La Henriade/Chant 7

(Redirigé depuis La Henriade/7)
Œuvres complètes de VoltaireGarniertome 8 (p. 168-189).
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CHANT SEPTIÈME[1]

ARGUMENT
Saint Louis transporte Henri IV en esprit au ciel et aux enfers, et lui fait voir, dans le palais des Destins, sa postérité, et les grands hommes que la France doit produire.


Du Dieu qui nous créa la clémence infinie,
Pour adoucir les maux de cette courte vie,
À placé parmi nous deux êtres bienfaisants,
De la terre à jamais aimables habitants,
Soutiens dans les travaux, trésors dans l’indigence :
L’un est le doux Sommeil, et l’autre est l’Espérance.
L’un, quand l’homme accablé sent de son faible corps
Les organes vaincus sans force et sans ressorts,
Vient par un calme heureux secourir la nature,
Et lui porter l’oubli (les peines qu’elle endure ;
L’autre anime nos cœurs, enflamme nos désirs,
Et, même en nous trompant, donne de vrais plaisirs.
Mais aux mortels chéris à qui le ciel l’envoie,
Elle n’inspire point une infidèle joie ;
Elle apporte de Dieu la promesse et l’appui ;
Elle est inébranlable et pure comme lui.
Louis près de Henri tous les deux les appelle :
« Approchez vers mon fils, venez, couple fidèle. »
Le Sommeil l’entendit de ses antres secrets :

Il marche mollement vers ces ombrages frais.
Les Vents, à son aspect, s’arrêtent en silence ;
Les Songes fortunés, enfants de l’Espérance,
Voltigent vers le prince, et couvrent ce héros
D’olive et de lauriers, mêlés à leurs pavots.
Louis, en ce moment, prenant son diadème[2],
Sur le front du vainqueur il le posa lui-même :
« Règne, dit-il, triomphe, et sois en tout mon fils ;
Tout l’espoir de ma race en toi seul est remis[3] :
Mais le trône, ô Bourbon ! ne doit point te suffire ;
Des présents de Louis le moindre est son empire.
C’est peu d’être un héros, un conquérant, un roi ;
Si le ciel ne t’éclaire, il n’a rien fait pour toi.
Tous ces honneurs mondains ne sont qu’un bien stérile,
Des humaines vertus récompense fragile,
Un dangereux éclat qui passe et qui s’enfuit,
Que le trouble accompagne, et que la mort détruit.
Je vais te découvrir un plus durable empire,
Pour te récompenser, bien moins que pour t’instruire.
Viens, obéis, suis-moi par de nouveaux chemins :
Vole au sein de Dieu même, et remplis tes destins. »
L’un et l’autre, à ces mots, dans un char de lumière,
Des cieux, en un moment, traversent la carrière.
Tels on voit dans la nuit la foudre et les éclairs
Courir d’un pôle à l’autre, et diviser les airs ;
Et telle s’éleva cette nue embrasée[4]
Qui, dérobant aux yeux le maître d’Élisée,
Dans un céleste char, de flamme environné,
L’emporta loin des bords de ce globe étonné.

Dans le centre éclatant de ces orbes immenses,
Qui n’ont pu nous cacher leur marche et leurs distances[5],
Luit cet astre du jour, par Dieu même allumé[6],
Qui tourne autour de soi sur son axe enflammé :
De lui partent sans fin des torrents de lumière :
Il donne, en se montrant, la vie à la matière,
Et dispense les jours, les saisons, et les ans,
À des mondes divers autour de lui flottants.
Ces astres, asservis à la loi qui les presse,
S’attirent dans leur course[7], et s’évitent sans cesse,
Et, servant l’un à l’autre et de règle et d’appui,
Se prêtent les clartés qu’ils reçoivent de lui.
Au delà de leur cours, et loin dans cet espace
Où la matière nage, et que Dieu seul embrasse,
Sont des soleils sans nombre, et des mondes sans fin.
Dans cet abîme immense il leur ouvre un chemin.
Par delà tous ces cieux le Dieu des cieux réside[8].
C’est là que le héros suit son céleste guide ;
C’est là que sont formés tous ces esprits divers
Qui remplissent les corps et peuplent l’univers.
Là sont, après la mort, nos âmes replongées,
De leur prison grossière à jamais dégagées.
Un juge incorruptible y rassemble à ses pieds
Ces immortels esprits que son souffle a créés.
C’est cet être infini qu’on sert et qu’on ignore :

Sous des noms différents le monde entier l’adore :
Du haut de l’empyrée il entend nos clameurs ;
Il regarde en pitié ce long amas d’erreurs,
Ces portraits insensés que l’humaine ignorance
Fait avec piété de sa sagesse immense.
La Mort auprès de lui, fille affreuse du Temps,
De ce triste univers conduit les habitants :
Elle amène à la fois les bonzes, les brachmanes,
Du grand Confucius les disciples profanes,
Des antiques Persans les secrets successeurs,
De Zoroastre[9] encore aveugles sectateurs ;
Les pâles habitants de ces froides contrées
Qu’assiègent de glaçons les mers hyperborées[10] ;
Ceux qui de l’Amérique habitent les forêts,
De l’erreur invincible innombrables sujets.
Le dervis étonné, d’une vue inquiète,
À la droite de Dieu cherche en vain son prophète.
Le bonze, avec des yeux sombres et pénitents,
Y vient vanter en vain ses vœux et ses tourments.
Éclairés à l’instant, ces morts dans le silence
Attendent en tremblant l’éternelle sentence.
Dieu, qui voit à la fois, entend et connaît tout,
D’un coup d’œil les punit, d’un coup d’œil les absout.
Henri n’approcha point vers le trône invisible
D’où part à chaque instant ce jugement terrible,
Où Dieu prononce à tous ses arrêts éternels,
Qu’osent prévoir en vain tant d’orgueilleux mortels.
« Quelle est, disait Henri, s’interrogeant lui-même,
Quelle est de Dieu sur eux la justice suprême ?
Ce Dieu les punit-il d’avoir fermé leurs yeux
Aux clartés que lui-même il plaça si loin d’eux ?
Pourrait-il les juger, tel qu’un injuste maître,
Sur la loi des chrétiens, qu’ils n’avaient pu connaître ?
Non. Dieu nous a créés, Dieu nous veut sauver tous :

