La Fleur d’OrAlphonse Lemerre, éditeurvol. 3 (p. 66-67).


Giannina


Près de Fiésole.


 
Plus de sombres pensers ! Poètes radieux,
Ouvrons à la beauté notre esprit et nos yeux ;
 
Partout, dans les palais, sous le chaume paisible,
Suivons-la ; dans les cœurs voyons cette invisible ;
 
Et comme aux jours de foi couronnés par les arts,
due la consolatrice enchante les regards !

La grâce vit encor, la grâce florentine,
Elle qu’aimaient le marbre et la toile divine.

Hier, j’ai vu s’unir dans un groupe charmant
La bouche d’une mère et celle d’une enfant.

Légère, elle passait, sur le front sa corbeille.
Où dormait dans les feurs sa fille, fleur vermeille :

De cette blonde enfant elle a fait son bijou,
Blanche agrafe à son cœur, collier d’or à son cou ;

 
Sur le bord du chemin parfois elle la pose,
Et donne son sein blanc à cette bouche rose ;
 
Puis, telle que l’oiseau s’élançant du buisson,
Joyeuse, elle reprend sa route et sa chanson…

Et moi, qui m’en venais morne et baissant la têe,
Devant ce frais tableau, réjoui, je m’arrête.
 
Influence charmante ! Amant de la beauté !
En me laissant aller à mon cœur, j’ai chante.
 
O vivante madone et si pleine de grâce !
Les fleurs de poésie ont germé sur sa trace.
 

à jules sandeau

Voulez-vous ce bluet de mon humble chemin.
Poète qui semez des lis à pleine main ?