La Fleur d’Or/Le Gladiateur

La Fleur d’OrAlphonse Lemerre, éditeurvol. 3 (p. 104).


Le Gladiateur


À Edouard Turquely


Dans Rome capitale, impératrice et reine,
Cent mille spectateurs, l’œil fixé sur l’arène,
Y regardaient mourir
Le beau gladiateur qui, couché sur le sable,
HtouiTait dans sa gorge un râle insaisissable,
Sans paraître souffrir.

Car c’était là sa gloire à lui, vaillant athlète,
De périr noblement et sans baisser la tête,
Mais tourné vers les cieux ;
Il fallait, pour mieux plaire à son juge terrible,
Que la mort fût décente et que l’instant horrible
Ne blessât point les yeux.

Ainsi, poètes saints aux deux ailes de flamme,
Qui parcourez le monde en répandant votre âme
À travers les chemins.
Quand vous mourez d’ennuis autant que de vieillesse,
Au suprême moment levez avec noblesse,
Levez au ciel les mains.


Au Colisée.