l’utile, au gré du vieil poëte Horatius, & de te peindre au vray le pourtraict de noſtre Yues. Si doncques ta curieuzité eſt eſueillée par mon reſcit, ſache, ie t’en prie, y trouuer ſubiect de déuotion & réuérence enuers ce grand Sainct. Ce ſera la récompenſe de ton Amy, qui te ſouhaiſte bon couraige, priant Dieu & Monſieur ſainct Yues qu’ils t’aient en leur digne garde.
Eſcript à Sainct-Brieu-des-Vaulx, en Bretaigne, de mon logeix sur le placis Sainct-Pierre, le xixe jour de may, l’an m.dccc.lxxxviii, en la ſeſte Monsieur sainct Yues.
Comment le seigneur
Haelori & la bonne dame
Azou entrevirent l’heureuse
nativité & saincteté
futute du béni enffant
Yves : & comment l’enfançon
grandit en taille
& sapience soubz la ferule
de Maistre Jéhan
de kerhoz.
n ce tems-là vivoient au terrouer de
Land-Tréguer, en le Bretaigne-Armoricque,
ſire Haelori & dame Azou, fille
de la maiſon de Quenquis, ſa compaigne,
ſeigneur & dame de Kermartin, nobleſſe bien
marquée de la paroeſſe de Ploue-Lantréguer, au minihy
de Monsieur ſainct Tugdwal[2]. Le fief eſloit petit & de
mince baſchellerie, mais les ames & les cueurs de ſes
ſeigneurs eſtoient haultz & puiſſans en œupures de
religion, bon exemple & charité, affables qu’ils eſtoient
& pitoiables au poure monde. Craignant le Seigneur
& réuérant ſa ſaincte loy, Dieu les auoit béniz en leurs
hoirs. Deſià deux à trois beaulx enffans s’eſbaudiſſoient
és cendres caſaniéres de Kermartin, quand ung nuictée
que la clair argentoit les doubles de la falle baffe où
gifoient le fire & fa dame, Azou fuft foudain efueillée,
de canonisation de saint Yves, Himon f\u.ola\ Ivo de nobih genêt e piocieatus « & films domicelh zocaii Hadon, filn Domim TrancoUi (alias Ganareti), de « Villa-Martini, mihtis — Enquête de canonisation de saint Yves Manus- crit de la bibliothèque de la nlle de Saint Brieuc, 1 ecemment publie par les soins et aux fiais d’un gtoupe de bibliophiles bidons, sous ce hhe Monuments originaux, de l’histoire de saint Yves Saint-Bi teitc, imp Pi ud’homme, iSSj
La maison de Kermartin, origmane de 1 evêche de Tieguiei, poitut Ung ejcuffon engiaze dune aoix engitjlee aiec qualUe aigles a deux têtes de fable en champ d’oi Azec ung devife en dejjus contenant ces mots A. toutz ditz (Ptoces- zerbal de l’ctat de la chapelle de Kermaitin, en iboi Archnes départementales des Cotes-du-î\oid, sens G, fonds du chapitre de luguur) Guy Le Borgne, en son Ai moi lai heton, édition de 1667, donne pour irmes aux seigneuis de Kei martm d’01 a la ci oix engi ejlie de fable cantonnée de quati e alei ions de mefiue, et poui devise A tous dix
La premieie version de ces aimes et de\ises étant prise d’après un mo- nument du x\e siècle, nous semble piefcrable tout effarée de la clairté qui rutiloit à l’entour d’elle. — « N’aïez crainte, m’amie, lui dit doulcement fire ce Haëlori, or ça voïez que c’eil la claire de lune qui « brille. » Mais la dame, en mal d’enfTant, ne l’efcou- toit point & difoit fon oraifon : « Ihéfus-Chrift, filz « du Dieu le Père tout-puiflant, filz de la Vierge ce Marie, exaulce ma prière! Vierge Mère, glorieufe ce dame Marie, benoifte, digne & précieulfe palme de « toute doulceur, prie le tien filz pour moy! Dame « qui es vertu des Anges, fleur des Patriarches, défir « des Prophètes, maîtrefle & ioye des Difciples, « efglife aux Efpérans, ornement des Vierges, dame « Marie, defFens-moy de toutz maulx préfens, pafeez ce & à aduenir. Dame, ie te prie que tu ne me oublyes « point auiourd’huy, ne à cefte heure efpouentable, ce quand l’ame du corps me partira. Doulce Vierge « Marie, Mère de Dieu, conforte-moy auiourd’huy à « ce befoing; que ie puiiTe venir deuant le tien Filz ce dignement & avoir glore pardurable avecques luy! 6 Légende merueilleuse de Mgr sainct Yues. << Mere de Dieu, temple de lhefus—Chriit, efteille de << mer, eiperanee des cl1rei°tie11s, i©ntz1ine de pitié, re- << merle de doulleur, repos des trauaillez; mere de mi- << feriœrde, fapience de verite, tres deulce Dame, ie '<< prie que tes yeulx humbles 8c mifericerdieulx << veuilles t©urner vers mey Sc me illuminer de ta << (trinite grâce, & les petiei©ns que ie fais tu veuilles << les exziulcerl En tes dignes mains ie commemde << 111011 z1111e, 111011 Clperit SC 111011 C0rpsl Amenlm >> P©ur l©rs, rec©nl©rtee en la gehnelzl, (car (21 vih©n luy m:u·qu©it qu’elle debu©it enfzméter un fziinét), lat b©nne dame z1cheu©it à peine l©n ©rz1i1©n qu’elle <.l©n- n©it le i©ur au d©ul>·; enfzintelet Yues, dempuis l°©rne— ment de f©n hecle, le Mireuer des ecclehaiiiques, l’Acl— (1) Omifm â N0jîre—Da11ze, pmzfe en la Sainéîe Chappelle de Paris, etc., ce la femme gui azwoizf dozzfezw eZ’enfmzt, f en la few dire ou porter jar elle, fcmfof czzzm allégement. Pceme inédit du XVÉ siecle 1 La Vie fcziizfie Mezvgzzeme, ms. petit in-12, de 7; feuillets vélin, caracteres gothiques. Cabinet de M. S©leil, biblio- phile érudit, qui en 21 publie une curieuse analyse. (Paris, in-8, veuve A7'. La- bizfte, 1885.) (2) Ceuclie. uocat & Père des poures, veufues & orphelins, le Patron uniuersel de la Bretaigne-Armoricque 1.
