La Grande Encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres, et des arts/Mantinée

MANTINÉE. Ville de la Grèce antique, dans la plaine de l’Arcadie orientale, sur la route d’Argos à Corinthe, au N. de Tégée et au S. d’Orchoméne. Elle fut fondée vers le vi c siècle av. J.-C. par l’association des cinq villages du district déjà connu d’Homère. Leur union en une cité fit de celle-ci une des plus puissantes d’Arcadie. Sa constitution était réputée excellente et les Cyrénéens, lui demandèrent un législateur, Démonax (550-530). Elle fit partie de la confédération péloponésienne, dirigée par Sparte, mais eut une altitude particulariste ; sa rivale Tégée avait un régime oligarchique ; celui de Manlinée était démocratique. De plus, Sparte lui disputait la Parrhasie (Arcadie méridionale). Les principaux épisodes du conflit furent la bataille indécise avec les Tégéates (423) et l’alliance avec Argos contre Sparte (421) qui se termina par la bataille de Manlinée où les coalisés (Mantinéens, Argiens, Athéniens ) furent battus par le roi Agis (418). Malgré la trêve de trente ans qui suivit, l’antagonisme persista. A l’expiration de cette trêve, les Spartiates sommèrent les Mantinéens de raser leurs murailles ; sur leur refus, ils les vainquirent en bataille rangée, et Agésipolis vint assiéger la ville (385) ; il détourna le cours de l’Ophis, inondant les approches des murs ; ceux-ci étant bâtis en briques écrues s’écroulèrent ; les Mantinéens capitulèrent el durent se disperser entre des villages ; ils étaient alors environ 3,000 combattants, soit 12,000 à 15,000 habitants. Aussitôt après la bataille de Leuctres, ils rebâtirent leur ville, avec une enceinte en pierre et à quelque distance de la rivière. Ils furent à la tête du mouvement arcadien, et l’un d’entre eux, Lycomède, fut le promoteur de la fondation de Mégalopolis, cité où l’on concentra les Arcadiens méridionaux. Mais bientôt ils entrèrent en lutte avec les chefs de la confédération arcadienne et s’allièrent contre elle à Sparte. Epaminondas marcha contre eux, mais sa victoire remportée dans la mémorable bataille de Mantinée fut annihilée par la mort qu’il y trouva (362). Une troisième bataille de Mantinée fut livrée en 295. Archidamus, roi de Sparte, y fut battu par Démétrius Poliorcète. Une quatrième eut lieu en 242. Agis, roi de Sparte, y fut battu et tué par Aratus et les Achéens. Mantinée était d’abord entrée dans la ligue achéenne ; mais ensuite elle passa avec Orchomène et Tégée à la ligue étiolienne ; puis elle s’allia à Sparte (228). Aratus s’en empara (220) ; mais la garnison achéenne fut chassée ; ce fut la cause de la guerre de Cléomène contre les Achéens, terminée par l’intervention d’Antigone Doson, roi de Macédoine, lequel reprit Mantinée (222) ; elle fut pillée et les habitants vendus comme esclaves. La ville reçut le nom d’Antigoncia qu’elle garda jusqu’au temps de l’empereur Adrien. En 207, une cinquième bataille se livra dans la plaine de Mantinée, entre Philopœmen et le tyran lacédémonien Machanidas, qui fut vaincu et tué. Les Mantinéens furent les seuls Grecs alliés d’Octave à la bataille d’Actium. La ville eut encore une période de prospérité à l’époque byzantine. Ses ruines portent le nom de Palœopoli et ont été fouillées en 1887 par l’école française de Rome. On y voit une enceinte circulaire de 3,942 m. avec 109 tours carrées, 13 tours rondes, 10 portes, des temples de Dionysos, Aphrodite Melanios. Poséidon Hippios, un théâtre, un agora, etc. A.-M. B.