La Grande Encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres, et des arts/Préface

◄  ?
?  ►




PRÉFACE


__________________


La France, malgré des tentatives nombreuses dont quelques-unes ont été, en leur temps, couronnées de succès, ne possède pas encore un grand ouvrage encyclopédique, populaire et cependant au courant des plus récents progrès de la science moderne. Ce genre de publication ne manque ni en Angleterre, ni en Allemagne, ni aux États-Unis.

Sans parler de la colossale Encyclopédie d’ERSCH et GRUBER, dont la publication se poursuit depuis 1816, nous pouvons citer : en Allemagne, le CONVERSATIONS LEXIKON, de Brockhaus, et celui de Meyer ; - en Angleterre, la grande ENCYCLOPAEDIA BRITANNICA ; - aux États-Unis, l’ENCYCLOPAEDIA AMERICANA, qui a obtenu un succès retentissant.

Ces exemples font voir la lacune qui existe dans la collection des Encyclopédies françaises. La Grande Encyclopédie se propose de la combler.

La Grande Encyclopédie est une œuvre de haute vulgarisation. Elle se propose de constater l’état actuel de la science moderne, de dresser l’inventaire des connaissances humaines à notre époque.

Étrangère aux querelles du jour, résolue à ne pas être une oeuvre de combat, la Grande Encyclopédie n’a et ne peut avoir d’autre règle que l’impartialité de la science.

Les découvertes de l’astronomie, de la physique et de la chimie, les applications nouvelles de l’électricité, les restitutions de l’archéologie, les résultats donnés par la science du langage, l’histoire, l’anthropologie, la biologie et les sciences naturelles, les sciences morales, politiques et sociales, en un mot tout ce qui est de nature à jeter la lumière sur le monde physique et sur. le monde intellectuel trouve place dans la Grande Encyclopédie. Elle expose les faits avec une scrupuleuse exactitude, les théories diverses ou contradictoires avec impartialité : il appartient au lecteur de comparer et de conclure.

L’illustration tient dans notre œuvre une large place. Chaque fois que le texte doit y gagner en clarté et en précision, la gravure accompagne la description écrite, qu’il s’agisse de sciences exactes ou naturelles, de beaux-arts ou d’archéologie. A notre époque de découvertes géographiques et de développement colonial, il était naturel de compléter cette illustration par un ensemble de plus de deux cents cartes, hors texte, gravées spécialement pour la Grande Encyclopédie et dont la collection forme un atlas unique en son genre. Reprenant en particulier la tradition des encyclopédistes du siècle dernier, elle réserve à la description et à la représentation des machines-outils la place qui leur revient en raison du rôle que jouent ces instruments de travail dans notre société industrielle.

***

Le mot d’encyclopédie (Έγκυκλιοζ παιδεια) remonte à l’antiquité, Quintilien s’en est servi ; - la chose est moderne. Chez les Grecs et chez les Romains le mot signifiait l’ensemble des connaissances que tout homme instruit devait posséder.

C’est tantôt à LEUCIPPE, maître de Démocrite, tantôt à DÉMOCRITE lui-même, qu’on fait remonter le premier ouvrage encyclopédique.

Mais il y eut un homme qui, s’il ne fit pas une encyclopédie au sens moderne du mot, eut du moins l’esprit encyclopédique : c’est d’Aristote que nous voulons parler. Sa vaste intelligence embrassa toutes les branches des connaissances humaines cultivées de son temps, métaphysique, sciences naturelles, géométrie, politique. On peut dire que rien de ce que savait alors l’humanité ne lui fut étranger.

VARRON, dans l’ensemble de son oeuvre, PLINE L’ANCIEN, dans son Histoire naturelle, ont fait des encyclopédies au sens ancien du mot.

C’est encore dans ce sens que les collections de STOBÉE, les Origines d’ISIDORE et les 22 livres De universo de RABAN MAUR sont des encyclopédies. Mais le plan, la connexion des sciences entre elles et des arts avec les sciences, la classification enfin, qui sont, comme nous le verrons plus loin, le trait distinctif des encyclopédies, font absolument défaut dans ces ouvrages ; ce sont bien plutôt des recueils généraux des sciences et des arts alors connus, que des encyclopédies telles que nous les comprenons.

Un premier essai de classification fut tenté par un Français, VINCENT DE BEAUVAIS, né vers 1190 et mort vers 1264. C’était un dominicain. Dans trois ouvrages, résultat d’un travail énorme, il fit au moyen âge quelque chose qui se rapproche beaucoup d’une encyclopédie.

Dans le Speculum historiale il fit une encyclopédie historique.

Le Speculum naturale est une encyclopédie des sciences physiques et naturelles.

Le Speculum doctrinale, auquel un auteur resté inconnu ajouta sur le même plan ; le Speculum morale, est une encyclopédie des sciences morales, philosophiques et théologiques.

Cette compilation eut au moyen âge le plus grand succès. Le nombre des manuscrits qui en ont été conservés est considérable.

Nous ne nous arrêterons pas à mentionner tous les ouvrages qui parurent au moyen âge et jusqu’à Bacon sous le nom de Speculum, de Summa, de Cyclopoedia, Encyclopaedia ou Orbis disciplinarum ; aucun d’eux n’est digne de compter dans l’histoire des encyclopédies.

C’est FRANÇOIS BACON qui jeta les fondements de la classification des sciences dans son traité De dignitate et de augmentis scientiarum (1605-1623). On peut à ce titre le considérer comme le premier encyclopédiste. Mais ni ses contemporains, ni ses successeurs immédiats ne développèrent les principes qu’il avait posés.

Malgré des tentatives faites en Allemagne et restées sans retentissement, c’est en France que le mouvement créé par Bacon se continua réellement et c’est par un chef-d’œuvre qu’il se manifesta : l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Publié d’abord à Paris de 1751 à 1772 en vingt-huit volumes dont onze de planches, l’ouvrage s’augmenta en 1776 et 1777 de cinq volumes de supplément et en 1780 de deux volumes de table analytique et raisonnée des matières.

La préface écrite par d’Alembert, sous le nom de Discours préliminaire, est une des œuvres les plus belles de la philosophie du XVIIIe siècle.