Incontinent le bransle fust au manoir. Chacung s°efueille, & trompez par lai clziir qui tltimboye comme foleil (fans nul doubte pour fefioyer nofire fziinct Poupon), valetz Sc cliamlnieres font bien toii (ur bout; ains les coqs de Kermartin de s’esiouir & canter si claiirement que ceulx du Quenquis, distans pourtant d’enuiron lieue sur l'aultre ripue de Jauldy, de ref- pondre ioyeulsement. Et aduint la dicte Natiuite le XVIIIe octobre de l’an du salut M.CC.LIII. Alleluia ! —
(1) Testis L loliannes Ville—Senis (Kerhoz). — Dcpnszzit diam guod j)1'cL’—· « diam imiter zlbsizzs D. Iwnis dixit eidem îasti gziod diams D. Il/0 etat fzzzftzrzns << mmtzzs gum sic eidem matri in sompnis fzœmzf iuevelatztm. (Enq. de Canoniz.) L’eglise de Montfort-l'Amaury possede un remarquable vitrail qui reproduit diverses scenes de la. vie de saint Yves, et entre autres la vision d’Az©u, avec cette legende :
L’ange à la mère estant enceincte De zzuce annonca la vie saincte.
Les cartons de ce vitrail, date de 1547, sont attribués par M. l'abbé Loisel au celebre Jean Cousin (ÈpigmpI1z'e du camion de M011Zf01't-l’Amaury, 1884.) La perfection du dessin du splendide vitrail de Moncontour-de-Bretagne, daté de 1537, permettrait peut—être de l'attribuer au même artiste. « O fils d’Haëlori, en vérité, par voftre naiffance vous « auez faift la ioye des habitans du ciel & de la terre, « & par efpécial des Trécorois & de touz les Bretons !(l) »
Dès fon berceau, le précieulx EnfTant alloit donner merueilleux gaiges de fa vocation parmy les hommes, & nous remarquerons, avec un vieil hifto- rien, « que vent qui ſe kfue au poincl de l’aurore a plus de durée que celluy qui ne commence à fouffler que fur le foir » [3](2). Si toft que la bouchette de noftre Yuonic peult profférer fon, l’enffant chanta paroles bénies, beaux cantiques & gwerz des vieux Saindz trécorois, Tugdwal, Pompée, Eliboubanne, Efflam, ains la complainde nouelle du glorieux Guillaume Pichon, que noftre Sainct-Pére le Pape venoit de chômer fur les autels du Briochin & du Goëlo. Souuentes fois la
(i) Ex officio S. Yvonis in nalalico, XIV Kal. Junii, Hym. ad prim. V’espéras. — Biblioth. nat., ms. lat. 1148, f. 25, v et 26. (Monuments originaux de l’histoire de saint Yves.) bonne dame de Kermartin répétoit à fon cher Yues : « O mon filz, mon cher filz, viuez, vous auffy, de fac- « zon à deuenir un faind! » Et l’Enffant de refpondre :. ce Là eft mon plus cher défir, madame ma Mère, aultre « n’aulrai s’il plaift à Dieu » (I).
Ains s’efleua & grandift Yuonic devant Dieu & dé- liant les hommes, comme florette odoriférante au mitan des vertes campagnes; & nous pouons bien dire que « ces premiers mouuemens de la grâce n’efioient, ce Jemble, « que doulces agitations d’un vent matinal »(2). Après le B.-A. BA. n’auoit noftre Garçonnet plus grand plaifir que de dire & redire le petit abrégé de fa créance, ou chanter les louanges de Dieu, efleuant & mariant la voix enfanètine auecques celle des Preftres, au tems qu’ils célébroient l’Office diuin. Ce que voïant, les
(1) Leçons de l’office de saint Yves, au Propre du diocèse de Nantes : « Pio « tnatri dicenti s’ibi ita débere se vivere ut sanctus évader et, cuippe ad hoc electuses- « set, respondebat adolescens se non aliud habere proposition et eo iendere omnia sua « cogita. »
(2) Le P. Apollinaire, loc. cit. fleur & dame de Kermartin, fainement iugeant de l’in- clination de l’enflant, le voulurent défdier à l’Efglife & offrir momentanément à Meilleurs du Chapiftre, en leur pfallette de Tréguer, car ne pouoient le père & la tendre mère fe deflaifir de leur précieulx thréfor(l).
(i) Ce vieux manoir de Kermartin qui abrita la naissance et l’enfance de
saint Yves, lourde construction du XIIIe siècle, remanié à diverses époques, fut
démoli en 1824. Voici, d’après des actes originaux, dont nous devons commu-
nication à notre savant collègue M. Tcmpier, archiviste des Côtes-du-Nord,
la liste des diverses familles qui ont possédé la terre de Kermartin. i° Ker-
martin-Hélory. — Olivier de Kermartin, chevalier, dernier du nom, avait
épousé Constance Pavic, dont il eui deux filles : Catherine, morte sans avoir
été mariée, et Jeanne, femme de Thébault Bérard, chevalier. [Acte du 1^ no-
vembre 1421.) 2° Bérard. — Françoise Bérard, dame de Kermartin, héritière de
sa maison, épouse Maurice de Quélen, sieur de Locquenvel. {Acte de 1540.)
3° Quélen. — Yves de Quélen, sieur de Kermartin, laisse de son mariage avec
Jeanne du Perrier : i° Morice, décédé sans hoirs; 2° Yves, époux de Julienne
du Coskaer, sans enfants; 3° Vincente, (devenue héritière de Morice et
d’Yves), dame de Kermartin, qui épouse en premières noces Jacques de Lan-
loup, sans enfants, et, en secondes noces, Jacques Le Saint, dont postérité.
{Actes 1548, 1566, 1570, 1594.) 4° Le Saint. — Marie Le Saint, fille de
Jacques et de Vincente de Quélen, ne devint dame de Kermartin qu’en épou-
sant Olivier Pavic, sieur de Kerhallcc, auquel sa mère, Julienne de Quélen,
avait vendu la terre de Kermartin, par acte du 7 juin 1603. 50 Pavic. — Vin-
cente Pavic, dame de Kermartin, Kerhallec, Crcc’Hangoùez, etc., épousa
Olivier de la Rivière, sieur du Plessix-Hérupet (première moitié du XVIIe siècle).