Partout il nous instruit, partout il parle à nous ;
Il grave en tous les cœurs la loi de la nature,
Seule à jamais la même, et seule toujours pure.
Sur cette loi, sans doute, il juge les païens,
Et si leur cœur fut juste, ils ont été chrétiens.
Tandis que du héros la raison confondue
Portait sur ce mystère une indiscrète vue,
Au pied du trône même une voix s’entendit ;
Le ciel s’en ébranla, l’univers en frémit ;
Ses accents ressemblaient à ceux de ce tonnerre
Quand du mont Sinaï Dieu parlait à la terre.
Le cœur des immortels se tut pour l’écouter,
Et chaque astre en son cours alla le répéter.
« À ta faible raison garde-toi de te rendre :
Dieu t’a fait pour l’aimer, et non pour le comprendre.
Invisible à tes yeux, qu’il règne dans ton cœur ;
Il confond l’injustice, il pardonne à l’erreur ;
Mais il punit aussi toute erreur volontaire :
Mortel, ouvre les yeux quand son soleil t’éclaire. »
Henri dans ce moment, d’un vol précipité,
Est par un tourbillon dans l’espace emporté
Vers un séjour informe, aride, affreux, sauvage,
De l’antique chaos abominable image,
Impénétrable aux traits de ces soleils brillants,
Chefs-d’œuvre du Très Haut, comme lui bienfaisants.
Sur cette terre horrible, et des anges haïe,
Dieu n’a point répandu le germe de la vie.
La Mort, l’affreuse Mort, et la Confusion,
Y semblent établir leur domination.
« Quelles clameurs, ô Dieu ! quels cris épouvantables[11] !
Quels torrents de fumée ! et quels feux effroyables !
Quels monstres, dit Bourbon, volent dans ces climats !
Quels gouffres enflammés s’entr’ouvrent sous mes pas !
Ô mon fils ! vous voyez les portes de l’abîme
Creusé par la Justice, habité par le Crime :

Suivez-moi, les chemins en sont toujours ouverts[12]. »
Ils marchent aussitôt aux portes des enfers[13].
Là, gît la sombre Envie, à l’œil timide et louche[14],
Versant sur des lauriers les poisons de sa bouche ;
Le jour blesse ses yeux, dans l’ombre étincelants
Triste amante des morts, elle hait les vivants[15].
Elle aperçoit Henri, se détourne, et soupire.
Auprès d’elle est l’Orgueil, qui se plaît et s’admire ;
La Faiblesse au teint pâle, aux regards abattus,
Tyran qui cède au crime et détruit les vertus ;
L’Ambition sanglante, inquiète, égarée,
De trônes, de tombeaux, d’esclaves entourée ;
La tendre Hypocrisie, aux yeux pleins de douceur
(Le ciel est dans ses yeux[16], l’enfer est dans son cœur)
Le faux Zèle étalant ses barbares maximes ;
Et l’intérêt enfin, père de tous les crimes.
Des mortels corrompus ces tyrans effrénés,
À l’aspect de Henri, paraissent consternés ;
Ils ne l’ont jamais vu ; jamais leur troupe impie
N’approcha de son âme, à la vertu nourrie :
Quel mortel, disaient-ils, par ce juste conduit,
Vient nous persécuter dans l’éternelle nuit ?
Le héros, au milieu de ces esprits immondes,
S’avançait à pas lents sous ces voûtes profondes.

Louis guidait ses pas : « Ciel ! qu’est-ce que je vois ?
L’assassin de Valois ! ce monstre devant moi !
Mon père, il tient encor ce couteau parricide
Dont le conseil des Seize arma sa main perfide :
Tandis que, dans Paris, tous ces prêtres cruels
Osent de son portrait souiller les saints autels,
Que la Ligue l’invoque, et que Rome le loue[17],
Ici, dans les tourments, l’enfer le désavoue.
Mon fils, reprit Louis, de plus sévères lois
Poursuivent en ces lieux les princes et les rois.
Regardez ces tyrans, adorés dans leur vie :
Plus ils étaient puissants, plus Dieu les humilie.
Il punit les forfaits que leurs mains ont commis,
Ceux qu’ils n’ont point vengés, et ceux qu’ils ont permis.
La mort leur a ravi leurs grandeurs passagères,
Ce faste, ces plaisirs, ces flatteurs mercenaires,
De qui la complaisance, avec dextérité[18],
À leurs yeux éblouis cachait la vérité.
La Vérité terrible ici fait leurs supplices :
Elle est devant leurs yeux, elle éclaire leurs vices.
Voyez comme à sa voix tremblent ces conquérants !
Héros aux yeux du peuple, aux yeux de Dieu tyrans ;
Fléaux du monde entier, que leur fureur embrase,
La foudre qu’ils portaient à leur tour les écrase.
Auprès d’eux sont couchés tous ces rois fainéants,
Sur un trône avili fantômes impuissants.
Henri voit près des rois leurs insolents ministres :
Il remarque surtout ces conseillers sinistres,
Qui, des mœurs et des lois avares corrupteurs,
De Thémis et de Mars ont vendu les honneurs ;
Qui mirent les premiers à d’indignes enchères
L’inestimable prix des vertus de nos pères.

Êtes-vous en ces lieux, faibles et tendres cœurs,
Qui, livrés aux plaisirs, et couchés sur des fleurs,
Sans fiel et sans fierté couliez dans la paresse
Vos inutiles jours, filés par la mollesse ?
Avec les scélérats seriez-vous confondus,
Vous, mortels bienfaisants, vous, amis des vertus,
Qui, par un seul moment de doute ou de faiblesse,
Avez séché le fruit de trente ans de sagesse ?
Le généreux Henri ne put cacher ses pleurs.
Ah ! s’il est vrai, dit-il, qu’en ce séjour d’horreurs
La race des humains soit en foule engloutie[19],
Si les jours passagers d’une si triste vie
D’un éternel tourment sont suivis sans retour,
Ne vaudrait-il pas mieux ne voir jamais le jour ?
Heureux, s’ils expiraient dans le sein de leur mère !
Ou si ce Dieu du moins, ce grand Dieu si sévère,
À l’homme, hélas ! trop libre, avait daigné ravir
Le pouvoir malheureux de lui désobéir !
Ne crois point, dit Louis, que ces tristes victimes[20]

Souffrent des châtiments qui surpassent leurs crimes,
Ni que ce juste Dieu, créateur des humains,
Se plaise à déchirer l’ouvrage de ses mains :
Non, s’il est infini, c’est dans ses récompenses :
Prodigue de ses dons, il borne ses vengeances.
Sur la terre on le peint l’exemple des tyrans ;
Mais ici c’est un père, il punit ses enfants ;
Il adoucit les traits de sa main vengeresse[21] ;
Il ne sait point punir des moments de faiblesse,
Des plaisirs passagers, pleins de trouble et d’ennui,
Par des tourments affreux, éternels comme lui[22]. »
Il dit, et dans l’instant l’un et l’autre s’avance
Vers les lieux fortunés qu’habite l’Innocence.
Ce n’est plus des enfers l’affreuse obscurité,
C’est du jour le plus pur l’immortelle clarté.
Henri voit ces beaux lieux, et soudain, à leur vue,
Sent couler dans son âme une joie inconnue :
Les soins, les passions, n’y troublent point les cœurs ;
La volupté tranquille y répand ses douceurs.
Amour, en ces climats tout ressent ton empire :
Ce n’est point cet amour que la mollesse inspire :
C’est ce flambeau divin, ce feu saint et sacré,
Ce pur enfant des cieux sur la terre ignoré.
De lui seul à jamais tous les cœurs se remplissent ;
Ils désirent sans cesse, et sans cesse ils jouissent,
Et goûtent, dans les feux d’une éternelle ardeur,
Des plaisirs sans regrets, du repos sans langueur.
Là, règnent les bons rois qu’ont produits tous les âges,
Là, sont les vrais héros ; là, vivent les vrais sages ;
Là, sur un trône d’or, Charlemagne et Clovis[23]