Les esprits les plus éminents de cette époque collaborèrent à l’Encyclopédie. Mais le principal fut Diderot, qui, tour à tour critique d’art, historien, philosophe, artisan, agença toutes ces parties du savoir humain et qui passa dans les ateliers, au milieu des ouvriers, une partie de son existence, pour donner à ses contemporains la description des arts et des métiers manuels, jusqu’alors si dépréciés, et que Jean-Jacques Rousseau réhabilitait en même temps.

Nous ne referons pas l’histoire de l’Encyclopédie, ni celle des tribulations de Diderot luttant contre les ordonnances du roi, les inspecteurs de la librairie, le lieutenant général de police, le parlement et le clergé ; l’ouvrage fut tour à tour autorisé, défendu, toléré, et enfin Diderot découvrit un jour les mutilations que son éditeur avait fait subir à l’œuvre commune pour se ménager les bonnes grâces des pouvoirs politiques.

L’influence de l’ouvrage de Diderot et de d’Alembert fut profonde sur le mouvement intellectuel du XVIIIe siècle et du commencement du XIXe.

Au temps même de sa publication l’émotion fut grande jusque dans les cercles si frivoles de la cour du roi Louis XV et nous n’en voulons donner pour preuve qu’une anecdote fantaisiste racontée par Voltaire en 1774 (édition Didot aîné, 1820-1826, t. XLV, p. 465) et qui a été bien souvent citée :

«  Un domestique de Louis XV me contait qu’un jour, le roi, son maître, soupant à Trianon en petite compagnie, la conversation roula d’abord sur la chasse, et ensuite sur la poudre à tirer. Quelqu’un dit que la meilleure poudre se faisait avec des parties égales de salpêtre, de soufre et de charbon. Le duc de La Vallière, mieux instruit, soutint que, pour faire de bonne poudre à canon, il fallait une seule partie de soufre et une de charbon sur cinq parties de salpêtre bien filtré, bien évaporé, bien cristallisé.

«  Il est plaisant, dit M. le duc de Nivernais, que nous nous amusions tous les jours à tuer des perdrix dans le parc de Versailles, et quelquefois à tuer des hommes ou à nous faire tuer sur la frontière, sans savoir précisément avec quoi l’on tue.

«  Hélas ! nous en sommes réduits là sur toutes les choses de ce monde, répondit Mme de Pompadour ; je ne sais de quoi est composé le rouge que je mets sur mes joues, et on m’embarrasserait fort si on me demandait comment on fait les bas de soie dont je suis chaussée.

«  — C’est dommage, dit alors le duc de La Vallière, que Sa Majesté nous ait confisqué nos Dictionnaires encyclopédiques, qui nous ont coûté chacun cent pistoles ; nous y trouverions bientôt la décision de toutes nos questions.

«  Le roi justifia sa confiscation ; il avait été averti que les vingt et un volumes in-folio, qu’on trouvait sur la toilette de toutes les dames, étaient la chose du monde la plus dangereuse pour le royaume de France, et il avait voulu savoir par lui-même si la chose était vraie, avant de permettre qu’on lût ce livre. Il envoya, sur la fin du souper, chercher un exemplaire par trois garçons de sa chambre, qui apportèrent chacun sept volumes avec bien de la peine. On vit à l’article POUDRE que le duc de La Vallière avait raison ; et bientôt Mme de Pompadour apprit la différence entre l’ancien rouge d’Espagne, dont les dames de Madrid coloraient leurs joues, et le rouge des dames de Paris. Elle sut que les dames grecques et romaines étaient peintes avec de la pourpre qui sortait du murex, et que, par conséquent, notre écarlate était la pourpre des anciens ; qu’il entrait plus de safran dans le rouge d’Espagne et plus de cochenille dans celui de France. Elle vit comme on lui faisait ses bas au métier, et la machine de cette manœuvre la ravit d’étonnement.

«  — Ah ! le beau livre ! s’écria-t-elle. Sire, vous avez donc confisqué ce magasin de toutes les choses utiles, pour le posséder seul et pour être le seul savant de votre royaume.

«  Chacun se jetait sur les volumes, comme les filles de Lycomède sur les bijoux d’Ulysse ; chacun y trouvait à l’instant tout ce qu’il cherchait. Ceux qui avaient des procès étaient surpris d’y voir la décision de leurs affaires. Le roi y lut tous les droits de sa couronne

«  — Mais vraiment, dit-il, je ne sais pourquoi on m’avait dit tant de mal de ce livre !

«  — Eh ! ne voyez-vous pas, Sire, lui dit le duc de Nivernais, que c’est parce qu’il est fort bon ? On ne se déchaîne contre le médiocre et le plat en aucun genre. Si les femmes cherchent à donner du ridicule à une nouvelle venue, il est sûr qu’elle est plus jolie qu’elles.

«  Pendant ce temps, on feuilletait, et le comte de C… dit tout haut :

«  — Sire, vous êtes trop heureux qu’il se soit trouvé sous votre règne des hommes capables de connaître tous les arts et de les transmettre à la postérité. Tout est ici : depuis la manière de faire une épingle jusqu’à celle de fondre et de pointer vos canons ; depuis l’infiniment petit jusqu’à l’infiniment grand. Remerciez Dieu d’avoir fait naître dans votre royaume ceux qui ont servi ainsi l’univers entier. Il faut que les autres peuples achètent l’Encyclopédie ou qu’ils la contrefassent. Prenez tout mon bien, si vous voulez, mais rendez-moi mon Encyclopédie.

«  — On dit pourtant, répartit le roi, qu’il y a bien des fautes dans cet ouvrage si nécessaire et si admirable.

«  — Sire, reprit le comte de C il y avait à votre souper deux ragoûts manqués ; nous n’en avons pas mangé, et nous avons fait très bonne chère. Auriez-vous voulu qu’on jetât tout le souper par la fenêtre, à cause de ces deux ragoûts ?

«  Le roi sentit la force de la raison ; chacun reprit son bien. Ce fut un beau jour.