Là print tout de bon noftre Yuonic l’air d’un petit chérulbin, tant fe tenoit déuotement & réuéremment en la cathédrale dudiâ : Tréguer, fçachant que petitz enffans chureaulx doibnent entrer au Chueur humble- ment, fans faire ftation ny parlement en l’entrée ne iffûe ; qu’entrant deuers le grand Autel, fe doibuent reuirer & tourner pour faire réuérence au fufdid ; ne fe doibuent point feoir ny eftaller es chaefes haultes ny baffes, mais fe tenir coi es petitz relaiz du Chueur, en manière de dation, & quand eft l’heure de feoir, fe doibuent feoir, chacung de fon cofté, fur le petit marche-pied des chaefes. Sçauoit noftre Yuon que fi aulcun, en entrant ou yffant, tréfpaffe ces di&es chofes, on peut fiffler fur luy ou battre les chaefes, de cha- noines en chanoines, de chapelains en chapelains, de
6° La Rivière. — Julie-Louise de la Rivière, dame de Kermartin, porta, en 1754, cette terre dans la maison de La Fayette, par son mariage avec Michel-Louis-Christophe-Roch-Gilbert Mottier, marquis de la Favette (père et mère du célèbre général) ; ils vendirent Kermartin, en 1792, au comte de Quélen de la Villechevalier. (Archives des Côtes-du-Nord, Fonds La Rivière, etc.) bacheliers en bacheliers, de chureaulx en chureaulx, & non aultrement, de degré en dégréz [4]. Mais, n’auons befoing de dire que iamais noftre Chcrulbin ne reçeut pareilz offenfe ni outraige.
Cependant, en preud’homme & femme faige, fire
Haëlori & dame Azou n’auoient mefgarde de Tefperit
en mefme tems que du corps de leur cher Yues. A
doncques firent venir de la proche paroëffe de Pleubi-
han ung ieune Clerc, noble de naiffance & bien ap-
poindé es rudimens françoys & latin, maiftre Iéhan
de Kerhoz, difciple du fieur Redeur dudid Pleubihan,
dode & honnefte Perfonnaige, qui l’auoit bien &
deubment éducqué [5].
Noftre Yues fe porta de grande affection vers la fcience, tout comme auoit faid pour la piété & oraifon, tellement que bien toft paiïa maiftre es grammaires & bonnes-lettres ; fouuentes fois fuit mefme mondid Kerhoz obligé mener fon aduizé eieholierprés du vieil Redeur, en fon bénéfice de Pleubihan, pour y quérir reconfort & lumières nouelles, aïant comme épuiczé fon propre fondz. Or, nous did la Traditive, au fin matin defcampoient nos deux Clercs, le baf- ton & rudiment en la main, pour aller de Kermartin audid Pleubihan, paiîant en barque la ripuiére de Iauldy. Chemin faiïant, glofoient iur ledid rudiment, n’interrompant que pour bailler bonnes paroles ou aulmofnes aux laboureux & mendians, car auoient l’ung & l’aultre amor de charité & poureté en leur cueur, à l’encontre des eftourneaulx & adlaifiz efcholiers qui muffent en fe pourmenant. Et arrivez en la chambre du Bonhomme, toft après auoir feruy la Sainde Meffe, faifoient à deux genouilz inuocation au diuin Paraclet pour qu’il mit fa lumière & intellect en eulx, & vitement de fe mettre à la befoigne [6].
C’eftoit merueille de voir mœurs fi graues en fi tendre ieuneffe, & au menu corps de noftre Yues ung efperit vieillard, meur & raffis, toufiours mémoratif du didon de madame fa Mère, à fçauoir qu’il befoignaft par efpécial pour deuenir un Saind. Auffy le fçauant Écolaftre recognoiffant nature fi ploïable & apte à recepuoir empreintes des vertus & fciences, en ceft enflant defià deftaché des esbats, ieux, deuis & légé- retez de ceulx de fon âge, fe mift grandement en foulcy de le dreffer es grandes Efcholes, veù qu’il marchoit fur fes quatorze ans. Mefme on raconte que fouuentes fois, quittant fa chaefe pour aller dire fes Heures, le Bonhomme y fift bouter noftre Yues, pour dodriner les aultres efcholiers, car, tout petiot, le faind Enflant, par faconde natiue, fembloit préfager qu’un iour feroit grand prefcheur de la parole diuine, oracle de fapience & vérité. Et ce, en toute fimpleffe, fans rien fe prefférer à fes condifciples, ny s’en glori- fier en faczon quelconque, d’aultant que, plus la fcience luy aduenoit, plus Dieu luy touchoit le cueur, ietant en fon ame un généreulx mefpris des chofes caducques & périffables, comme auffy grande dileclion pour les céleftielles. D’ailleurs, après leçons & cours d’huma- nitez, le vertueulx & preudent Pédagogue de Pleubihan n’auoit garde d’oblier de rabattre orgueil & cacquet auxdids efcholiers, fi tentez auoient eftéz : « Ô pécheur miférable, difoit-il, pourquoy ne face mendes-tu ? La mort eft près, qui de iour & de nuyct ; court après toy pour t’abattre. Le diable eft prés de toy, tout prêft de toy recepuoir. O povre abufée créature, tu quiers & efpères trouuer, parmy les vanitéz de ce munde, gloire, foulas, richeffes infinies, & ils n’y font pas ! Mais fi tu veulx trouuer gloire, thréfor & félicité per- pétuellement, labore d’acquérir le royaulme céleftiel[7]. »
Après la vefprée, s’en retournoient nos deux Clercs déuotement & joyeulfement pour retrouuer les bons Parens, & chantaient comme rouiïïgnoletz loz à Dieu & à fa benoifte Mère, madame Marie, ains à tous nos Sainfts du païs, en defuallant les rabines de Kermartin.