Veillent du haut des cieux sur l’empire des lis.
Les plus grands ennemis, les plus fiers adversaires,
Réunis dans ces lieux, n’y sont plus que des frères.
Le sage Louis Douze[24], au milieu de ces rois,
S’élève comme un cèdre, et leur donne des lois[25].
Ce roi, qu’à nos aïeux donna le ciel propice,
Sur son trône avec lui fit asseoir la justice ;
Il pardonna souvent il régna sur les cœurs,
Et des yeux de son peuple il essuya les pleurs.
D’Amboise[26] est à ses pieds, ce ministre fidèle
Qui seul aima la France, et fut seul aimé d’elle ;
Tendre ami de son maître, et qui, dans ce haut rang,
Ne souilla point ses mains de rapine et de sang[27].
Ô jours ! ô mœurs ! ô temps d’éternelle mémoire !
Le peuple était heureux, le roi couvert de gloire :
De ses aimables lois chacun goûtait les fruits.
Revenez, heureux temps, sous un autre Louis[28] !
Plus loin sont ces guerriers prodigues de leur vie,
Qu’enflamma leur devoir, et non pas leur furie :
La Trimouille[29], Clisson, Montmorency, de Foix[30],
Guesclin[31], le destructeur et le vengeur des rois,

Le vertueux Bayard[32], et vous, brave amazone[33],
La honte des Anglais, et le soutien du trône[34].

« Ces héros, dit Louis, que tu vois dans les cieux,
Comme toi de la terre ont ébloui les yeux ;
La vertu comme à toi, mon fils, leur était chère :
Mais, enfants de l’Église, ils ont chéri leur mère ;
Leur cœur simple et docile aimait la vérité ;
Leur culte était le mien : pourquoi l’as-tu quitté ? »

Comme il disait ces mots d’une voix gémissante,
Le palais des Destins devant lui se présente :
Il fait marcher son fils vers ces sacrés remparts,
Et cent portes d’airain s’ouvrent à ses regards.

Le Temps, d’une aile prompte et d’un vol insensible.

Fuit et revient sans cesse à ce palais terrible ;
Et de là sur la terre il verse à pleines mains
Et les biens et les maux destinés aux humains.
Sur un autel de fer, un livre inexplicable
Contient de l’avenir l’histoire irrévocable :
La main de l’Éternel y marqua nos désirs,
Et nos chagrins cruels, et nos faibles plaisirs.
On voit la Liberté, cette esclave si fière,
Par d’invisibles nœuds[35] en ces lieux prisonnière :
Sous un joug inconnu, que rien ne peut briser,
Dieu sait l’assujettir sans la tyranniser ;
À ses suprêmes lois d’autant mieux attachée,
Que sa chaîne à ses yeux pour jamais est cachée,
Qu’en obéissant même elle agit par son choix,
Et souvent aux destins pense donner des lois.
Mon cher fils, dit Louis, c’est de là que la grâce
Fait sentir aux humains sa faveur efficace ;
C’est de ces lieux sacrés qu’un jour son trait vainqueur
Doit partir, doit brûler, doit embraser ton cœur.
Tu ne peux différer, ni hâter, ni connaître
Ces moments précieux dont Dieu seul est le maître.
Mais qu’ils sont encor loin ces temps, ces heureux temps
Où Dieu doit te compter au rang de ses enfants !
Que tu dois éprouver de faiblesses honteuses !
Et que tu marcheras dans des routes trompeuses !
Retranches, Ô mon Dieu, des jours de ce grand roi,
Ces jours infortunés qui l’éloignent de toi. »
Mais dans ces vastes lieux quelle foule s’empresse[36] ?
Elle entre à tout moment, et s’écoule sans cesse.
Vous voyez, dit Louis, dans ce sacré séjour,
Les portraits des humains qui doivent naître un jour[37] :

Des siècles à venir ces vivantes images
Rassemblent tous les lieux, devancent tous les âges.
Tous les jours des humains, comptés avant les temps,
Aux yeux de l’Éternel à jamais sont présents.
Le Destin marque ici l’instant de leur naissance,
L’abaissement des uns, des autres la puissance,
Les divers changements attachés à leur sort,
Leurs vices, leurs vertus, leur fortune, et leur mort.
« Approchons-nous : le ciel te permet de connaître
Les rois et les héros qui de toi doivent naître.
Le premier qui paraît, c’est ton auguste fils[38] :
Il soutiendra longtemps la gloire de nos lis,
Triomphateur heureux du Belge et de l’Ibère ;
Mais il n’égalera ni son fils ni son père. »
Henri, dans ce moment, voit sur des fleurs de lis
Lieux mortels orgueilleux auprès du trône assis :
Ils tiennent sous leurs pieds tout un peuple à la chaîne ;
Tous deux sont revêtus de la pourpre romaine ;
Tous deux sont entourés de gardes, de soldats :
Il les prend pour des rois… « Vous ne vous trompez pas ;
Ils le sont, dit Louis, sans en avoir le titre ;
Du prince et de l’État l’un et l’autre est l’arbitre.
Richelieu, Mazarin, ministres immortels,
Jusqu’au trône élevés de l’ombre des autels,
Enfants de la Fortune et de la Politique,
Marcheront à grands pas au pouvoir despotique.
Richelieu, grand, sublime, implacable ennemi ;
Mazarin, souple, adroit, et dangereux ami :
L’un[39], fuyant avec art, et cédant à l’orage ;
L’autre aux flots irrités opposant son courage ;
Des princes de mon sang ennemis déclarés ;
Tous deux haïs du peuple, et tous deux admirés ;
Enfin, par leurs efforts, ou par leur industrie,
Utiles à leurs rois, cruels à la patrie.

Ô toi, moins puissant qu’eux, moins vaste en tes desseins,
Toi, dans le second rang le premier des humains,
Colbert[40], c’est sur tes pas que l’heureuse abondance,

Fille de tes travaux, vient enrichir la France.

Bienfaiteur de ce peuple ardent à l’outrager,

En le rendant heureux, tu sauras t’en venger[41] :
Semblable à ce héros, confident de Dieu même,
Qui nourrit les Hébreux pour prix de leur blasphème.
« Ciel ! quel pompeux amas d’esclaves à genoux
Est aux pieds de ce roi[42] qui les fait trembler tous !
Quels honneurs ! quels respects ! jamais roi dans la France
N’accoutuma son peuple à tant d’obéissance.
Je le vois, comme vous, par la gloire animé,
Mieux obéi, plus craint, peut-être moins aimé.
Je le vois, éprouvant des fortunes diverses,
Trop fier dans ses succès, mais ferme en ses traverses ;
De vingt peuples lignés bravant seul tout l’effort,
Admirable en sa vie, et plus grand dans sa mort.
Siècle heureux de Louis, siècle que la nature
De ses plus beaux présents doit combler sans mesure,
C’est toi qui dans la France amènes les beaux-arts ;
Sur toi tout l’avenir va porter ses regards ;
Les muses à jamais y fixent leur empire ;
La toile est animée, et le marbre respire[43] ;
Quels sages[44], rassemblés dans ces augustes lieux,
Mesurent l’univers, et lisent dans les cieux ;

Et, dans la nuit obscure apportant la lumière,
Sondent les profondeurs de la nature entière ?
L’erreur présomptueuse à leur aspect s’enfuit.
Et vers la vérité le doute les conduit.
« Et toi, fille du ciel, toi, puissante harmonie,
Art charmant qui polis la Grèce et l’Italie,
J’entends de tous côtés ton langage enchanteur,
Et tes sons, souverains de l’oreille et du cœur !
Français, vous savez vaincre et chanter vos conquêtes :
Il n’est point de lauriers qui ne couvrent vos têtes :
Un peuple de héros va naître en ces climats :
Je vois tous les Bourbons voler dans les combats.
À travers mille feux je vois Condé[45] paraître,
Tour à tour la terreur et l’appui de son maître :
Turenne, de Condé le généreux rival,
Moins brillant, mais plus sage, et du moins son égal.
Catinat[46] réunit, par un rare assemblage,
Les talents du guerrier et les vertus du sage.
Vauban[47], sur un rempart, un compas à la main,
Rit du bruit impuissant de cent foudres d’airain.
Malheureux à la cour, invincible à la guerre,
Luxembourg[48] fait trembler l’Empire et l’Angleterre.

