La France Juive (édition populaire)/Livre 2/Chapitre 6

Victor Palmé (p. 134-203).


CHAPITRE SIXIÈME


LE GOUVERNEMENT DU 4 SEPTEMBRE. — LA COMMUNE.
LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE.


Les Juifs du gouvernement de la Défense nationale. — Gambetta et Crémieux. — Les espions juifs pendant la guerre. — L’entrée des Prussiens à Paris. — L’ouvrier parisien. — La Commune. — Simon Mayer et la colonne de la Grande Armée. — Comme les hommes de la Restauration, les conservateurs de l’Assemblée de Versailles sont étrangers à tout sentiment de justice. — La répression est à la fois implacable et injuste. — Le talisman des petits papiers. — Les mœurs de la haute démocratie. — Les catholiques se font niaisement l’instrument des haines des hommes du 4 Septembre. — Le duc de Broglie et son ignorance de la réalité. — La curée juive en Allemagne et en France — Paris, dépeuplé par la Commune, est repeuplé par les Juifs. — Les faux Alsaciens. — Les Juifs prennent la direction du mouvement républicain. — Le manifeste du commerce parisien. — Les Castries et les Sina. — Les idées du comte d’Arnim. — Le rétablissement de la Monarchie. — Le comte de Chambord n’a pas voulu régner. — Le 16 Mai. — Le manque d’énergie du gouvernement. — Le testament politique de Fourtou. — Waddington ambassadeur des Juifs. — Le congrès de Berlin. — Les Juifs en Roumanie. — Le règne de Gambetta. — Les Juifs préparent une nouvelle guerre contre l’Allemagne. — La grande affaire. — L’expédition de Tunisie. — On cherche de nouveau querelle à l’Allemagne. — L’affaire de la rue Saint-Marc. — Dangereuse folie de Déroulède. — La fête de Sedan. — Gambetta disparaît. — L’archimime Ferry — Le Tonkin. — La recherche de l’or. — Toujours les sociétés financières. — Lang-Son. — Les conventions avec les chemins de fer. — Impuissance de la politique juive. — Le Tohou-va-bohou talmudique. — La solution de la question sociale.


I


Le 4 Septembre, comme on devait s’y attendre, mit au pouvoir les Juifs français.

Il y eut en réalité, pendant cette période, deux souverains juifs : le Taïkoun et le Mikado. L’un, Gambetta, s’occupa des intérêts financiers d’Israël, fit les emprunts et les marchés, logea les Juifs dans des places où, comme Esquiros à Marseille, ils pussent s’enrichir rapidement ; l’autre, Crémieux, s’occupa des intérêts généraux de la race et des Hébreux du dehors.

L’émancipation des Juifs d’Algérie, en pleine invasion, mit dans tout son relief le caractère juif, implacablement indifférent à tout ce qui n’est pas de la famille.

Phénomène plus surprenant encore, et qui marque bien l’affaissement du tempérament français ! Pas un de ces officiers qui allaient se faire tuer pour le bon plaisir des Juifs, n’eut l’idée de monter chez ce vieux youtre, de le secouer dans la légendaire robe de chambre à ramages jaunes qu’il mettait pour haranguer les troupes du haut de son balcon, et de lui dire :

« Misérable vieillard, nous avons abandonné le Père commun des fidèles pour venir faire notre devoir en France ; nous avons sacrifié toutes nos préférences, toutes nos sympathies, tous nos souvenirs ; nous obéissons à des drôles échappés de tous les cafés, vomis par tous les bouges, sortis de tous les cloaques, à des Spuller, à des Pipe-en-Bois, à des repris de justice comme Bordone, à des Polonais équivoques comme de Serres ; et tu ne penses qu’à diminuer encore le peu de forces qui nous restent, pour affranchir quelques abjects marchands de dattes et de pastilles du sérail ! »

Sous toutes les formes, le Juif ainsi servit Bismark. L’espion de la Prusse, à Metz, était un commerçant du nom de Mayer, — encore un ! — Découvert par les soldats français, qui brisèrent tout dans sa boutique, il se pendit. L’Allemagne ne fut guère embarrassée pour le remplacer. « On nous fait remarquer, disait le journal le Nord à la date du 19 août 1870, que la plupart des espions prussiens pris en Alsace sont Juifs. Cet ignoble métier ne saurait être mieux exercé que par les enfants de cette race dégradée qui a eu cette agréable fortune de produire en Judas le type le plus achevé de la perfidie et de la trahison. » Régnier « n’était qu’un Juif prussien, paré pour la circonstance d’un nom français. »

L’Illustration[1] nous peint sous de saisissantes couleurs le Juif allemand dans son rôle d’espion pendant la guerre :


Le Juif a été le fléau de l’invasion.

Tant que dure la bataille, le Juif reste en arrière. Il craint les coups. Mais l’ennemi a-t-il fui, le champ de bataille est-il libre, alors le Juif allemand accourt.

Là il est maître et roi. C’est à lui qu’appartiennent tous ces cadavres. Ce n’est pas impunément que le soldat le désigne sous le nom caractéristique de corbeau. En toute tranquillité, il dépouille les morts, il va de groupe en groupe. A le voir ainsi penché, courant, éperdu, avide, on dirait un parent qui cherche un frère, un ami. Il ne cherche que de l’or. Parfois on entend un gémissement : c’est un blessé qui supplie ; mais le corbeau a bien le temps vraiment de s’occuper de semblables vétilles ! N’a-t-il-pas une mission à remplir ?

Car — il ne faut pas oublier ce côté — le digne personnage est fonctionnaire de l’État, il fait partie de l’organisation allemande ; il ne se contente pas de voler, c’est là le côté personnel ; il est espion. C’est le corbeau qui, après la bataille perdue, portera au quartier général tous les papiers trouvés sur les officiers supérieurs.

Nous avons, dans l’ouest de la France, aux environs du Mans, pu constater par nous-mêmes que les Juifs que l’armée allemande traînait à sa suite, louaient à la journée des soldats prussiens et se faisaient accompagner par eux dans les villages. Frappant à une maison, les Juifs exhibaient un parchemin crasseux, revêtu de timbres plus ou moins authentiques. La traduction de ce papier, on la devine, un mot suffit à la rendre : Réquisition. Comment le paysan aurait-il pu résister ? les soldats étaient là, comme une preuve menaçante. Ils livraient leurs bestiaux, que l’on allait vendre…


Bismark, en voyant arriver Jules Favre à Versailles, avait sifflé l’hallali.

La Juiverie cosmopolite, qui avait inspiré, commandité, mené, prolongé la guerre, devait figurer dans le triomphe : elle entra à Paris derrière les cuirassiers blancs.

Un écrivain qui sait peindre, M, René de Lagrange, a fixé cette scène avec un accent de vérité incroyable, dans une étude qui est une des rares pages exactes qu’on ait écrites sur les événements de 1870-1871.


Ce ne fut pas l’armée, écrit M. René de Lagrange, que nous aperçûmes en premier lieu ; ce fut l’état-major. qui, évidemment, faisait l’office d’éclaireurs. Cette avant-garde arrivait au trot, jetant un œil inquiet, à droite et à gauche, sur la haie des deux côtés. Les cavaliers qui composaient cette escorte, — je les vois encore, — étaient presque tous des hommes de haute taille et de puissante stature, se tenant à cheval comme des écuyers de race. Ils portaient pour la plupart l’uniforme brillant des cuirassiers. Coiffés de casques dont le cimier portait des animaux chimériques, revêtus de cuirasses ornées d’armoiries en relief ou d’écussons en métal, ces cavaliers étincelaient sous les premiers rayons d’un soleil de mars.

Cette petite escorte, au milieu de laquelle on distinguait le roi de Prusse et M. de Bismark, tout armée qu’elle fût, n’avançait qu’avec précaution. Avant de risquer l’armée, l'état-major tâtait le terrain, de peur, sans doute, que, malgré toutes les précautions prises, quelque mine chargée de dynamite ne vînt à éclater sous les pas de l’armée d’envahissement. C’était un roi, des princes, des généraux, faisant ce jour-là fonctions de uhlans.

Ce groupe militaire était immédiatement suivi d’un autre groupe, mais civil, celui-là. Le second groupe était assurément plus curieux encore que le premier. Derrière ces centaures tout bardés de fer et étincelant d’acier, s’avançaient, enfourchés sur leurs chevaux comme des pincettes, des personnages bizarres, vêtus de longues houppelandes brunes et ouatées. Mines allongées, lunettes d’or, cheveux longs, barbes rousses et sales vermiculées en tire-bouchons, chapeaux à larges bords, c’étaient autant de banquiers Israélites, autant d’Isaac Laquedem, suivant l’armée allemande comme les vautours, A cet accoutrement, il n’était pas difficile de reconnaître leur profession.

C’étaient, évidemment, les comptables ou financiers juifs chargés de l'encaissement de nos milliards.

Après l'état-major militaire, c’était l’état- major du Ghetto.

Nous n’avons pas besoin de dire qu’une frayeur plus accentuée encore se laissait voir sur tous ces visages effarés et sordides.


Aux Juifs allemands s’étaient mêlés pas mal de Juifs français, qui déjà s’occupaient du fameux emprunt. Cette Bourse au milieu d’un camp avait le plus étrange aspect : elle était comme l’épilogue lamentable et comique, comme le commentaire sinistre et grotesque de cette guerre juive.


II


L’ouvrier parisien, tel qu’il était encore, gênait la Franc-Maçonnerie juive. C’était un type bien singulier que celui-là. Tout se mêlait dans sa cervelle confuse : il aimait la France et la Pologne, parce qu’elle avait été persécutée ; il détestait ce qu’il appelait, on n’a jamais su pourquoi, le parti prêtre, mais il n’admettait pas, comme Paul Bert, que l’homme fût tout à fait semblable à un chien ; il regardait sans horreur le crucifix qui ornait son humble demeure ; il se souvenait de l’avoir placé jadis sur le lit où quelque être cher venait d’expirer ; il y suspendait, aux Rameaux, la branche de buis bénit que l’enfant rapportait ; près du crucifix, parfois, était attachée la croix d’honneur de quelque compagnon de Napoléon Ier.

L’ouvrier parisien était, en effet, révolutionnaire et chauvin ; il tirait sur la troupe aux jours d’émeute, et sentait son cœur battre lorsque quelque régiment défilait dans les faubourgs. Convaincu, par la lecture d’Eugène Sue, que les Jésuites passent leur vie à accaparer les héritages, il n’en disait pas moins un amical bonjour au Frère qui l’avait instruit. Il s’élevait avec force contre la superstition, et aurait été désolé que son fils et sa fille ne fissent pas leur première communion. Le grand jour arrivé, il laissait la mère et l’enfant partir seuls pour l’église ; puis, brusquement, jetait l’outil, passait la redingote des dimanches, et, caché derrière un pilier, il cherchait le garçon ou la fillette parmi la foule blanche qui ondulait dans la nef au bruit des cantiques, aux clartés des cierges ; quand il avait reconnu un visage aimé, il se détournait pour essuyer une larme, se trouvait face à face avec un camarade qui pleurait comme lui et disait : « Toi aussi, mon vieux ? qu’est-ce que tu veux ? cela vous remue[2]. »

Habile de ses mains, maître indiscuté dans ces travaux moitié artistiques et moitié industriels où Paris, supplanté maintenant là comme partout par l’étranger, triompha si longtemps sans conteste, l’ouvrier parisien, servi par un goût inné, qui lui tenait lieu de savoir, chômait rarement et vivait relativement heureux.

Par ses qualités, son entrain, sa gaieté, ce type était tout particulièrement un objet de haine pour le Juif allemand. Par son patriotisme, qui venait de s’affirmer pendant le siège, il était un obstacle à l’envahissement des étrangers parmi nous ; par sa loyauté, son désintéressement, son amour de tout ce qui est droit et honnête, il était un danger pour la future dictature politico-financière du Juif Gambetta.

La Commune fut une excellente occasion d’en tuer tant qu’on put ! Dénoncés par les meneurs qui les avaient entraînés, par les Barrère qui depuis sont devenus ministres plénipotentiaires, ces malheureux, victimes de leur courage, jonchèrent de leurs cadavres les rues, les avenues, les squares, les jardins, les parcs.

La Commune eut donc ainsi deux faces :

L’une, déraisonnable, irréfléchie, mais courageuse : la face française.

L’autre, mercantile, cupide, pillarde, bassement spéculatrice : la face juive.

Les fédérés français se battirent bien et se firent tuer.

Les communards juifs volèrent, assassinèrent et pétrolèrent pour cacher leurs vols. Certains négociants établis rue de Turbigo organisèrent la dévastation comme une opération commerciale, et se retirèrent à New-York deux ou trois fois millionnaires.

La Commune eut également deux résultats.

D’abord elle enrichit, dans de modestes proportions, il est vrai, la bohème juive, qui, après le passage du gouvernement de la Défense nationale, ne put guère que secouer les tiroirs, mettre la main sur de petites caisses oubliées, dépouiller surtout les palais, les ministères et les hôtels particuliers des Chrétiens de leurs objets d’art. (La Commune n’a pas touché une seule fois à une propriété juive ; pas une seule des 150 maisons des Rothschild n’a été incendiée.)

Ensuite, — résultat autrement important, — elle fit égorger trente mille Français par des Français.

Les Allemands, en échange de leur haute et dédaigneuse protection, ne demandèrent qu’une chose à la Commune.

Après avoir détruit le prestige de nos armées, ils étaient offusqués encore de la glorieuse légende de nos ancêtres. Cette colonne, faite de canons pris à des Allemands, qui se dressait dans Paris, les gênait : malgré leur facile triomphe sur le neveu, ils en voulaient entière à l’Imperator invincible que l’on apercevait drapé dans le manteau des Augustes,

Le matin dans l’azur, le soir dans les étoiles.

Maîtres de Paris, ils n’eussent pas touché à cette colonne ; ils ont respecté partout les monuments de nos victoires et les images de nos héros : le tombeau de Marceau, les statues de Fabert, de Kléber, de Rapp. Il y a des choses que les Aryens ne font pas eux-mêmes ; mais ces choses-là, parfois ils les font faire par des Sémites, comme pour prouver que ceux-ci peuvent être utiles à l’occasion[3].

Qu’elle est émouvante, cette scène du 16 mai sur la place Vendôme I Cette émotion vague qui agite une foule assemblée, fait attendre des événements imprévus. On dit dans les groupes que les invalides vont venir se ranger au pied de la Colonne pour la défendre. Mais rien ne se montre. L’heure a sonné. On attend le signal. Qui le donnera ? Grâce à Dieu, ce n’est pas un Français : c’est un Juif : c’est Simon Mayer.

Écoutez Maxime Du Camp[4] :


Tout à coup un homme parut sur le couronnement, agita un drapeau tricolore et le lança dans l’espace, afin de bien indiquer que tout ce qui avait été la Révolution française, le premier Empire, la royauté de Louis-Philippe, la seconde République, le second Empire, disparaissait de l’histoire et allait faire place à l'ère nouvelle symbolisée par la loque couleur de sang que l’on appelle le drapeau rouge.

