La France Juive (édition populaire)/Livre 2/Chapitre 1

Victor Palmé (p. 63-72).


CHAPITRE PREMIER


DES PREMIERS TEMPS A L’EXPULSION DE 1394


Arrivée des Juifs dans les Gaules. — Les Juifs au moyen âge. — Les Juifs chassés d’Espagne.— Les Juiveries du Midi. — Les albigeois. — Les mesures de salut social. — Le Juif d’après Michelet. — La guerre sociale au quatorzième siècle. — Le mouvement sémitique — L’expulsion définitive de 1394. — La grandeur de la France.


I


Les Juifs étaient venus dans les Gaules à la suite des Romains. Dans les Gaules, ils retrouvèrent le mépris dont on les accablait à Rome.

Tandis que le christianisme, séparé complètement de toute alliance avec le judaïsme considéré comme l’expression d’une race distincte, faisait partout de rapides progrès et ralliait à lui toutes les âmes et toutes les intelligences, les Juifs voyaient des peuples absolument étrangers aux préjugés romains redoubler spontanément de sévérité envers eux.

Toujours réprimés dans leurs usures, ils reviennent toujours à la charge ; et, dans le commencement de la période carlovingienne, nous les trouvons plus puissants que jamais. Alors, comme aujourd’hui, ils ne se contentent pas d’obtenir le libre exercice de leur culte ; ils veulent que les autres se gênent pour qu’ils ne soient pas gênés eux-mêmes : ils font décréter que les marchés ne se tiendront pas le samedi ; ils réclament l’exemption des droits qui pèsent sur les autres commerçants. Alors, comme aujourd’hui, ils se faufilent dans le gouvernement. Sédécias a toute la confiance de Charles le Chauve, qu’il empoisonne.

Attirés perpétuellement vers l’Orient par l’attraction de la race, les Juifs sont sans cesse en négociations avec les Sarrasins, auxquels ils livrent Béziers, Narbonne et Toulouse. C’est à partir de ce dernier méfait que chaque année, le jour de Pâques, un Juif recevait trois soufflets à la porte de la cathédrale et payait treize livres de cire.

Tant qu’ils ne mirent pas le pays hors de lui par leurs tripotages financiers, leurs trahisons et leurs, assassinats d’enfants chrétiens, ils restèrent relativement plus tranquilles que les chrétiens de la même époque.

Cette époque fut incontestablement pour Israël la plus brillante qu’il eût connue depuis la destruction du temple. Les Juifs de France atteignaient alors le chiffre de 800.000, qu’ils n’atteignent pas encore aujourd’hui chez nous[1]. Ils étaient aussi riches qu’à l’heure actuelle, et, dans le Midi particulièrement, les Juifs étaient presque maîtres.

Dans le Languedoc, « cette Judée de la France », pour employer l’expression de Michelet, les Juifs portaient des noms vulgaires : Astruc, Bougodas, Crescas, Dileral, Estori ; mais, en se mêlant à la population le plus qu’ils pouvaient, ils restaient fidèles au souvenir de la patrie, ils donnaient des noms de villes bibliques à celles du pays : Lunel devenait Jéricho ; Montpellier, Haï ; Carcassonne, Kirrath-Jearin. Ils se francisaient pour conquérir, ils judaïsaient ce qu’ils croyaient avoir conquis.


II


C’est par le Midi, où ils paraissaient le plus solidement installés, que commença le malheur des Juifs.

L’exemple d’une partie de leurs coreligionnaires, chassés d’Espagne et obligés de chercher un asile dans les florissantes juiveries de Toulouse et de Narbonne, aurait dû les rendre plus prudents.

Au onzième siècle, les Juifs étaient tout-puissants En Espagne. Un des leurs, rabbi Samuel-Ha-Lévi, marchand épicier, se mêla aux guerres civiles, qui, par une coïncidence singulière, ont une intensité particulière partout où il y a des Juifs, et devint favori du roi Habous.

Son fils, rabbi Joseph-Ha-Lévi, nazi ou naghid, c’est-à-dire, roi des Juifs, parvint à être vizir du roi Badis.

Ce fils d’épicier tint la conduite que devait tenir plus tard Gambetta, Juif comme lui et fils d’épicier comme lui. Il révolta tout le monde par son insolence (insolentia Judæorum), il insulta grossièrement la religion du pays, et chacun bientôt n’eut plus qu’un désir, celui d’être débarrassé de lui et de la clique qu’il traînait sur ses pas. « Le royaume alors, dit un historien arabe, valait moins que la lampe de nuit quand le jour est arrivé. »

Un poète religieux, le glorieux Abou-Iskak-al-Elbiri, alla de ville en ville, flétrissant les défaillances, prêchant le dévouement, réconciliant entre eux les Cindhadjites et les Berbères longtemps ennemis, récitant partout sa célèbre Kacida rimée en noun, pour exciter les courages. Partout on répétait avec lui le refrain de sa chanson : « Les Juifs sont devenus grands seigneurs… ils régnent partout, dans la capitale et dans les provinces ; ils ont des palais incrustés de marbre, ornés de fontaines ; ils sont magnifiquement vêtus et dînent somptueusement, tandis que vous êtes pauvrement vêtus et mal nourris. »

Figurez-vous un Déroulède vraiment patriote, au lieu de s’être enrégimenté dans le parti de Gambetta par amour de la réclame banale, un général n’ayant pas peur de la mort, quelques hommes du peuple courageux, tout cela se ruant un matin sur les hôtels des tripoteurs et des financiers juifs, et vous aurez une idée de la scène qui se passa à Grenade le 30 décembre 1066.