La Traditiue nous confie enfin que noftre Yuon mit mené en Goëlo, à l’Abbaïe Noftre-Dame-de- Beauport, fort renommée pour la fapience de les Relligieux, à feulle fin d’y parfaire fes Humanitez ; apprentiffaige de féparation dont madame fa Mère fe monftroit fort dolente [8]. Mais Noftre-Seigneur, en cefte rencontre, luy marqua fa diledion pour l’Enffant, ainfy qu’il paruft à diuerfes fois que la poure Dame, regardant fa place vide à la table du feftin, fe lamentoit & clamoit triftement : « Las ! mon filz, mon Yuonnic, où es-tu ? » Et foubdainement apparoiffoit l’Efcholier de Beauport, lequel aiant oui l’appel de fa chère Mère, en méfle le fon d’Angelus, defcampoit du Couuent pour venir à Kermartin d’heure du Benedicite,
En outre de l’empreinte vénérée du pont de Keranno, on montre encore dans les murs de cloture de Beauport, de grosses pierres appelées les pierres de saint Yves, parce que, dit la tradition, saint Yves aida à les placer là. Ces souvenirs, que j’avais reuieillis autrefois, m’ont été récemment confirmés par le vénérable et savant curé de Paimpol, qui a bien voulu y ajouter ces intéressants détails « La tradition est bien ce que vous dites que saint Yves venait étudier à Beauport, qu’un jour, passant devant des maçons qui élevaient un mur de cloture dans l’abbaye, il leur demanda de poser lui-même quelques pierres, ce qu’ils finnent par lui accorder, explication populaire des grosses pierres posées debout dans ce mur. Ainsi de la trace d’un genou, ou d’un sabot, dans le pont de Keranno qui sépare Plounez de Kenty. Dans le seuil de la ferme de Keranno, une petite cavité faite, dit-on, par le bâton de saint Yves. Le pont de Keranno est bien sur le passage de Treguier à Beauport. Cette pierre, en forme de dalle, existe encore, mais elle a fait place à un pont moderne. Par respect pour le souvenir de saint Yves, les habitants l’ont transportée en amont, et elle sert de passage sur le même ruisseau, a deux ou trois cents mètres plus haut , on l’appelle toujours le Pont de Saint-Yves. Il serait difficile de prouver l’authenticité de cette trace difnoit quant é fes Parentz, puis vitement s’en reuenoit à Beauport pour le Deo gratias des Moynes ! Prodigieux voiage, en fi brief efpace de tems, dont gardent remembrance les peuples du Goelo aufïy bien que la pierre du pont de Keranno, fur laquelle s’agenouilloift le fainct ; Ieune-Homme, tant au defpart qu’au retour, & qui, de nos iours, en porte encore la trace miraculeufe.
du genou, mais la tradition est, a mes 3 eux, une preme des \oyages de
« saint Y\es a Beaupoit, soit comme adolescent, soit surtout comme prêtre,
« 1 l’cpoque ou son histone le dit amiaha conpmctissimus a\ec l’abbé de
« Beiuport A Keifot, ancienne tieve d’\\ias, mjouid hui paroisse, (les
« deux dépendaient de l’abbaye de Beaupoit), se tiouvait a quelques mètres
« de l’église, une petite chapelle dedice a saint Yves La tradition \eut qu il
« soit \enu \cnerei le sanctuane de Notie-Dame de Keifot, dont la fondation
« îemonte au\ piemicis temps de Beaupoit lous 1 écoutaient et le respeu-
« taient, a l’exception d’une famille qui fut \1s1blement punie de Dieu Encore
« dans les dermucs années, \eis 1870, quand les piocessions ont dû aller a
« Samt-Y\cs demanda de la pluie, ou disait que toujours la procession de
« Keifot obtenait sa demmde Les uiciens mont dit, a moi-même, que dans
« une piocession, il y a enuron cinquante ans, la pluie commença a tomber
« au moment pi cas ou le pied de la cioix de Keifot était plonge dans la ion-
« tamc de Saint Y\cs, au Miuihy Je \ous paile a\ec bonheur du souvenir
« de saint "ïves dans le Goclo Ce pays lui a cte toujouis ties de\oue Pas une
« egl se qui n’ait un autel ou une statue de saint Y\ es »
« O vertueux efcholier de Kermartin, vous qui fçeutes trouuer pioffid & faueur es amères racines des Sciences de ce munde, foiez toufiours le Modélie & Paiangon de nos Eftudians & Cloarecz bretons !
« Amen ! »
Comment noftre Yues quitta
les cendres cafnièrez de kermartin
pour eftudier èz efcholes
de Paris, fa Grand’Diff. Comment
fufté d’efglife à tout à l’heure
Officiaf ez euefchèz de Rennes
à Tréguer
OSTRE Clerc de Kermartin eſtant ainſy paſſé Maiſtre ez Giammaires, floreſtes de Rhetoricque & bonnes raiſons de Philoſophie, faiſoit la ioye de ſes Régents, de ſon cher père Haelori & de la bonne dame Azou, qui en eſtoient bien glorieulx. Ce fainct Ieune Homme eſtoit vrayment donné de Dieu pour eſtre l’eſpoir de ſa maiſonnée & le parangon de ſon pais, auecq ſa foy viue, ſon ardente charité, ſa chaſtete angelicque, facile à pardonner les oultraiges, doulx & bénin à touz, bref il rauifïoit ung chafcun.— « le vous rends grâce, Sei- « gneur Dieu, difoit Azou, de nous auoir baillé tel « rayon de ioye fur nos vieilz ans ! » — « Il eft vray, « mes Amys, reprenoit le faige maiftre d’Yuon, vous « eftes heureux d’auoir mis au munde ce bény Enf- « fant ; mais Flambeau allumé ne peut demeurer caché « foubz le Muid & doibt porter fa lumière fur Chan- ce délier pour efclairer à toutz. Ne gêfnez poinâ : les « decreflz de dame Prouidence, en gardant voftre « Thréfor, comme auaricieulx, pour vous feulz. »
A doneques, nos chreftiens Parens, fur l’aduis & preud’hommie de Meffieurs du Vénérable Chapiftre de Tréguer, furhfamment édifiiez par noftre fufdiâ ; Rec- teur & maiftre lehan Kerhoz, déllibérérent d’enuoier noftre Yuon éz grandes Efcholes de Paris. Malgré que le cueur, à ce penfer, leur cotit & déffaillit en la poictrine, ces généreulx Chreftiens réfolurent de remémorer le facrifice du vieil Abraham & d’immoler à Dieu leur ioye & allégreffe, en abiénant loing d’eulx l’enfFant. Ceftuy-ci de bonne heure auoit apprins à faire bon vifaige à l’abftinence des doulx & molletz penchans de nature, aiant retenu le texte des facréz Efcriptz : « Tu quitteras ton bon Père & ta chère Mère, « tu laifferas tout pour venir quant ê Moy, ton Sei- « gneur & ton Dieu ! »
Toft vint le iour de defguerpir pour noftre Iu- ueigneur [9]. La foulle du poure munde fuft grande es alentourz & chemyns de Kermartin, car défia Mon- fieur Yues auoit don célefte d’attoucher les cueurs, corne pierre d’aymant attire fer, côme pefcheur re- tiend ; poiiîon en fes iîletz, tout amorcé qu’il eftoit de miféricorde, compaffion & charité. — « Poure Père, « & vous, tendre Mère, & vous touz Amis & bonnes « Gens du Minihy ! Ah ! me femble ouïr vos ciiz pi-
