La Grande Proprieté des bottes sans cheval en tout temps


La grande proprieté des bottes sans cheval en tout temps, nouvellement descouverte, avec leurs appartenances, dans le grand magasin des esprits curieux.

1616



La grande proprieté des bottes sans cheval en tout temps, nouvellement descouverte, avec leurs appartenances, dans le grand magasin des esprits curieux.

SUBJECT DU PRESENT DISCOURS.

Je ne crains point d’avoir mon bas crotté,
Car en tout temps sans cheval suis botté.
Ce noble estat m’espargne argent et page,
Laquais, cheval, foin, avoine et fourrage.

À Paris, chez Nicolas Alexandre, rue des Mathurins.
M. DC. XVI.

O bella cosa ! disoit dernierement un ramoneur lombard voyant la merveille des bottes. Disons donc : Ho ! messieurs, venez voir, venez voir, et tost donc ! Voicy l’invention des inventions, voire la plus belle chose qui se puisse trouver au ratelier du grand chosier. Or escoutez donc, car vous verrez et orrez merveilles. Je souppois dernierement avec le bon père Crito (je m’enten bien) ; il estoit aussi un peu philosophe, et venoit tout estonné de faire la ronde autour de l’esquadre des fols, et, pour m’assurer de son dire, me jura sur son court et large coutelas qu’il n’estoit plus si fol qu’il souloit estre au temps du philosophe Menippus, qui portoit tousjours le pacquet de sa folie sur luy, soit qu’il allast aux champs ou qu’il fust de sejour en la ville. Revenant donc, dit-il, de ce beau pays des fols, il dit qu’il eut beaucoup de peine à retrouver le chemin, car l’air inferieur en estoit tout obscurcy, et ne sçavoit lequel regarder, tant il y en avoit ; entre autres il vit la nouvelle façon des bottes sans chevaux et en fut tout estonné, veu que ce n’est la coustume en France d’avoir des bottes s’il n’y a cheval en l’escurie. Mais il s’advisa et dit en soy-mesme : Peut-estre, helas ! que je me suis fourvoyé et que je suis en l’autre monde. Et, cherchant de tous costez, s’asseura, cognoissant qu’il estoit à Paris, et sceut par un savetier au coin d’une rue1 l’occasion de tant de bottes sans chevaux ; et, beuvans ensemble, ledit savetier (salva reverentia vestra) luy dit : Monsieur, vous qui venez de loin, n’avez-vous point appris par ouyr dire pourquoy vous voyez tant de gens bottez ? Il y a icy, je me doute, de la ruse et de la finesse cachée. — Je vous le diray, puisqu’il vous plaist me faire cest honneur que bevions icy particulierement au fond de ceste cave : personne ne nous orra. C’est (mais à vos graces cependant) qu’un certain quidam, gentil-homme sans nom, botté et espronné comme un cocq, mais sans cheval, est arrivé en ceste ville n’y a pas long-temps, et, feignant estre quelque grand entrepreneur, promit à plusieurs un secret pour paroistre galand homme et contre-faire le courtisan. Ô ! que cela plaist à plusieurs aujourd’huy, qui demandent à ces pauvres col-porteurs : Et bien ! mon maistre, y a-il rien de nouveau ? Qu’est-ce que tu as là dans ta bale ? N’est-ce que cela de nouveau ? Et disant cela n’oublient une autre nouvelle façon de se curer les dents ; mais, helas ! les miserables n’ont encor desjeuné, quoy qu’il soit trois heures après midy, faute d’un sol pour demy-septier et deux liards de pain, et ils demandent de la nouveauté. C’est bien raison, puis que Moustafa porte des bottes, cheminans superbement les mains sur les costez comme pots à anses, dedaignans moustachiquement tout ce qu’ils rencontrent. Leurs foudroyantes espées peuplent presque tous les cimetiers de corps, lesquels, après avoir esté tuez de tels gens, ne laissent de se bien porter par après2, et qui pis est, de leur regard louchant soubs un branlant pennache de demy-quart d’escu3, ils font presques fremir Juppin, qui est sur le point, ce leur semble, de leur cedder son foudre et son aigle pour avoir paix avec eux, nonobstant qu’ils ne facent peur qu’aux limaçons4, mousches et sauterelles. Je m’assure que, si le plaisant Lucian les rencontroit, il s’en riroit demesurement, et par pitié leur donneroit de ses roses, pour d’asnes (comme il fut autrefois) les faire devenir hommes5, afin qu’estans deschargez du fardeau de folie, ils peussent passer la barque de Charon et aller hors de nostre sphœre danser aux champs Elisiens. Mais, à propos de bottes6 (nous en dirons ce qu’il faut sur la fin), nostre Crito dit avoir ouy une grande plainte : c’est que les chapeliers sont tout estonnez non seulement de tant de bottes nouvelles, mais aussi des nouveaux chappeaux pour accompagner les dites bottes dans plus de la moitié de la Savaterie, et disent qu’en cela ils perdent l’escrime et le meilleur de leur latin, quoy qu’il n’y en ait guères : car en la fabrique des chappeaux l’un les veut pointus en pyramides, à la façon d’un pain de sucre7, qui dansent en cheminant sur la perruque acheptée au Palais, garnie de sa moustache8 à queue de rat derrière l’oreille ; autres les veulent plats façon de chasse, ou à la cordelière, retroussez d’un costé en façon de mauvais garçon, avec un morceau de plume verte, jaulne, rouge, grise ou autrement, et voilà le galand ; autres en veulent en façon de turban levantin ou moscovite, ronds et peu de bords9, pour dire : Je ne suis plus Francé. C’est comme on parle maintenant10. Je veux une nouvelle façon. Et quoy ! ne paroistray-je pas botté, espronné, moustaché et guirlandé ? Si feray dea ! C’est la verité, Monsieur ; vous estes brave comme cela, et si paroissez autrement, vous vous pourriez bien hardiment dire descheu du point d’honneur et n’oseriez vous trouver au lendit de Sainct-Denys11. Une autre nouveauté, c’est les habits de certaines damoiselles imprimées nouvellement qui sont habillées à la suisse, faisant boufer hors des manches le taffetas, comme les brayettes d’iceux Suisses12, où il y a du nez, quoy qu’on en die ; mais elles gastent toute la bigarure avec leurs fausses perruques, saulpoudrées de poudre de Cypre13 (c’est discrettement fait), à sçavoir pour corrompre une plus mauvaise odeur cachée dessouz, et pro causa14. Je les entends desjà, ce me semble, car elles ont bon caquet : « Nostre-Dame, ma mie, ma commère, qu’est cecy ? de quoy se mesle-on ? qu’a-on affaire de nos menues folies ? » Patience, damoiselettes, attendez, et non fumetis, ayez patience. Elles portent encore (Ha ! maistre Crito, vous direz tout à la fin) le teton bondissant15 et relevé par engins au dehors, pour donner appetit et passetemps aux alterez. Ainsi marchoit Thaïs de Corinthe, Flora, Romaine, et autres femmes lascives ; et, suivant cela, on dit que bon vin n’a besoin de bouchon16.

