La Grande Encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres, et des arts/Thermopyles

THERMOPYLES (Θερμοπύλαι). Célèbre défilé de la Grèce situé le long du golfe Lamiaque ou Maliaque, au pied du mont Callidrome, contrefort du mont Œta. C’est la route de la Thessalie vers la Grèce centrale, la seule par où les chars et une armée pussent passer dans l’antiquité. En réalité, il se composait d’un double défilé séparé par une petite plaine de moins de 2 kil. de long sur 800 m. de large. A l’entrée orientale, près de la ville locrienne d’Alpeni, les escarpements du Callidrome ne laissaient au point le plus étroit que la place d’un seul char, et ce passage fut à plusieurs reprises clos par un mur garni de portes ; vers cette entrée orientale jaillissent des sources thermales sulfureuses qui expliquent le nom donné au défilé ; en avançant vers l’O., dans la direction de la Thessalie, le défilé s’élargissait à 800 m. ; l’on croisait plusieurs ravins et torrents dévalant de la montagne ; le principal était l’Asopus, près de l’embouchure duquel jaillissent d’autres sources thermales et des sources ferrugineuses formant le ruisseau que les anciens nommaient Phœnix ; c’était l’entrée occidentale du défilé gardée par la petite ville d’Anthela, lieu de réunion du conseil des Amphictyons (V. Amphictionie) ; à cette entrée occidentale, un nouvel étranglement ne laissait place entre le mont et la mer que pour le passage d’un char. Au delà de l’Asopus était la plaine de Trachinie arrosée par le Mêlas, le Dyras et le Sperchios. Aujourd’hui les alluvions du Sperchios (ou Hellada), en comblant le fond du golfe, ont complètement changé l’aspect des Thermopyles ; le fleuve se détournant vers l’E. coule le long de l’ancien rivage jusque bien au delà de l’E. des Thermopyles ; au pied de la montagne s’étend, à la place de la mer, une large plaine marécageuse ; en hiver cependant, on ne peut passer que par l’étroit chemin pavé entre le Callidrome et le marais ; mais, en été, ceux-ci se dessèchent et le défilé n’existe plus.

Les Thermopyles ont joué un grand rôle dans l’histoire grecque. C’était, avons-nous dit, le lieu de réunion des Amphictyons, confédération religieuse qui groupait tous les Hellènes. Les Thermopyles ont dû leur célébrité à la mort héroïque de Léonidas, roi de Sparte (480). Chargé d’y arrêter l’armée de Xerxès, il se retrancha derrière le mur des Phocidiens et résista avec succès ; un traître malien, Ephialte, indiqua aux Perses un sentier contournant, par le lieu dit Anopæa, le défilé et amena par la crête du Callidrome, derrière le défilé, le détachement ennemi que commandait Hydarne. Léonidas, se voyant tourné, renvoya les troupes grecques à l’exception de ses 300 Spartiates, des gens de Thespies et des Thébains (ces derniers parce qu’il s’en méfiait) ; puis, s’avançant dans la partie la plus large du défilé, il y combattit jusqu’à la mort. On érigea sur la colline où il avait péri un lion de pierre. Plus tard, les Spartiates et leurs alliés doriens bâtirent au N. des Thermopyles la ville d’Héraclée qui leur en assura quelque temps la possession. Ce fut à ce défilé que les Athéniens arrêtèrent le roi de Macédoine, Philippe (V. ce nom), et il fallut la guerre sacrée (V. Phocide) pour lui en assurer la possession. En 279, les Grecs essayèrent d’y arrêter les Gaulois de Brennus ; ceux-ci tournèrent la position par le sentier du Callidrome, et les défenseurs se rembarquèrent. En 207, Philippe de Macédoine délogea des Thermopyles les Etoliens. En 191, Antiochus le Grand, roi de Syrie, s’y retrancha pour combattre les Romains, commandés par Acilius Glabrio et Caton ; il avait fait occuper par les Etoliens, ses alliés, trois sommets, Callidrome, Teichios, Rhoduntia ; les Romains enlevèrent ces hauteurs et le forcèrent à la retraite ; on voit encore les ruines de trois forts qui semblent répondre à ceux d’Antiochus. Les fortifications des Thermopyles furent encore réparées par Justinien.

Les Thermopyles.
Les Thermopyles.
En 1821, le diacre Diakos y combattit presque seul 400 musulmans. Bibl. : Gordon, Account of two visits to the highlands above Therrnopylæ ; Athènes, 1838. — Cf. les géographies de Grèce de Leake, Bursian, etc.