L’homme qui eut l’honneur de jeter au vent les couleurs de la France, était digne de cette mission : il s’appelait Simon Mayer. Le 18 mars, il s’était noblement conduit à Montmartre. Capitaine au 169e bataillon, que commandait Garcin, en remplacement du chef élu, qui était Blanqui, alors incarcéré ou en fuite, ce Simon Mayer avait héroïquement aidé à l’assassinat du général Lecomte et de Clément Thomas. Cette belle action trouvait sa plus douce récompense à cette heure, sous le soleil, en présence des membres de la Commune attentifs et charmés.

On entendit un son de clairon. Un silence énorme, comme dirait Gustave Flaubert, emplissait les rues. Chacun se taisait et tenait invinciblement les yeux attachés sur la Colonne, en avant de laquelle les câbles se raidissaient. Il était un peu plus de cinq heures du soir ; de temps en temps, quelques coups de canon lointains semblaient une salve funèbre tirée du fond des horizons invisibles.


Un homme a vendu un Dieu qui venait porter au monde des paroles de miséricorde et d’amour : il s’appelait Judas, et il était Juif.

Un homme a vendu une femme qui s’était confiée à lui : il s’appelait Simon Deutz, et il était Juif.

Un homme, devant les Prussiens, a donné le signal pour renverser sur un lit de fumier le monument de nos vieilles gloires : il s’appelait Simon Mayer, et il était Juif[5].

Cette trinité sublime : Dieu, la Femme, le Génie ; cette triple forme de l’idéal : la Divinité, la Beauté, la Gloire, de tout cela le Juif a fait de l’argent.

Livrée à la Prusse par les Juifs allemands qu’elle avait accueillis, saignée à blanc par Gambetta, déshonorée dans ses glorieux souvenirs militaires par Simon Mayer et les démolisseurs de la colonne Vendôme, la France allait se jeter dans les bras d’autres Mayer et d’autres Simon : elle envoyait Bamberger à la Chambre, elle décorait le Juif Stern, elle se pâmait d’admiration devant les Rothschild, qui allaient l’exploiter à fond.


III


Pas un homme de la majorité n’entrevit cette situation.

Ce qui manqua à ces hommes, qu’on appelait des cléricaux, ce fut simplement d’être des chrétiens. Pas plus que les politiques de la Restauration, ils ne comprenaient la parole qu’il faut toujours répéter, car elle est l’alpha et l’oméga de l’homme d’État : Discite justitiam moniti ; « avertis par les événements, apprenez la justice. » — « Quand je nomme la justice, dit encore Bossuet, je nomme en même temps le lien sacré de la société humaine, le frein nécessaire de la licence, l’unique fondement du repos, l’équitable tempérament de l’autorité et le soutien favorable de la sujétion. Quand la justice règne, la foi se trouve dans les traités, la sûreté dans les commerces, la netteté dans les affaires. »

La justice est le premier besoin des peuples ; en même temps que la garantie des intérêts, c’est la satisfaction : d’une aspiration innée dans toutes les âmes humaines.

La France apporte à cet amour la passion qui lui est propre. Que demande cette nation éprise d’idéal ? La justice. Que cherche-t-elle, même dans ses révolutions ? La chimère, l’ombre, la parodie de cette justice qui lui est nécessaire comme l’air pour respirer.

Pourquoi la Royauté française, si chétive dans cette Ile-de-France qui fut son berceau, a-t-elle si vite et si prodigieusement grandi ? C’est que les premiers Capétiens furent, avant tout, des hommes de droiture et de justice. Quelle est l’image de roi restée la plus vivace et la plus populaire ? est-ce celle de tant de monarques menant de hardies chevauchées et s’élançant au plus épais des rangs ennemis ? Non, c’est l’image d’un justicier assis sous un chêne. Plus que le souvenir du pont de Taillebourg défendu par un homme seul contre toute une armée, le souvenir de ces assises rustiques, où chacun, sans intermédiaire, pouvait faire reconnaître directement son droit par celui qui avait la force, est demeuré gravé dans les âmes.

Pourquoi, après une si longue éclipse de la Royauté, alors que depuis de longues années le parti légitimiste n’était plus qu’un brillant état-major sans soldats, le pays appelait-il librement, spontanément, des représentants du principe monarchique ? C’est parce que la Monarchie, toujours tendre aux petits, avait su, à l’occasion, être sévère aux forts.

C’était pour faire justice que le pays, dans son intérêt, avait eu recours aux hommes de la tradition, aux députés du sol, à des hommes dont les familles, la vie ordinaire, le caractère, étaient connus de tous et inspiraient confiance, en des temps troublés, à ceux-là même qui, dans les temps ordinaires, leur eussent préféré des bateleurs et des charlatans.

Il manqua à cette époque un homme animé de ce noble amour de la justice, un homme au cœur élevé, à l’âme grande, doux aux égarés, terrible aux pervers qui avaient vendu de sang-froid leur pays, un homme qui prît la direction du parti monarchique et demandât avant tout le châtiment d’un aventurier comme Gambetta, qui s’était permis de conclure des emprunts sans l’autorisation du pays ; le châtiment d’un Ferry, d’un Jules Favre.

Non seulement les catholiques trahirent le mandat de justice qui leur avait été confié contre les hommes du 4 Septembre, mais ils laissèrent la répression de la Commune s’accomplir dans des conditions de sauvage iniquité.

La Monarchie française exerçait virilement et chrétiennement sa fonction de justice : elle avait des gibets pour les financiers concussionnaires, les Enguerrand de Marigny et les Semblançay ; de beaux échafauds de velours noir pour les Nemours, les Saint-Pol, les Biron, les Montmorency, les Marillac.

La Restauration, même dans ses défaillances et sa mollesse, n’eut pas la répression vile : elle ne prit pas le petit soldat ; elle prit le maréchal prince de la Moskowa, le général Mouton, La Bédoyère, allié aux plus nobles familles de France.

La République fut impitoyable aux humbles et trembla devant ceux qui avaient une apparence de situation, devant ceux qui avaient la noblesse bourgeoise, qui possédaient le bouton de jade du mandarin, qui étaient inscrits sur un tableau quelconque.

Tous ceux qui furent passés par les armes à Satory — à part Rossel — furent de pauvres diables, des minus habentes, des gens sans relations. Thiers avait accordé la grâce de Gaston Crémieux ; ce fut le général Espivent de la Villeboisnet qui le fit exécuter, pour ainsi dire, de son initiative personnelle. Crémieux devait être fusillé en même temps qu’un chasseur à pied. Les membres de la gauche, naturellement, ne s’occupèrent en aucune façon du pauvre pioupiou : chair à canon, bon à tuer ; ils intercédèrent pour l’homme intelligent, responsable, pour l’avocat ! Le général Espivent, qui était de vieille race française, ne comprenait pas la démocratie de cette façon : il déclara nettement qu’il entendait que l’avocat eût le sort du soldat.

Cette histoire de la Commune, encore si peu connue et dont la face changera complètement dès qu’on publiera les documents incroyables qui sont en quelques mains[6], fut le triomphe des petits papiers.

Tous les hommes du 4 Septembre : les Jules Simon, les Jules Favre, les Picard, Thiers lui-même, avaient été en relation avec la plupart des chefs de la Commune, et ne s’occupaient qu’à éviter les révélations compromettantes. Des instructions faites une première fois furent refaites à nouveau, avec injonction de supprimer certaines accusations. On faisait évader ceux qu’on ne pouvait justifier[7], et il n’était point de jour où l’on ne saisît quelques lettres adressées clandestinement aux prisonniers, comme celles que Jules Favre écrivait à Rochefort.

Les captifs se servaient des gages qu’ils pouvaient avoir. Quelques pages noircies d’encre étaient alors le meilleur talisman contre la mort violente. Ranc, né malin, se saisit de la cassette de Thiers, et Pallain entra dans la vie politique en allant négocier pour la reprendre. La légende rapporte que la cassette fut rendue, mais absolument vide. L’étonnante fortune de ce Pallain, qui, malgré son absolue nullité, trouva moyen d’être directeur dans trois ministères à la fois, semblerait indiquer cependant qu’un ou deux papiers étaient restés dans la cassette. Le reste, toujours d’après la légende, aurait sauvé Ranc de toute poursuite après la chute de la Commune.

Sous le rapport moral, c’est la lapinière qui paraît être le modèle de la haute démocratie française, dont des circonstances exceptionnelles mettent en pleine lumière la vie privée.

Cette lapinière a cependant un caractère particulier : c’est une lapinière dans une étude de procureur, dans un cabinet d’homme de loi ; le clapier témoin de ces amours, semble être un carton vert.

Jules Favre ne se contente pas d’avoir des enfants naturels ; il s’ingénie à les faire entrer de force dans le cadre normal, il torture le Code à propos d’eux, il commet des faux, il fait fusiller Millière qui a dénoncé ces infamies, il séquestre pendant trois mois, dans la maison de détention de Versailles, l’infortuné Laluyé qui connaît trop de secrets intimes pour qu’on le laisse vivre, et qui, en effet, finit par succomber aux mauvais traitements dans une autre prison.

Tout ce monde, amis ou ennemis, se tient ainsi par des histoires de doubles ménages, d’adultères entrecroisés, de fils supposés, de précautions légales prises pour transmettre une fortune, un nom, un titre parfois.

A tous ces trafics honteux, à ces marchandages, à ces impunités accordées aux gens dont on a peur, aux gens qui de près ou de loin touchent encore à la bourgeoisie, il faut opposer, pour achever la peinture de l’état d’âme des républicains de 1871, le plus effroyable mépris de la vie humaine qu’on ait jamais vu à aucune époque.

Dans l’histoire, je cherche avant tout, non le détail à scandale, mais le détail à symptôme ; non le renseignement à sensation, mais le renseignement à réflexion. J’estime que des faits minuscules sont aussi intéressants pour l’étude d’une époque que des faits importants. Dans les grands faits effectivement, les batailles, les événements extraordinaires, c’est Dieu qui se révèle ; dans les petits faits, c’est l’homme qui se trahit.

Ce qu’il tomba d’êtres humains dans ces jours terribles, la moisson sanglante que fit la Mort, nul ne le saura problablement jamais.

Les députés conservateurs laissèrent tout faire ; ils ne comprirent pas la parole de l’Écriture : Justitiæ Domini rectæ ; ils n’eurent ni les belles miséricordes ni les sévérités nécessaires. Ils causaient familièrement avec des hommes qui avaient usurpé le pouvoir et pénétré violemment dans l’ærarium, et ils étaient impitoyables pour les malheureux qui, pressés par la misère, avaient accepté une petite place sous la Commune et barboté quelques sous dans une caisse où les gens du 4 Septembre, tous pauvres avant, tous riches après, n’avaient pas laissé grand’chose.

Est-ce donc que le cœur des hommes de la droite fût cruel ou leur intelligence médiocre ? Non ; seulement ils avaient le cerveau conformé d’une certaine façon, ils voyaient comme cela, ils étaient imbus des préjugés les plus bourgeois. Un homme qui occupait une situation dans le monde, comme Jules Favre, pouvait tout se permettre, faire tuer des milliers de créatures humaines, sans être jamais inquiété ; l’idée de fusiller un bâtonnier de l'ordre des avocats, un académicien, eût semblé sacrilège à ces gens polis, comme l’idée de livrer au bourreau un cardinal, un porporato, l’eût paru aux souverains d’autrefois.

Les meneurs de l’Assemblée, d’ailleurs, avaient eu la soif du pouvoir, et au contraire, n’avaient jamais eu faim : l’ambition leur semblait donc excusable dans ses plus abominables malfaisances ; tandis que le malheureux qui avait pris un emploi pour manger, leur paraissait digne de tous les châtiments, puisqu’ils ne le comprenaient pas.

La notion de la réalité fut ce qui manqua surtout à ces hommes d’une honnêteté indiscutable, mais d’une expérience pratique nulle, qui, n'étant ni illuminés par en haut ni renseignés par en bas, devaient fatalement être vaincus par des hommes qui sortaient tout meurtris, tout vibrants, tout fumants, tout souillés parfois, de la vie la plus réelle et la plus difficile.

Prenez le plus illustre de ces vaincus, le duc de Broglie. Que pouvait-il savoir du Paris moderne ? Il n’avait probablement jamais mis les pieds ni dans un atelier, ni dans un café, ni dans un lupanar ; il n’avait causé, les yeux dans les yeux, ni avec des ouvriers déraisonnant après leur journée faite, ni avec des agitateurs de carrefour qui remuent la société en bouleversant des dominos, ni avec des filles qui vivent et meurent de la corruption des villes. Il quittait sa maison pleine d’exemples dignes d’être imités, de glorieuses traditions, de sentiments élevés, pour aller en voiture vers un autre salon, où il retrouvait la même atmosphère ; il n’était jamais sorti d’un monde où l’on parle et où l’on pense noblement, où les faiblesses mêmes se voilent d’apparences idéalistes, où les passions sont rarement basses. En regardant en lui-même, il n’apercevait rien qui fût une dégradation de l’homme ; il se voyait jeune, travaillant comme s’il avait sa carrière à faire ; obstinément fidèle, dans son optimisme généreux, à certaines idées libérales ; ayant de l’orgueil, sans doute, mais le bel orgueil des lettres, la louable ambition de rendre des services à son pays.

Évidemment, cet ancien Président du Conseil aura été mêlé activement au mouvement d’un siècle où le Juif a tout conduit et conduit tout, sans avoir vu le Juif, sans deviner son rôle une minute, sans soupçonner ce que peut contenir de haine contre la vieille société française, contre l’aristocratie, contre le Christ, le cœur d’un Juif allemand, dont les pères ont été pendus entre deux chiens.

Si le Juif lui est apparu, ce n’est guère que sous la forme d’un baron déjà débarbouillé, fort honoré d’être en pareille compagnie et s’y tenant à peu près convenablement ; il ne s’est pas douté que celui qui venait de l’appeler obséquieusement « mon cher duc », soudoyait les insulteurs qui allaient criant par les rues : « Demandez la banqueroute de l’Union générale, le suicide de M. Bontoux, l’arrestation du prince Victor de Broglie ! »

Avec moins d’éloquence et de mérite, la plupart des membres de la droite vivaient comme le duc de Broglie, dans la sphère irréelle. Je gage que le comte Othenin d’Haussonville, par exemple, ne savait pas, quand il était député, le quart de ce qu’il a appris en allant parcourir les garnis, les bouges et les bals publics, pour son beau livre de l' Enfance à Paris.

Le premier qui s’occupa sérieusement des questions ouvrières, au point de vue conservateur et chrétien, fut un soldat. Pourquoi ? Parce que ce soldat avait vu la Commune de près ; parce que le métier militaire, qui fait vivre au milieu de toutes les classes de la société rassemblées, met tout de suite un homme de la valeur du comte de Mun en face de la réalité, écarte les préjugés de l’éducation et les conventions de cénacle, constitue comme une admirable école d’observation pour des hommes qui sont organisés pour comprendre et pour penser.

Quoi qu’il en soit, les monarchistes de l’Assemblée de Versailles ne profitèrent de leur situation que pour assumer l’odieux d’une répression impitoyable, que désiraient vivement dans leur cœur les futurs séides de Gambetta.

Ils frappèrent à bras raccourcis sur les petits et sur les humbles. L’usurpation des fonctions surtout, je l’ai dit, trouvait implacables des naïfs qui n’avaient pas eu le courage de faire passer en jugement les hommes du 4 Septembre.