« Regardez, dans Denain, l’audacieux Villars[49]
Disputant le tonnerre à l’aigle des césars[50],
Arbitre de la paix, que la victoire amène,
Digne appui de son roi, digne rival d’Eugène.
Quel est ce jeune prince[51] en qui la majesté
Sur son visage aimable éclate sans fierté ?
D’un œil d’indifférence il regarde le trône :
Ciel ! quelle nuit soudaine à mes yeux l’environne[52] !
La mort autour de lui vole sans s’arrêter ;
Il tombe aux pieds du trône, étant près d’y monter.
Ô mon fils ! des Français vous voyez le plus juste ;
Les cieux le formeront de votre sang auguste.
Grand Dieu ! ne faites-vous que montrer aux humains[53]
Cette fleur passagère, ouvrage de vos mains ?
Hélas ! que n’eût point fait cette âme vertueuse !
La France sous son règne eût été trop heureuse :
Il eût entretenu l’abondance et la paix ;

Mon fils, il eût compté ses jours par ses bienfaits[54] ;
Il eût aimé son peuple. Ô jours remplis d’alarmes
Oh ! combien les Français vont répandre de larmes,
Quand sous la même tombe ils verront réunis
Et l’époux et la femme, et la mère et le fils !
« Un faible rejeton[55] sort entre les ruines[56]
De cet arbre fécond coupé dans ses racines.
Les enfants de Louis, descendus au tombeau,
Ont laissé dans la France un monarque au berceau,
De l’État ébranlé douce et frêle espérance.
Ô toi, prudent Fleury, veille sur son enfance ;
Conduis ses premiers pas, cultive sous tes yeux
Du plus pur de mon sang le dépôt précieux !
Tout souverain qu’il est, instruis-le à se connaître :
Qu’il sache qu’il est homme en voyant qu’il est maître ;
Qu’aimé de ses sujets, ils soient chers à ses yeux :
Apprends-lui qu’il n’est roi, qu’il n’est né que pour eux.
France, reprends sous lui ta majesté première,
Perce la triste nuit qui couvrait ta lumière ;
Que les arts, qui déjà voulaient t’abandonner,
De leurs utiles mains viennent te couronner !
L’Océan se demande, en ses grottes profondes,
Où sont tes pavillons qui flottaient sur ses ondes.
Du Nil et de l’Euxin, de l’Inde et de ses ports,
Le Commerce t’appelle, et t’ouvre ses trésors.
Maintiens l’ordre et la paix, sans chercher la victoire ;
Sois l’arbitre des rois ; c’est assez pour ta gloire :
Il t’en a trop coûté d’en être la terreur.
« Près de ce jeune roi s’avance avec splendeur
Un héros[57] que de loin poursuit la calomnie,

Facile et non pas faible, ardent, plein de génie,
Trop ami des plaisirs, et trop des nouveautés,
Remuant l’univers du sein des voluptés.
Par des ressorts nouveaux sa politique habile
Tient l’Europe en suspens, divisée et tranquille.
Les arts sont éclairés par ses yeux vigilants ;
Né pour tous les emplois, il a tous les talents,
Ceux d’un chef, d’un soldat, d’un citoyen, d’un maître :
Il n’est pas roi, mon fils ; mais il enseigne à l’être. »
Alors dans un nuage, au milieu des éclairs,
L’étendard de la France apparut dans les airs ;
Devant lui d’Espagnols une troupe guerrière
De l’aigle des Germains brisait la tête altière.
Ô mon père, quel est ce spectacle nouveau ?
Tout change, dit Louis, et tout a son tombeau.
Adorons du Très-Haut la sagesse cachée.
Du puissant Charles-Quint la race est retranchée.
L’Espagne, à nos genoux, vient demander des rois :
C’est un de nos neveux qui leur donne des lois.
Philippe… » À cet objet, Henri demeure en proie
À la douce surprise, aux transports de sa joie.
« Modérez, dit Louis, ce premier mouvement ;
Craignez encor, craignez ce grand événement.
Oui, du sein de Paris, Madrid reçoit un maître :
Cet honneur à tous deux est dangereux peut-être.
Ô rois nés de mon sang ! ô Philippe ! ô mes fils !
France, Espagne, à jamais puissiez-vous être unis !
Jusqu’à quand voulez-vous, malheureux politiques,
Allumer les flambeaux des discordes publiques[58] ? »
Il dit. En ce moment le héros ne vit plus
Qu’un assemblage vain de mille objets confus.
Du temple des Destins les portes se fermèrent,
Et les voûtes des cieux devant lui s’éclipsèrent.
L’Aurore cependant, au visage vermeil,
Ouvrait dans l’orient le palais du Soleil :
La Nuit en d’autres lieux portait ses voiles sombres ;

Les Songes voltigeants fuyaient avec les ombres.
Le prince, en s’éveillant, sent au fond de son cœur
Une force nouvelle, une divine ardeur :
Ses regards inspiraient le respect et la crainte ;
Dieu remplissait son front de sa majesté sainte.
Ainsi, quand le vengeur des peuples d’Israël
Eut sur le mont Sina consulté l’Éternel,
Les Hébreux, à ses pieds couchés dans la poussière,
Ne purent de ses yeux soutenir la lumière.