niaitm Et piano, quedam domus sita ju\ia dwlam capdlam Ittm, quidam pat - « eus totalitei mmaius de lapidibus in quo est quoddam coluiubai min Ittm, qui- « dam piilchti m lus, mmaius lapidibus m parle et in aha de teita, pi ope dietam « capellam Item, quoddam paicum situation juxta dietam domnm closatum de « te) i a Dl. quibus, dictas capellanus habet nngulis aiims VII saillatas fi umenti » (Ai Ji des Cotes du-Nord Seiie G Ponds de l’ev de Treguiei )
« S tint \\ es, ajoute M Tempiti, n’était certainement pas Vainc puisque a abandonnant tout sou bien a 1 Eglise, il ne lusse qu’une m tison et tiois « pièces de tene qui foimuit les deux parts d hentage qui lui sont échues le « manoir seigncunal, H tene de Keimaitin sont entre les mains d’un autre
< membie de la fimille qui conscise le nom de Reimiitiu et le tiansmet a ses ( descendants On ne stui ut \on dans ces lopins de tene, dtns cette maison « dans ce colombiu, la seigneune de Keimaum, lune des quatie pie\ôtes de « l’e\echede liegmei, le fief de chetahne possède pai l’aïeul de samt Y\es « Tanciet de Keimutm Heun a pic\u 1 objection, et, poui s en debauasser, « a tiome tout simple de mei l’existence, tu temps de s tint Y\es, d un fief
< de Keimartm (il n’a\ait évidemment pas sous les }eu\ Y Enquête de canom- « saiioii) Il \ t plus loin, il nie que la famille d._ saint Y\es ut poite le nom « de Keimutm II suffit de lue H déposition du piemiei témoin entendu toïables & defchiremens ! Las ! dolente & defcon- fortée dame Azou, ie vous entends plorant & cla- mant : « O Seigneur, mon Dieu, rendez-le moy toft, moy qui fuis fa chère Mère, puifque vos voluntés i’accompliz ! » Et vous, fire Haëlori, ie vous voys la fouftenant & arreftant au bas des rabines de Kermartin, tous deux vous efleuant en hault pour veoir plus loing le Defparty, défirant l’attoucher dans l’Enquête pourvoir avec quelle facilité Hévin rejette, sans examen, les enseignements de la tradition corroborés aujourd’hui par les documents. »
M. Tempier nous communique enfin une pièce qui affirme les droits des seigneurs de Kermartin, en tant qu’héritiers d’aîné, chef des noms et armes de Kermartin, suivant les termes formels des aveux de cette seigneurie. C’est une ordonnance de Mgr de Royère, évêque et comte de Tréguier, en date du 4 février 1770, qui unit la chapellenie de Saint-Yves, du consentement du seigneur de la Rivière, au collège de Tréguier ; nous y lisons la clause suivante : « Au cas que lad. chapelle de Kermartin vienne par fuite à être défunie du collège de Tréguier, pour quelque caufe que ce foit, ou que le collège vienne à être détruit, ou celle fon exercice, led. feigneur comte de la Rivière & fes fucceffeurs ou ayant caufe, feigneurs de Kermartin, rentreront dans leur droit de préfentation à lad. chapelle de Saint-Yves de Kermartin, fans que le préfent contentement puiffe leur être oppofé. » (Archives des Câtes-du- Nord, Série G. Jus in eccl. de Tréguier, lyjl à 1775.) Nous sommes loin, ou le voit, des conclusions d’Hévin. & baifer encore ; & tant eft affoiblie la Mère par l’excès de martyre que, quand elle fe lèue, la poure Dame, pour atteindre à fon enflant qui luy clame « couraige ! » les iambes luy défaillent, & tumbe durement à terre ! mais tous iours fe lèue au mieulx qu’elle peut, car amor la fupporte [10] ! Certes, ululez & plorez, bonnes Gens ! mais auffy reconfortez vos cueurs, car, je vous le dis en vérité, plus tard aurez grand aize au retour de voftre cher Yues ! »
Defià eftoient loing les deux Clercs (car il eft à fçauoir que Iehan Kerhoz, le fidèle amy & précepteur, plus iamais ne dcbuoit quitter fon fainèl Yues ; quant é luy èz eftudes, à table, en mefmes chambre & lict)[11]. A la parfin arriuèrent, après mal & peines, à Paris la Grand’Ville. Ah ! grand Sauueur ! quel peuple de munde ! Poures Clers de Bretaigne, allez-vous périr voftre baftelée de chreftiennes vertus, fov, continence & chafteté, honneftcté, amor de Dieu & du pourchain, bonnes règles de fapience & conduitte, en celle perucrze Babylone ? Là grouillent Iuifs & Hérecldques, ribauds & ribaudes, mallandrinz & fourbeulx, comme vermine en pourriture & charoigne !... Vertueux pa- reils de Kermartin, amys, gens d’efglife, nobleffe & bon peuple de Tréguer, ne craignez mie, nollre Yuon a bonne telle & bon cueur ; ains auecq grâce de Dieu & de la benoiile Vierge Marie, va grandir éV florir comme lys virginal au mitan des efpines. Là, tout comme en fon Kermartin, fera Clerc modelle, pieulx & ftudicux es Arts libéraulx ; dans peu paiïera Maiftre èz ergotaiges de logicque & dialeclique, comme èz graues eftudes de Théologie ; & celle Babylone tant redoup- téc fera pour luy Porticque de fciences facrées & prof- fanes, vray Paruiz de fageffe au temple de Hiérufalem. Là, nos Amys vont retrouuer genz de leur doulx & cher pais de Bretaigne, Yuon Huet, Henry Fichet & le clerc de Lammeur, quy partout fe chercheront & affilieront comme frères bien amezw. Là, toujours endoffera noftre Yues, comme cotte & furcôt, les ver- tus de fageffe & prudence, bien acertené que le fruid de l’Arbre de Science garde fa malignité quy enuenima nos premiers Parens èz lardins du Paradis terreftre, ou- urant nos yeulx pour cefle terre périffable & nous les fermant pour la patrie du Ciel. A doneques redoubla
(i) Hwo Suet, alias Huet, Testis III — Huveus hicheti, Pestis X — Radulphus Portaru, Porc un, alia^ Poitarn, clencus de Lamnei, Testis XII — (Enquête de Canonisation )
Saint Yves habita daboid la nie du Fournie (alias Feurie), ou h Faculté dts Aits tenait école, et ainsi nommée a cause de 11 paille dont les classes et lient jonchées, et sm hquelle les élevés s’assej utnt ou se couchaient II habita ensuite, au ClosBiuneaii, un logis de la rue Samt-Jean de Beauva’s, sur l’emplacement duquel les ecolieis et clers bietons étudiant a Pans fiient eonstiune, des l’innée qui suivit 11 canonisation du Bienheuieux, en 1348, une élégante chapelle, sur le poitil de liquelle ils fiient Sciilptei les images de leur duc Jean IV et de la duchesse, son épouse Ce sanctuaut, aux lim- bus duquel étaient suspendues, en ex-voto, des liasses de pioces, devint le ccntie de la Confia te des Avocats et Piocm ew s, et îcsta en grande \eneiation jusqu’en 1793, époque a laquelle il fut acheté pai un chiffomnei, qui le dé- molit en 1796 (Dulaur, Hist de Pans, t. III, p 296 et 297, t II, p 205 et 206 ) fa ferueur d’oraifon, mortifiant creuellement fcs fenz, ieunant tous vendredis & famedis, oncques ne beu- uant vins & baillant fes viandes & friandifes aux poures mendians, à celte fin de mater fa chair inobé- diente & tyranniquc en ion âge.