Les années 1872 et 1873 virent donc le triomphe complet d’Israël. Il y eut, d’un bout à l’autre de l’Europe, un hosannah juif qu’accompagnait le bruit des millions. Les Juifs refirent, mais en des proportions prodigieuses, ce que Rothschild avait fait en petit au moment de la liquidation de 1815 : ils s’enrichirent en prêtant aux Français, ils reprirent aux Prussiens ce que les Français leur avaient payé. Des cinq milliards, quatre au moins restèrent dans leurs mains.


IV


Bismark n’avait rien à refuser à ceux qui l’avaient commandité pour la guerre ; Thiers était à genoux devant ceux qui donnaient comme une apparence de gloire financière à un pays écrasé sous toutes les hontes de la défaite.

Le roi du moment, ce fut le Bleichrœder.

Une étude fort remarquable, publiée dans la Revue du monde catholique et signée Hermann Kuntz, suffit à nous donner présentement l’essentiel pour le portrait et le rôle du personnage.


M. Bleichrœder, dit M. Kuntz, a eu la plus grande part dans toutes les affaires financières et d’agiotage de la France nouvelle, de 1866 à 1870. Lorsque Paris dut payer sa rançon, Bismark en appela aux lumières de M. Bleichrœder. Il le fit venir à Versailles pour vérifier les fonds avancés par son associé et ami intime, M. de Rothschild, dont la femme jouait l’irascible patriote au point que le pauvre ambassadeur d’Allemagne, comte Harry d’Arnim, crut nécessaire de s’en plaindre peu diplomatiquement. M. Bleichrœder reçut la croix de fer et fut gratifié de la particule, en récompense de cet éminent service. Sa fortune est devenue immense, et ne le cède en rien à celle d’un Rothschild[8].

L’Allemagne, dupe d’une véritable fantasmagorie, croyait, avec le papier-monnaie créé par le Juif, posséder de l’or réel ; elle s’aperçut bientôt que cet or lui avait glissé entre les mains. Au bout de trois ans, elle n’avait plus entre les doigts que des chiffons de papier qui valaient moins que des feuilles mortes, et tout l’or remué était allé s’enfouir dans les poches juives.

En échange des milliards qu’ils volaient, les Israélites d’Allemagne organisèrent, en effet, le Culturkampf, qui leur a donné l’agitation antisémitique, comme la part qu’ils ont prise chez nous à l’expulsion de pauvres religieux de leurs cellules leur vaudra d’être expulsés de leurs palais.

Agiotage et persécution allaient, d’ailleurs, chez nous aussi, marcher de compagnie. Au préalable, les Juifs préparèrent cet envahissement qui est le complément obligé et en réalité le seul résultat appréciable de toutes les révolutions en France : ils attirèrent vers Paris tous les errants, tous les aventuriers, tous les négociants en mauvaises affaires du monde Israélite ; ils les casèrent dans les vides qu’avait faits la Commune dans les quartiers populeux.

Grâce à la facilité de la naturalisation, à l’incendie prémédité des actes de l’état civil, à la complaisance d’employés qu’on avait mis dans tous les endroits nécessaires, ces intrus se firent rapidement une sorte d’identité. Une difficulté les gênait : c’était le diable d’accent allemand ; ils jouèrent alors de la corde alsacienne, et le bon M. d’Haussonville, avec la candeur qui caractérise notre aristocratie, les aida merveilleusement par cette Société des Alsaciens-Lorrains qui, malgré ses louables intentions, nous a causé un mal incalculable.

Qu’elle est touchante et qu’elle est grande, cette généreuse et chère Alsace, qui a payé pour la France tout entière ! Quel cœur ne se sentirait remué en pensant à cette noble province que la guerre a séparée de nous ! Gloire à celle-là qui, silencieuse et digne, se penche sur ses houblonnières pour cacher ses larmes, et, quand elle relève la tête, interroge tristement l’horizon pour y chercher ce qui fut la Patrie !

Gloire à celle-là ! mais honte à l’Alsace théâtrale qui s’est mise aux gages des saltimbanques, intrigante et quémandeuse qui déshonore la plus auguste infortune que jamais la terre ait contemplée !

L’une se recueille et prie ; l’autre bat la caisse avec son deuil, vit de l’annexion comme le Savoyard vivait de sa marmotte, organise des représentations et des tombolas bruyantes.

L’une a donné Kléber, Kellermann, Rapp à la France ; l’autre se personnifie dans le type grotesque qu’on appelle là-bas le Schmuler : elle a donné des Kœchlin-Schwartz, des Scheurer-Kestner, des Risler.

L’une doit être respectée et baisée au front comme une mère persécutée ; l’autre, avec son éternel nœud dans les cheveux, doit être traitée comme une fille de brasserie éhontée qui salit dans la débauche un costume qui devrait être sacré désormais.

Les envahisseurs ne se contentèrent pas seulement d’être Alsaciens ; ils furent Alsaciens-Lorrains : ils eurent deux noms, comme on a deux mains, pour prendre davantage.

L’admirable solidarité des Juifs entre eux, leur esprit d’intrigue, permirent aux nouveaux venus de se débarrasser rapidement de tout ce qui, dans le petit commerce ou là moyenne industrie, était encore de tempérament français, avait gardé le bon sens et le jugement fin de leurs ancêtres. Ils s’insinuèrent dans tous les comités, et bientôt en eurent éloigné tout ce qui les gênait ; ils embrigadèrent leurs ouvriers et les accoutumèrent à recevoir servilement un mot d’ordre. Ils parvinrent ainsi à faire élire des Badois comme Spuller et des Francfortois comme Leven.

Dès 1873, les Juifs avaient pris ouvertement la direction du mouvement républicain à Paris, et forcé à les suivre la plupart des négociants qui voyaient clairement qu’on allait à la ruine, mais qui n’osaient résister, dans la crainte que le crédit ne leur fût coupé par des banques israélites. Dans la pétition adressée à M. Feray d’Essonne, par les représentants du commerce parisien, pour le féliciter d’avoir fait acte d’adhésion à la République, figurent 45 Juifs parmi 160 signataires.

Nous trouvons là tous ceux qui, au début, ont contribué à donner à la République une apparence rassurante, au point de vue des intérêts : les Beaucaire, les Brunschwig, les Cahen (Francfort et Élie), Godchaux, Hirsch, Heymann, Lantz, Lazard, Lyon, Oppenheimer, Rheims, Simon frères et Guesdon, Schwaab, Schwob, Trêves, Wimpfen. On remarquera combien de noms, parmi ceux-là, trahissent une origine allemande. Rien que ceci aurait dû donner l’éveil à la population parisienne, et lui montrer où étaient ses véritables intérêts.

Selon leur habitude, les Juifs cherchèrent un faux Messie, et l’eurent vite trouvé dans Gambetta. Nous peindrons, au chapitre consacré au personnage, le groupe d’affranchis qui se forma autour de lui, et le monde spécial dont il fut le porte-parole ou plutôt le docile instrument.

Mac-Mahon ne les gêna pas beaucoup. Fidèles à leur inexplicable engouement pour les demi-étrangers, les conservateurs, au lieu de s’adresser à un brave général, de souche bien française, à Canrobert ou à Ducrot, qui aurait risqué sa vie et aurait gagné la bataille, mirent leur confiance dans ce soldat fourbe qui, lui aussi, « ne parlait jamais et mentait toujours ».

Quoique le type fût affreusement mâtiné chez lui, Mac-Mahon, petit-fils d’Irlandais, peut être considéré comme un représentant de la race celtique au pouvoir. Mac-Mahon avait eu toutes les qualités de sa race sur le champ de bataille ; il en eut tous les défauts au pouvoir. Il fut invraisemblablement grotesque comme Président, se laissa chasser d’une situation inexpugnable, ne parvint jamais à rien comprendre, et finit par capituler honteusement devant quelques avocats qui tremblaient dans leur peau toutes les fois qu’il cherchait son mouchoir, en croyant qu’il allait saisir son épée. Il n’eut ni la souplesse ni l’habileté politique d’un Grec comme Thiers, ni le sentiment du pouvoir, ni le respect de la parole, la ténacité à soutenir son droit qu’aurait eus un Germain. Thiers l’appelait « le soldat déloyal » ; et il justifia ce jugement en abandonnant tous ceux qui avaient cru à sa promesse formelle, à sa parole « d’honnête homme et de soldat, d’aller jusqu’au bout ».

Les Juifs, près du Maréchal, agirent par le baron Sina et les Castries. Le baron Sina, richissime Juif de Vienne, qui avait embrassé la religion grecque, avait donné une de ses filles à un Castries, l’autre au prince Ypsilanti, qui avait des droits assez sérieux à la couronne de Grèce. Le beau-père, quand il avait accepté ce gendre absolument ruiné d’ailleurs, se voyait déjà assis sur les marches du trône hellénique et faisant pour le pays un emprunt dont il réglerait lui-même le courtage.

Soit que la perspective d’être gouverné indirectement par un Juif, fùt-il baptisé, ne leur dît rien, soit qu’ils fussent contents du roi Georges, les Grecs ne montrèrent aucun enthousiasme pour les droits du prince Ypsilanti, et le baron mourut sans avoir réalisé son rêve. Mais la famille hérita de l’idée. Gambetta eut l’adresse de persuader aux Sina qu’il ne demandait pas mieux que d’appuyer la candidature du prince Ypsilanti au trône de Grèce ; et ceux-ci, de leur côté, firent tout ce qu’ils purent pour empêcher Mac-Mahon, qui chaque année allait chasser chez eux, de s’opposer sérieusement à l’établissement d’une République juive en France.

Les innombrables négociations à propos de Dulcigno, les commerces bizarres avec les Kohkinos et les Tricoupis, n’ont pas eu d’autres raisons d’être.


V


Le grand malheur de la France, alors, fut de ne pas trouver, pour se mettre à la tête de la politique, de vrais représentants du sol, de tomber dans les mains de cette noblesse particulière très modernisée, très avide d’argent, très mêlée aux spéculations de Bourse, et par conséquent très enjuivée.

Le seul qui fût au-dessus de ces préoccupations et qui eût une valeur morale incontestable, le duc de Broglie, fut constamment trompé par Léon Say.

La France put cependant avoir un moment l’ombre d’une espérance : elle avait trouvé un auxiliaire inattendu dans un Prussien aussi admirablement organisé, peut-être, pour la politique que le prince de Bismark, mais moins viril que lui, affaibli et usé jusque dans les moelles par la passion qu’il eut toujours pour l’essence féminine, le Weibliches wesen dont parle Gœthe.

L’histoire, plus tard, dramatisera ce court combat entre le Chancelier de fer et le diplomate, comme elle a dramatisé la lutte de Cinq-Mars et de Richelieu ; elle rendra ses véritables proportions à cet épisode, qui aurait pu avoir des conséquences considérables sur les destinées du monde, et qui passa presque inaperçu, grâce à cette presse juive, tout entière cette fois encore du côté du prince de Bismark, et qui ne laisse apparaître des événements contemporains que ce qu’il en faut pour tromper l’opinion.

Le comte Harry d’Arnim n’était pas un simple favori comme Cinq-Mars, essayant de renverser, pour plaire à une coterie, un ministre supérieur à lui ; il était considéré par le prince de Bismark lui-même comme le seul homme qui pût le remplacer.

Le comte d’Arnim voulait davantage. Secondé par la majeure partie de l’aristocratie allemande, appuyé par l’impératrice Augusta, il rêvait de se substituer à Bismark et de continuer son œuvre, mais en changeant complètement le plan d’opérations.

Le prince de Bismark, comme il l’a déclaré avec la brutale franchise qui lui est habituelle, encourageait la République juive en France, pour que la France fût impuissante, méprisée, déshonorée en Europe, sans l’occuper des dangers que présentait pour le monde le foyer d’infection qu’il laissait grandir.

Le comte d’Arnim, au contraire, voulait guérir la France, pour que l’Europe ne tombât pas malade grâce ce voisinage. Il s’inspirait de la maxime de Philippe II : « Mieux vaut éteindre l’incendie dans la maison de son voisin que de l’attendre dans la sienne. »

Le prince de Bismark, qui agissait alors de concert avec les Juifs, brisa comme verre le malheureux d’Arnim, qui, privé de ses emplois, dépouillé de tous ses titres, alla mourir en Suisse du chagrin d’avoir perdu une si belle partie.

Malgré tout, la France, la vraie France honnête, patriote, travailleuse, désirait tant la Monarchie, elle en avait tant besoin, que la restauration de la Royauté fut bien près de se faire.

En réalité, le seul obstacle, ce fut le comte de Chambord.

Dieu me garde de manquer de respect à cette noble et pure mémoire ! J’ai pleuré à la mort du pauvre petit Prince Impérial plus que la plupart de ceux que l’Empire avait comblés de bienfaits. Je me rappelle encore les heures de tristesse que j’ai passées dans mon jardinet au moment de la maladie du comte de Chambord, devant mes lis, qui, s’affaissant sur leurs tiges à mesure que les jours s’écoulaient, semblaient comme l’image de cette existence, comme le symbole de cette Monarchie de dix siècles, dans laquelle la France s’était si complètement incarnée.

L’histoire a cependant des droits ; elle dira ce que nous disons : « Le comte de Chambord n’a pas voulu régner. »

Aux âges passés, le matin du Sacre, l’archevêque de Reims allait frapper à la porte de la chambre occupée par le roi dans les appartements du Chapitre. — « Le roi dort », répondait le grand maître des cérémonies. — « Éveillez-le », disait l’archevêque.

En 1873, la France a frappé à la porte de la chambre du roi, mais le roi ne s’est pas réveillé !…

Un mot suffit à peindre le comte de Chambord, le mot de Gœthe sur Hamlet : « C’est une âme chargée d’un grand dessein et incapable de l’accomplir. »

Nulle âme de roi ne fut plus haute, plus généreuse, plus droite ; mais le tempérament n’y était pas.

À ce manque de déterminisme, il faut, pour demeurer dans l’analyse vivante, joindre l’intervention toute naturelle de la comtesse de Chambord. Laissez de côté toutes les phrases ; restez dans la simple humanité, et fîgurez-vous ce que devait éprouver cette femme dévouée, lorsqu’elle voyait son mari, heureux près d’elle, faisant la charité, chassant, mangeant bien, et qu’elle se disait : « Demain, tout ce bonheur sera remplacé par des machines infernales, des coups de pistolet, des émeutes. »

— Je suis revenue une fois, disait souvent la duchesse d’Angoulême, mais je ne consentirai pas à revenir une seconde fois.

La comtesse de Chambord avait été élevée avec la duchesse d’Angoulême, qui lui racontait sans cesse les scènes du Temple, les infamies républicaines presque inconnues, car c’est à peine si l’histoire a osé les relever ; le long martyre du petit Dauphin, que la pauvre princesse, blottie derrière la porte, entendait chaque matin hurler de douleur sous les coups de Simon. Le peuple de Paris lui inspirait une véritable terreur.

Les défauts du comte de Chambord s’aggravèrent encore, grâce aux habitudes contemporaines.

Autrefois un prétendant dans cette situation eût trouvé quelque compagnon comme en avait eu Henri IV, n’ayant pas sa langue dans sa poche et parlant à son roi en camarade. Notre époque, de laquelle tout héroïsme a disparu, vit, au contraire, dans un perpétuel lyrisme écrit, dans une sorte de lyrisme journalistique ; on a la gloire, sans être obligé de se donner la peine de l’acquérir.