  1. Le lecteur judicieux voit bien qu'on a été dans l'obliGation indispensable de mettre dans un songe toute la fiction de ce septième chant, qui sans cela eût paru trop insoutenable dans notre religion. On a donc supposé (et la religion chrétienne le permet) que Dieu, qui nous donne toutes nos idées et le jour et la nuit, fait voir en songe à Henri IV les événements qu'il prépare à la France, et lui montre les secrets de sa providence sous des emblèmes allégoriques, ce qu'on expliquera plus au long dans le cours des remarques. (Note de Voltaire, 1723.) — Cette note de l'édition de 1723 a été retranchée depuis par l’auteur.
  2. Imitation de Racine, Andromaque, acte V, scène iii :
    Enfin avec transport prenant son diadème,
    Sur le front d'Andromaque il l'a placé lui-même.
  3. Dans l’Énéide, livre XII, vers 59, on lit .
    In te omnis domus inclinata recumbit.
  4. Le P. Lemoine (de qui est un quatrain attribué à Voltaire) avait dit dans son poëme de Saint Louis :
    Moins pompeuse monta cette nue embrasée
    Qui ravit autrefois le maître d'Elisée.
  5. Voici un des plus admirables morceaux de poésie française que nous connaissions. C'était pour la première fois, depuis Lucrèce, que les idées scientifiques se trouvaient exprimées en aussi beaux vers. Ce tableau du système du monde est en partie relatif à la gravitation, et fit événement dans cette société encore tout entichée des tourbillons de Descartes. (G. A.)
  6. Dans le quatrième Discours sur l'homme, Voltaire a dit :
    Notre globe entraîné
    Se meut autour de soi, sur son axe incliné.
  7. Que l'on admette ou non l'attraction de M. Newton, toujours demeure-t-il certain que les globes célestes, s'approchant et s'éloignant tour à tour, paraissent s'attirer et s'éviter. (Note de Voltaire, 1730.)
  8. Voltaire, en citant ce vers et les quatre qui le précèdent dans les Adorateurs, ajoute : « J'aurais mieux aimé que l'auteur eût dit :
    Dans ces cieux infinis le Dieu des cieux réside. »
    Mais ce vers ne se trouve dans aucune des éditions que j'ai vues de la Henriade.
  9. En Perse, les Guèbres ont une religion à part, qu'ils prétendent être la religion fondée par Zoroastre, et qui paraît moins folle que les autres superstitions humaines, puisqu'ils rendent un culte secret au soleil, comme à une image du Créateur. (Noce de Voltaire, 1730.)
  10. Ce mot a été employé par Voltaire dans son Épitre à Uranie et dans son Orphelin de la Chine.
  11. Imitation de Viigile (Æn., VI, 560-61) :
    Quæ scelerum faciès ? o virgo, effare ; quibusve
    Urgentur pœnis? qui tantus plangor ad auras?
  12. Virgile a dit (Enéide, VI, 120) :
    Facilis descensus Averno est

    et Racine (Phèdre, acte Ier, scène iii) :
    Mille chemins ouverts y conduisent toujours.
  13. Les théologiens n'ont pas décidé comme un article de foi que l'enfer fût au centre de la terre, ainsi qu'il l'était dans la théologie païenne. Quelques-uns l'ont placé dans le soleil : on l'a mis ici dans un glohe destiné uniquement à cet usage. (Note de Voltaire, 1730.)
  14. C'est encore une imitation de l’Ènéide, chant VI, vers 273 et suivants :
    Vestibulum ante ipsum, primisque in faucibus Orci,
    Luctus et ultrices posuere cubilia Curæ,
    Etc., etc.
  15. Ovide a dit, livre Ier des Amours, élégie xv, vers 39:
    Pascitur in vivis Livor : post fata quiescit.
  16. Le premier hémistiche de ce vers est aussi dans Pandore, acte III, voyez Théâtre, tome II, page 584.
  17. Le parricide Jacques Clément fut loué à Rome, dans la chaire où l'on aurait dû prononcer l'oraison funèbre de Henri III. On mit son portrait à Paris sur les autels, avec l'eucharistie. Le cardinal de Retz rapporte que le jour des Barricades, sous la minorité de Louis XIV, il vit un bourgeois portant un hausse-col sur lequel était gravé ce moine, avec ces mots : Saint Jacques Clément. (Note de Voltaire, 1730.)
  18. Racine a dit dans Athalie, acte III, scène iii :
    Autant je les charmais par ma dextérité.
    Dérobant à leurs veux la triste vérité.
  19. On compte plus de 950 millions d'hommes sur la terre; le nombre des catholiques va à 50 millions : si la vingtième partie est celle des élus, c'est beaucoup ; donc il y a actuellement sur la terre 947 millions 500,000 hommes destinés aux peines éternelles de l'enfer. Et comme le genre humain se répare
    environ tous les vingt ans, mettez, l'un portant l'autre, les temps les plus peuplés avec les moins peuplés, il se trouve qu'à ne compter que 6,000 ans depuis la création, il y a déjà 300 fois 947 millions de damnés. De plus, le peuple juif ayant été cent fois moins nombreux que le peuple catholique, cela augmente le nombre des damnés prodigieusement : ce calcul méritait bien les larmes de Henri IV. (Note de Voltaire, 1740.)

    — C'est ainsi, sauf une petite erreur dans le calcul (120 fois, au lieu de 300 fois), qu'on trouve cette note dans l'édition de la Henriade donnée par Marmontel en 1746, et dans l'édition des Œuvres, qui est de la même année. Dans cette dernière, elle est marquée d'un astérisque, tandis que les autres notes ont des lettrines. Elle ne fut pas reproduite dans les éditions de 1748, 1751, 1752, 1756,1764, 1768, 1775,

    Dans une édition de 1748 (autre que celle de Dresde), et que je crois d'Amster- dam ou de Rouen, elle est remplacée par celle-ci :

    « Ces vers ont un rapport bien sensible à la terrible vérité du petit nombre des élus; et, sans vouloir ici effrayer les imaginations faibles par un calcul qui n'est que trop juste, il suffit de renvoyer aux paraboles des épis laissés après la moisson, et des grappes échappées à la diligence du vendangeur. Voyez surtout le sermon de l'évéque de Clermont (Massillon) sur le petit nombre des élus, lequel est un chef-d'œuvre d'éloquence, et le modèle presque inimitable des sermons. »(B,)
  20. Ce vers et les onze qui le suivent ont été ajoutés dans l'édition de 1728.
  21. Dans les Conseils à M. Racine, ces vers sont ainsi cités :
    Adoucit-il les traits de sa main vengeresse?
    Punira-t-il, hélas! des moments de faiblesse?
  22. On peut entendre par cet endroit les fautes vénielles et le purgatoire. (Note de Voltaire, 1730.) Les anciens eux-mêmes en admettaient un, et on le retrouve expressément dans Virgile. (Id., 1746.)
  23. Il ne s'agit pas d'examiner dans un poëme si Clovis et Charlemagne, François Ier, Charles V, etc., sont des saints; il suffit qu'ils ont été de grands rois, et que dans notre religion on doit les supposer heureux, puisqu'ils sont morts en chrétiens, (Id., 1723.)
  24. Louis XII est le seul roi qui ait eu le surnom de Père du peuple. (Note de Voltaire, 1730.)
  25. Imitation de Virgile, Enéide, livre VIII, vers 670 :
    His dantem jura Catonem.
  26. Sur ces entrefaites mourut George d'Amboise, qui fut justement aimé de la France et de son maître, parce qu'il les aimait tous deux également. (Mézeray, Grande Histoire.) (Note de Voltaire, 1730.)
  27. Les éditeurs de Kehl trouvent exagéré cet éloge du cardinal d'Amboise.
  28. Louis XV.
  29. Parmi plusieurs grands hommes de ce nom on a eu ici en vue Guy de La Trimouille, surnommé le Vaillant, qui portait l'oriflamme, et qui refusa l'épée de connétable sous Charles VI.

    Clisson (le connétable de), sous Charles VI.

