La Guirlande des dunes/Bruges au loin
Bruges au loin
Bruges et ses clochers de pierre
Et Saint-Sauveur et Notre-Dame
Montent, tels des géants, dans l’air.
Mais le plus haut, mais le plus clair,
Celui dont le cadran de flamme,
Comme un soleil luit sur les toits,
C’est le beffroi :
Il regarde jusqu’à la mer.
Jour de Juin — ciel tranquille.
Toute la ville
N’est que clartés et que rayons :
Les lucarnes de ses pignons
Comme des morceaux d’or scintillent.
De Heyst et de Wendune,
On l’aperçoit, du haut des dunes,
Régner sur l’horizon flamand :
Ses tours, l’autre après l’une,
Comme des blocs de diamant,
Sortent de l’ardente poussière
Que lui fait la trop forte et torride lumière.
Elle apparaît ainsi, comme enflammée
Dans l’atmosphère ardente,
Ses toits pliés semblent des tentes
D’une poudreuse et fulgurante armée ;
Quand ses cloches et ses bourdons fidèles
Sonnent et sonnent,
Toute la campagne est vibrante d’elle ;
Et les chemins et les sentiers des horizons,
Au bruit tonnant des soirs profonds,
Et les routes des hameaux
Et des plages et des villages,
Et les eaux mêmes des canaux
Semblent marcher d’accord,
À travers le pays qu’elle s’adjuge,
Vers cette gloire en cendre et or :
Bruges !