Le mensonge de l’adulation vaine a suivi le comte de Chambord jusque dans la mort, et beaucoup de gens sont convaincus que ce sont les intrigues des d’Orléans qui ont empêché la restauration de la Monarchie.

Les faits contredisent absolument cette affirmation, que suffirait d’ailleurs à démentir le caractère du comte de Paris.

Père de famille irréprochable, bon chrétien, travailleur infatigable, le comte de Paris ne répond pas complètement à l’idéal qu’un pays romanesque comme le nôtre se fait d’un souverain ; il n’a rien qui monte l’imagination. On regrette qu’un peu de flamme et d’enthousiasme ne s’ajoutent pas à tant de sérieuses qualités.

Le rêve de celui auquel la naissance a imposé de si grands devoirs eût été de vivre de la vie d’un planteur dans la libre Amérique. On s’attache aux pays pour lesquels on a combattu : le comte de Paris, dont le calme courage avait excité l’admiration de l’armée dans la guerre de sécession, a gardé, de son séjour là-bas, un goût regrettable pour des institutions qui ne conviennent pas à la France. « C’est un prince qui n’a pas assez de préjugés », a-t-on dit de lui ; il serait plus juste de dire que c’est un prince qui a, ou qui du moins a eu longtemps tous les préjugés du modernisme.

Tel est, je crois, l’impartial portrait d’un prince foncièrement honnête homme, que la France, revenue de bien des chimères, sera peut-être bien contente de trouver pour mettre un peu d’ordre dans ce pays ravagé par une horde de bandits.

Étant donné un tel homme, sa conduite vis-à-vis du comte de Chambord n’a pu être que très correcte. Il a été fort heureux, tous ceux qui l’ont approché de près en témoignent, d’être débarrassé de l’héritage de 1830 et de rentrer, non seulement dans la tradition monarchique, mais encore dans la bonne tenue, dans la décence qui conviennent à une famille rangée ; à partir de la visite, du 5 août 1873, il ne s’est considéré que comme Dauphin.

Le 30 octobre 1873, après la publication de la fameuse lettre qui renversait tous les plans de restauration, le comte de Chambord arrive à Versailles.

Qu’elle est émouvante, cette journée du 19 novembre 1873, qui décida peut-être du sort de notre pays ! Les députés monarchistes qui se tenaient dans la maison voisine de celle du comte de Vanssay où était descendu le Roi, savaient que le comte de Chambord était à Versailles, sans se douter qu’il était à deux pas d’eux… Ils suppliaient M. de Monti, M. de Blacas, M. de la Bouillerie, de leur faire connaître l’endroit où se trouvait l’auguste voyageur ; ils s’accrochaient à eux pour les décider à parler.

Quelle était la situation ? Cent députés étaient prêts à se grouper sur la place d’Armes pour faire cortège au Roi ; dès qu’on les aurait vus entrer à l’Assemblée en criant : Vive le Roi ! cent cinquante autres se seraient joints aux premiers et auraient poussé le même cri. La Royauté reprenait tranquillement possession du palais de Louis XIV ; elle était restaurée par acclamation par les représentants du pays.

Le Roi n’eût rencontré aucune difficulté. Sur un seul mot de lui, Mac-Mahon serait venu lui présenter ses hommages et prendre ses ordres. Ducrot était tout à lui ; Charette aurait marché à ses côtés. Si le duc de Broglie, subissant, comme nous l’avons dit, l’influence de Léon Say, qui déjà flattait Gambetta, l’homme des Juifs, n’avait pas aidé à la restauration autant qu’il l’eût dû, il n’avait guère gêné les royalistes dans leurs préparatifs ; il n’aurait eu certes ni la volonté ni le pouvoir de faire reconduire le roi légitime à la frontière.

Ajoutons que trois mille zouaves pontificaux, parfaitement organisés et qui pouvaient se rendre à Versailles sans éveiller l’attention, étaient disposés à venir faire au Roi une escorte d’honneur. Un arsenal contenait à Rennes les armes de ces régiments.

Mais cela même eût été inutile. Tout aurait été emporté dans un élan d’enthousiasme, dans un large et irrésistible courant. L’âme française, ne l’oublions pas, ne ressemblait pas alors à ce qu’elle est aujourd’hui. Il y a un monde entre la France d’alors et la France actuelle ; avilie par l’opportunisme, morte à toute pensée grande, pourrie dans les moelles, préoccupée de sales trafics, de pornographie et de scandales. Les formidables événements de la guerre et de la Commune avaient réveillé le patriotisme dans tous les cœurs, purifié les sentiments : on croyait encore au relèvement de la patrie.

Le peuple de Paris, dégoûté des républicains qui avaient égorgé leurs anciens amis, acceptait très bien la restauration. J’ai entendu vingt fois des ouvriers, qui allaient à leur travail ou qui en revenaient, dire philosophiquement : « Qu’ils ramènent leur Chambord et qu’on nous flanque la paix ! »

Le cœur défaillit au comte de Chambord à cette heure suprême : au lieu d’agir en roi et de mander le maréchal de Mac-Mahon, il lui demanda une entrevue.

De ce côté pouvait encore venir l’acte décisif qui eût tout sauvé. Si le Maréchal avait été de la race de ces militaires francs, joviaux et ronds d’autrefois, il aurait parfaitement compris que le comte de Chambord était de ces hommes qu’il faut jeter à l’eau pour les décider à nager : il lui aurait donné rendez-vous ; il l’aurait invité à déjeuner ; il lui aurait fait boire un verre de Champagne à la santé de la France ; il aurait prévenu deux ou trois régiments de cavalerie dont tous les officiers étaient ardemment légitimistes ; puis, brusquement, il aurait montré le souverain aux troupes. Cette fois encore on aurait crié à tue-tête : Vive le Roi !

Le centre droit et le centre gauche auraient eu beau se réunir pour paperasser pendant des heures entières dans des commissions, ils n’auraient rien pu contre le fait accompli. Nous aurions quelques milliards de dettes de moins aujourd’hui, et la France, au lieu d’être un objet de pitié pour les nations, serait redevenue l’arbitre de l’Europe.

Le maréchal de Mac-Mahon n’était ni gai ni franc ; il couvait déjà solitairement je ne sais quel songe de présidence à vie : il refusa de recevoir le Roi.

Dans ce pays, qui était jadis le pays des initiatives hardies, des coups de tête, des bravoures endiablées, nul ne bougea.

Le seul qui eût vraiment le sentiment de sa mission, le héros que la France attendait, le Prince Impérial était trop jeune, et sans doute il se disait en Angleterre : « Si j’étais le comte de Chambord ! »

A partir de cette date on ne trouve plus dans le parti monarchique, pour employer une expression de Saint-Simon, que « cacades, paroles de neige et pistolets de paille ». On retombe dans cette perpétuelle convention qui perd et émascule une époque qui ne demande qu’à être trompée.

On parle de soulèvements, de combats, de Vendée, sur le papier ; on laisse supposer vaguement que l’on conspire, pour flatter l’abonné au moment des renouvellements. Bref, on voit cette chose tout à fait falote, Arthur Meyer s’écriant de temps en temps : « Le Roi vient ! Montjoie-Saint-Denis ! En avant les fils des preux ! »

Le pauvre Roi ne songeait pas à venir ; il s’en allait, au contraire. L’effet que produisit sa mort, attesta une fois de plus la place que tenait dans le monde l’idée qu’il représentait. La postérité, sans accepter les hyperboles des journaux boulevardiers. sera respectueuse pour cette figure ; elle s’expliquera qu’un tel homme n’ait pas eu le courage de régner sur un peuple qui tue les princes qui ne lui ont fait que du bien, et qui adule les tribuns qui l’ont leurré et ruiné.

A des nations chrétiennes, il faut de bons pasteurs de peuples, comme furent si longtemps les Bourbons ; à des pays affolés et exaspérés par les idées révolutionnaires, il faut des belluaires.

Le comte de Chambord n’était pas de cette race, et, tout en encourageant ses partisans dans leurs espérances les plus aventureuses, tout en continuant sans doute de prier pour la France, il s’est peu à peu détaché d’elle. Je dirai presque qu’il s’en est détaché trop : car on eût aimé trouver dans son testament un mot pour tant d’hommes qui avaient défendu sa cause, un remerciement à des écrivains comme ceux de l’Union, un legs, sur 17 millions, pour ces Cercles ouvriers qui sont un si noble essai de socialisme chrétien.


VI


Après avoir laissé passer l’occasion et n’avoir travaillé que très mollement à amener la seule solution possible, les hommes d’État qui dirigeaient si malheureusement le parti conservateur, eurent quelques velléités de réagir au Seize-Mai ; ils auraient réussi, s’ils avaient eu la moindre énergie. Qui ne connaît, hélas ! les conditions ridicules dans lesquelles le combat fut engagé par des êtres pusillanimes qui, après avoir mis leur épingle au jeu sans trop savoir pourquoi, n’étaient préoccupés que de la retirer ?

Des deux chefs du Seize-Mai, le plus disposé à sacrifier sa vie eût été certainement le duc de Broglie ; mais il était gêné par les habitudes d’un tempérament tout littéraire, par cette perpétuelle hésitation d’esprit qui rend les hommes d’une certaine école politique impropres à toute détermination virile.

Fourtou, pur Gascon, vrai capitan de comédie, était, avec plus de rouerie, le modèle du Sulpice Vaudrey de Monsieur le Ministre de Jules Claretie, le provincial corrompu par la vie de Paris : il ne profita de son passage au ministère que pour « s’en fourrer jusque-là ».

Le duc de Broglie était timoré comme un parlementaire, l’autre, poltron comme la lune ; le premier avait peur d’endommager sa doctrine, le second tremblait de compromettre sa peau[9].

Toutes les fois qu’il fallut agir ou qu’on leur proposa d’agir pour eux, les hommes du Seize-Mai reculèrent, comme avaient reculé ceux du Vingt-Quatre-Mai.

Raoul Duval, dont on connaissait l’énergie, aurait consenti, au 24 mai, à se charger du portefeuille de l’Intérieur. Il ne demandait qu’à être autorisé à arrêter six cents individus qui, depuis 1870, avaient commis des délits de droit commun, et qui se promenaient tranquillement, comme Challemel-Lacour, qui n’a jamais payé les cent mille francs auxquels il avait été condamné pour la part prise par lui dans le pillage de l’établissement de Caluire. Les conservateurs, comme toujours, firent passer leur amitié de salons et d’Académie avant l’intérêt public : au lieu de prendre un homme d’action comme Raoul Duval, ils prirent le malheureux Beulé, qui se couvrit d’un tel ridicule qu’il se tua de désespoir.

Le vrai coupable cependant, ce fut le maréchal de Mac-Mahon. Il avait lui-même pris l’initiative du Seize-Mai, que rien ne rendait indispensable à ce moment ; il avait répété sur tous les tons qu’il ne reculerait pas : il refusa d’appeler au ministère de la Guerre le général Ducrot, qui se déclarait prêt à prendre les mesures que nécessiteraient les circonstances.

Le général Ducrot, dans cette triste période de notre histoire, fut le seul en effet qui ait été constamment résolu à se sacrifier, au besoin, pour le salut du pays. Il avait donné, avant 1870, avec autant d’indépendance que de fermeté, des avertissements qui auraient pu conjurer les périls de la guerre. La paix signée, il fit les plus persévérants efforts pour décider les Princes d’Orléans à prêter au Chef de leur Maison un concours loyal et dévoué. La restauration de la Monarchie par l’union des Princes et de leurs partisans était à ses yeux la solution vraiment nationale, garantissant la France contre tous les périls de l’avenir.

Il cherchait à amener à ses idées ses principaux compagnons d’armes. A l’un des plus considérables d’entre eux, très attaché à Napoléon III, il disait souvent :

— Tu ne m’abandonneras pas, si je marche le premier ; je ne t’abandonnerai pas non plus, si les événements te font prendre avant moi l’initiative.

Le comte de Chambord avait placé en lui la plus entière confiance. Le Maréchal le savait. Il se refusa obstinément en 1877 à l’appeler au ministère de la Guerre. « Ducrot ministre de la Guerre, disait-il, c’est le Roi à Paris dans quinze jours. » Tous ces faits sont de notoriété publique.

Au mois de décembre 1877, il ne demandait qu’à agir, en déclarant seulement qu’une fois l’ordre rétabli, il se prononcerait « pour le premier qui serait là ». C’étaient ses propres paroles.

Le Prince Impérial, qui attendait impatiemment de l’autre côté du détroit, serait-il arrivé avant le comte de Chambord ? Je le crois. En tout cas, la France eût été sauvée. Le Maréchal ne voulut pas qu’elle le fût : il obéit à un sentiment de mesquine jalousie envers un compagnon d’armes, en se refusant, soit à appeler le général Ducrot au ministère de la Guerre, soit à résigner ses pouvoirs entre ses mains, puisqu’il ne savait pas agir.

Pour apprécier le rôle véritablement honteux du maréchal de Mac-Mahon, sur lequel pèsera une si lourde responsabilité, si la France succombe sous le gouvernement qu’il a laissé s’établir, il faut lire le Journal de dix ans, de M. Eugène Loudun. Il n’est pas de démarche qu’on n’ait tentée, pas d’offre qu’on n’ait faite, pas d’argument qu’on n’ait employé, pour exciter le Maréchal à agir. Tout fut inutile.

M. Rouher disait à ce sujet à M. Eugène Loudun : « Le Maréchal est une nullité. Vous avez dit qu’il était déconsidéré, méprisé ; je le lui ai dit moi-même il y a quatre ans : « Vous pouvez être Cromwell ou « Monk ; si vous êtes Cromwell, montrez-le, nous verrons si nous devons vous suivre. Il est plus facile et plus digne de vous d’être Monk ; mais si vous n’êtes ni l’un ni l’autre, vous serez méprisé par l’histoire. » Aujourd’hui, il n’a été ni l’un ni l’autre, et il continue à se traîner sans autre idée que de rester où il est. Parfois il est fort ennuyé et même effrayé, et il pleure ; il a pleuré encore en novembre, mais cela ne mène à rien. »

Il me semble nécessaire que, si la France périt, on connaisse le nom de celui qui l’a perdue ; nécessaire aussi qu’on rende hommage à ce pauvre général Ducrot, qui dort là-bas dans un coin de la Nièvre. Deux fois vaincu, le grand patriote n’a pas voulu que tout ce bruit militaire, sonneries de clairons, roulements de tambours, qui avait bercé sa vie héroïque, retentît autour de son cercueil : c’est simplement qu’il s’en est allé attendre, dans un cimetière de village, la justice tardive de l’histoire.

Fourtou, lui, voulut couronner par un acte mémorable cette belle résistance du parti conservateur ; avant de quitter le ministère, il nomma chevalier de la Légion d’honneur le Juif Albert Millaud, auteur d( Madame l'Archiduc et autres opérettes grivoises. Ce fut son testament de Brutus et l’adieu aux affaires du représentant de l’Ordre et de la Religion.


VII


Les Juifs étaient les vrais vainqueurs du Seize-Mai : l’occasion se présenta bientôt pour eux de montrer qu’ils étaient les maîtres chez nous.

Pour la première fois, au congrès de Berlin, la France allait se retrouver en face de l’Europe, qui l’avait si tranquillement laissé mutiler en 1871.