Ains, noftre doux Clerc paffera longues années déuotes & laborieulfes, gardant en fon forz intérieur, comme feu facré foubz la cendre, les bonnes femences qui font germer les Eflcus.
D’aulcuns afleurent que Yues de Kermartin tint chaere de Belles-Lettres audicl Paris, dodrinant excel- lemment ; mais comme n’auoit amor de gloire ny renommée mundaine, il réfollut bientoft de ceffer d’enfeigner pour plus apprendre encore.
En ce tems-là floriffoient en la voifine ville d’Or- léans deux fçauants hommes, maiftre Pierre de la Chapelle & maiftre Guillaume de Blaye, l’ung & Paultre bien verféz es feiences du Droid ciuil & du canonicque, & mcfme en la cognoiffance des Injlitales & Décrétâtes. Auffy venoient de loing Clercs & Robbins. La façzon d’inftitucr lorz eftoit que fi foubdainement que les efcholiers eftoient formez parla Grammaticque, on les mettoit à l’inflitution de la Dialectique, comme eftant cefte difciplinc propre pour iuger toutes les aultres, le vray d’auecq le faulx, & réfouldre toutes difricultéz qui fe treuuent parmy les actions des hommes [12].
Aïant groffy fon bagaige de Théologie fcholaf- tique, noftre Yues voulut mordre èz dictes fciences du Droid ciuil. A doncques, quitta la ville de Paris & s’enuint en Orléans auec Kerhoz ; là, fouuentes fois, allait ouïr les fufdidz Perfonnaiges & voulut mefme entrer foubz leur difcipline [13]. Comme eftoit de grand efperit, deflié, agu, la mémoire bonne, l’appréhenzion heureulfe & le iugement folide, deuint bien toft, ledid Yues, le Nourriffon prefféré des deux fçauants hommes. Maiftre Pierre de la Chapelle efia- boura fy à propos ce merueilleux entendement, qu’en peu de tems le poinda à mefme de quoy parangonner les plus excellens Dodeurs.
Cependant plus auançoit en âge & haultes fciences, plus fouuent maiftre Yues répétoit ces mots : Introïbo ad altare Dei, fans trezpaffer ce redoubtable pas d’Ordi- nation maieure. Il efdiffioit pourtand & eftonnoit les dodes & pieux hommes de Iuftice & d’Efglife de la dide ville d’Orléans par fon excellence en toutes chofes, & furtout fes chers amys bretons qui viuoient iournellement ô luv, trauaillant, mangeant & beuuant en mefmes tauernes & chambres, fçauoir, oultre le fidèle Kerhoz, Yuon de Troëzel, natif de Pleubihan, & Guillaume Pierre, de Land-Tréguer, qui dempuis ont did & iuré par ferment fur Sainds Efuangiles : iamais n’auoir ouï ledid Yues prononcer parole fale ou défhonnefte, s’efbaudir quant é les efcholiers fo- laftres, ny iurer par le Seigneur Dieu ou Bienheureulx du Paradis, mais fouuentes fois l’auoir veùe jeûnant & mortifiant fa chair, fans manger viandes ne boire vin, difant Matines & Heures de Noftre-Dame au poinct du iour, & pieufement entendant meffes & fermons [14].
Bref, maiftre Yues, ains excellemment principié, quitta la bonne ville d’Orléans, &, fur la femonce de monfieur l’Archediacre de Rennes, fe retira en la dide Capitale de Bretaigne, où ledid Archediacre l’eftablit & inftitua fon Officiai, bel & bon employ pour clerc & preud’homme, vallant bien, bon an mal an, ferme de cinquante liures[15] Quelles rentes & argent, on s’yrriagine, ne debuoient poincl : prouffiterà noftre Officiai, mais bien aux poures & befoigneulx, fes chers clientz & amys, car, plus auançoit en dignitez & ca- fuelz, dauantage grandiffoient fon humillité & morti- fications, tendant toufiours à monter iufqu’au facré Caluaire de fon Rédempteur & Saulueur. A cefte fin & pour fe mieulx gouuerner s’eftoit mis foubz la dif- cipline d’ungbon Père du Couuent des Mineurs de lad. ville de Rennes[16]. Et print dès lors, mais en fon forz intérieur & fecrettement, réfolution de deuenir Mi- niftre de Ihéfus-Chrift.
Noftre Yues faifoit merueilles, bien venu a toutz
comme droidurier & intègre luge, & pourtant, en
vray & mémoratif Breton, tous iours regrettoit fon
cher païs trécorois, les bons parens de Kermartin
& fon peuple de Baffe-Bretaigne, qu’il aymoit plus
fort « pour ce qu’il veoit le peuple de Rennes moult
brigueux, litigieulx & plein de fubtiles tromperies,
abitué à toutes déceptions & nouuelles
cautelles de plaidoyeries [17]. »
A doncques, après auoir faigement réglé fes comptez & affaires, & faict bon vifaige à toutz, falua fon Ar- chediacre, le remerciant de fes bontèz, puis s’en reuint tout doulcement en Tréguer.