«  L’envie et l’ignorance ne se tinrent pas pour battues. Ces deux sœurs immortelles continuèrent leurs cris, leurs cabales, leurs persécutions ; l’ignorance en cela est très savante. Qu’arriva-t-il ? Les étrangers firent quatre éditions de cet ouvrage français, proscrit en France, et gagnèrent environ dix-huit cent mille écus. »

«  Français, tâchez dorénavant d’entendre mieux vos intérêts. »

Dans ce récit charmant, Voltaire a rendu sensible le succès de l’Encyclopédie de Diderot au jour de sa publication. Vieillie aujourd’hui et dépassée par les progrès les plus rapides qu’ait faits la science humaine dans les divers ordres de connaissances, elle n’en a pas moins laissé derrière elle un vide que rien n’est venu encore combler

Et notre pays est fier, à juste titre, d’avoir donné naissance à une œuvre qui marque un mouvement en avant de l’esprit humain et qui a été la préparation philosophique de la Révolution française.

Nous avons rappelé, au commencement de cette préface, les travaux plus récents faits en Allemagne, en Angleterre et aux États-Unis. L’Italie et la Hongrie ont eu également leurs encyclopédies. En France, le DICTIONNAIRE DE LA CONVERSATION, l’ENCYCLOPÉDIE MODERNE, de Léon Renier, le GRAND DICTIONNAIRE UNIVERSEL DU XIXe SIÈCLE, de Larousse, sont, entre bien d’autres, les tentatives les plus honorables. Mais ce ne sera blesser aucun de nos devanciers que de dire que nul d’entre eux n’a eu l’influence et n’a joué le rôle de l’Encyclopédie de Diderot et de d’Alembert.

*

**

D’Alembert, écrivant le Discours préliminaire qui devait servir de préface à l’Encyclopédie du XVIIIe siècle, faisait ressortir la différence qui existe entre une encyclopédie et un dictionnaire.

Tandis que les dictionnaires généraux ou spéciaux n’ont d’autre objet que de mettre à la portée d’un nombre toujours croissant de lecteurs une quantité toujours plus considérable de documents et de renseignements, une encyclopédie doit se proposer un but plus élevé.

Montrer le lien entre ces différents éléments, rattacher les unes aux autres par leurs affinités naturelles les diverses connaissances humaines ; — les cataloguer, les diviser en groupes, en genres, en familles, en espèces ; — telle est la première tâche qui s’impose à ceux qui veulent édifier une encyclopédie.

Il faut ainsi condenser non seulement les faits, mais les idées.

Il faut, marchant du concret à l’abstrait, rassemblant les traits communs aux faits particuliers, en dégager les généralités. Puis, rapprochant les unes des autres les généralités différentes, saisir soi-même et faire saisir à autrui leurs traits communs.

Ces faisceaux de faits et d’idées une fois constitués, on les compare entre eux et c’est alors que se pose le problème de la classification des faits particuliers et de la classification de ces faits plus généraux qu’on appelle les lois naturelles.

La classification des faits particuliers ne soulève pour l’encyclopédiste aucune difficulté spéciale.

Il y a longtemps que les divers ordres de connaissances se sont constitués de façon à ramener dans le domaine de sciences délimitées, bien que pouvant avoir entre elles des points de contact nombreux et des frontières quelquefois indécises, tous les faits sur lesquels se sont exercées l’expérience et la raison humaine.

Les problèmes de classification que soulèvent tels ou tels faits particuliers sont du domaine des sciences dans lesquelles on peut les faire rentrer.

Ce n’est pas par le fait de construire une encyclopédie qu’on pose ces problèmes ; ils existaient avant, ils pourront subsister longtemps après. L’encyclopédiste doit en constater l’existence ; ce n’est pas à lui qu’il appartient de les résoudre.

La tâche commence pour lui lorsque, ayant rassemblé tous ces faits particuliers, matière première de l’œuvre encyclopédique, il s’agit de la coordonner en un ensemble bien proportionné.

Cette coordination n’est que la classification des faits généraux, et la classification des faits généraux c’est la classification des sciences.

Tel est le problème qui résulte pour l’encyclopédiste de la nature même de la tâche qu’il s’est donnée. Ce problème, d’Alembert, Ampère, Auguste Comte, puis Herbert Spencer et bien d’autres ont essayé de le résoudre.

Mais une question se pose d’abord : Y a-t-il réellement, d’après la nature même des faits, une classification des sciences entre elles ?

Les sciences sont-elles reliées les unes aux autres par des liens nécessaires ? Y a-t-il entre elles d’autres relations que celles qui résultent de l’ordre dans le développement historique et dans les contacts inévitables, le même fait pouvant être envisagé et étudié à divers points de vue ?

Ou bien cet ordre de la nature n’est-il qu’une apparence ? Ces lois ne sont-elles que le reflet des lois de l’entendement humain ? Et ne voyons-nous les faits extérieurs qu’à travers le prisme des formes intellectuelles ?

En un mot, y a-t-il ou non des lois ? Telle est la question qui se pose au seuil de la classification générale des sciences.

L’encyclopédiste doit y répondre affirmativement ou renoncer à poursuivre son œuvre.

Et pour emprunter une expression familière aux physiciens, pour lui tout se passe comme s’il y avait effectivement dans la nature des choses un ordre réel et permanent, comme si les sciences représentatives de cette nature étaient liées entre elles par des rapports nécessaires.

À quelle classification doit-il donc s’arrêter ?

Car les philosophes en ont essayé plusieurs, fondées sur des considérations diverses et de valeur presque égale.

***

Dès l’antiquité, en dressant un arbre ou table des idées générales, PORPHYRE avait tracé un commencement de classification des sciences.

Mais le problème n’a été véritablement et utilement posé que par le chancelier BACON, dont l’arbre généalogique des sciences humaines a été repris, à quelques modifications près, par d’ALEMBERT, dans le discours préliminaire de l’Encyclopédie.

Après avoir fait observer qu’une œuvre de cette nature comporte toujours une part inévitable d’arbitraire, d’Alembert divise les objets de nos connaissances en deux grandes catégories, les objets spirituels, qui n’ont d’existence que par l’esprit, et les objets matériels.

À ces deux ordres de choses correspondent deux espèces d’idées, les idées directes et les idées réfléchies.

Il suit de là que l’esprit humain emploie dans ses spéculations trois procédés.

Il se souvient, par la mémoire, d’idées ou d’objets antérieurement perçus.