Mais j’ay pensé oublier le principal : c’est que, pour porter proprement telles bottes, il faut s’accoustumer à dire : chouse, je venés, je disés, j’estés, Anglés, Francés, et autre tel barraguin estranger ; et qui n’a ceste pièce en sa valise, qu’il se garde bien pour son honneur de porter des bottes de cordonnier, soit de la savaterie, car elles sont aujourd’huy cause d’un grand bruit, d’autant que les maistres cordonniers sont sur le point de se bien galer avec les savetiers, car il n’y a qu’eux qui vendent des bottes frippées à un quart d’escu ou vingt sols. Ils veulent aussi aux ferronniers de la vallée de Misère17 pour les vieux esperons. Autre grand debat s’est esmeu entre les maquinons, vendeurs de chevaux, avec les sus dits savetiers, car ils veulent sçavoir, quoy qu’il en soit, d’où ils ont tant de bottes, et eux ne vendent point de chevaux, et asseurent en leurs articles qu’il y a de la tromperie, veu qu’il ne peut avoir tant de bottes sans chevaux18. Mais l’affaire n’a point esté si aigre, car les savetiers ont representé (descouvrant le secret du sus dit gentil-homme sans nom) que les grandes boues de Paris estoient cause de telle confusion de bottes19, et qu’un homme a plus tost trouvé vingt sols pour une paire de bottes que vingt escus pour un meschant cheval, joint qu’elles sont propres du tout pour espargner souliers, bas de chausses, se garder des crottes et espargner le foin et l’avoine pour un cheval ; et, qui plus est, un homme botté et esperonné est estimé, peu s’en faut, gentil-homme, et a plus de credit à la rotisserie et au tripot, attendant les foins nouveaux20. Ces considerations diligemment et meurement pesées, burelées et justifiées, les commoditez des bottes recognues si grandes, qui sera si hardy d’en oser medire ? Voyons-nous pas qu’elles servent en tout temps pour aller à pied sans cheval ? Y a-il rien de plus gentil et mirlifique que voir un homme perruqué, escharpé, botté et esperonné ? Est-ce pas un traict d’espargne provenant d’un bon esprit ? Le pauvre Platon fut estimé fol autrefois parce qu’il descendit de cheval aussi tost qu’il y fut monté. Il me semble d’en avoir ouy la cause, et ay ouy dire que ce fut parcequ’il se recogneut estre sans bottes. Ainsi, par consequent, je concluds, soit en baroco21, padesmo ou autrement, comme on le trouvera meilleur, qu’un homme est tousjours plus asseuré des chiens avec des bottes qu’avec un bas de toile, principalement quand les esperons y tiennent, et qu’il ne doit pour son honneur aller à cheval sans bottes. Ainsi se trouve verifiée ceste generale et merveilleuse prediction du grand Artus, au large bonnet flocqué22, qui vivoit du temps de son grand frère Desiré23, bon homme des Entomures24, souz le pilier verd des gras fromages, aux hasles, qui a predit qu’au temps que les grues pondroient en l’air on verroit de très grandes merveilles, à sçavoir des chevaux en pourpoint et des hommes bottez sans mule. Finalement, pour eviter à toutes questions, noises, frais et debats, a esté d’un mutuel accord et consentement conclud, clos et arresté entre tous les autres estats qui y pourroient ou voudroient pretendre quelque interest, et les sus dits savetiers, tant des hasles, savaterie, rue de la Poterie et ailleurs, tous ès lieux de leur fripperie, assemblez à la Table Roland25, et partout où le vin a esté trouvé le meilleur, que les dits savetiers n’achepteront ny vendront desormais, tant en gros qu’en detail, aucunes bottes, tant crottées qu’autrement, si le cheval, mulet ou asne à selle ne les cautionne duement et suffisamment ; mais il est apparent et notoire qu’il n’y a point de cheval à l’estable faute d’avoine, de foin et d’argent, qui est le pis, ergo gluc, etc. Les bottes sans cheval sont fessées, biffées et annulées, et remises ès pieds et jambes de ceux qui auront le moyen de les entretenir avec leurs despendances, et ce soubs ceste moderation :