Le Gambetta du onzième siècle, qui n’avait pas eu l’idée de mourir à temps, fut massacré avec quatre mille des siens.

La légende a conservé la mémoire du désintéressement superbe que montra Abou-Iskak. Quand, dans les jardins du persécuteur, la foule vint apporter au poète, devant lequel les chefs militaires avaient respectueusement abaissé leurs cimeterres sanglants, les monceaux d’or, les pierreries étincelantes, les colliers précieux, les étoffes chatoyantes, les objets d’art qui par milliers jonchaient le sol, Abou prit une grenade qui pendait à un arbre, l’ouvrit, en humecta ses lèvres, et dit : « La chaleur est lourde aujourd’hui ; j’avais soif : partagez-vous ces trésors, mes enfants ; mais n’oubliez pas de faire votre prière ce soir, car Dieu seul est grand ! »

C’était des débris échappés à cette exécution que s’était grossie la colonie juive du Languedoc. Sans être instruits par l’expérience de ce qui venait d’arriver (quelle expérience instruira jamais les Juifs ?), ils recommencèrent leurs intrigues ; ils s’efforcèrent de corrompre le pays où ils étaient si bien accueillis, de lui arracher ses croyances ; ils rendirent nécessaire la terrible croisade contre les albigeois.

Contre le Sémitisme, que toute la chrétienté sentait menaçant, Montfort, l’homme du Nord, l’Aryen au cœur intrépide et droit, marcha, combattit, fut vainqueur. Les hommes d’autrefois n’étaient pas comme les Français dégénérés d’aujourd’hui, des êtres veules et sans ressort, subissant patiemment toutes les infamies.

La faculté spéciale aux Juifs de pomper toute la richesse d’un pays dès qu’on les laisse à peu près tranquilles, s’était développée en outre dans des proportions excessives. De toutes parts des plaintes montaient vers le trône.

Appuyés par le peuple et l’Église, résumant, du consentement général, toute l’autorité en eux, les Capétiens, ne l’oublions pas, étaient des pères de famille autant que des rois.

Philippe-Auguste, à son avènement au trône, dut s’occuper de cette question ; il la résolut dans le sens de la pitié pour tous ces malheureux dépouillés qui étaient son peuple. Il confisqua une partie des biens des Juifs, et fît remise aux débiteurs de leurs dettes.

Napoléon fut obligé d’agir à peu près de même. Tout souverain ayant la notion de son droit total et ne se contentant pas de détenir une sorte de gérance dérisoire, devrait, qu’il fût empereur ou roi, se comporter de la même façon aujourd’hui. Il dirait évidemment à tous ces organisateurs de sociétés financières qui ont ruiné les actionnaires en enrichissant les fondateurs : « Vous n’avez pas acquis les milliards que vous possédez par le travail, mais par la ruse ; vous n’avez créé aucun capital, vous avez pris celui qui avait été économisé par les autres : restituez quelques milliards sur les trente ou quarante que vous avez indûment acquis. »

Nul ne trouverait mauvais que MM. de Rothschild, par exemple, se contentassent de cinq ou six cent mille livres de rente. On vit avec cela, même à plusieurs.


III


Saint Louis, ce chevalier sans peur, qui réunit en lui ces deux formes de l’idéal, le saint et le paladin, semble ne s’être décidé à des rigueurs contre les Juifs que lorsque la nécessité de garantir ses sujets contre eux le commanda absolument.

L’ordonnance de 1254 défend seulement aux Juifs de se livrer à l’usure, d’attaquer et de blasphémer les croyances des Français au milieu desquels ils vivent ; elle leur enjoint de se livrer à un travail honnête.

C’est dans ce sens encore que Napoléon essayera de résoudre la question ; et quand ils auront à leurs trousses toute l’Europe exaspérée, révolutionnée, ruinée par eux, les Juifs modernes, si fiers aujourd’hui, seront bien contents de ne pas trouver en France un souverain plus sévère que saint Louis.

Les Juifs, en effet, depuis Philippe-Auguste, avaient dû prendre des précautions nouvelles : les temps allaient devenir de plus en plus mauvais pour eux.

Prenez donc, au moment des expulsions, la collection de la République française, du Juif Gambetta ; du Rappel, du Juif Paul Meurice ; de la Lanterne, du Juif Eugène Mayer ; du Paris, du Juif Veil-Picard ; des Débats, où le Juif Raffalovitch partage l’influence avec Léon Say, l’homme des Rothschild : ils poussent des cris de joie sauvage au spectacle de ces pauvres religieux obligés d’abandonner leur œuvre commencée, de dire adieu à ces élèves qui sont leur unique famille dans le monde.