Qui fut chargé de représenter cette revenante ? Un Anglais… Waddington, ce cosmopolite qui rentre dans la catégorie de tous les naturalisés, de tous les Peregrini, de tous les Circulatores que nous rencontrerons dans le cours de ce travail.

Nul dans le pays ne s’étonna du choix de cet Anglais, pas plus qu’on ne s’était étonné du choix de Spuller comme secrétaire général du gouvernement de la Défense nationale. L’abaissement des intelligences était déjà tel à ce moment, qu’on ne prêtait même pas attention à ces énormités.

L’attitude prise par Waddington au congrès ne souleva même que de timides protestations.

La conduite à suivre était toute indiquée : le premier Français venu, intelligent et patriote, l’aurait suivie l'instinct.

La Russie, par l’antagonisme latent qui existe entre elle et l’Allemagne, est sinon notre alliée naturelle, du moins la seule nation sur laquelle nous puissions compter. Le czar Alexandre nous avait rendu un signalé service en 1875, en s’opposant à un retour offensif de l’Allemagne sur nous. Que pouvaient nous faire les conditions du traité de San-Stefano favorables à la Russie ?

On vit cependant cet étrange spectacle d’un ministre des Affaires étrangères, nominalement français, épousant avec un zèle éperdu les intérêts de l’Angleterre, la poussant à prendre Chypre, souriant quand elle annonçait d’avance l'intention de nous chasser de l’Égypte et de s’en emparer.

Pour la France, Waddington ne réclamait qu’une chose… l’émancipation des Juifs de Roumanie.

Braves, artistes, hospitaliers, les Roumains seraient parfaitement heureux, comme les Français, du reste, si les Juifs n’existaient pas.

Le Juif, là, ne constitue pas une maladie fixe, un marais plus ou moins étendu et plus ou moins fétide ; c’est une sorte d’écoulement perpétuel qu’il est impossible d’arrêter. Le grand réservoir du Sémitisme, la Galicie et les provinces Russes limitrophes déversent incessamment là leurs hordes puantes.

Cent fois on a décrit ces Juifs à tire-bouchons, à houppelande crasseuse ornée d’énormes brandebourgs, laissant tomber la vermine partout où ils passent, offrant un danger constant pour la salubrité publique.

Acharnés sur ce malheureux pays, où leur Messie, disent-ils, doit naître de la famille d’Isrolska, les Juifs ont fait de lui ce qu’ils voudraient faire de la France : ils le dévorent, ils le rongent, ils le sucent, ils l’épuisent. Monopolisant la vente des liqueurs fortes, ils attirent à eux, petit à petit, tout l’argent, tous les produits, toutes les propriétés de la contrée.

Dès qu’un fermier a mis le pied dans un cabaret, il est perdu ; tout passe dans l’engrenage : la ferme, le champ, le bétail, les vêtements, l’anneau de mariage, tout ! Abruti par le poison qu’on lui verse, l’infortuné signe un engagement qu’on surcharge et qu’on ne lui représente plus que bien longtemps après, lorsqu’il est hors d’état de payer. Alors le Juif fait saisir, et un compère achète à vil prix le petit domaine du pauvre diable.

Voilà les clients que Waddington donna à la France, la protectrice séculaire des opprimés ; voilà ceux dont il prit la cause en main, à la stupéfaction de M. de Bismark et des autres plénipotentiaires, qui souriaient d’une pitié méprisante à chaque séance où notre ministre remettait la question sur le tapis[10].

Pendant ce temps, la Juiverie exultait, et Crémieux, dans une séance de l’Alliance Israélite, s’écriait sur un ton dithyrambique :


Ma foi est grande devant notre situation aujourd’hui si belle ! Ah ! laissez-moi reporter tout cela à la conduite si noble, si loyale et si pure qu’a tenue à Berlin notre ministre des Affaires étrangères, notre Waddington. (Plusieurs salves d’applaudissements accueillent cette parole de l’orateur.)


Ce mot notre semble indiquer que Waddington est d’origine juive ; à moins que Crémieux n’ait voulu dire par là que le ministre des Affaires étrangères était à eux parce qu’ils l’avaient payé.

Dans un journal anglais, le Statist, un diplomate a tracé au mois d’août 1884 un tableau burlesque et narrant pour nous autres qui avons conservé un cœur français, de ce que fut notre politique extérieure livrée à tous les aventuriers de l’Europe. On se débarrassa peu à peu de tous les hommes de la carrière, pour confier nos intérêts à des Juifs de tous les pays ; quand un diplomate avait par hasard conclu un traité avantageux, on le désavouait, parce qu’il n’avait pas réservé de bénéfices spéciaux à la Juiverie.


En 1880, dit le journal anglais, la France prend en Afrique une attitude militante. Gambetta, préoccupé de ménager l’opinion publique en Italie, expédie à Rome et à Tunis un diplomate de race, rompu aux affaires depuis vingt-cinq ans. Le baron de Billing apaise le ressentiment des Italiens et rapporte un traité excellent. Il est désavoué, parce que les aigrefins de l’opportunisme y trouvaient peu de pépites à ramasser. L’invasion de la Tunisie a lieu, le traité du Bardo est imposé au Bey. A qui confie-t-on le soin de le libeller ? A M. Breard, général de brigade, absolument inconnu, et à M. Roustan, petit agent d’ordre purement commercial.

En Chine, un diplomate fin et habile, M. Bourée, fait un traité aussi avantageux que la convention de Kassar-Saïd rapportée de Tunisie par M. de Billing. Vite la faction opportuniste s’empresse aussi de le désavouer ; et la France se lance dans des négociations absolument bouffonnes, conduites par des médecins de la marine, des commandants d’aviso, des douaniers prussiens. C’est un comble. Ne désespérons pas de voir prochainement Courcel ou Saint-Vallier commander des cuirassés.

Deux ans avant de mourir, Gambetta, éprouvant le besoin de remplir les poches des Israélites plus ou moins allemands ou cosmopolites de son entourage, voulait opérer la conversion de la Dette italienne. Au lieu d’envoyer en mission à Rome un inspecteur général des finances, il invente d’y expédier un pique-assiette de Mme Arnaud (de l’Ariège) un Juif espagnol du nom de Ruiz. On sait l’accueil qui fut fait à ce triste personnage par la Consulta, le marquis Maffei en tête.

A l’apogée de sa carrière, Gambetta désire obtenir une audience de Bismark. Il lance en éclaireur un député algérien, ancien commissionnaire en douane à Marseille, bientôt suivi par un autre député, rapin à ses heures, émetteur de loteries, et marchand d’angéliques de Niort. Le banquier juif Bleichrœder, malgré toute sa bonne volonté. participe à ces ridicules pourparlers, qui échouent misérablement.


Les Juifs avaient Waddington à l’Extérieur ; à l’Intérieur ils eurent Léon Say. Léon Say, qui passe, à tort ou à raison, pour le frère d’Alphonse de Rothschild, est l’homme du roi des Juifs ; il s’honore de porter sa livrée ; il vient chaque matin, comme un commis fidèle, prendre le mot d’ordre chez lui ; il ne fait rien que pour lui, par lui, avec lui. En l’imposant à la République, les Rothschild n’avaient pas seulement la satisfaction d’être absolument les maîtres du marché financier, ils goûtaient la joie orgueilleuse de voir un de leurs employés gouverner en sous-ordre cette France qu’ils ne daignaient pas gouverner eux-mêmes.


VIII


Le vrai maître de la Juiverie en France, en effet, celui dans lequel Israël et la Franc-Maçonnerie mettaient leur plus cher espoir, c’était Gambetta.

En échange du pouvoir, les Juifs demandaient à Gambetta quatre choses :

1° Des affaires à brasser ;

2° La persécution religieuse, l'enlèvement des classes de ce Christ qui les offusquait, la fermeture de ces écoles d’où tant d’hommes illustres étaient sortis et où l’on apprenait aux enfants à devenir de bons Chrétiens et de bons Français ;

3° Une loi de sûreté générale qui permît, au moment opportun, de compléter l’œuvre de la Commune, et, sous prétexte de récidivistes, de vagabonds, de souteneurs, de chasser beaucoup de Français de la terre natale, afin d’installer à leur place tous les Juifs de Russie, d’Allemagne, de Roumanie, qui éprouveraient le besoin de changer de pays ;

4° Enfin, ils demandaient la guerre.

Les affaires, Gambetta en organisa tant qu’on en voulut : il fit le coup de Bône à Guelma, le coup de la fausse conversion avec l’aide de Léon Say ; il décida le rachat des chemins de fer d’intérêt local par l’État, qui fut si fructueux.

C’était la répétition purement et simplement de ce qui s’était fait en Allemagne. Le centre avait réussi, il est vrai, à empêcher le rachat de toutes les lignes au compte de l’Empire ; mais le prince de Bismark avait fait racheter, pour le compte de la Prusse, un certain nombre de lignes, et les Juifs, sur une opération de douze cents millions, avaient réalisé au moins cinq cents millions de bénéfice. Ils avaient agi comme on devait plus tard agir en France : prévenus d’avance, ils avaient fait tomber les actions, les avaient accaparées, et s’étaient fait rembourser au taux de l’émission.

Tout cela, pour les Juifs, était broutille.

Ils aiment, on le sait, parler par paraboles, par figures que les initiés comprennent à demi-mot. Quelques mois avant la guerre de 1870, vous ne causiez pas avec deux personnes un peu mêlées au mouvement qui se préparait, sans qu’on parlât de détourner le cours du Nil. Détourner le cours du Nil, c’était faire passer l’influence de la France à l’Allemagne. A partir de 1872, il était question de la grande affaire. Les riches en devisaient à l’Opéra ou au cercle. Les plus besoigneux d’Israël, en prenant une demi-tasse, laissaient entendre que les temps étaient proches, et qu’eux aussi allaient avoir des châteaux, des hôtels et des chasses.

Grande affaire, en effet, et si grande, qu’aucun événement de l’histoire n’aurait eu un pareil retentissement.

Les milliards que les malheureux Français avaient versés sans compter pour le budget de la guerre, avaient été gaspillés ; on avait tout fait pour semer la division et la haine dans les cœurs ; l’armée avait été savamment désorganisée, rien n’était prêt, on le vit bien quand Farre, pour envoyer un régiment en Tunisie, dut prendre des hommes à Brives, des chevaux à Perpignan, des selles à Versailles[11].

Mettez cette désorganisation en face de la redoutable organisation de l’Allemagne, et vous devinez le résultat. On aurait eu à peine le temps de faire le petit emprunt, et l’ennemi était sur nous, nous serrant à la gorge, tandis qu’un duc de Frigolet ou un Thibaudin quelconque aurait essayé de mettre en branle cette formidable machine de la mobilisation qu’il faudrait un Napoléon pour manier.

C’était l’écrasement, c’est-à-dire, dix milliards de rançon.

Comment les payer ? Le Juif était là. Il se chargeait, pour le compte de l’Allemagne, d’avancer une partie de la somme ; seulement, la rentrée, on le comprend, ne pouvant se faire en un jour ; il aurait pris en quelque sorte le pays en régie pour le compte du vainqueur ; il aurait réalisé son rêve d’être le maître, au moins momentané, de cette Terre promise qui l’avait si longtemps rejeté hors de ses frontières, de tenir la France à la glèbe. Percepteur nécessaire à l’Allemagne, il aurait exercé une sorte de royauté, peut-être obtenu pour Rothschild le titre de Vice-Roi. Alors tous les Juifs, petits et grands, seraient venus s’asseoir au foyer, non plus par milliers, mais par centaines de milliers.

Les Français vraiment dignes de ce nom se seraient dispersés à travers le monde, comme les Israélites après la destruction du Temple, ou les Polonais après la défaite de Kosciusko.

La masse serait restée, travaillant sous le bâton, pendant que le Juif aurait chassé, écouté les opéras de Meyerbeer ou les opérettes jouées par Judic.

Cette opération prodigieuse, Gambetta ne put la réussir.

Qui sauva la France, menée par une bande d’intrigants et d’exploiteurs, trompée, bernée, mystifiée de toutes les façons ?

Ce fut simplement cet instinct vital auquel la France avait déjà dû son salut tant de fois.

Elle laissa tout dire, tout oser ; elle cria aux gens qui la gouvernaient : « Pillez, volez, trafiquez de tout ; » mais à toute velléité de guerre elle opposa une force d’inertie, sourde, obstinée, inébranlable, sur laquelle rien ne put mordre.

En vain Gambetta poussa à la ridicule manifestation de Dulcigno, comme si la France, à laquelle on avait arraché Strasbourg, avait un intérêt, un motif quelconque d’enlever une ville à ces braves Monténégrins pour la donner aux Grecs ; en vain il excita la Grèce à la guerre, et lui donna un gage de notre intention de la soutenir en organisant la ridicule mission Thomassin ; en vain il alla tenir des discours belliqueux à Cherbourg : personne ne bougea.

Ni la France par des fanfaronnades ridicules, ni l’Allemagne par des insolences ne firent le jeu de l’homme des Juifs.


IX


Il convient de s’arrêter ici sur l'attitude prise par le prince de Bismark vis-à-vis de la France. Nous pouvons dès à présent la juger telle que la jugera l’avenir, dont le Chancelier paraît s’être surtout préoccupé.

Le Chancelier de fer eut, en 1875, la pensée de se ruer sur nous. A son point de vue, avait-il tort ? Il se produisait alors, nous l’avons dit, une véritable tentative de relèvement. La terrible leçon semblait avoir porté ses fruits. On apercevait chez les nouvelles générations, qu’elles fussent bonapartistes ou royalistes, de l’ardeur, de l’élan, du dévouement. Ces jeunes officiers qui avaient appris le chemin des sanctuaires, ces vieux aumôniers qui réunissaient autour d'eux des soldats qui leur parlaient à la fois de leurs devoirs envers Dieu et envers la Patrie, ce retour vers les immortels souvenirs de la France chrétienne, tout cela inquiétait à bon droit l’étranger, et semblait annoncer que la grande nation allait redevenir elle-même.

Dès que rien ne fut plus à craindre et que le triomphe de Gambetta et des Juifs eut jeté la France en pleine décomposition sociale et militaire, le prince de Bismark cessa de nous menacer, et ne paraît pas même avoir voulu profiter de trop faciles avantages.

Ce qui est certain, c’est que sa conduite fut très nette. Nul ne pourra prétendre que l’homme d’État allemand ait trompé la France ; il lui a dit constamment la vérité. Lors du procès d’Arnim, il rendait publiques des lettres dans lesquelles il déclarait que la République était le gouvernement qui faisait le mieux les affaires de l'Allemagne. Une autre fois, il reconnaissait que la seule force qui existait encore en France était dans les croyances religieuses. En 1883, au moment de la divulgation de la triple alliance entre l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, les journaux officieux allemands proclamaient nettement que « la République, en rendant la France incapable de se réorganiser, était la meilleure garantie de la paix européenne ».

Dans les plus petits détails, l’Allemagne apporte cette franchise brutale, grossière, mais réelle.

En constatant sur un ton méprisant le dégoût que les officiers allemands éprouvent à se trouver en rapport avec Thibaudin, l’homme qui a manqué à sa parole, les Grenzboten, la Revue officielle du Chancelier, disaient crûment :


L’Allemagne ne peut que souhaiter de voir le général Thibaudin conserver le plus lontemps possible le portefeuille de la guerre.

