Quand les violons sont partis
Librairie Léon Vanier, éditeur (p. 47-48).

LA GLOIRE

Pour M. Jules Michaut.

Les drapeaux du Soleil vainqueur, où se marie
Le rose triomphal avec l’or souriant,
Poursuivent de rayons mortels la rêverie
Des astres, qui gardaient la Nuit à l’Orient.

Et, lorsque pavoisé de pourpre et d’écarlate,
Il apparaît dans sa gloire d’ascension,
Vers Lui, du chœur universel des fleurs, éclate
La rosée en regards chargés de passion.
 
Cependant qu’élargis, d’innombrables pétales
Sur des tiges, où bout une sève d’amour,
Même les lis, aux attitudes de Vestales !
Livrent leur âme à la merci du Roi du jour.


Et l’essor des parfums chante dans la lumière
Jusqu’au soir, où vaincu de l’éternel combat,
Sous l’ombre qui reprend sa royauté première
À l’horizon gorgé de carnage, il s’abat.
 
Puis, dans la grande paix lunaire, les calices,
Dédaigneux de Celui que la Nuit vint bannir,
Rêvent à se blesser encore, avec délices,
Aux baisers ruisselants des soleils à venir.