Eugène Fasquelle (p. 55-56).
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Passants

Utique. Un infini paysage de lignes
Sur la profusion monotone des blés.
Calme des horizons à jamais accablés
Du désastre éternel de mémoires insignes !

Sur la route où commence à peine le couchant,
Pas un arbre, pas un ruisseau, pas une ville.
Seul accident, parmi la chaleur immobile :
Nobles et loqueteux, deux Arabes marchant.

On voit ces mendiants au soleil qui se couche.
Quels rois seraient comme eux candides et sacrés,
Allant on ne sait où sur la terre, et la bouche
Jouant de deux roseaux longs et peinturlurés ?…


Ainsi vont-ils, passants de la route d’Utique,
Au milieu des cités et des temples perdus,
Et la nuit qui descend songe à la flûte antique
Et danse devant eux dans les épis aigus.