Rapsodieschez tous les libraires (p. 40-41).
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À THÉOPHILE GAUTIER,
POÈTE



LA FILLE DU BARON.


 
Non ! rendez-moi mon bachelet ;
Mon humble cœur est son varlet !

Sèche tes pleurs, fille adorée.
Tu peux puiser dans mon trésor ;
Veux-tu briller à la vesprée ?
Prends tous ces velours et cet or !

Non ! rendez-moi mon bachelet ;
Mon humble cœur est son varlet !

Peux-tu préférer, ô ma fille !
Ce tant pauvret à d’Archambault,
Dont l’estoc près du trône brille,
Et qui même au roi parle haut.


Non ! rendez-moi mon bachelet ;
Mon humble cœur est son varlet !

Il a trois châteaux en Touraine,
Deux dans le Rhône se mirant.
Tu serais grande suzeraine,
Tu brillerais au premier rang.

Non ! rendez-moi mon bachelet ;
Mon humble cœur est son varlet !

On te rendra partout hommage,
Partout ! comme on le fait au roi,
Les vassaux baiseront la plage
Où passera ton palefroi.

Non ! rendez-moi mon bachelet ;
Mon humble cœur est son varlet !

Ainsi, tu brave honneurs, famille,
D’Archambault, mes vœux !… sans détour,
Écuyers ! qu’on traîne ma fille
Aux oubliettes de la tour !

Non ! rendez-moi mon bachelet ;
Mon humble cœur est son varlet !