De même, en effet, que le maintien de la République en France est la meilleure garantie de la paix européenne, de même un homme d’un passé tel que celui du général Thibaudin doit exercer sur l’armée française, — où, en raison des dissentiments politiques entre les officiers, la cohésion n’est sauvegardée que par les idées de devoir et d’honneur, — une action complètement dissolvante.


La France, encore une fois, n’a pas été trompée, elle a été libre de se sauver elle-même[12]. Elle a pu avoir à sa tête, au lieu de tous les ignobles drôles qui la déshonorent et la pillent, le plus honnête des hommes et le plus noble des rois, elle n’a pas voulu ; elle aussi a réclamé Barabbas.

Devant les provocations incessantes de Gambetta, qu’il était facile d’accepter de façon à rendre une guerre inévitable, l’hôte de Varzin, sous les hêtres centenaires à l’abri desquels il va si souvent demander le calme des méditations, dut certainement considérer longtemps les cinq ou six hypothèses probables.

La France pouvait avoir un réveil comme elle en eut un avec Jeanne d’Arc, se relever brusquement au moment d’expirer, rejeter violemment les traîtres qui l’avaient fait rouler si bas, appeler le Roi à son secours et gagner une suprême bataille.

L’Europe pouvait s’opposer à une destruction totale et exiger qu’il y eût une France. Quelque réduite qu’elle eût été, cette nation éclairée enfin, reconnaissant les auteurs de ses maux, ayant une même foi et une même pensée, était plus dangereuse que cette masse énorme, accessible à tout venant, flottant à tout vent, dirigée par quelques vulgaires tripoteurs, où nul lien n’est plus là pour réunir les citoyens en un faisceau serré, où les secrets d’État sont les secrets de tous les Polichinelles de la Chambre, de la Bourse ou de la rue.

Une France mise à la chaîne des Juifs pour payer la rançon offrait un autre danger ; et Bismarck, qui, après le Culturkampf, avait trouvé après tout qu’il était moins humiliant d’aller à Canossa qu’à Jérusalem, ne se souciait pas de donner à cette race envahissante et malfaisante une si formidable puissance.

Si les Polonais errants avaient troublé l’Europe, qui avait si bassement laissé égorger la nation qui l’avait sauvée tant de fois, quels germes d’agitation ne porteraient pas partout les Français désormais sans patrie ?


X


Tous ces motifs, sans doute, décidèrent Bismark. La grande affaire ne passa pas du domaine du rêve dans celui de la réalité.

Avec la Ligue des Patriotes, Gambetta tenta un suprême effort pour procurer à son pays d’adoption cette guerre, qui aurait eu probablement pour résultat de le faire disparaître de la carte de l’Europe.

Par qui ? pour qui ? Telle est l’interrogation qu’on doit se poser devant tout fait important.

Décomposons donc l’incident de la rue Saint-Marc, et voyons bien ce qui est en cause. Une fête d’adieu est organisée par la Société de gymnastique allemande. En l’honneur de qui ? Une circulaire signée Eugène Wolff nous apprend que c’est en l’honneur des sieurs Jul. Gras et A. Cohen. Le président de cette Société est le Dr Mayer. Par un étonnant hasard, un exemplaire de cette circulaire s’égare. Il est porté à un membre de la Ligue des Patriotes qui s’appelle comment ? Mayer, — absolument comme le président de la Société allemande.

Là-dessus, qui prend feu ? C’est le journal du Juif Veil Picard, confident du Juif Gambetta.

Tout se passe donc absolument entre Juifs, et la vie de milliers de Berrichons, de Bretons, de Poitevins, de Bourguignons, se joue sur une carte, dans une arriére-boutique voisine de la Bourse, entre quelques Israélites. Il est convenu que le premier Mayer fera l’insulteur, et que le second Mayer fera l’insulté, qui bondit au nom de sa mère la France.

Pour faire réussir le coup, il faut trouver un imbécile de bonne foi : Déroulède est là. Il est absolument incapable, j’en suis convaincu, d’avoir reçu quoi que ce soit pour jouer le rôle de l’agent provocateur. C’est simplement un type bien actuel, l’homme affolé de réclames, ayant le besoin d’être toujours en scène. Il s’est fait une sorte de profession de son bruyant patriotisme ; c’est dans ce rôle que le Paris des premières est habitué à le voir, et il ne peut plus dépouiller ce personnage. Il est patriote à la ville, à la campagne, le matin, le soir, aux Variétés et aux Bouffes. Au Salon, à côté de vieux soldats qui ont vingt campagnes, dix blessures, il se fait peindre par Neuville, la capote enroulée autour du corps, portant dans des étuis de cuir toutes sortes d’instruments, des cartouches, des lorgnettes, un revolver.

Sans doute, si l’on pouvait enfermer deux ou trois heures ce vaniteux dangereux, s’il pouvait se recueillir dans cet isolement qui pèse à ces natures comme le silence du tombeau, il serait effrayé lui-même du danger qu’il a fait courir à son pays ; il écouterait celui qui lui dirait : « Voyons, vous êtes un Français, un Chrétien ; et, pour procurer une affaire aux Juifs, vous allez faire tuer des milliers d’êtres qui ont des mères, des femmes, des enfants. Vous savez que rien n’est prêt, que les concussionnaires et les malversateurs de la Chambre ont gaspillé les milliards que nous avions fournis pour la réorganisation de l’armée. Laisant, un homme de votre parti, vous a prouvé que l’effectif de nos régiments était ridicule ; vous avez vu Farre à l’œuvre, même dans une affaire où toute la Juiverie était intéressée : restez tranquille ; n’associez pas votre nom à la ruine de votre pays. »

Malheureusement, Déroulède n’avait probablement jamais trouvé personne pour lui parler ainsi, lorsqu’il entreprit sa campagne de la rue Saint-Marc.

Cette équipée, qui ne fut que ridicule, aurait pu être dangereuse, si l’Allemagne, pour des raisons que nous avons déduites, n’avait pas été résolue à la paix ; si Paris, devinant d’instinct, sans savoir au juste la vérité, les spéculations cachées là-dessous, ne fût resté profondément indifférent.

L’Allemagne n’eut point seulement du bon sens, elle eut de l’esprit, ce qui est assez rare chez elle. Maîtresse des municipalités pleines de Juifs d’outre-Rhin, qui, ainsi que nous l’avons dit, se donnent pour Alsaciens, elle fit organiser, quelques jours après la démonstration Déroulède, un grand banquet pour célébrer l’anniversaire de Sedan.

Supposez que Déroulède, au lieu d’être un poseur et un fanfaron de patriotisme, eût eu vraiment au cœur les sentiments d’un patriote, l’amour profond et sincère de son pays, quelle belle occasion s’offrait à lui d’intervenir, de rappeler à la pudeur ces banqueteurs éhontés ! Imaginez un orateur à la parole ardente et chaude, allant trouver des ouvriers, des bourgeois, d’anciens soldats, et leur disant : « Souffrirez-vous que. l’on commémore par des ripailles un semblable anniversaire ? que l’on choisisse, pour s’enivrer, le jour où la France a été si douloureusement frappée ? »

Ces hommes auraient compris. On se serait rué sur les noceurs, on aurait renversé les nappes, Floquet aurait achevé sa digestion dans l’égout, et, secoué par la tourmente, l’adjoint Winckam, l’expulseur des Sœurs de Charité, un nom bien français encore celui-là, par parenthèse, aurait cassé tous ses bandages.

Tandis que le Mayer de la Société de gymnastique allemande insultait ou n’insultait pas, on n’a jamais su au juste la vérité ; que le Mayer de la Ligue des Patriotes s’indignait ; qu’un troisième Meyer, le Meyer du Gaulois, parlait vaguement de l’honneur du drapeau français et déclarait qu’il n’y laisserait pas toucher, un quatrième Mayer, celui de la Lanterne, entrait en scène. Il fit ressortir l’étonnant ridicule dont s’était couvert Déroulède.

Ce dernier Mayer, précisément, n’eut pas de chance, pour une fois qu’il avait été honnête. Le poète l’alla souffleter ; et, comme de tous les abbés du monde, l’abbé que les Juifs aiment le moins est encore l’abbé de l’Épée, on dut porter le soufflet devant les tribunaux, qui condamnèrent Déroulède à vingt-cinq francs d’amende ; — ce qui parut bien léger à ceux qui avaient entendu le soufflet, et parut au contraire exorbitant à ceux qui connaissaient le personnage qui l’avait reçu.

Un bonheur ne vient jamais seul. La France, qui venait d’échapper à une guerre qui aurait été sa ruine, fut mise définitivement, quelque temps après, à l’abri d’une nouvelle tentative de ce genre. Le jour même où l’année 1882 finissait, il s’éleva, du côté de Ville d’Avray, un peu de cette poussière que l’Apostat avait lancée vers le ciel dans les plaines de la Perse, en s’écriant : « Tu as vaincu, Galiléen ! » Dieu avait touché Gambetta du doigt, et ce puissant s’était écroulé, comme ses pareils, dans un drame resté mystérieux. Quomodo cecidit potens ?


XI


Derrière le convoi des Romains illustres, marchait un esclave vêtu comme le défunt, chargé de parodier ses gestes, ses attitudes, son port de tête. C’était l’Archimime, acteur funèbre et comique à la fois. comme une figure de Danse macabre se promenant dans un Carnaval, comme un masque de Mardi gras qui gambaderait dans un cimetière.

Ferry fut l’Archimime de Gambetta : il fut un second lui-même, mais avec cette différence qui sépare le valet du maître ; il plut ainsi à l’Union républicaine, et tranquillisa presque le pays.

Plus Franc-Maçon encore que Juif, au contraire de Gambetta, qui était plus Juif que Franc-Maçon, il était l’exécuteur prédestiné des œuvres infâmes de l’intérieur ; mais sa bassesse ne se hausse point à des coups comme l’organisation d’une guerre européenne : il n’a point les reins pour pousser cela, et ses côtés de pleutre rassuraient ceux qu’effrayait son sans-gène de drôle.

Sans doute, il est féroce contre tout ce qui est faible, et volontiers implacable contre tout ce qui est noble et généreux ; mais, au demeurant, c’est plutôt l’homme de la boue que l’homme du sang, et la France en était à regarder cela comme un bien.

A partir de ce moment, semblable au Rhin, qui n’est plus qu’un ruisseau quand il arrive à la mer, l’histoire de France n’est plus guère que l’histoire des Ferry, et l’histoire des Ferry elle-même n’est guère que l’histoire de la Banque Franco-Égyptienne.

C’est Charles Ferry qui se charge de centraliser tout et de servir de raison sociale. Ancien courtier en fleurs et plumes avant d’être employé chez Watel, il avait eu tout jeune la vocation du commerce. Jadis il était chargé de négocier sur les quais les livres qu’on envoyait à son frère ; ce qui n’est pas un crime, mais n’indique pas une situation de fortune bien florissante.

Aujourd’hui, M. Charles Ferry est vingt fois millionnaire.

Avec Marc Lévy-Crémieu, Charles Ferry organise toutes les opérations de la Banque Franco-Égyptienne.

Ce Lévy-Crémieu, fort estimé en Israël, car il était tout chargé des dépouilles des goym, fut le véritable ministre des finances de l’opportunisme. Maître des secrets de l’État, connaissant tous les événements à l’avance, il réalisa en quelques années d’énormes bénéfices. D’accord avec Challemel-Lacour, il avait entrepris, dans la République française, la campagne à la baisse contre les obligations tunisiennes. Il fut avec Lebaudy. derrière lequel étaient les Rothschild, l’organisateur du Krach de 1882, que le gouvernement facilita de tout son pouvoir. Enfin, c’est lui qui négocia, avec Tirard et Dugué de la Fauconnerie, l’opération de la conversion du 5 0/0 en 4 1/2.

Il avait débuté à Marseille dans le commerce des toiles ; puis il s’était établi coulissier à Paris, et avait fait faillite. Au moment de sa mort, à la fin de janvier 1886, il laissa quinze millions et des propriétés partout : dans la Nièvre, en Seine-et Marne, en Seine-et-Oise.

Le Gaulois consacra à cet homme de bien un article où débordait l’admiration pour cet écumeur de Bourse qui avait passé sa vie à accumuler les deuils et les ruines autour de lui[13].

Quant à la Banque Franco-Égyptienne, c’est une de ces immenses machines juives qu’il faudrait démonter et analyser pièce à pièce, pour se rendre compte de la situation économique, non-seulement de la France, mais du monde entier.

La grande affaire de la Banque Franco-Égyptienne, ce sont les Syndicats, les agiotages, les coups de Bourse entrepris d’accord et en participation avec les hommes du gouvernement.

L’expédition du Tonkin fut une opération de ce genre.

Nous sommes allés au Tonkin pour faire une affaire. Toute la famille Ferry prend part à la curée. C’est Bavier-Chauffour, cousin de Jules Ferry et qui a épousé une nièce de Floquet, qui est chargé d’aller représenter dans l’Extrême-Orient les intérêts de toute la tribu[14]

L’exemple des hommes du gouvernement excite chacun. A la première nouvelle qu’un traité a été conclu, nous apprenons qu’un groupe de négociants et de financiers, en tête duquel figurent naturellement des Juifs, les Gunzburg, les Ulmann, les Ernest Lévy, s’est réuni au local des Chambres syndicales, rue de Lancry, pour y jeter, comme dit le Gaulois, « les premiers jalons d’une organisation au Tonkin ».


XII


Nous n’avons pas à revenir sur les invraisemblables détails de cette guerre du Tonkin, commencée sans qu’on ait jamais dit pourquoi et poursuivie pendant si longtemps sans avoir été déclarée. On ne comprend rien à la façon dont les choses ont été menées ; il semble que cette politique incohérente doive cacher toutes sortes d’infamies secrètes et que l’avenir seul mettra en lumière.

Tout le monde se mêle des négociations, excepté ceux que cela regarde. On désavoue et l’on disgracie M. Bourée, qui avait obtenu, avant le commencement de toute hostilité, plus que le traité de Tien-Tsin ne nous donnait après tant d’hommes sacrifiés, et l’on charge un officier de marine de négocier sur les bases qu’on a refusé d’accepter. Le Times publie ce traité singulier, et l’on s’aperçoit qu’il contient précisément tout le contraire de ce que M. Jules Ferry prétendait y trouver.

L’inepte Millot fait égorger nos soldats à Bac-Lé, faute d’avoir pris les plus élémentaires précautions. Jules Ferry s’écrie solennellement : « Ces choses-là se payent ! » et, après avoir réclamé deux cents millions, il fait conclure par un Anglais un traité où il n’est pas question de la moindre indemnité et par lequel nous abandonnons les îles Pescadores, le seul point qui nous fût utile dans ces parages, le seul où nous gênions les Anglais.

Pendant ce temps les Français meurent par milliers sous les balles, du typhus, du choléra, du climat ; les hôpitaux sont pleins de malades et vides de médicaments.

L’esprit reste confondu quand on songe que toutes ces extravagances sont de l’histoire, que des hommes sont réellement morts par la volonté de pareils fantoches, qu’une Assemblée a approuvé tout cela. Rien peut-être ne donne mieux l’idée de l’endurance de la pauvre humanité, la façon dont elle subit tout.