Il juge et discute, par la raison, sur ces idées et sur ces objets.

Il crée, par l’imagination, des objets analogues à ceux qui existent dans la nature.

Ces trois facultés maîtresses de l’esprit humain sont, d’après D’ALEMBERT, les termes principaux de l’arbre encyclopédique :

La MÉMOIRE donne naissance à l’HISTOIRE sacrée, ecclésiastique, civile, littéraire, artistique.

La RAISON agit par la PHILOSOPHIE, d’où dérivent : l’ontologie ou métaphysique générale, la théologie, la pneumatologie ou métaphysique particulière, la physique générale et les mathématiques. L’imagination crée les beaux-arts sous leurs différentes manifestations que d’Alembert propose de comprendre sous le terme générique de PEINTURE GÉNÉRALE, car toutes, peinture, sculpture, poésie, musique même, peignent des objets et sont essentiellement des modes d’expressions.

Dans un ouvrage intitulé : Essai sur la Philosophie des sciences, publié en 1834, Ampère a tenté une classification des sciences ; il les divise d’abord en deux grands règnes : les sciences cosmologiques, qui traitent des lois de la nature, et les sciences noologiques, qui étudient les lois de l’esprit. Les sciences cosmologiques comprennent deux sous-règnes : sciences qui traitent de la matière inanimée ; sciences qui s’occupent de la matière vivante.

De division en division, Ampère arrive à former un tableau où les sciences et les arts se trouvent répartis en deux règnes, quatre sous-règnes, huit embranchements, seize sous-embranchements, trente-deux sciences du premier ordre, soixante-quatre du second ordre, cent vingt-huit du troisième ordre.

Auguste Comte reprit, dans la première leçon de son Cours de Philosophie positive, le problème de la classification des sciences.

Le caractère général de sa méthode est, on le sait, d’écarter les considérations relatives à l’essence même des choses. Repoussant la métaphysique et ignorant volontairement les faits qui échappent à l’expérience humaine, il prend pour règle ce qu’il considère comme les lois du développement historique de l’humanité.

C’est ainsi qu’il fait remarquer que le savoir humain a débuté par la connaissance des nombres, que l’homme d’abord apprit à compter les objets. Si la théorie des nombres, illustrée depuis par Fermat, a été de bien des siècles postérieure, elle n’en a pas moins eu pour fondement les premiers essais de certains philosophes grecs et des prêtres égyptiens.

Depuis longtemps on savait compter quand les pasteurs de la Chaldée jetèrent, par l’étude des astres, les fondements de la science que Copernic, Kepler et Newton devaient constituer définitivement.

A son tour, Archimède énonça son principe, et créa la physique des corps terrestres, lorsque les Grecs s’étaient fait, de temps immémorial, une théorie, vraie ou fausse, sur l’ensemble de l’univers céleste.

Les alchimistes, ces précurseurs de la chimie moderne, ont suivi les physiciens de l’antiquité à la distance qui sépare le moyen âge du monde grec et romain.

La biologie est plus moderne encore. Et c’est à peine si, de nos jours, on a pu énoncer quelques-uns des principes qui doivent servir de base à ce qu’Auguste Comte appelait la sociologie, à ce que nous appelons les sciences morales, économiques et sociales.

Cette classification d’Auguste Comte se compose des termes suivants :

Mathématiques (arithmétique, géométrie, mécanique),

Astronomie ou physique générale,

Physique terrestre,

Chimie,

Biologie,

Sociologie.

Elle a l’avantage de représenter, toutes réserves faites à d’autres points de vue, et en tenant compte de l’influence réciproque des sciences les unes sur les autres, les grands traits du développement historique de l’esprit humain ; mais on peut lui adresser un double reproche : d’une part, elle ne fait aucune place à une science à laquelle les philosophes anglais de notre temps ont donné une méthode définitive, la psychologie, étude des faits de conscience. La psychologie devrait prendre place entre la biologie et la sociologie. Quant à la sociologie elle-même, on peut dire qu’à force d’avoir voulu lui faire tout embrasser, Auguste Comte n’a plus laissé d’objet propre à cette science. Il faut considérer cette conception moins comme le terme d’une classification précise que comme une sorte de pierre d’attente, sur laquelle devaient venir prendre place toutes les études consacrées à l’homme, soit comme être intellectuel et moral, soit comme être social. Tout au moins eût-il été nécessaire de définir le terme, comme le fait M. Herbert Spencer.

M. Herbert Spencer a repris le problème de la classification des sciences. Mais en le reprenant il écarte l’ordre historique qu’avait adopté Auguste Comte.

Il recherche quelles sont les idées fondamentales de l’expérience humaine, et il trouve que ces idées sont celles de l’espace et du temps, — l’espace correspondant à la coexistence des faits et des idées, le temps à leur succession.

Les idées fondamentales, d’ailleurs, peuvent se présenter sous deux formes : à l’état concret, quand elles s’appliquent à des espèces déterminées et particulières, — à l’état abstrait, quand la raison leur a fait subir le phénomène de la généralisation, et alors il donne un tableau qu’il pousse jusqu’au dernier détail.

Il envisage la science sous deux aspects principaux, soit comme traitant des formes sous lesquelles les phénomènes nous apparaissent, soit comme traitant des phénomènes eux-mêmes. La science quand elle s’occupe des formes des phénomènes est la science abstraite, et elle comprend deux divisions : la logique et la mathématique ; quand la science traite ces phénomènes eux-mêmes, elle peut les étudier dans leurs éléments ; elle devient alors la science abstraite-concrète, comprenant la mécanique, la physique et la chimie. Elle peut encore étudier ces phénomènes dans leur ensemble : c’est la science concrète, comprenant : astronomie, géologie, biologie, psychologie, sociologie.

Voilà les grandes classifications des sciences humaines, elles ont chacune leurs mérites et leurs vices. Il ne faut pas songer, d’ailleurs, à arrêter une classification définitive des sciences. Des faits nouveaux pouvant chaque jour apporter des modifications aux relations des sciences entre elles, la classification admise la veille deviendra insuffisante ou inexacte le lendemain. On peut chercher l’absolu, on ne l’atteint jamais, et aucune classification n’est à l’abri de la critique.