Mais las ! A peine au débotté auoit embraffé fes bien améz, qu’aduint audicl Kermartin, (fort preffé de faire fi bonne prinze pour fon Réguaire,) Réuérend Père ’ en Dieu, meffire Alain de Bruc, pour lors Éuefque, qui, féance tenante, le nomma & inftitua ion Officiai, auecq le tierz produit du Scel de la Cour dudict Land-Tréguer pour gaiges[18].
Et n’auons cure d’adioufter que lefdids gaiges, tout comme à Rennes, alloient deuenir le lopin des poures mendians & néceffiteulx, car le vertueulx Magiflrat & Preftre, changeant de demeurance ne changea poinâ : de rubricques, tant auoit au cueur aduancer de mieulx en mieulx éz fentiers de perfedion & faincteté [19].
Peuple de Bafle-Bretaigne, ah ! je t’entends clamer
Noël ! Noël ! car voicy venir Aurore nouelle qui feftoïe
& rutille en ton ciel gris ! Voicy venir le foleil de Iuftice,
qui confole & viuifie !
Comment tyaiftve Suée
be ïketmavtin abuint Ce
n\obeffe be$ &}a$ifttat$
f ï\o88ine, Vabuocat be&
poutee, Seufuee (tocpife/
fine, fane iamaie queV
man&et : faffaitee rçp ef>
picee « fee cdent$.
es Poètes qui ont efcript que puiiïance
de Mufique auoit bafty ung grande
ville, (les pierres obéiflantes à l’harmo-
nie fe plaçant en tel ordre que leur
arrangement faifoit murs ■ & efleuoit maifons bien à
poind), nous ont laiffé ung vray pourtraicl : de noftre
fainct & habile Aduocat qui fifl iournellement ung
parfaid accord entre fes confultans & clienz. En
effed, il faut eftre bon Muficien pour accorder difcor-
dantes & aduerzes partyes, fans les relafcher par trop
de molleffe ou contraincdre par trop de féuérité ; &
l’on pcult dire de noftre Patron des traua’ùh\en proce^
qu’il eftoit fi entendu dans l’art de mefnager les ef-
peritz qu’il les faifoit obfcruer vng mefme cadenze,
leur donnant vng branzle fi iufte, qu’il v auoit parfaicte
correfpondance dans leurs mouuemenz.
La iurifdidion de noftre Officiai entreprenoit quafy tout, aulTy grands & petitz, fçauans & ignorans, puif- fans & délaiczés paffoient deuant fa Barre (fors pour procès criminelz & de fang réferuéz par efpécial au bras féculier), faifant à tous bonne & prompte iuftice, en vray droidurier, fans regarder au pourpoinft n’y chaperon, mais à bon droicl & équidé. Auant de pro- noncer, fe mettant en oraifon, il difoit : « O mon Créateur & mon Souuerain Seigneur, vous qui m’auez eftabli luge, quoique indigne & miférable, ô mon Dieu, baillcz-moy l’équicté. Que ma langue fe feiche en ma boufche plus tofl que profférer menfonge ou perfidie. Efperit Sainét, diuin Paraclet, donnez lumière, entendement & fapience à mon intellect. Ainfv foit-il ! » Puis prononçoit fentence admirable qui réconfortoit l’innocent opprimé & terraflbit le menteur & perfide. Tant auoit don de perluafion qu’arrangeoit d’ordinaire les chicanes & procèz à la fatiifadion des deux partyes. L’Elperit Saind parloit par fa bouche & l’on œil liioit au fond des cueurs, auffy aperceuant la iourbe, après doulce mais vaine exhortation à faire med culpâ, confondoit-il l’impofleur, entrant mefme en fainde cholère le forçant, en defpit de luy, à confeffer vérité. Comme auffy admiroit-on que iamais ne prononçoit fentence graue fans auoir en cachette larme à l’oeil, faifant réflexion fur foy & confidérant qu’un iour il debuoit luy-mefme eftre iugé.
Noftre Saind fift donc tous iours affeoir miféricordieulze & pourtant inflexible Iuftiee à fon Tribunal, car plus eftoit efleué en force, dignitéz & honneurs le Client, plus eftoit intègre le luge ; tefmoing ce iour où remitz en place les Sergens & Commis infollentz du feigneur Roy de France, veoir du duc de Bre- taigne, fou fouuerain & bien amc Seigneur, retrou- uant la vaillantife & fang généreulx de fes pieuK anceifours de Kermartin (l).
(i) Test MI, VIII \L\II et CCXV
La ti iditio’i îtppoite que Tanercde de Kermartin et Jehan du Quenquis. che\alieis bietons, piitent une paît glorieuse a la aoisade de 1248 Lies sur la tene etiangeie d’une etioite amitié, ils Moulinent en iesseiiei les liens a leui îetoui en Bietigne, pu 1 union de lems enfmts, Hielon, dimoiseiu de Ixeimaitm, a\ec Azou (alias, Adou et Haude) du Quenquis
La maison du Quenquis (en fiançais du Plessis), portait pou armes untftiu del)sflotencee(scn\u 1248), et se fondit, au \\Lsiede, dans Quelen-Lo^quemel
Il ne îestc plus du manou du Quenquis qu’une motte plantée de heties, dans l’enceinte du paie de Chef-du-Bois, près de la îoute qui conduit de Pom- ment au Pont-Rot Les deux manou s de Keimaitm et du Quenquis étaient places sut les deux mes opposées du Jaudy
Li maison de Keimaitm dt\ait toutefois empiunter sa plus giande îllus- ti ttion a 1 m^ompaiable Justiati, au gloneux Samt qu’elle allait donner a la Bietigne et a l’Eglise Lu aieu de cette tene de Keimaitm, îendu pat elanei Olnui Pane au Seignem evejque de Tuçtuei , en 1609, et qui n’est que h 1e- pioduction d’actes anteriems, nous donne le menu des pi Allèges et pieemi nences de ses possesseur, ainsi qu’il suit
Item A caufe de liqutlle tene Sx feigneune de Keimaitm, led fieui dud lieu eft un des quatie poftz dud ft1 Euefque ix en cefte qualité eft tenu fane les deuous, feiunes S- aux honneuis, droits, pieiogatmes &. émoluments qui Ains befoignoit chreftiennement & habilement au fpirituel & temporel ce modelle des luges, pour deuenir bien toft, (eftant defehaigé du fouley de l’Of- ficialité,) le modelle des Aduocats, faifant chofe peu accouftumée à ceuK de fa \ocation, à fçauoir qu’en-