Vade pede quando copia deficit equi.
Je vay botté en attendant un cheval.

Je vous conseille donc, bonnes gens bottez sans cheval, laissez ces bottes aux seigneurs et gentils-hommes qui ont moyen d’avoir des chevaux. Cela vous eschaufe trop les jambes et vous empesche. Aussi n’avez-vous accoustumé d’en porter, comme n’estant vostre estat. Je vous assure qu’on se mocquera de vous, et ce que je voy arriver de pis, c’est qu’il les faudra à la fin vendre à mespris pour payer voz gistes, car les hostesses de Paris n’ont que faire de bottes : elles veulent d’argent. Adieu ; soyez sages.



1. Chaque coin de rue avoit alors son savetier, qui étoit le grand causeur, le grand gabeur, le gazetier de tout le voisinage. On connoît cette jolie épigramme de d’Aceilly :

Le savetier de notre coin
Rit, chante et boit sans aucun soin.
Nulle affaire ne l’importune.
Pourvu qu’il ait un cuir entier,
Il se moque de la fortune
Et se rit de tout le quartier.

2. C’est à peu près le vers du Menteur :

Les gens que vous tuez se portent assez bien.

3. Le luxe des panaches étoit une des grandes dépenses des courtisans. Une plume d’un demi-quart d’écu étoit du dernier misérable. Le Mascarille des Précieuses (scène 10) se vante que chaque brin des siennes lui coûte un louis d’or. — Les panaches se portoient surtout à l’armée, ce qui fait dire par du Lorens, dans une de ses Satyres, 1624, in-8, p. 60 :

Si la guerre n’étoit un moyen de voler,
Sans ailes ni sans plume on n’y voudroit aller.