Sans lui attribuer le caractère de loi générale qu’y attachait Auguste Comte, nous nous inspirons de la classification historique parce qu’elle est la plus simple. Elle représente d’une façon suffisamment exacte, pourvu que l’on tienne compte de l’influence réciproque des sciences les unes sur les autres, l’histoire du développement des connaissances humaines.

*
* *

Cette question résolue, il faut donner à l’œuvre son caractère propre, en faire quelque chose d’original, différent de tout ce qui l’a précédé.

A vrai dire, ce résultat, quand on est résolu à ne pas faire une servile compilation des devanciers, s’obtient par la force des choses au moins autant que par la volonté des auteurs.

Nous avons dit, en effet, plus haut qu’une encyclopédie devait être l’inventaire exact et précis des faits connus et des doctrines acceptées ou discutées au jour de son apparition.

C’est cette nécessité qui détermine le caractère propre à chaque encyclopédie.

Au XVIIIe siècle, à une époque destructive d’une part, constructive d’autre part, l’encyclopédie devait être à la fois et une arme de combat pour détruire et une chaire de doctrine pour édifier ; à notre époque intermédiaire et toute de transition, l’encyclopédie doit être une œuvre d’exposition.

L’observateur qui étudie notre époque sans se laisser troubler par les luttes de surface qui émeuvent les contemporains et qui ne laissent que peu de souvenir à la postérité, reconnaît aisément que nous sommes en un âge de transition.

Que l’on considère les choses au point de vue des sciences spéculatives de la matière, au point de vue des applications industrielles, il est clair que l’on se débarrasse peu à peu des théories anciennes et des procédés d’autrefois sans avoir encore la complète possession des théories et des procédés qui doivent leur succéder.

Peut-être dira-t-on qu’il en a toujours été ainsi et que c’est la condition même de la continuité du progrès. Mais la caractéristique de notre temps est d’avoir eu la conscience de cette transformation, de s’être rendu compte de ce mouvement incessant des choses et des idées.

Combien cette remarque est plus juste encore quand elle s’applique aux choses de la conscience religieuse ou philosophique, aux faits de l’organisation politique ou sociale ! La caractéristique de notre temps n’est-elle pas précisément le grand combat entre les formes religieuses anciennes et l’esprit philosophique, qui n’a pas encore trouvé une formule précise et universellement acceptée pour les remplacer ?

N’est-ce pas le propre de notre société moderne de chercher à se débarrasser peu à peu des formes politiques du passé, qui entravent le développement de la démocratie, de se livrer avec une ardeur passionnée à la recherche d’une nouvelle répartition des forces sociales et des éléments économiques, sans avoir pu cependant donner à la démocratie sa forme définitive, à la société cet équilibre stable entre les deux frères jusqu’ici ennemis et qu’il faut réconcilier, le Capital et le Travail ?

N’est-ce pas là la raison principale de bien des luttes, la cause de bien des crises et physiques et morales ? Si une image pouvait rendre cet état général de l’humanité à l’heure où nous écrivons, nous dirions que nous traversons une période analogue à celle qu’a dû traverser le monde physique, aux époques géologiques, à ces heures indécises de transition entre l’époque tertiaire et l’époque quaternaire, par exemple, alors que toutes les formes de la vie étaient en plein travail de transformation.

L’œuvre qui doit représenter cette phase intellectuelle et sociale du monde moderne peut-elle être autre chose qu’une œuvre de constatation des faits, d’exposition des doctrines ?

Sous peine d’être incomplet ou inexact, il faut, en ce temps, être impartial. C’est encore, qu’on nous permette de le dire, servir le progrès et contribuer à l’œuvre définitive que d’exposer froidement la vérité.

C’est servir la marche générale des choses que de dire au public : Tel fait est vrai, tel fait est douteux, telle assertion est controuvée !

C’est servir l’élaboration générale des doctrines, des théories et des idées, aujourd’hui en lutte, que de les mettre toutes, impartialement et loyalement, sous les yeux du public qui compare, juge et choisit Cette œuvre de bonne foi, moins brillante que la lutte, mais qui donne des résultats aussi durables et aussi utiles, est la meilleure préparation à ce consentement unanime des consciences et des intelligences, sans lequel on ne fonde ni la vérité scientifique, ni la conscience morale, ni un état social.

Mais ce serait mal comprendre cette impartialité que d’y voir une neutralité passive, une indifférence dédaigneuse de distinguer le vrai du faux, le juste de l’injuste. Il y a, dans l’ordre des sciences morales et sociales aussi bien que dans les sciences exactes et naturelles, des faits qu’il n’est plus permis de nier. Ces faits-là, la Grande Encyclopédie les affirmera sans hésitation, car les hommes qui l’ont conçue et qui travaillent à son édification sont des hommes de leur temps. Ils en ont les aspirations, et, sans regret pour un passé qu’ils respectent, mais qu’ils ne veulent pas voir revivre, ils regardent devant eux, désireux de servir la cause de la liberté et du progrès.

***

Telle est la tâche à la fois difficile et modeste à laquelle les collaborateurs de la Grande Encyclopédie ont consacré plusieurs années de leur vie, sans avoir l’illusion de penser qu’ils font une œuvre définitive.

Que ceux qui nous ont précédés ne soient pas jaloux de nous ; nous serons remplacés nous-mêmes un jour, comme ils l’ont été successivement les uns et les autres.

Penser faire une encyclopédie qui ne doive jamais disparaître serait une espérance chimérique.

Dans un quart de siècle, la science humaine aura marché. Des faits anciennement connus se seront modifiés ou seront mieux appréciés, des faits nouveaux se seront révélés, des théories anciennes seront mortes, des théories nouvelles seront nées. Les mêmes mots peuvent à vingt ou trente ans d’intervalle n’avoir plus la même valeur. Et à ce changement dans la nature des choses, il faudra bien que corresponde un changement dans la manière de les exposer ; — c’est-à-dire qu’à un ensemble de faits nouveaux, d’idées nouvelles, il faut une encyclopédie nouvelle.

Que l’on ne s’émeuve pas, d’ailleurs, de cette vie éphémère d’une encyclopédie. L’œuvre n’en aura pas moins eu son jour et son utilité.