enfmuent, fciuon kd 1» de Keimaitm eft tenu, a l’entiee & nouuel auene- ment dud f»1 Euefque en fi cite de Lantieguici, en compaigme des fis u- comtc de Cottmen, du \ jointe de Pomment ix du il du Veigiti, qui font les tiois aulnes poftz, d’aller, monte en bon & deub état, îcncontiei led fgr Euefque îufques a la chapelle de Mg1 S Michel, pies 1 id cite, cv d ilkcques appies ks cérémonies & folemmtes accoutumez^ êtie faites, conduite 1 chcual led f-,1 Euetque de lad chapelle de S Michel, pir la tue de Pontiaoul îx la rue S Guillaime, dioict a h ch tpelle de X -D de Coatgoluezou, tx, a fa dekente de cheual, 1 acLOmpigner 1 pied & afiïftei ck pies îufque dedans lad efglitc de \ D au bout iutain ou eft la feuetaine d’itelle, ix dud heu &. chapelle, apies leid lr» de Coatmen cv de Pomment, doit kd fr de Kei- martm, fane la foi tx hommaige aud fr Euefque, comme en tel cas appaiticnt, fellon la natuie du fief Et de lid chipJk de \ -D tft tenu aidei a poiter led fg1 Euefque, en une chine, par le Maitioy de lad citte, îufque au poi- tail de l’Elglife Cath^di île qui eft près la porte de li miifon epilcopale &. de la a louuutuie du grand huis eft led f1 de Kcimaitm tenu aidei a poitci led ftr Euefque en ftd chaue lufqu’au gi md hôtel d icelle eglift cathediale Et eft led fr de Kennaitm &. fes piedeceffeuis ont toufiouis eftes en poiTeffiou de poiter le poft dextie de deuant de lad chaue, &, a ce fane, demandei &. auon a\dc, s il en eft befom, d’aulties gentilhommes ex a Fiffue de la giand’- meffe, icelui 1 de Kcimaitm, enfemble aue^ kfd aulnes poftz &. aulties tei- gneurs de la Compaigme doit allei coudunc &. îendie led fg1 Euefque en la maifon epilcopale & } piendie le dmei, auquel diluer, dicl, declaie <x cou- fuilte de fon plaidoier & aduocalTerie, il remettoit fon fallaire aux poures & miferables perfonnes, comme femmes veufues, enffans orphelins, gens infirmes & malades, leur baillant encore, lorfque befoing eftoit, de fes propres deniers pour conduire une iufte caufe & procèz, fi faire luy-mefme ne pouoit. Car le glorieux Saind ne defprifoit pas l’aduocation de patrociner, aiant certaine crédence que, après l’office de luge, il n’y a point au Roiaulme des Cieulx de plus exaulcéz ne fublimèz plus haultement en gloire que ceulx qui font Aduocats. Le glorieulx amy de Dieu, monfieur fainft
noift led fr de Kennaitm eftie tenu Itiuir led f,i Euefque aux buffuz, dref- fouez & celheis, tant pai luy que pai les commis nobles, îx a îcclle caufe, auou icelui f1 de Keimaitin dioict de piendie îx cmpoitei auec luy ou fuie emporte ! & difpotei a ft \ollonte, a l’iffue dud difnei, de toute la Miffelle d’oi £\. d’argent &. de quelque autie met il ix eftofte quelle foit, dont led fgr Euefque cv fa Compaigme amont eftc ftuus, fors &. leferue une coupe ou taffe que led fr M^omte de Coatmen a accoutume d’auon, &. led lr \icomte de Pomment un baffin &. une elgmeie, tv li a oultie led lr de Keimaitm dicd d’auon, piendie & îettnu, ipres led ditner, tous les demcuiantz des vins qui feiont tire/ îuiquts i la bine, enfemble les futailles Lequel dioit prohibitifs pnuatnement a tous les autres de tout ce que deffus fane exer- cer, auou, poffeder comme fes piedeceffeurs, ancefties & autres feigneurs de Kermartm (Aichues de la Villeiaiel ) Yues, a doncq voullu cefte vocation exercer par pitié & charité iufquez au tems de fon trefpas, dix ou douze ans par auant[20].
Or, ce ne fuft poind la Bretaigne feule qui apprint à en cognoiftre les marques, mais encore les pais de France ou il auoit eftudié, àfçauoir les villes de Paris, Orléans, & ailleurz.
Noftre Seigneur Ihéfus-Chrift, le Verbe Incarné, vouluft meime, à diuerfes foys, manifefter en maiftre Yues de Kermartin le fouffle de Dieu qui l’animoit & poffédoit. Il aduint notamment en la cité de Tours, Capitale de Touraine, fort renommée pour la fapience de fes Magiftratz, & Métropolitaine de noftre Bretaigne (auec droid de menée en appelz de nos Iurifdidions), en la dicte ville de Tours, dis-je, il aduint deux fpé- ciaulx faidz bien probantz de l’équidé & faindeté de maiftre Yues. La chofe efcheut à deux reprinzes, es iours que n offre Aduocat alloitfouftenir procès en icelle.
Certaine Damoyfelle, madrée & cocquette effron- tée, tantoft fe recognoiffoit venue en mariage à cer- tain Caualier, honnefte homme du refte, puis toit après fe defdifoit & piantoit là le garçon, difant one- ques n’auoir eu commerce auecq luy. Preudemment & longuement interrogée & femoncée par moniieur l’Official, tant cauteleufement & habilement refpon- doit, que le dict Magiftrat de vray ne fçauoit auquel entendre : quand s’efleua maiftre Yucs, qui regardant fixement la Donzellc, lui enioignift, de par Dieu, dire vérité. Alors fe troubla merueilleufement la Menteufe, qui defclara tout net que bien & deubment eftoit ma- riée au dict Caualier ; que iamais n’auroit aultre que luy, & fift mcâ culpâ ! Ce que votant, M. l’Official quitta fon fiége & y fift bouter le Sainct pour prononcer iugement, à grand efbahiffement de l’affemblée fur telle puiffance de vertu [21]. 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I | |
Dédicace à la Bretagne et aux Bretons. | i |
Épigraphe. | ii |
II | |
Épistole au Lecteur. | i |
III | |
Chapitre Premier. — « Comment le Seigneur Haelori & la bonne dame Azou entrevirent l’heureulse nativité & Saincteté future du béni Enffant Yves ; & comment l’Enfançon grandift en taille & sapience soubz la férulle de Maistre Iehan de Kerhoz. » | 1 |
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