La Jeune Lune/L’astronome


L’ASTRONOME


« Quand, au soir, la pleine lune est prise dans les branches de ce kadamir, nul ne pourrait-il la décrocher ? » Voilà tout ce que j’ai dit.

Alors dada[1] s’est moqué de moi : « Bébé », m’a-t-il dit, « je n’ai jamais vu d’enfant aussi naïf que toi. La lune est si loin de nous ! Comment quelqu’un pourrait-il l’attraper ? »

Et moi : « Dada, comme tu es absurde ! Quand nous jouons en bas et que Maman nous regarde par la fenêtre en souriant, oserais-tu dire qu’elle est très éloignée de nous ? »

Et cependant dada continue à répéter : « Que tu es nigaud ! Voyons, Bébé, où pourrais-tu trouver un filet assez grand pour prendre la lune ? »

Et moi : « Mais tu n’aurais qu’à la saisir avec tes mains ! »

Mais dada n’a fait que rire et répéter : « Tu es l’enfant le plus naïf que j’ai jamais vu ! Si la lune se rapprochait de nous, tu verrais alors comme elle est énorme ! »

Et moi : « Dada, quelles bêtises on t’enseigne à l’école ! Quand Maman penche son visage pour nous embrasser, sa figure paraît-elle donc si grande ? »

Mais dada continue à dire : « Tu es un petit nigaud ! »



  1. Frère aîné.