4. Comme les Espagnols, grands mangeurs d’escargots et d’oignons, et que toutes les caricatures du temps nous représentent largement pourvus de ces denrées. V. Musée de la Caricature, premières livraisons.

5. On connoît ce passage de la Luciade où Lucius, changé en âne, retrouve sa forme humaine après avoir mangé une couronne de roses. V. la traduction de P. L. Courier, Œuvres, édit. du Panthéon littéraire, p. 135.

6. On n’est pas bien d’accord sur l’origine de cette locution proverbiale. Il se pourroit qu’elle vînt de l’anecdote dont nous avons déjà parlé (t. 5, p. 186), et qui nous montre François Ier se décidant tout à coup à substituer la langue françoise à la langue latine dans les tribunaux, parcequ’un seigneur que la cour avoit debouté (debotaverat) avoit cru être débotté par elle. Cette importante mesure auroit, en effet, été prise ainsi à propos de bottes. M. Quitard pense cependant que cette expression est plus ancienne. Il dit l’avoir retrouvée dans un livre antérieur au règne de François Ier, avec une note marginale qui en attribuoit l’origine aux exactions que les Anglois, maîtres de la France, commettoient contre les paysans, jusque là qu’ils prélevoient de fortes dîmes et de grosses sommes pour leurs souliers et leurs bottes. (Quitard, Dictionnaire des Proverbes, p. 163–164.)

7. C’est ce que G. Naudé, dans le Mascurat, in-4, p. 187, appelle des chapeaux en pot à beurre.

8. Sur ces moustaches ou cheveux tombant sur les côtés de la perruque, V. le t. 3, p. 243. — Celles qu’on appeloit cadenettes devoient leur nom à l’un des frères de Luynes, Honoré d’Albert, seigneur de Cadenet. Ménage nous l’avoit appris depuis long-temps ; les Historiettes de Tallemant nous l’ont confirmé. V. édit. P. Paris, t. 1, p. 399.

9. Sur ces diverses formes de chapeaux, voir le Satyrique de cour, dans notre t. 3, p. 245.

10. C’étoit la prononciation à la mode, due à l’imitation de l’accent efféminé des Italiens. « On n’ose plus, dit Henry Estienne dans son Dialogue du nouveau langage françois italianizé, Paris, 1579, on n’ose plus écrire françois, françoise, sous peine d’être appelé pédant. » Courval Sonnet, qui avoit vu les progrès de cette mauvaise prononciation, et qui la trouvoit tout à fait triomphante sous Louis XIII, à l’époque même où parut la pièce que nous reproduisons, s’en explique ainsi dans une de ses satyres :

Bref, que dirai-je plus ? Il faut dire il allèt,
Je crès, françès, anglès, il disèt, il parlèt.

C’est donc inutilement que les doctes, Pasquier en tête, avoient proscrit cet accent exotique. « Le courtisan aux mots douillets, écrivoit-il dans sa quatrième lettre à Ramus, nous couchera de ces paroles : « reyne (au lieu de royne), allèt, tenèt, menèt… Ni vous, ni moi, je m’asseure, ne prononcerons, et moins encore écrirons, ces mots de reyne, allèt, menèt. » V. Lettres de Pasquier, in-fol., t. 2, p. 46, 57–58.

11. On sait que le landit étoit la foire qui se tenoit à Saint-Denis dans la dernière quinzaine de juin.

12. V. le Satyrique de cour, dans notre t. 3, p. 248, note.

13. Cette poudre, dont nous avons déjà parlé, t. 3, p. 253, note, resta long-temps en faveur pour la toilette des hommes comme pour celle des femmes, surtout pour les perruques :

Le matin y met de l’ambre,
De la pommade, de l’iris,
Des poudres du nom de Cypris,
Qui s’attachent à la pommade.

Vers à la Fronde sur la mode des hommes, présentés aux curieux du temps…, 1650, in-4.