Sous l’émotion causée par la nouvelle du désastre de Lang-Son, cette société, brusquement réveillée, se montra telle qu’elle est, comme une de ces vieilles qu’on a rencontrées une heure avant, élégantes encore sous le fard, et qui, aux cris : « Au feu ! » se précipitent dans un escalier et se révèlent ce qu’elles sont réellement, horribles à voir, ridées partout comme de vieilles pommes, cadavéreuses.

Le Paris qu’on aperçut à ce moment, nous offre l’image navrante de ce que serait la capitale après une première défaite, même insignifiante, dans une guerre avec l’Allemagne. Il n’y a plus d’autorité, plus de gouvernement ; il n’y a plus rien : tout est par terre.

Un seul mot de vérité suffit à frapper à mort cet opportunisme qui avait constamment vécu par le mensonge, qui avait érigé l’imposture en système.

Cette vérité, comment Ferry l’a-t-il dite ? Pourquoi ne cacha-t-il pas cette dépêche comme il avait caché les précédentes ? Il eut peur. Cet avocat sinistre est obsédé, comme par un fantôme, de l’idée fixe qu’il tombera un jour vivant entre les mains du peuple et qu’il payera tout le mal qu’il a fait. Au reçu de la dépêche il se crut perdu, et il lâcha tout.

Les masses semblent, ce jour-là, avoir été désarmées par le dégoût. C’est dans ces heures nerveuses, où tout le mouvement de la cité est sur le Forum ; où journalistes, compositeurs, mécaniciens, brocheuses, marchandes de journaux, causent pêle-mêle au milieu des imprimeries, que l’on voit combien le peuple a conserve de beaux côtés. Il a l’intuition soudaine des vraies responsabilités. Les ouvriers n’avaient pas lu le Times, qui constatait que c’étaient les Rothschild qui s’étaient chargés de l’emprunt chinois et avaient fourni ainsi des armes contre nous. Spontanément cependant, des groupes se forment, des onze heures du matin, à l’angle de la rue Laffitte et de la rue Lafayette. On s’indigne, on discute bruyamment, on crie : « Chez Rothschild ! chez Rothschild ! »

« Heureusement, dit le Gaulois, d’autres personnes interviennent et dissuadent la foule de mettre ce projet à exécution. »

Sans partager l’opinion du journal juif, il faut noter cette manifestation presque instinctive qui est comme le cri de la conscience publique, un moment lucide, et que les journaux endorment bien vite.

Quel foyer de patriotisme existe encore chez ce peuple, qui ne lit que des journaux où l’on déclare que la Patrie n’est qu’un vain mot ! Comme ces prolétaires communient vraiment par la pensée avec nos infortunés soldats perdus à des milliers de lieues de la France, entourés de hordes innombrables, noyés dans des flots de Barbares ! De quelle voix poignante on interroge les journalistes qu’on s’imagine savoir quelque chose !

Je vois encore, avec ses taches de rousseur et ses yeux gris, bons et tristes, une humble ouvrière, un de ces êtres souffreteux, mal vêtus, battus par le mari, mangeant à peine pour donner leur part aux enfants. De quel accent plein d’angoisse elle disait : « On a abandonné le trésor de l’armée : quel malheur ! Savez-vous au moins si l’on a sauvé les drapeaux ? »

Le trésor de l’armée ? Qu’est-ce que cela pouvait lui faire à cette pauvre femme, qui avait peut-être quarante sous dans son porte-monnaie crasseux pour passer la semaine ? et notre cœur se serrait, malgré tout, lorsqu’elle nous répétait : « Savez-vous si l’on a sauvé les drapeaux ? »

Les drapeaux ! Ce qu’on appelle la haute société s’en moquait pas mal. Une véritable fièvre de fête et de bals coïncida avec la nouvelle des malheurs qui frappaient la Patrie.

Tous les financiers accourent chez Gaillard, qui trouvait l’instant opportun pour donner un bal masqué dans un hôtel qu’il avait eu la pensée bizarre de faire construire sur le plan même du château de Blois.

Les Juifs ouvrent leurs salons à deux battants. Grand bal chez la baronne de Hirsch, qui, pour célébrer sans doute la victoire des Célestes, a placé une guirlande de laurier dans ses cheveux.

« La duchesse de Bisaccia est en toilette de brocart ramage d’or et d’argent. Duchesse de Maillé en lampas Renaissance.

« Mme Henry Schneider : ravissante toilette Empire en crêpe blanc à longue ceinture de rubans coquelicot.

« Mme Salomon Goldscmidt : robe de lampas lilas, le devant tout brodé de perles fines, avec de grands revers et corsage de velours violine. »

Tous les Rothschild sont sur le pont. Le bal de la baronne Adolphe est plus sélect, mais celui de la baronne Salomon est plus brillant. Toute l’aristocratie défile dans l’hôtel de la rue Berryer. L’énumération des grands seigneurs et des grandes dames qui s’amusent pendant qu’on meurt là-bas, tient deux colonnes dans les journaux bien informés.

Lang-Son, en effet, avait été une aubaine inattendue pour les Juifs, et la Bourse avait retrouvé l’animation des grands jours de panique.

Au milieu de toutes ces hontes se détache seule la glorieuse et pure figure de l’amiral Courbet. Ce stoïque qui, esclave du devoir, sacrifie sa vie pour obéir aux ordres d’hommes qu’il méprise profondément, semble comme l’incarnation de la France militaire ; ce grand Chrétien qui porte au cou, comme le dernier de ses matelots, la médaille bénite de la Sainte Vierge, apparaît comme la vivante antithèse du Franc-Maçon persécuteur et tripoteur personnifié dans Ferry.

La Juiverie ne regretta que médiocrement l’opportunisme : elle en avait tiré tout ce qu’elle en pouvait tirer. Les conventions avec les Compagnies de chemins de fer, que le Juif Raynal avait fait voter, avaient mis la France en gage chez les Juifs. La loi nouvelle substitua les Juifs à l’État, leur tailla un immense fief économique en pleine terre française, en fit nos maîtres, non plus de fait, mais grâce à un titre authentique,


XIII


Le Juif nous coûte cher ! c’est la pensée qui, je crois, viendra à chacun après m’avoir lu.

Nous voici arrivés, en effet, à la fin de ce tableau, incomplet forcément mais exact, pensons-nous, dans ses lignes essentielles, qui montre le rôle du Juif en France.

Ceux qui nous ont suivi à travers tant d’années et tant d’événements, ont déjà, sans nul doute, formulé la conclusion qui convient et qui se résume dans cet axiome : « Quand le Juif monte, la France baisse ; quand le Juif baisse, la France monte. »

Jusqu’au quatorzième siècle, comme le reconnaît M. Albert Kohn, les Juifs sont 800,000 en France ; ils ne rendent aucun service, et, à force d’intrigues et d’usures, obligent les propriétaires du sol à les chasser : à partir de cette époque, la prospérité de la France prend un développement magnifique. Ils rentrent derrière la Franc-Maçonnerie, en 1790, et parviennent à être les maîtres absolus d’un pays qu’ils ont détaché peu à peu, avec une astuce prodigieuse, de toutes les traditions qui faisaient sa grandeur et sa force.

Qu’en résulte-t-il ?

Le côté frappant de cette situation, c’est l’impuissance absolue du Juif à faire quoi que ce soit d’un pouvoir qu’il a conquis avec une incontestable habileté, sur des êtres faciles à tromper par des mots. Avec le Sémite, tout part de la Bourse, tout revient à la Bourse, toute action se résume en une spéculation.

« Fondez des sociétés financières ! » Telle est la première maxime politique du Juif. « Crucifiez de nouveau le Christ ! persécutez ceux qui l’adorent ! » Telle est la seconde maxime.

Il est clair qu’une telle conception, appliquée à un grand État chrétien, ne peut aboutir qu’à la situation où nous sommes, à ce chaos que le Talmud (traité Hagguiyah) appelle le Tohou-va-bohou

Notre malheureux pays aurait-il une chance d’échapper à cet effondrement ?

Oui, sans doute, si les opprimés s’entendaient pour réagir contre le Juif, qui est l’ennemi commun[15].

Sur qui pèse le plus durement le régime actuel ? Sur l’ouvrier révolutionnaire et sur le conservateur chrétien : l’un est atteint dans ses intérêts vitaux ; l’autre est blessé dans ses croyance les plus chères.

Pour l’ouvrier, la Révolution sociale est une nécessité absolue. Convaincu désormais qu’il n’y a rien au delà de la terre, pliant sous le poids d’une exploitation que les exigences du capital rendent de plus en plus rude, il se regarde comme un déshérité de la vie ; il veut posséder l’outillage industriel, comme le paysan, avant 89, voulait posséder la terre : il réclame la socialisation, l’expropriation à son profit des instruments de travail.

Tous les raisonnements que l’on tente d’opposer à ces revendications, peuvent être excellents, mais n’offrent, hélas ! qu’une valeur toute philosophique et littéraire. Au fond, dans ces questions, le Bien, le Mal n’ont qu’une signification de convention. En 1792, beaucoup de braves gens possédaient des champs, des bois, des maisons, qui n’avaient rien de féodal, qui leur venaient le plus légitimement du monde par héritage, qui étaient le fruit de l’épargne de cinq ou six générations, qui leur appartenaient au même titre que ma montre m’appartient. On a guillotiné les propriétaires et on a pris les biens.

Dès 1817 ou 1818, quand la Restauration eut passé là-dessus, la spoliation fut un fait acquis ; les anciens possesseurs saluaient parfois au passage ceux qui les avaient dépouillés.

Aujourd’hui, des conservateurs, des Chrétiens, jouissent, sans aucun remords, du résultat du vol de leurs grands-pères, et en font parfois un très louable usage. Un monsieur qui posséderait cinq cent mille livres de rente en terres provenant de l’achat de Biens nationaux, serait infiniment mieux reçu dans le faubourg Saint-Germain qu’un monsieur dont l’aîeul aurait refusé d’acheter de ces biens, et qui, tout en appartenant à une famille sans tache, n’aurait que vingt-cinq centimes dans sa poche.

Il s’agit donc de savoir, non pas tant si les ouvriers ont raison de se proposer ce but, que de voir s’ils ont chance de l’atteindre dans les conditions actuelles. Je suis convaincu, pour ma part, qu’ils ne réussiront pas ; ils mettront très facilement la main sur Paris, mais ils ne pourront se saisir de la France.

Les difficultés qui arrêteront les ouvriers, ne sont pas par elles-mêmes très considérables, mais elles suffiront à faire échouer leur entreprise.

En 1792, les paysans étaient sur le sol ; ils n’ont fait qu’en prendre possession d’une manière définitive, et comme le blé, le vin, les fourrages, sont des productions de première nécessité, ils n’ont eu qu’à continuer ce qu’ils faisaient auparavant, en devenant simplement de fermiers propriétaires.

Les ouvriers sont également dans l’usine. Ils comptent, dès à présent, parmi eux, des hommes assez intelligents, des contre-maîtres assez habiles pour faire tout fonctionner, de façon à ce que la disparition du patron ne s’aperçoive même pas.

Malheureusement pour eux, une révolution comme celle-là arrêtera net toutes les fabriques ; et, dans cet intervalle, la bourgeoisie se ralliera, trouvera un général qui noiera dans le sang la révolution prolétarienne.

Si la bourgeoisie française ne fait pas cela, l'Allemagne le fera pour elle, saisira cette occasion d’intervenir, et sera soutenue par la bourgeoisie épouvantée.


XIV


Ce but, que poursuivent les ouvriers, et qu’ils n'ont pas tort de poursuivre à leur point de vue, ne pourrait-il pas être atteint pacifiquement ?

Pourquoi un prince chrétien, un chef aux conceptions fermes et larges, qui, au lieu de voir les questions à travers des lieux communs, les regarderait en face, ne confisquerait-il pas les biens juifs ? pourquoi, avec les ressources ainsi créées, ne permettrait-il pas aux ouvriers d’expérimenter leurs théories sur l’exploitation collective et directe des usines et des établissements industriels ? La plupart des propriétaires se prêteraient très volontiers à cette expropriation à l’amiable, dès qu’ils seraient convenablement indemnisés. On pourrait juger, par les résultats, des avantages et des inconvénients que présentent, avec leur constitution différente, les syndicats ouvriers purement laïques, et les syndicats formés sur le modèle des Cercles catholiques ouvriers.

Il importe, dans de tels sujets, de ne pas se faire d’illusion, et de prévoir sur quoi l’on peut compter.

Les Juifs possèdent la moitié du capital circulant sur la terre ; or la fortune de la France, qui paye un budget de près de quatre milliards[16], peut être évaluée à cent cinquante milliards, sur lesquels les Juifs possèdent bien quatre-vingts milliards. J’estime cependant qu’avec les ménagements obligés, avec la facilité de dénaturer les valeurs[17], une opération comme celle-là ne produirait pas immédiatement plus de dix à quinze milliards, et j’accepte le chiffre de dix comme minimum.

Avec cinq ou six milliards comptant, on exproprierait certainement assez d’usines, sans léser personne, encore une fois, pour permettre aux ouvriers d’expérimenter leurs doctrines sociales dans des conditions d’autant meilleures, qu’aucune révolution violente n’ayant eu lieu, aucun chômage ne se produirait.

Tout ceci — je ne crains pas d’insister sur ce point — s’accomplirait sans secousses, sans effusion de sang, par simples décrets en quelque sorte, sans plonger le pays dans une de ces crises dont profite l’étranger. L’administration des Biens juifs confisqués fonctionnerait comme a fonctionné l’administration des Biens nationaux ; et je ne vois pas trop comment on attaquerait la légitimité de cet acte, puisque aucun des Manuels qu’on met entre les mains de la jeunesse ne hasarde un blâme contre les confiscations révolutionnaires.

L’avantage même, si l’on comparait, serait pour la transmission de propriété que nous proposons. Nul ne contestera sérieusement, en effet, que la richesse juive n’ait, comme nous l’avons dit, un caractère spécial : elle est essentiellement parasitaire et usuraire ; elle n’est point le fruit du travail économisé d’innombrables générations, mais le résultat de l’agiotage et du vol ; elle n’est point créée par le travail, mais soutirée, avec une adresse merveilleuse, de la poche des travailleurs réels, par des sociétés financières qui ont enrichi leurs fondateurs en ruinant leurs actionnaires.

Ne voyons-nous pas d’ailleurs tous les jours les journaux juifs et en même temps des gens qu’on proclame volontiers purs de tout trafic pécuniaire, comme M. Brisson, se déclarer partisans de la confiscation des biens de ces congrégations dont chaque membre a bien l’un dans l’autre pour sa part cinq cents francs par an ? En quoi l’abbaye des Vaux de Cernay, qui est la propriété de Mme de Rothschild, serait-elle plus respectable qu’une abbaye où des religieux élèvent de pauvres orphelins[18] ?

Les causes qui empêcheront peut-être cette opération de salut public, qui replacerait la France, pour deux ou trois cents ans, dans des conditions d’existence normale, sont de plus d’un genre.

Il faut constater, tout d’abord, qu’en même temps qu’une diminution de force physique, il y a en France une diminution de force intellectuelle, un affaiblissement évident des facultés, comme un commencement de ramollissement du cerveau, commun aux classes ouvrières comme aux classes élevées.