    Montmorency. Il faudrait un volume pour spécifier les services rendus à l'État par cette maison. (Id., 1730.)
  30. Gaston de Foix, duc de Nemours, neveu de Louis XII, fut tué de quatorze coups à la célèbre bataille de Ravenne, qu'il avait gagnée. Dans quelques éditions on lisait Dunois. (Id., 1730.)
  31. Guesclin (le connétable de). Il sauva la France sous Charles V, conquit la Castille, mit Henri de Transtamarc sur le trône de Pierre le Cruel, et fut connétable de France et de Castille. (Id., 1730.)
  32. Bayard (Pierre du Terrail, surnommé le Chevalier sans peur et sans reproche). Il arma François Ier chevalier à la bataille de Marignan ; il fut tué en 1523, à la retraite de Rebec, en Italie. (Note de Voltaire, 1730.)
  33. Jeanne d’Arc, connue sous le nom de la Pucelle d’Orléans, servante d’hôtellerie, née au village de Domremy-sur-Meuse, qui, se trouvant une force de corps et une hardiesse au-dessus de son sexe, fut employée par le comte de Dunois pour rétablir les affaires de Charles VII. Elle fut prise dans une sortie à Compiègne, en 1430, conduite à Rouen, jugée comme sorcière par un tribunal ecclésiastique, également ignorant et barbare, et brûlée par les Anglais, qui auraient dû honorer son courage, {kl., 1730.)

    Voici ce qu’on a écrit de plus raisonnable sur la Pucelle d’Orléans : c’est Monstrelet, auteur contemporain, qui parle :

    « En l’an 1428, vint devers le roi Charles de France, à Chinon, où il se tenoit, une pucelle, jeune fille âgée de vingt ans, nommée Jeanne, laquelle étoit vêtue et habillée en guise d’homme, et étoit des parties entre Bourgogne et Lorraine, d’une ville nommée Droimi, à présent Domremy, assez près de Vaucoulcur ; laquelle pucelle Jeanne fut grand espace de temps chambrière en une hôtellerie, et étoit hardie de chevaucher chevaux, les mener boire, et faire telles autres apertisos et habiletés que jeunes filles n’ont point accoutumé de faire ; et fut mise à voye, et envoyée devers le roi, par un chevalier nommé messire Roger de Baudrencourt, capitaine, de par le roi, de Vaucouleur, etc. »

    On sait comment on se servit de cette fille pour ranimer le courage des Français, qui avaient besoin d’un miracle : il suffit qu’on l’ait crue envoyée de Dieu, pour qu’un poëte soit en droit de la placer dans le ciel avec les héros. Mézeray dit tout bonnement que saint Michel, le prince de la milice céleste, apparut à cette fille, etc. Quoi qu’il en soit, si les Français ont été trop crédules sur la Pucelle d’Orléans, les Anglais ont été trop cruels en la faisant brûler ; car ils n’avaient rien à lui reprocher que son courage et leurs défaites. {Id., 1723.)

  34. Dans la Pucelle, chant II, vers 278-79, l’auteur a dit :

    Suivez du moins cette auguste amazone :
    C’est votre appui ; c’est le soutien du trône.
  35. L'auteur de la Connaissance des beautés et des défauts de la poésie et de l'éloquence daNs la langue française, en citant ce vers au mot Liberté, a mis :
    Par d'invincibles nœuds.
  36. Imitation de Virgile (Æn., liv. VI, vers 706) :
    Hunc circum innumeræ gentes populique volabant.
  37. Autre imitation de Virgile (Æn., liv. VI, vers 706 et suiv.) :
    Dardaniam prolem quæ deinde sequatur
    Gloria, qui maneant Itala de gente nopotes,
    Illustres animas, etc.
  38. Louis XIII.
  39. Le cardinal Mazarin fut obligé de sortir du royaume en 1651, malgré la reine régente, qu'il gouvernait; mais le cardinal de Richelieu se maintint toujours, malgré ses ennemis, et même malgré le roi, qui était dégoûté de lui. (Note de Voltaire, 1730.)
  40. Les opinions sur Colbert sont si opposées entre elles, ses admirateurs l'ont placé si haut, ses détracteurs l'ont ensuite tant rabaissé, qu'il n'existe peut-être pas un seul livre où il soit mis à sa véritable place.

    Pour juger un ministre, il faut examiner ses lois et ses opérations, les rapprocher des circonstances, de l'histoire de son temps, et surtout des lumières de ses contemporains. Si un homme d'État a montré de l'humanité et de la justice; si, quoique gêné par les circonstances et par les événements, il a eu le bonheur du peuple pour premier objet; s'il a prouvé qu il avait les mêmes lumières que les hommes éclairés de son siècle, on doit respecter sa mémoire, et lui pardonner de n'avoir été ni supérieur aux événements, ni au-dessus de ses contemporains.

    Colbert, fils d'un marchand, d'abord commis d'un négociant;, puis clerc de notaire, devint intendant du cardinal Mazarin. Fouquet avait été surintendant dans les dernières années de la vie du cardinal ; son administration était également onéreuse et corrompue.

    Des traitants inventaient de nouveaux offices, de nouveaux droits sur les consommations, réveillaient d'anciennes prétentions domaniales, inventaient des privilèges exclusifs, des lettres de maîtrise, faisaient revivre des arrérages d'impôts. Fouquet agréait ces projets, et en vendait le produit aux inventeurs, moyennant une somme payée comptant. Le gouvernement, alors très-faible, protégeait peu ces traitants; mais comme ils ne donnaient qu'une petite partie de la valeur de ce qu'on leur accordait, ils gagnaient encore beaucoup. Des parts dans les profits ou une somme d'argent décidaient de la préférence que le premier ministre et le surintendant accordaient aux faiseurs de projets. Ces emplois subalternes et les détails de cette corruption furent la première école de Colbert. Le cardinal le recommanda en mourant au roi comme un homme qui lui serait utile.

    Le premier soin de Colbert fut de chercher à perdre Fouquet. Il lui était aisé de montrer à Louis XIV que ce ministre n'était qu'un homme vain, uniquement
    occupé de soutenir ses profusions par des moyens ruineux, et ne sachant qu'emprunter. Mais ce n'était pas sa disgrâce, c'était sa perte que ses ennemis voulaient, parce que Fouquet, disgracié, eût pu éclairer le roi sur la conduite passée de Colbert et des autres ministres.

    Cependant Fouquet était procureur général, et ne pouvait être jugé que par le parlement. Ce droit n'est, à la vérité, que le droit commun de tout citoyen ; mais il est bien moins facile de le violer contre un procureur général. On persuada à Fouquet de vendre sa charge, et d'en faire porter le prix au trésor royal. La voix publique accusa Colbert de cette perfidie. On peignit ensuite Fouquet à Louis XIV comme un homme dangereux, qui avait fait fortifier Belle-Isle, qui avait des trésors, des troupes, et des partisans. Louis le crut. L'indiscrétion de Fouquet, qui avait voulu acheter Mlle de La Vallière dans le temps même où elle résistait au roi, lui rendait le surintendant odieux.