Les encyclopédies ne tombent pas comme les feuilles, et leurs printemps durent de longues années. Il faut au grand public un espace de temps assez étendu pour apprécier les lacunes d’une telle œuvre et éprouver le besoin d’en voir faire une nouvelle édition. Entre deux encyclopédies successives marquant chacune une étape de l’humanité, il y a une période intermédiaire ; celle qui est née peut continuer à vivre, celle qui doit venir n’est pas encore à terme.

Puissions-nous marquer cette constatation du travail humain, ce tableau de notre temps, de traits qui en fassent vivre le souvenir, comme vit encore de nos jours le souvenir de l’œuvre de Diderot et de d’Alembert !


__________




AVANT-PROPOS


_______________________


Peut-être ne déplaira-t-il pas au public d’avoir quelques détails exacts sur le travail que représente une œuvre comme l’encyclopédie que nous entreprenons de lui donner ?

Bien que la méthode que nous avons employée ne soit pas la seule dont on puisse se servir, il nous a paru intéressant de résumer les procédés matériels dont l’expérience nous a amenés à user pour la mise en œuvre de cette vaste besogne.

Quand on a fixé le nombre des volumes dont l’ouvrage doit se composer — nombre qui varie nécessairement suivant le plan général adopté par les éditeurs, — on dresse la liste des sciences générales, puis celle des sciences spéciales qui en dérivent.

On établit par ordre alphabétique la liste des mots qui rentrent dans chacune de ces sciences ; ces mots sont transcrits sur des fiches et transmis à chacun des directeurs ou chefs de groupe placés à la tête des sections diverses de l’œuvre. Chaque directeur revise cette liste. Il écarte les mots qui lui semblent inutiles ; il insère ceux qu’il juge utile d’ajouter. Le vocabulaire ainsi arrêté, les mots sont répartis par les directeurs entre les collaborateurs, dont ils ont la désignation.

Cela fait, comment convient-il de traiter un mot déterminé ?

Nous estimons qu’il faut avant tout se rendre compte de ce qu’ont dit sur ce sujet les encyclopédies qui ont précédé la nôtre, ainsi que les dictionnaires spéciaux.

Une fois ce premier examen fait, il s’agit de fixer la longueur qu’il faut donner à chaque article. Pour déterminer autant que possible cette donnée, il convient de savoir que la Grande Encyclopédie doit contenir 25 volumes de 1,200 pages environ chacun, chacune de ces pages étant divisée en deux colonnes, et chacune de ces colonnes composée de 73 lignes : soit 60,000 colonnes représentant 4,380,000 lignes. Ces lignes elles-mêmes se composent de 50 lettres imprimées en caractère corps huit, non compris la ponctuation et les espaces fines.

Ces données établies, on arrive à la répartition approximative qui suit :

 
Mathématiques et Astronomie 
03,000 colonnes. 0,219,000 lignes.
Physique et Chimie 
04,500 colnes. 0,328,500 liges.
Industrie 
03,000 colnes. 0,219.000 liges.
Sciences naturelles 
04,500 colnes. 0,328,500 liges.
Médecine 
03,600 colnes. 0,262,800 liges.
Philosophie 
03,000 colnes. 0,219,000 liges.
Histoire et Géographie 
09,000 colnes. 0,657,000 liges.
Politique, Économie politique, Administration et Finances 
04,500 colnes. 0,328,500 liges.
Droit et Jurisprudence 
04,500 colnes. 0,328,500 liges.
 

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxÀ reporter 
39,600 colonnes. 2,890,800 lignes.
 
xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxReport 
39,600 colonnes. 2,890,800 lignes.
Littérature 
06,000 colnes. 0,438,000 liges.
Beaux-Arts et Archéologie 
04,500 colnes. 0,328,500 liges.
Linguistique et Philologie 
02,000 colnes. 0,146,000 liges.
Art militaire et Marine 
01,500 colnes. 0,109,500 liges.
Théologie 
01,000 colnes. 0,073,000 liges.
Matières diverses et Figures 
05,400 colnes. 0,394,200 liges.
 

  60,000 colonnes. 4,380,000 lignes.

Il ne saurait évidemment être question de répartir d’une façon égale, entre tous les mots, ce nombre considérable de lignes. Il faut faire un classement par élimination en déterminant d’abord les mots qu’il ne convient pas de développer et auxquels la rédaction n’accordera que quelques lignes. Il ne faut pas craindre de multiplier les mots de cette catégorie, afin d’éviter les lacunes, et de fournir aux lecteurs un renseignement qu’il cherchera peut-être. Un des caractères essentiels de notre encyclopédie sera cette richesse de son vocabulaire. Il n’y a pas à craindre que la multiplicité des détails nuise à l’ensemble et grossisse le volume outre mesure, car un système méthodique de renvois groupe les mots de moindre importance autour des articles principaux. Nous conserverons ainsi tout l’avantage d’une encyclopédie sur un lexique.

Ce premier travail fait, il y a lieu d’établir une sorte de ventilation entre les mots principaux et de les classer en tenant compte à la fois du degré d’intérêt pour le public et du rang d’importance dans la science.

Un procédé d’évaluation assez précis consiste à relever dans les encyclopédies et dictionnaires la longueur du mot dont on s’occupe et à prendre comme coefficients le nombre des volumes de l’ouvrage et le corps des caractères typographiques.

Quoi qu’il en soit, il y a toujours dans cette évaluation de la longueur un élément variable tenant au style même de l’auteur et à sa manière de présenter le sujet.

En général, les articles sont signés, soit du nom de leur auteur, soit de ses initiales.

Cette signature autorise l’écrivain à produire avec plus d’indépendance ses vues personnelles et donne en même temps au public les garanties qu’il est en droit d’exiger.

Dans la contexture même des articles, il faut une règle uniforme.

Tout article de moins de trente lignes ne comporte, pour la même acception du mot, qu’un alinéa. Dans les articles dépassant cette mesure, les alinéas peuvent être répartis de trente en trente lignes, en moyenne.

Lorsqu’un mot comporte une notice bibliographique, on a soin de l’indiquer par un alinéa commençant par le mot ; Bibl. Cette bibliographie est une nomenclature choisie des principaux ouvrages sur la matière.