Les ouvriers habitués à l’atmosphère factice des romans qu’on leur raconte, victimes des mots, accoutumés à ne penser que par leurs journaux, sont de plus en plus incapables de voir la réalité, de saisir les rapports des idées entre elles, d’avoir une vue d’ensemble.

Le Juif, en outre, est fort habile : pour détruire l’ancienne société qui le repoussait, il s’est placé lui-même à la tête de l’action démocratique. Les Karl Marx, les Lassalle, les principaux Nihilistes, tous les chefs de la Révolution cosmopolite sont Juifs. De cette façon, le Juif imprime au mouvement la direction qu’il veut. (On le vit bien sous la Commune, où l’on n’a pas touché à une seule propriété juive).

Si un orateur, dans une réunion publique, indiquait la solution que je viens d’exposer, et qui est excellente, un Juif détournerait de suite l’attention, qui se porterait intempestivement sur M. de Rothschild, en racontant qu’il a rencontré un capucin qui marchait pieds nus et qui avait l’air défait de quelqu’un qui jeûne. « Marcher pieds nus ! jeûner ! quel crime ! » s’écrierait ce pauvre peuple, sans réfléchir que cela ne le gêne en rien et qu’il ne sera pas plus riche quand il aura empêché ce capucin de marcher pieds nus et de jeûner.

Quelque chagrin que l’on puisse avoir de la décadence mentale de ce peuple, qui se laisse ainsi berner par ceux qui s’enrichissent à ses dépens, il faut tenir compte de ce fait, que l’union, qui a toujours été la force de la Juiverie, le sert merveilleusement dans cette circonstance. Les Juifs d’en bas sont appuyés par ceux d’en haut, et les Juifs d’en haut sont garantis contre la Révolution, puisque ce sont les leurs qui conduisent les insurrections.

Il faut ajouter que les membres des classes élevées n’ont guère une vision plus nette de la situation que les prolétaires. Chez eux, le Chrétien résigné à la persécution, dans laquelle il trouve une occasion de mériter auprès de Dieu, prime trop le citoyen, qui, né dans un pays que ses pères ont défriché, agrandi, civilisé, entend bien défendre ses droits et ne permet à personne de le traiter en Paria ; ils ne se rendent pas compte de ceci, que celui qui va chercher la persécution en Chine ou au Japon est un héros, tandis que celui qui la subit patiemment chez lui est un lâche.

Personne ne protesta quand le Juif Stern dit, au Cercle de la rue Royale, ce mot que les journaux citent complaisamment au moins une fois tous les mois : Dans dix ans, je ne sais pas comment un Chrétien fera pour vivre. Parmi les représentants de la noblesse qui composaient ce cercle avant ses malheurs, il ne se trouva pas un homme assez courageux pour relever cette insolence, pour dire : « Mais enfin, Juif, pourquoi donc les Chrétiens ne mangeraient-ils pas dans leur pays ? »

Ces obstacles sont considérables ; ils ne sont pas cependant insurmontables. Il peut surgir des rangs du peuple un homme d’origine française, qui ait la magnifique ambition d’attacher son nom à la solution pacifique de ce problème du prolétariat, qui a déjà coûté inutilement tant de sang aux plébéiens et qui leur en coûtera encore davantage, s’ils suivent une autre voie.

Il peut se trouver également un officier qui soit brave, vivement frappé de l’avilissement dans lequel est tombé son pays, et qui risque sa vie pour le relever.

Dans la situation actuelle, en présence d’un gouvernement méprisé de tous et qui craque de toutes parts, cinq cents hommes résolus dans les faubourgs et un régiment cernant les banques juives suffiraient pour réaliser la plus féconde révolution des temps modernes.

Tout serait fini avant la fin de la journée ; et quand on verrait les affiches annonçant que les opérations de la Caisse des biens juifs vont commencer dans quelques jours, tout le monde s’embrasserait dans les rues.

  1. 27 septembre 1873.
  2. Voir à ce sujet, comme excellent document sur l’état d’esprit réel de la population parisienne, le curieux Journal tenu pendant la Commune par le curé de Saint-Thomas d’Aquin, M. l’abbé Ravailhe. Au moment de faire faire la première communion à ses enfants, le digne curé craint que les fédérés, qui occupent la place et le Musée d’artillerie, ne s’opposent à la sortie de la procession : il va tranquillement trouver le chef de poste. — « Comment donc ? » répond le brave insurgé. Et il fait mettre ses hommes sous les armes et sonner le clairon pendant que les enfants passent en chantant des cantiques. Le lendemain, le bataillon était changé, et M. l’abbé Ravailhe ajoute qu’il ne sait pas ce que l’officier fédéré est devenu.
  3. Les officiers prussiens assistèrent à la chute de la Colonne, du balcon du ministère des Finances.
  4. Les Convulsions de Paris, tome II, pages 287-288.
  5. Par un rapprochement singulier, ce fut encore un Juif qui joua le principal rôle dans cette scandaleuse cérémonie de l’installation de Cazot comme président de la Cour de cassation, qui a déshonoré à jamais notre grande magistrature.
      On croyait, jusqu’au dernier moment, que nul président de chambre ne consentirait à recevoir l’administrateur fondateur d’une compagnie financière aujourd’hui en faillite, l’homme taré dont la nomination était un soufflet sur la joue de chaque magistrat.
      Quand, le mercredi 25 avril 1883, on entendit Bédarrides inviter Cazot à prendre possession de son siège, une huée s’éleva, soudaine, irrésistible, unanime. « Huissiers, faites faire silence ! » s’écria Cazot exaspéré.
      Ce fut tout. Cette scène si courte est restée présente à la mémoire de tous ceux qui en ont été les témoins indignés.
  6. Tous les papiers des Tuileries n’ont pas été brûlés, comme on le croit généralement.
      Au moment de l’entrée des troupes dans Paris, on signala leur présence au général Douay, qui, sans en rien dire à Thiers, les envoya sous escorte à Cherbourg, d’où ils furent expédiés en Angleterre.
      Ce sont ces documents qui montreront ce qu’était le républicanisme des hommes du 4 Septembre, et qui vengeront, par le mépris de l’histoire, les malheureux qu’ils ont fait égorger.
  7. Félix Pyat, dont chacun connaissait la retraite, resta tranquillement caché rue Pigale, et ne quitta Paris qu’avec un passeport parfaitement régulier.
      Un fonctionnaire important du ministère de l’Intérieur a encore en sa possession un ordre de faire évader six détenus signé Thiers et contresigné Calmon.
      Après avoir fait fusiller par milliers de pauvres ouvriers français, coupables seulement d’avoir voulu conserver les trente sous nécessaires à la subsistance de leur famille, on préparait une mission à l’étranger au Juif allemand qui avait présidé à la démolition de la Colonne, et Barthélémy Saint-Hilaire donnait rendez-vous dans son cabinet, à la Préfecture de Versailles, à l'homme qui avait assassiné le général Lecomte.
  8. N’oublions pas cependant que, si l’Allemagne consent à se servir du Juif comme instrument et à le récompenser au besoin, elle le tient absolument à l’écart de tout ce qui touche à l’honneur et à la dignité du pays. Quand le fils de ce Bleichrœder, qui s’était faufilé, on ne sait comment, dans le corps d’officiers des hussards de la garde, se présenta devant ses camarades, une huée énorme s’éleva, on lui cracha à la figure, et il dut s’enfuir précipitamment. Jamais les officiers allemands, qui ont encore quelques traditions des anciens Chevaliers Teutoniques, n’admettront qu’on puisse confier un drapeau à un homme qui est prêt à le vendre pour de l’argent, puisqu’il met l’argent au-dessus de tout.
  9. Ce ministre si mou qui, avec la puissante machine de la centralisation à sa disposition, croyait aller jusqu’aux dernières limites de l’audace en interdisant la vente du Petit Journal dans les gares, se retrouvait à la tribune ; il répondait très fièrement aux menaces de la gauche victorieuse : « Si j’avais fait tout mon devoir, vous ne seriez pas ici. » Ce n’est pas un des moindres inconvénients du système parlementaire, que de donner la direction des affaires à des hommes qui n’ont qu’un courage tout verbal, qui s’imaginent, selon le mot de Guizot « avoir agi quand ils ont parlé. »
  10. Ces Juifs roumains ont au moins le mérite d’avouer, avec une certaine franchise, leur horreur pour le métier des armes. Le 1er juillet 1865, on déposait, sur le bureau du Sénat de Bucarest, une pétition des Juifs, qui, pour s’exempter du service militaire, disaient ceci :
      « Comme nous autres Juifs sommes en général des peureux qui ne savons pas seulement tirer un lièvre, — motif pour lequel nous avons perdu notre patrie et gémissons depuis deux mille ans d’une situation inférieure à tous, — nous ne pouvons pas être utiles au pays comme soldats. » (Archives israélites, année 1865.)
  11. Au moment où Déroulède et la Ligue des Patriotes provoquaient niaisement l’Allemagne, nous n’avions pas même de munitions, les cartouches de nos arsenaux étaient avariées et hors d’état de servir. Dès la fin de 1882, le général Billot dut demander à la Chambre un crédit extraordinaire annuel de 2,673,323 francs, destiné à détruire ces cartouches qui nous avaient coûté des sommes énormes.
  12. Bismark n’intervint dans nos affaires intérieures d’une façon active qu’une seule fois, en s’opposant à la proclamation de l’état de siège pendant le Seize-Mai. Je crois pouvoir affirmer ce fait sans crainte d’être démenti. On devine l’intérêt qu’avait le Chancelier au triomphe des républicains, qui perpétuaient l’anarchie en France.
  13. Au même moment, la Fiance perdait Lange, un autre Juif. Personne, s’écria Arthur Meyer dans le Gaulois avec un transport d’enthousiasme, personne ne savait placer les primes comme lui. Il en aurait casé trente mille de la même valeur une seule Bourse ! Aussi les banquiers le recherchaient-ils. Beaucoup, et des plus grands, se servirent de son merveilleux tempérament. Il y a gagné la croix de la Légion d’honneur ! »
      Il n’y a pas cinquante personnes à Paris, maintenant, qui puissent comprendre combien cette phrase est précieuse comme date, qui puissent apprécier l’espèce d’inconscience presque naïve de ce Juif qui se pâme d’admiration devant un loup-cervier de la Bourse, que l’on décore parce qu’il a placé beaucoup primes.
  14. Nos généraux, du moins, ont manifesté leur répulsion pour ces vilains trafics, comme en témoignent les deux dépêches communiquées à la commission du Tonkin, dans la séance du 1er décembre 1885.
    Général de Courcy à ministre Guerre.

    « Reçois lettre ministre Marine, signée Rousseau. Il demande explications à propos de concessions de terrains à Bavier-Chauffour, à Queb-Do, et du bassin houiller de Hong-Gay. Je refuse de me mêler à ces tripotages. Tout me paraît annulé, roi précédent et ministres prévaricateurs enfuis ou déportés.

    « De Courcy, »

    Voici la réponse du ministre de la Guerre :

    Au général de Courcy.

    « Je partage vos opinions sur l’affaire Bavier-Chauffour.

    « Campenon. »

    Ceci explique que le général de Courcy ait été rappelé et remplacé par Paul Bert, qui est allé essayer de relever là-bas les affaires financières de l’opportunisme.

  15. On n’accusera certes pas Sébastien Mercier d’être un représentant des idées rétrogrades. Dès le Directoire, cependant, cet écrivain à l’esprit si curieux, aux aperçus parfois si justes, avait prévu que le Sémitisme deviendrait un danger pour l’Europe, qui serait obligée de soutenir une lutte acharnée pour se défendre. Le chapitre consacré aux Juifs, dans l’An deux mille quatre cent quarante, rêve s’il en fut jamais, a le caractère d’une véritable prophétie.
      « Les politiques sensés, écrit Mercier, n’avaient pas su prévoir les suites fâcheuses que pouvait avoir l’explosion soudaine d’un peuple nombreux et inflexible dans ses opinions, dont les idées, contrastant fortement avec celles des autres peuples, devenaient cruelles et fanatiques de leur loi et des promesses pompeuses qui remontaient à l’origine du monde, car la terre leur appartenait et les autres peuples n’étaient à leurs yeux que des usurpateurs.
      « Les Juifs, se regardant comme un peuple antérieur aux Chrétiens et créé pour les subjuguer, se réunirent sous un chef auquel ils attribuèrent soudain tout le merveilleux fait pour ébranler les imaginations et les disposer aux révolutions les plus grandes et les plus extraordinaires.
      « Il composait alors, en Europe, une multitude éparse qui pouvait monter à douze millions d’individus, et les Juifs répandus dans l’Orient, en Afrique, en Chine, et même dans les parties intérieures de l’Amérique, accourant ou envoyant des secours, la première invasion fut violente. Il fallut réparer l’invigilance politique des siècles précédents, et nous eûmes besoin de sagesse, de constance et de fermeté, pour décomposer ce fanatisme ardent, pour apaiser cette fermentation dangereuse, et réduire les Juifs comme ci-devant à gagner leur vie dans une tranquillité absolue.
      « Ils avaient travaillé dans tous les siècles et dans tous les instants avec la soif de la cupidité et l’ardeur que donne l’insouciance pour tout autre objet, toujours avides, toujours heureux en spéculations basses ou intéressées, grossissant éternellement leur bourse. Leurs énormes richesses leur avaient donné une audace fanatique, et le titre de Roi des Juifs, donné à un ambitieux, avait occasionné un orage politique dont les secousses ne laissèrent pas que de nous inquiéter. Nous ne voulions pas répandre beaucoup de sang ; et ce peuple, de son côté, était disposé à renouveler toutes les horreurs qu’offre son histoire, et dont il a été l’agent et la victime. »
  16. « Depuis sept ans que vous êtes au pouvoir, a pu dire un député républicain, M. Amagat, aux séides de Gambetta, vous avez dépensé plus de dix-sept milliards, vous avez accru la dette publique de plus de huit milliards. Les dilapidations opportunistes ont été plus désastreuses pour la France que la guerre de 1870. »
  17. Ce serait une erreur complète cependant de croire que la fortune d’Israël est exclusivement en papier. Le Juif, roi absolu en France, n’exerce pas seulement le droit tout régalien d’émettre des actions qui ne sont garanties par rien ; il bat encore monnaie, il peut envoyer des lingots à la Monnaie pour les faire frapper et profiter du bénéfice. Les matières d’or et d’argent et le numéraire étant concentrés dans les mains des Juifs à un degré tel, que le mot monopole n’aurait rien d’exagéré, il en résulte que ce sont eux qui ont accaparé l’un des droits régaliens les plus lucratifs. Ce monopole du numéraire est, en réalité, la véritable force des Juifs ; c’est parce que M. de Rothschild dispose, non par le crédit, mais d’une manière effective, de la majeure parue de l’or circulant en France, qu’il peut imposer ses volontés au gouvernement.
  18. Les journaux francs-maçons et juifs ont chaleureusement applaudi au vote de la Chambre du mois de décembre 1884, qui a placé sous un régime fiscal exceptionnel les biens des congrégations ; ils ont déclaré que ce n’était là qu’un acheminement vers la confiscation : ils admettent donc qu’il suffit d’être le plus fort, pour ne pas respecter le principe de la propriété. Dans ces conditions, le système que je propose n’a rien qui puisse choquer les idées reçues ; il a l’avantage d’être plus équitable et plus profitable pour la masse.