    La perte de Fouquet fut donc résolue; et l'on employa pour l'arrêter une dissimulation qu'on aurait à peine pardonnée à Henri III, s'il eût voulu faire arrêter le duc de Guise : tant on avait trompé Louis XIV sur la prétendue puissance du malheureux surintendant ! Il fut jugé par des commissaires. Séguier, son ennemi déclaré, fut un de ses juges, ainsi que Pussort, allié de Colbert. Le Tellier le persécutait avec violence. On disait alors : « Le Tellier a plus d'envie que Fouquet soit pendu; mais Colbert a plus peur qu'il ne le soit pas. » La commission ne prononça qu'un bannissement perpétuel ; ceux des juges qui, par leur fermeté, empêchèrent les autres d'aller plus loin, furent disgraciés; et on obtint du roi que Fouquet, qui aurait pu du fond de sa retraite démasquer ses ennemis, serait mis dans une prison perpétuelle. C’est sous ces auspices que Colbert parvint au ministère. Ses premières opérations furent la remise des arrérages des tailles. Le trésor ne sacrifiait, par cet arrangement, que ce qu'il ne pouvait espérer de recouvrer. A la vérité on joignit à cette remise une diminution de tailles; mais elle fut bientôt remplacée, et au delà, sous une autre forme. On retrancha le quatrième des rentes, c'est-à-dire qu'on fit banqueroute d'un quart de ce que le roi devait aux rentiers. Depuis cette époque, on compta les années de l'administration de Colbert par des impôts et par des emprunts. Il est vrai que l'on prétend qu'il s'opposa aux emprunts; que même le premier président ayant proposé à Louis XIV un emprunt, au lieu d'un impôt qu'il voulait établir, et le roi l'ayant accepté, Colbert dit au premier président : « Vous venez d'ouvrir une plaie que vos petits-fils ne verront pas refermer. » Si ce trait est vrai, Colbert avait bien vu ; mais il n'en est pas plus excusable, à moins qu'on n'établisse comme un principe de morale qu'il est permis à un ministre de faire le mal, lorsque ce mal lui est nécessaire pour conserver sa place. Quant aux impôts, la forme la plus onéreuse au peuple fut constamment préférée. Le code des aides, celui des gabelles, que Colbert publia, sont un monument d'absurdité et de tyrannie; il est impossible de porter plus loin le mépris des hommes; il est impossible que le ministre qui a écrit ce code eût conservé quelques sentiments d'humanité ou de justice: dans ses règlements sur les manufactures, on érigea en loi ce qui n'était que l'avis des fabricants habiles sur la manière de fabriquer, et on soumit à des peines corporelles et infamantes les ouvriers qui ne se conformeraient pas à ces opinions. Enfin Colbert, n'ayant plus d'expédients, imagina de faire une opération sur les petites monnaies, et de soumettre à des droits les denrées qui servent à la subsistance du petit peuple de Paris. Il mourut ; et son enterrement fut troublé par la populace, que ces dernières opérations avaient révoltée, et qui voulait déchirer son corps. Tel fut Colbert; et nous n'avons rien dit qui ne soit prouvé ou par l'histoire ou par la suite même de ses lois : comment donc cet homme eut-il une si grande réputation? Comment M. de Voltaire, l'ami de l'humanité, l'a-t-il appelé le premier des humains? C'est ce qui nous reste à expliquer. Colbert établit de la régularité dans la recette des impôts, et de l'ordre dans les dépenses. Cet ordre n'était pas de l'économie, les citoyens étaient toujours vexés; mais les vexations étaient moins arbitraires; les grands, les propriétaires riches, étaient ménagés, le peuple souffrait seul ; et ses cris, étouffés par une administration vigilante et rigoureuse, n'étaient pas entendus au milieu des fêtes de la cour. La France, depuis les malheurs de François Ier jusqu'à la paix des Pyrénées, avait été dans un état de trouble et de désastres : ses frontières menacées et envahies, les guerres de religion, les guerres des grands contre Richelieu et Mazarin, la puissance des seigneurs dans les provinces; toutes ces causes s'opposaient également à l'industrie du cultivateur et à celle de l'artisan. Personne n'osait et même ne pouvait faire d'avance ni pour la culture, ni pour des entreprises de manufactures. Le commerce extérieur n'avait pu s'établir; le commerce intérieur était languissant. On commença à respirer après la paix des Pyrénées; les frontières étaient en sûreté, la paix régnait dans l'intérieur des provinces. L'autorité du roi ne souffrait plus de partage, et les vexations particulières cessèrent d'être à craindre. Plus la nation avait été épuisée, plus ses progrès durent être rapides; et il était naturel qu'on attribuât à Colbert ce qui était l'ouvrage des circonstances. Colbert parut avoir encouragé le commerce et les manufactures, parce qu'il fit beaucoup de lois sur ces objets, et qu'on lisait dans le préambule qu'elles avaient pour objet de favoriser le commerce et les manufactures. La France n’avait jamais eu de marine; elle en eut une sous Colbert: non que ce ministre eût des connaissances dans la marine; mais il dépensa beaucoup, et il eut le bonheur de trouver des officiers de mer habiles, audacieux, et entreprenants. Plusieurs Français tentèrent des établissements dans les deux Indes; et, tantôt en les encourageant, tantôt en profitant de leur ruine, Colbert parvint à établir quelques colonies, qui, bien que faibles et mal administrées, paraissaient aux yeux des Français, alors peu instruits, avoir augmenté leur puissance et leurs richesses. Enfin Colbert, en favorisant les beaux-arts, en protégeant les gens de lettres, se fit des partisans qui célébrèrent ses louanges. La persécution qu'il suscita contre Saint-Fvremond; l'exclusion des grâces de la cour, par laquelle La Fontaine fut puni de son attachement pour Fouquet ; la dureté de Colbert envers Charles Perrault, son injustice à l'égard de Charles Patin, annonçaient une âme étroite et dure, peu sensible aux arts, et seulement frappée de la vanité de les protéger. Mais à peine ces petitesses furent-elles remarquées : l'Académie des sciences établie, de grands voyages utiles aux sciences entrepris aux frais du roi, l'Observatoire construit, subjuguèrent les esprits. Colbert mourut, et ses successeurs le firent regretter. Ils n'eurent pas d'autres principes d'administration; ils augmentèrent les impôts, et parurent moins occupés encore du bonheur du peuple. Les manufactures, le commerce, furent aussi mal administrés, et moins encouragés. La marine tomba; la première guerre qui suivit sa mort fut mêlée de revers, et la seconde fut malheureuse. Enfin, plus Louvois était haï, plus Colbert son rival gagnait dans l'opinion ; sa conduite envers Fouquet fut presque oubliée; on lui pardonna une fortune immense et le faste de sa maison de Sceaux, en les comparant à la fortune scan- daleuse d'Emeri, aux prodigalités de Fouquet, et aux richesses des traitants de la guerre de la succession. A la mort de Louis XIV, la réputation de Colbert augmenta encore : les principes de l'administration des finances, du commerce, et des manufactures, étaient inconnus; et, lorsqu'on commença en France à s'occuper de ces objets, ce fut pour adopter sur ces matières l'opinion de Colbert. On se plaignait de n'avoir plus de marine, et, sous lui, la marine avait été florissante. On regrettait la magnificence de la cour de Louis XIV. On sentait les maux qu'avait causés la rigueur exercée contre les protestants, et l'on croyait que Colbert les avait protégés ; on était dégoûté de la guerre, et Colbert passait pour s'être opposé à la guerre. Les dépenses excessives qu'il faisait pendant la paix, pour satisfaire le goût de Louis XIV, paraissaient des moyens de faire fleurir dans l'État les arts de luxe, d'animer les manufactures, de rendre les étrangers tributaires de notre industrie. Ce n'était pas après les opérations de Law, et le haussement excessif des monnaies, qu'on pouvait reprocher à Colbert les retranchements des rentes et une faible augmentation dans la valeur du marc d'argent. M. de Voltaire trouva donc la réputation de Colbert établie, et il suivit l'opinion de son siècle : on ne peut lui en faire un reproche. Ce qui, dans un homme occupé d'études politiques, serait une preuve d'ignorance ou d'un penchant secret pour des principes oppresseurs, n'est qu'une erreur très-pardonnable dans un écrivain qui a cru pouvoir s'en rapporter à l'opinion des hommes les plus éclairés de l'époque où il écrivait; et lorsque c'est l'amour des arts, de la paix, et de la tolérance, qui a inspiré cette erreur, il y aurait de l'injustice à ne point la par- donner. Depuis ce temps la science de l'administration a fait des progrès, ou plutôt elle a été créée, du moins en France; et Colbert a été traité avec d'autant plus de sévérité, que l'enthousiasme avait été plus vif. On aurait tort sans doute de lui reprocher d'avoir ignoré ce que personne ne savait de son temps. On doit louer son application au travail, son exactitude; mais ni sa conduite envers Fouquet, ni les moyens ruineux qu'il employa pour soutenir, aux dépens du peuple, le faste de la cour, ni la dureté de ses règlements pour les manufactures, ni la barbarie du code des aides et des gabelles, ni ses opérations sur les monnaies, ni les retranchements des rentes, ne peuvent être excusés. On peut le regarder comme un homme habile, mais non comme un homme de génie; ce nom ne convient en politique qu'à ceux qui s'élèvent au-dessus des opinions et des idées même des hommes éclairés de leur siècle. On peut moins encore le regarder comme un homme vertueux; car ce nom n'est dû qu'au ministre qui n'a jamais sacrifié ni la nation à la cour, ni la justice à ses intérêts. (K.)
  41. Le peuple, ce monstre féroce et aveugle, détestait le grand Colbert, au point qu'il voulut déterrer son corps; mais la voix des gens sensés, qui prévaut à la longue, a rendu sa mémoire à jamais chère et respectable. (Note de Voltaire, 1746.)
  42. Louis XIV. (Id., 1723.)
  43. Imitation de Virgile (Æn., VI, 847-48) :
    Excudent alii spirantia mollius æra,
    · · · · · · · · · · · · · · · Vivos ducent de marmore vultus.
  44. L'Académie des sciences, dont les mémoires sont estimés dans toute l'Europe. (Id. 1730)
  45. Louis de Bourbon, appelé communément le grand Condé, et Henri, vicomte de Turenne, ont été regardés comme les plus grands capitaines de leur temps; tous deux ont remporté de grandes victoires, et acquis de la gloire même dans leurs défaites. Le génie du prince de Condé semblait, à ce qu'on dit, plus propre pour un jour de bataille, et celui de M. de Turenne pour toute une campagne. Au moins est-il certain que M. de Turenne remporta des avantages sur le grand Condé à Gien, à Étampes, à Paris, à Arras, à la bataille des Dunes; cependant on n'ose point décider quel était le plus grand homme. (Note de Voltaire, 1730.)
  46. Le maréchal de Catinat, né en 1637. Il gagna les batailles de Staffarde et de la Marsaille, et obéit ensuite, sans murmurer, au maréchal de Villeroi, qui lui envoyait des ordres sans le consulter. Il quitta le commandement sans peine, ne se plaignit jamais de personne, ne demanda rien au roi, mourut en philosophe dans une petite maison de campagne à Saint-Gratien, n'ayant ni augmenté ni diminué son bien, et
    n'ayant jamais démenti un moment son caractère de modération. (Id., 1730.)
  47. Le maréchal de Vauban, né on 1633, le plus grand ingénieur qui ait jamais été, a fait fortifier, selon sa nouvelle manière, trois cents places anciennes, et en a bâti trente-trois; il a conduit cinquante-trois sièges, et s'est trouve à cent quarante actions; il a laissé douze volumes manuscrits pleins de projets pour le bien de l'État, dont aucun n'a encore été exécuté. Il était de l'Académie des sciences, et lui a fait plus d'honneur que personne en faisant servir les mathématiques à l'avantage de sa patrie. (Id., 1730.)
  48. François-Henri de Montmorency, qui prit le nom de Luxembourg, maréchal de France, duc et pair, gagna la bataille du Cassel sous les ordres de Monsieur, frère de Louis XIV, remporta en chef les fameuses victoires de Mons, de Fleurus, de Steinkerque, de Nerwinde, et conquit des provinces au roi. Il fut mis à la Bastille, et reçut mille dégoûts des ministres. (Note de Voltaire, 1730.)
  49. On s’était proposé de ne parler dans ce poëme d’aucun homme vivant; on ne s’est écarté de cette règle qu’en faveur du maréchal duc de Villars.