Nous avons donné à la partie bibliographique beaucoup plus d’importance que nos devanciers, jugeant utile de faire connaître les livres où l’on peut trouver un supplément d’informations. Par notre bibliographie nous nous adressons aussi bien aux savants qu’au grand public.

Chaque ouvrage cité est désigné par le nom de son auteur, le titre, le lieu et la date de sa publication, le nombre de volumes et le format, et pour les collections, au besoin, le volume et la page.

Le titre est composé en italique, le nom de l’auteur en petites capitales.

Pour les livres étrangers, dont il existe une traduction française, on cite cette traduction, à moins qu’il n’ait été publié une édition postérieure dans la langue originale ; celle-ci, alors, est seule citée.

Quant aux titres de livres étrangers, on n’a pas cru qu’il y eût lieu de traduire en français les titres latins, anglais, allemands, italiens, espagnols.

Tous les autres titres sont traduits : la langue dans laquelle le livre est écrit est indiquée entre parenthèses.

Le lieu de publication est toujours indiqué en français.

Dans les articles généraux consacrés aux différents peuples et pays, on a adopté la classification suivante : 1° Géographie physique (côtes, relief du sol, régime des eaux, climat) ;

2° Ethnographie et anthropologie (démographie) ;

3° Langue et instruction ;

4° Géographie politique (gouvernement, administration, divisions administratives, villes principales) ;

5° Géographie économique (agriculture, mines, industrie, voies de communication, commerce) ;

6° Histoire ;

7° Littérature, sciences, beaux-arts.

Cette classification est, d’ailleurs, en ce qui concerne les grandes nations, susceptible de sous-divisions et de paragraphes spéciaux.

Les biographies de personnages décédés donnent :

1° Le nom et les prénoms ;

2° La qualité du personnage, en peu de mots ;

3° La date de la naissance et de la mort ;

4° L’histoire du personnage ;

5° La liste de ses ouvrages, s’il y a lieu.

Enfin, les notes ou renvois en bas de pages ont été sévèrement bannis.

L’orthographe adoptée est celle de la dernière édition du Dictionnaire de l’Académie française.

Quant aux noms grecs qui n’ont pas été francisés, on les a conservés sous la forme latine. Chaque mot traité, en tenant compte de ces différentes prescriptions, est adressé par l’auteur au directeur ou chef du groupe.

Celui-ci le revise et le transmet avec ses observations au secrétariat général qui le revise à son tour quant au fond et à la forme.

On le met alors entre les mains de l’imprimeur. Double épreuve en est adressée à l’auteur et au directeur. Les corrections faites et adoptées, les mots sont mis en pages ; les feuilles de seize pages sont établies et envoyées en épreuves aux directeurs et collaborateurs. Les observations sont centralisées ; le comité de direction les examine et décide en dernier ressort.

En particulier, les termes de géographie doivent être arrêtés et revisés simultanément par le directeur de la géographie et par le directeur de la cartographie, afin que la nomenclature des termes et leur transcription soient identiques sur les cartes et dans le texte.

Chaque collaborateur doit enfin indiquer ceux des mots auxquels il y a lieu de joindre une illustration, et la source à laquelle il faut recourir (document original ou livre).

Il appartient alors à l’éditeur d’assurer l’exécution artistique de cette illustration en choisissant le procédé et la dimension de la gravure.

Tels sont les procédés auxquels se sont astreints ceux qui travaillent à la construction de la Grande Encyclopédie.

Nous ne parlons ici ni du caractère de l’oeuvre, ni de ses tendances, mais simplement du mécanisme qui sert à élever l’édifice.

Il appartiendra au public de dire si le résultat justifie la somme d’efforts dépensés.


F.-CAMILLE DREYFUS.




TABLEAU DES PRINCIPALES ABRÉVIATIONS


EMPLOYÉES DANS CET OUVRAGE


____________________________


Acad 
Académie.
Acoust 
Acoustique.
Admin 
Administration.
Agric 
Agriculture, agricole
Alch 
Alchimie.
Alg 
Algèbre.
Anal 
Analogie.
Analyt 
Analytique.
Anat 
Anatomie.
Anc. jurisp 
Ancienne jurisprudence.
Annél 
Annélides.
Antiq 
Antiquités.
Antiq. égypt 
Antiquités égyptiennes.
Antiq. gr 
Antiquités grecques
Antiq. hébr 
Antiquités hébraïques.
Antiq. orient 
Antiquités orientales.
Anthr 
Anthropologie.
Ap. J.-C 
Après Jésus-Christ.
Arachn 
Arachnides.
Arboric 
Arboriculture.
Archéol 
Archéologie.
Archit 
Architecture.
Archit. hydr 
Architecture hydraulique.
Archit. nav 
Architecture navale.
Arith 
Arithmétique.
Armur 
Armurerie.
Arr 
Arrondissement.
Art dram 
Art dramatique.
Artill 
Artillerie.
Art milit 
Art militaire.
Art nav 
Art naval.
Art vét 
Art vétérinaire.
Astrol 
Astrologie.
Astron 
Astronomie.
Av. J.-C 
Avant Jésus-Christ.
 
B.-Arts 
Beaux-Arts.
Bibl 
Bibliographie.
Blas 
Blason.
Bot 
Botanique.
Bryoz 
Bryozoaires.
 
Cant 
Canton.
C.-à-d 
C’est-à-dire.
C 
Code.
C. civ 
Code civil.
C. de comm 
Code de commerce
C. de procéd. civ 
Code de procédure civile.
C. d’instr. crim 
Code d’instruction criminelle.
C. for 
Code forestier.
C. pén 
Code pénal.
Chancell 
Chancellerie.
Chem. de fer 
Chemins de fer.
Chim 
Chimie.
Chir 
Chirurgie.
Ch.-l 
Chef-lieu.
Chorégr 
Chorégraphie.
Chron 
Chronologie.
Civ 
Civil.
Cœlent 
Cœlentérés.
Com 
Commune.
Comm 
Commerce.
Conchyl 
Conchyliologie.
Const 
Construction.
Cost 
Costume.
Cout 
Coutume, coutumier
Crim 
Criminel, criminelle
Cristall 
Cristallographie.
Crust 
Crustacés.
Crypt 
Cryptogamie.
 