« Diane, lit-on dans le Francion, édit. de 1663, p. 267, se plaignit à sa servante de ce qu’il y avoit eu quelque gueux qui avoit fait de l’ordure dedans son banc. Ce fut cela qui l’en fit sortir ; mais la poudre de Cypre dont vous étiez couvert vous empescha de sentir une si mauvaise odeur. »

14. Ce qui donne raison à ce joli distique de Martial dans l’une de ses épigrammes (liv. 2, épigr. 12) :

Hoc mihi suspectum est, quod oles bene, Posthume, semper.
Hoc mPosthume, non bene olet, qui bene semper olet.

15. V. notre t. 3, p. 257–258.

16. C’est, comme on sait, le vieux proverbe latin qui se trouve dans les Mimes de Publius Syrus : Vino vendibili hedera non opus est.

17. C’est aujourd’hui le quai de la Mégisserie. Aux derniers siècles, on lui donnoit aussi le nom de quai de la Ferraille, qu’il devoit aux ferronniers dont il est ici question. Vers la fin du règne de Louis XV, ils en furent éloignés en vertu d’une ordonnance de police que le chevalier de Piis formuloit ainsi, avec une richesse de rimes sans égale :

Enjoignons aux vieux férailleurs
De vendre leur vieux fer ailleurs.

18. « N’est-ce pas, dit Hortensius, faisant, au liv. 10 du Francion, « l’oraison démonstrative » des bottes, n’est-ce pas grand avantage, si l’on veut aller se promener, que de paroistre chevalier, estant seulement botté, encore que l’on n’ait point de cheval, d’autant que ceux qui vous voient s’imaginent qu’un laquais tient vostre monture plus loin ? Aussi un estranger s’estonnoit-il un jour où il pouvoit croistre en France assez de foin et d’avoine pour nourrir les chevaux de tant d’hommes qu’il voyoit bottez à Paris ; mais l’on le guerit de son ignorance, luy remontrant que les chevaux de ceux qu’il avoit veus ne coustoient guère à entretenir. »

19. « Car, dit encore l’Hortensius du Francion, il n’y a rien de plus commode pour espargner les bas de soye, à qui les crottes font une guerre continuelle, principalement dedans Paris, qui, à cause de sa boue, fut appelé Lutèce. N’y a-t-il pas un adage qui dit que verolle de Rouen et crotte de Paris ne s’en vont jamais qu’avec la pièce ? » C’est en effet l’abondance continuelle des boues dans Paris qui avoit amené cet usage des bottes, devenu si général. « Ceux d’entre nous, dit le commissaire La Mare, qui ont vu le commencement du règne de Sa Majesté (Louis XIV), se souviennent encore que les rues de Paris étoient si remplies de fange que la nécessité avoit introduit l’usage de ne sortir qu’en bottes. » (Traité de la police, t. 1, p. 560.)

20. « C’est, dit encore l’Hortensius de Francion dans sa fameuse oraison à propos de bottes, c’est une nécessité aux braves hommes d’en porter s’ils veulent paroistre ce qu’ils sont, et à beaucoup d’autres s’ils veulent paroistre ce qu’ils ne sont pas. Si l’on est vêtu de noir, l’on vous prend pour un bourgeois ; si l’on est vêtu de couleur, l’on vous prend pour un joueur de violon ou pour un bateleur, spécialement si l’on a un bas de soye de couleur différente ; mais arrière ces opinions quand l’on a des bottes, qui enrichissent toutes sortes de vêtements ! »

21. Dans l’école, le quatrième mode de syllogisme de la seconde figure s’appeloit syllogisme en baroco, et il méritoit à tous égards d’être l’origine de notre mot baroque.

22. C’est-à-dire avec des flocques ou des houppes.

23. Artus Désiré, cet étrange écrivain, ce pamphlétaire du catholicisme, qui devança par ses virulents libelles les sermons des prédicateurs de la Ligue. Si les quelques détails qu’on donne ici sur lui sont vrais, ce sont à peu près les seuls que l’on ait sur sa vie. V. l’abbé d’Artigny, Mémoires, t. 2, p. 49.

24. C’est-à-dire bon aux coups de poings, aux rudes horions, comme le frère Jean de Rabelais.

25. Ce cabaret, dont nous avons déjà parlé, t. 1, p. 195, se trouvoit près le Châtelet. V. les Visions admirables du pèlerin du Parnasse, et l’analyse curieuse que Nodier a faite de ce livre, Bullet. du Biblioph., août 1835, p. 10.