Il faut rendre cette justice aux Juifs, si insolents et si méprisables dans la prospérité, qu’ils supportent admirablement l’adversité. Dans les persécutions ils furent superbes ; les mères souvent jetèrent elles-mêmes leurs enfants dans les flammes, de peur qu’on ne les baptisât.

Les Juifs furent plus durement traités par Philippe le Bel que par aucun de ses prédécesseurs : l’édit de 1306 les expulsa, et en même temps ordonna la confiscation de tout ce qu’on put saisir de leurs biens.

Tour à tour chassés et rappelés, ils apparurent encore quelque temps_ parmi nous. Jean le Bon, en arrivant au trône, paraît avoir voulu tenter une décisive épreuve, et il la tenta dans des conditions de loyauté très frappantes : on assura aux Juifs un séjour de vingt ans. Charles V et Charles VI confirmèrent ces dispositions.

Avec leur incroyable obstination dans le mal, les Juifs continuèrent à poursuivre leurs intrigues multiples ; ils recommencèrent à ruiner le pays par l’usure, ils se procurèrent des hosties pour les profaner, ils égorgèrent des enfants le Vendredi saint. Naturellement, le peuple, moins patient qu’à présent, hurla ; les prédicateurs tonnèrent, et les rois durent adopter de nouveau des mesures préservatrices.

Charles VI prit enfin, le 17 septembre 1394, un arrêt d’expulsion définitif ; il bannit les Juifs de ses États à perpétuité, et leur défendit d’y demeurer sous peine de la vie.

Pour leur permettre de liquider leurs affaires, on prolongea même leur séjour de deux années, après lesquelles ils durent décidément quitter la France pour toujours.

Cette date de 1394 est une des dates les plus importantes de notre histoire. Les rois ont tour à tour essayé de la sévérité et de la douceur : il est désormais prouvé que le Juif ne peut s’acclimater en France. Les races les plus diverses : Celtes, Gaulois, Gallo-Romains, Germains, Francs, Normands, se sont fondues dans cet ensemble harmonieux qui est la nation française ; ils ont assoupli leurs angles, ils ont apporté leurs qualités, ils ont toléré mutuellement leurs défauts. Seul, le Juif n’a pu entrer dans cet amalgame. La France lui dit : « Mon ami, nous ne pouvons nous entendre : séparons-nous, et bonne chance ! »

Il y a là intolérance sans doute, mais non pas intolérance dans le sens religieux du mot, puisque les plus redoutables adversaires du Juif ont été des princes comme Philippe le Bel, plus politique assurément que mystique ; il y a intolérance dans le sens que la science prête à ce terme lorsqu’elle dit : « Le sujet ne peut tolérer telle substance. » La France ne peut tolérer le Juif, elle le rend ; elle ne le recevra que bien longtemps après, enveloppé dans toute une littérature philosophico-humanitaire, et en sera très malade, si elle n’en meurt pas.

Grâce à l’élimination de ce venin, la France, encore plongée dans les horreurs de la guerre de Cent ans, va atteindre avec rapidité un degré de prospérité incroyable ; elle va devenir la grande nation européenne, régner par les armes, par les lettres, par les arts, par la courtoisie exquise, par le goût, par le charme de sa nature bienveillante et sociable, par son originalité de bonne compagnie, si accommodante pour les idées des autres. Elle sera l’arbitre, le modèle, l’envie du monde entier ; elle comptera parmi ses fils des généraux glorieux, des ministres illustres, des écrivains incomparables ; elle aura des triomphes et des revers, mais l’honneur sera toujours sauf ; elle ne sera pas exempte de vices, mais de ces vices qui n’abaissent point ; et quand elle courra à la bataille, ce ne sera ni pour les Bons mexicains, ni pour les Bons tunisiens. Chez elle, tout le monde sera sinon riche, du moins heureux, car le Juif ne sera pas là pour exercer sur le travail d’autrui son parasitisme usuraire.

En un mot, à partir de 1394, époque à laquelle elle chasse les Juifs, la France montera toujours ; à partir de 1789. époque à laquelle elle les reprend, elle descendra sans cesse…

  1. À propos de ce chiffre, M. Albert Kohn a prononcé dans une séance de l’Alliance Israélite quelques paroles qui méritent d’être reproduites. « D’où vient, disait-il en 1870, que la Russie et la Pologne aient 3,000,000 de Juifs, tandis que la France en a tout au plus 120,000 ; l’Angleterre, 60,000 ; l’Italie, 45,000 ? »
      La réponse à cette sorte d’interrogation est simple. C’est parce que la France avait 800,000 Juifs, qu’elle les a chassés pour exister ; c’est parce qu’elle les a chassés, quelle est devenue la plus grande nation de l’Europe ; c’est parce que la Pologne a recueilli ces Juifs, que, livrée aux conspirations et à l’anarchie, elle a disparu du rang des peuples ; c’est parce que la France a repris à son tour ces Juifs polonais, qu’elle est en train de périr.