Dép 
Département.
Dialect 
Dialectique.
Diplom 
Diplomatie.
Dramat 
Dramatique.
Dr 
Droit.
Dr. canon 
Droit canonique.
Dr. civ 
Droit civil.
Dr. cout 
Droit coutumier.
Dr. crim 
Droit criminel.
Dr. ecclés 
Droit ecclésiastique.
Dr. féod 
Droit féodal.
Dr. rom 
Droit romain.
 
E 
Est.
Eaux et for 
Eaux et forêts.
Ecclés 
Ecclésiastique.
Echin 
Échinodermes.
Econ. dom 
Économie domestique.
Econ. pol 
Économie politique.
Econ. rur 
Économie rurale.
Ecrit. sainte 
Écriture sainte.
Ed 
Édition.
Egypt 
Égyptologie.
Ellipt 
Elliptique, elliptiquement.
Encycl 
Encyclopédie.
Entom 
Entomologie.
Equit 
Équitation.
Erpét 
Erpétologie.
Escr 
Escrime.
E.-N.-E 
Est-Nord-Est.
E.-S.-E 
Est-Sud-Est.
E.-U 
États-Unis.
Espagn 
Espagnol ou Espagne
Esthét 
Esthétique.
Ethn 
Ethnographie
Etym 
Étymologie.
Ex 
Exemple.
 
Fabr 
Fabrique.
Faucon 
Fauconnerie.
Féod 
Féodal, Féodalité.
Fig 
Figure.
Fin 
Finances.
Forest 
Forestier.
Fort 
Fortifications.
Fr.-maç 
Franc-maçonnerie.
 
Généal 
Généalogie.
Géod 
Géodésie.
Géogn 
Géognosie.
Géogr 
Géographie.
Géol 
Géologie.
Géom 
Géométrie.
Géom. anal 
Géométrie analytique.
Géom. descr 
Géométrie descriptive.
Gnomon 
Gnomonique.
Gramm 
Grammaire.
Grav 
Gravure.
Gymn 
Gymnastique.
 
Hab 
Habitants.
Hébr 
Hébreux, hébraïque
Helminth 
Helminthologie.
Hippiatr 
Hippiatrique.
Hist 
Histoire.
Hist. ecclés 
Histoire ecclésiastique.
Hist. nat 
Histoire naturelle.
Hist. relig 
Histoire religieuse.
Horlog 
Horlogerie.
Hortic 
Horticulture.
Hydraul 
Hydraulique.
Hyg 
Hygiène.
 
Ibid 
Ibidem.
Ichthyol 
Ichthyologie
Iconogr 
Iconographie.
Iconol 
Iconologie.
Id 
Idem.
 
J.-C 
Jésus-Christ.
Jurispr 
Jurisprudence.
Jurispr. marit 
Jurisprudence maritime.
 
Kil 
Kilomètres.
Kilogr 
Kilogrammes.
 
Lat 
Latitude.
Lég 
Législation.
Libr 
Librairie.
Ling 
Linguistique.
Liturg 
Liturgie.
Log 
Logique.
Logar 
Logarithme.
Long 
Longitude.
Littér 
Littérature, littéraire
 
M 
Mètre.
Maçon 
Maçonnerie.
Magnét 
Magnétisme.
Mamm 
Mammifères.
Manuf 
Manufactures.
Mar 
Marine.
Maréch 
Maréchalerie.
Mathém 
Mathématiques.
Mécan 
Mécanique.
Méd 
Médecine.
Méd. lég 
Médecine légale.
Méd. vét 
Médecine vétérinaire.
Mégiss 
Mégisserie.
Menuis 
Menuiserie.
Métall 
Métallurgie.
Métr 
Métrologie.
Métriq 
Métrique.
Milit 
Militaire.
Minér 
Minéralogie.
Moll 
Mollusques.
Mus 
Musique.
Myriap 
Myriapodes.
Myth 
Mythologie, mythologique.
 
N 
Nord.
Navig 
Navigation.
N.-D 
Notre-Dame.
N.-E 
Nord-est.
Néol 
Néologisme.
N.-N.-E 
Nord-nord-est.
N.-N.-O 
Nord-nord-ouest.
N.-0 
Nord-ouest.
Numis 
Numismatique.
 
O 
Ouest.
O.-N.-O 
Ouest-nord-ouest.
Obstétr 
Obstétrique.
Opt 
Optique.
Orfèv 
Orfèvrerie.
Organ. ecclés 
Organisation ecclésiastique.
Ornith 
Ornithologie.
O.-S.-O 
Ouest-sud-ouest.
 
Paléogr 
Paléographie.
Paléont 
Paléontologie.
Pathol 
Pathologie.
Peint 
Peinture.
Perspect 
Perspective.
P. et ch 
Ponts et chaussées.
Pharm 
Pharmacie.
Philol 
Philologie.
Philos 
Philosophie.
Photogr 
Photographie.
Phrénol 
Phrénologie.
Phys 
Physique.
Physiol 
Physiologie.
Piscic 
Pisciculture.
Polit 
Politique.
Polyp 
Polypes
Proc 
Procédure.
Pros 
Prosodie.
Protoz 
Protozoaires.
Psych 
Psychologie.
Pyrot 
Pyrotechnie.
 
Rhét 
Rhétorique.
Rom 
Romain, romaine
Sanscr 
Sanscrit.
 
Sc 
Science.
Scolast 
Scolastique.
Sculpt 
Sculpture.
S.-E 
Sud-est.
Serr 
Serrurerie.
S.-O 
Sud-ouest
Spong 
Spongiaires
S.-S.-E 
Sud-sud-est.
St 
Saint
Ste 
Sainte.
 
Tann 
Tannerie.
Techn 
Technologie.
Teint 
Teinturerie.
Térat 
Tératologie.
Théâtr 
Théâtre.
Théol 
Théologie.
Thérap 
Thérapeutique.
Tox 
Toxicologie.
Trigon 
Trigonométrie.
Tunic 
Tuniciers.
Typogr 
Typographie.
 
V 
Voyez.
Versif 
Versification.
Vétér 
Vétérinaire.
Vol 
Volume.
 
Zool 
Zoologie.
Zoot 
Zootechnie.