    Il a gagné la bataille de Frédelingue et celle du premier Hochstedt. Il est à remarquer qu’il occupa dans cette bataille le même terrain où se posta depuis le duc de Marlborough, lorsqu’il remporta contre d’autres généraux cette grande victoire du second Hochstedt, si fatale à la France. Depuis, le maréchal de Villars, ayant repris le commandement des armées, donna la fameuse bataille de Blangis ou de Malplaquet, dans laquelle on tua vingt mille hommes aux ennemis, et qui ne fut perdue que quand le maréchal fut blessé.

    Enfin, en 1712, lorsque les ennemis menaçaient de venir à Paris, et qu’on délibérait si Louis XIV quitterait Versailles, le maréchal de Villars battit le prince Eugène à Denain, s’empara du dépôt de l’armée ennemie à Marchiennes, fit lever le siège de Landrecies, prit Douai, le Quesnoy, Bouchain, etc., à discrétion, et fit ensuite la paix à Rastadt, au nom du roi, avec le même prince Eugène, plénipotentiaire de l’empereur. (Id., 1730.)
  50. Fréron (Année littéraire, 1770, V, 118) prétend que ce vers est pris à Cotin, qui a dit :
    Il arrachait la foudre à l’aigle des césars.
  51. Feu M. le duc de Bourgogne. (Note de Voltaire, 1723.)
  52. Imitation de Virgile (Æn., VI, 866) :
    Sed nos atra caput tristi circumvolat umbra.
  53. Virgile a dit (Æn., VI, 869-70) :
    Ostendent terris hunc tantum fata, neque ultra
    Esse sinent.
  54. Rousseau, dans son Ode à la Fortune, avait dit :
    Et qui, père de la patrie,
    Compte ses jours par ses bienfaits.
  55. Ce poëme fut composé dans l’enfance de Louis XV. (Note de Voltaire, 1733.)
  56. Imitation de Racine (Athalie, acte I, scène i re) :
    Le ciel même peut-il réparer les ruines
    De cet arbre séché jusque dans ses racines ?
  57. Vrai portrait de Philippe, duc d'Orléans, régent du royaume. (Note de Voltaire, 1746.)
  58. Dans le temps que cela fut écrit, la branche de France et la branche d'Espagne semblaient désunies. (Note de Voltaire, 1737.)