La Géologie et la Minéralogie dans leurs rapports avec la théologie naturelle/Planche 12


Planche 12, t. 1, p. 157, 158.


1. Arcade sternale et rames d’un ichthyosaure. Voyez t. I, p. 158, note. (Home.)
2. Arcade sternale de l’ornithorhynque. (Home.)
3. 4, 5, 6. Os occipital et vertèbres cervicales d’un ichthyosaure du lias de Lyme-Regis[1]. (Fig. originale.)

A. Vertèbres en cône creux d’un poisson. (Fig. originale.)
B. C. D. Vertèbres d’ichthyosaure. Voyez t. I, p. 154 note. (Home et Conybeare.)
D. a. g. E. a. g. Apophyses épineuses. On voit que le mode particulier d’articulation de leurs portions annulaires

  1. Sir Philippe de Malpas Grey Egerton a signalé le premier, dans l’atlas et dans les vertèbres cervicales des iclithyosaures, des dispositions mécaniques d’une grande beauté, ayant pour but de supporter leurs tôles énormes el d’en régler les mouvenmns. (Lond. and. Edin. Phil. Mag., novembre 1835, p. 414.)

    La figure 5, a, représente la portion basilaiie de l’os occipital d’un ichthyosaure très grand et très âgé, du lias de Lyme-Regis (réduite au huitième). Le condyle, à peu près hémisphérique, s’articule dans une cavité comparativement petitede la face antérieure île l’atlas (4, a) ; et ce mode d’articulation (par énarthrose) facilite considérablement le support et les mouvemens d’une tête lourde.

    Fig. 4. L’atlas et l’axis d’un ichthyosaure très jeune (aux deux tiers de la grandeur naturelle). Ces deux os adhèrent entre eux par deux surfaces presque plates, et ce sont celles de toutes les vertèbres qui sont le moins susceptibles de flexion ; mais cette disposition donne la plus grande force possible à cette portion- de la colonne, où la solidité était plutôt nécessaire que la flexibilité.

    Au bord inférieur de l’atlas, de l’axis et de la troisième vertèbre cervicale, se voient des facettes triangulaires qui s’articulent avec trois os sons-vertébraux en forme de coins (c), que l’on n’a pas encore décrits jusqu’ici.

    Fig. 4, b. Facette oblique triangulaire qui se voit au bord inférieur de la face antérieure de l’atlas. Cette facette s’articule avec le premier coin sous-vertébral situé entre l’atlas et l’os occipital.

    Entre l’atlas et l’axis existe une cavité triangulaire constituée par les deux facettes sous-vertébrales, et destinée à recevoir un second coin (fig. 4, c), et une autre cavité semblable, mais plus petite, reçoit, entre l’axis et la troisième vertèbre, un troisième coin de la même nature. Ce dernier coin fournit à la tête un support moins fixe, et lui permet des mouvemens plus étendus que le second. On voit ces trois os en coin, à peu près en position naturelle, dans un échantillon venant de Lyrae-Regis, et faisant partie de la collection de sir Philippe Grey Egerton.

    Fig. 4’. Premier coin sous-vertébral, destiné à venir en aide à la cavité antérieure de l’atlas, en complétant la cavité articulaire où doit être reçue l’apophyse basilaire de l’occipit al (3, a).

    4’, a. Face antérieure en forme de croissant du premier coin sous-vertébral.

    4’, 6. Tête de ce même coin.

    A’, c. Le sommet obtus du même, lequel s’articule avec la facette frontale triangulaire de l’atlas (4, b). Cette facette, dans les jeunes animaux, est à peu près lisse et aplatie ; dans les vieux, elle est rugueuse et sillonnée. Ce mode d’articulation a dû donner au premier coin sous-vertébral un effet très complet comme moyen de soutien ou d’appui contre la pression qu’exerçait la tête de haut en bas, en même temps qu’il a dû faciliter beaucoup les mouvemens rotatoires de l’os occipital.

    Fig. 4, c. Second coin sous-vertébral, s’articulant avec la cavité triangulaire formée par les facettes marginales de l’atlas et de l’axis.

    Ce second coin remplissait les fonctions d’un état paissant, destiné à supporter la portion inférieure de l’atlas, et à lui permettre en même temps le peu de mouvement qui lui était nécessaire.

    c′. Tête du coin sous-vertébral (c), renforcée par un tubercule saillant d’une substance osseuse solide.

    Fig. 5. Surface articulaire presque aplatie d’une troisième vertèbre provenant probablement du même grand individu que la fig. 3. Cette surface n’offre à son centre qu’une petite dépression cylindrique, au lieu d’une cavité profonde et conique en forme de coupe, comme dans les vertèbres plus flexibles C, B, E.

    Près du bord supérieur se trouve une saillie en forme de coin, et, près du bord inférieur, une entaille ou sillon (a). Ces deux portions saillantes et rentrantes s’articulent avec des dépressions et des saillies qui leur correspondent dans la face opposée de la vertèbre adjacente, et ce sont des sortes de pivots qui limitent les mouvemens de flexion latérale, en même temps qu’ils empêchent aucune dislocation, aucun glissement des os les uns sur les autres.

    Fig. 6. Surface concave de la vertèbre représentée fig. 5. L’apophyse cunéiforme qui se voit près de son bord inférieur (a) a dû s’articuler avec une entaille ou dépression de la face opposée de la vertèbre adjacente, telle qu’on en voit en a de la figure 5. Comme une face seulement de ces vertèbres est creusée d’une cavité conique, la substance intervertébrale a dû avoir la forme d’un cône simple, et ne permettre aux vertèbres du cou que la moitié du mouvement que les doubles cônes de substance intervertébrale permettent aux vertèbres dorsales et caudales (C, B, E), qui avaient besoin d’une flexibilité plus grande pour que les mouvemens de progression pussent s’effectuer par les vibrations du corps et de la queue.

    Il y a, dans la coïncidence de ces dispositions des facettes articulaires des vertèbres cervicales avec l’existence des trois coins sous-vertébraux que nous venons de décrire, un exemple d’un ensemble d’arrangemens calculés pour que dans le Cou de ces reptiles gigantesques se trouvât combinée tout à la fois une flexibilité moindre avec un accroissement de puissance en rapport avec le poids de leur énorme tête.

    Il est probable que chaque espèce d’ichthyosaure offrait des modifications particulières dans les détails de ses vertèbres cervicales et des coins sous-vertébraux ; et qu’en outre, dans chaque espèce en particulier, ces diversités elles-mêmes éprouvaient des modifications avec l’âge.

    M. Mantell a tout récemment observé que la première vertèbre caudale du gavial est doublement convexe, ainsi que cela se voit dans la dernière vertèbre cervicale des tortues. Cette disposition particulière procure aux animaux qui la possèdent une grande flexibilité de l’une ou de l’autre de ces parties.